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romaine. C'est ce qu'il s'agit de prouver. Que l'on veuille jeter les yeux sur les plans et la coupe du théâtre de Champlieu on voit les restes de l'orchestre en D, la scène et la base du pulpitum en E; mais ces restes qui, bien que très-grossiers comme construction, sont évidemment romains, se trouvent au-dessous d'un remblai F, de niveau, à partir duquel commence un talus G formé de cran (débris de carrière), dont la pente, beaucoup moins rapide, que celle donnée par les restes de la gradination romaine, est épaulée extérieurement par un mur demi-circulaire muni de trente contre-forts couronnés par des talus, comme les contreforts du premier åge.

Sur ce remblai composé de marne et de débris calcaires, sont posés, sans aucunes fondations, les contre-murs du couloir, les murs des vomitoires et ceux des escaliers conduisant à un plancher supérieur qui couvrait ce couloir.

Examinons les propositions contenues dans le passage que je viens de transcrire :

1o M. Viollet-Leduc abandonne-t-il le thème donné à l'égard du texte de Grégoire de Tours sur les cirques élevés par Chilpéric apud Suessionas et Parisius, traduits et expliqués par les mots de Soissonnais et de Parisis, et appliqués à Champlieu dont le territoire n'appartenait ni à l'un ni à l'autre de ces pays, mais à la contrée des Silvanectes ?

Regarde-t-il la question comme jugée définitivement en faveur de cette opinion émise dès l'abord par M. de Saulcy, ou passe-t-il condamnation sur ce point? Je laisse au lecteur le soin de le deviner, car M. Viollet-Leduc laisse la question indécise: il déclare simplement qu'il ne reviendra pas sur le passage de l'auteur de l'histoire des Franks : ce qui n'avance pas beaucoup la solution du problème. Quant à moi, je persiste complétement dans mes précédentes conclusions portant que Suessionas et Parisius signifient, dans le texte de Grégoire de Tours, les villes de Soissons et Paris, seulement.

Les villes d'Italie et de la Gaule étaient, on l'a vu, pourvues des divers établissements destinés aux jeux publics. Les castra stativa en possédaient aussi.

Les combats d'animaux, etc., ne convenaient pas à la forme d'un théâtre comme celui de Champlieu. En effet, pouvait-on le transformer en une enceinte propre à ces spectacles? Il suffit de mesurer l'espace, sur le plan même de M. Viollet-Leduc, pour re

connaître que la dimension est à peine de vingt mètres. Et de plus, la nécessité d'établir à une hauteur de 3 à 4 mètres la barrière indispensable à montants rapprochés, aurait privé de la vue de l'arène les spectateurs placés sur le talus rabaissé. On ne peut, ici, supposer une fosse préparée pour l'enclos; les restes de l'orchestre romain, encore en place, et formant par conséquent une barrière, un obstacle, ne permettent pas de s'arrêter à cette donnée.

Sous les murs de Beauvais, le Cesaromagus des Romains, au point où s'arrêtait la route de Bavay passant par Saint-Just-enChaussée, existent les restes d'un amphithéâtre de forme elliptique, où l'on ne trouve pas trace de maçonnerie; il offre 55 mètres de développement du nord au sud, et 80 mètres de l'est à l'ouest.

Sur ce dernier point seulement, le talus est parfaitement conservé; il domine une tranchée verticale de 3 mètres de profondeur.

M. Graves (1), après avoir rapporté qu'à diverses époques, on rencontra sur ce terrain, qui porte le nom de Fosse d'Abat-leVent, un grand nombre d'objets appartenant à l'époque 'gallo-romaine (2), s'exprime en ces termes : « En examinant cette enceinte..... on reconnaît que la disposition du sol a été secondée par l'industrie humaine. Les talus en pente douce décrivent un amphithéâtre de tous les points duquel on peut apercevoir le fond de la fosse, qui présente une place unie. La tradition lui a conservé le nom d'Arènes.

Sans doute, une palissade était appliquée contre la tranchée pour la maintenir intacte.

On a vu, à Eu, le théâtre rustique; à Beauvais, on voit l'amphithéatre analogue.

Il existait bien dans certains théâtres romains des dispositions architecturales qui permettaient de transformer un vaste parterre en une arène propre aux combats d'animaux, etc.; mais

(1) Notice archéologique du département de l'Oise, page 126.

(2) Notamment au nord sur le Mont Caperon, les restes d'un temple dédié à Bacchus, et le fameux Mercure barbu décrit par Montfaucon, dom Martin, l'abbé Dubos et Vaillant, au sud on trouve même encore aujour d'hui des médailles, débris de poterie, etc.

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alors, ainsi qu'on le voit à Lillebonne, il existait, entre le sol du champ clos et la rangée la plus basse des bancs destinés aux spectateurs, une muraille de 2 mètres 50 centimètres environ de hauteur. Au théâtre, le mur du proscenium, également surélevé, ne traversait le parterre qu'au point où la section laissait à l'hémicycle un développement qui le rapprochait de plusieurs degrés du cercle complet.

Et, dans ce cas, il n'y avait point comme au théâtre de Champlieu un orchestre construit en maçonnerie, ni cette rangée de bancs en pierre au ras du terrain du parterre.

Ces différences entre deux théâtres démontrent que la scène, à Champlieu, fut destinée seulement aux jeux scéniques, tandis que l'exemple d'un théâtre à double destination (1) se trouve à Lillebonne (Juliobona), capitale des Caletes, où l'on a recueilli de nombreux débris de l'art romain.

On y voit un exemple frappant de l'emploi du contrefort pour consolider les constructions gallo-romaines.

La présence des chaînes en briques plates n'indique-t-elle pas qu'il fut construit à une époque moins ancienne que l'hémicycle de Champlieu, et dans un temps où la décadence du goût se fait sentir par l'envahissement des jouissances grossières.

MUR DE LA PRÉCINCTION DU THÉATRE ROMAIN DE LILLEBONNE.

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(1) Les Carceres des animaux sont mêmes conservés dans l'arène.

En présence de ce spécimen, que devient donc l'argumentation fondée sur l'existence des contreforts de M. Viollet-Leduc, à Champlieu, comme fournissant une preuve de l'établissement de ces constructions aux temps de la domination des rois franks? 2o Les objets d'art et d'industrie du temps des Romains, alors en décadence, les monnaies impériales, dont la moins ancienne, celle d'Honorius, se rapporte au commencement du ve siècle, donnent lieu de présumer que ce fut vers cette dernière époque qu'eut lieu la destruction de l'établissement de Champlieu.

Quant aux pièces gauloises, en petit nombre, découvertes en même temps, on sait qu'elles circulèrent dans les Gaules pendant toute la période de l'occupation romaine; elles n'ont donc aucune signification pour éclairer la question qui nous occupe.

Aucune monnaie de l'époque mérovingienne n'a été découverte; et vint-on, par hasard, à en recueillir quelques pièces, ce serait une indication bien peu concluante, si l'on ne rencontre, du reste, aucune construction qui puisse se rapporter à cette période. 3° La forme du théâtre, la nature des matériaux, le mode de construction appartiennent donc à l'art romain de la fin du IIIe ou du commencement du Ive siècle de l'ère chrétienne; les réparations faites à une époque avancée de la décadence, furent exécutées par des ouvriers barbares, Lètes, Germains, Belges ou Bataves, soumis à la domination impériale; mais seulement comme travail de consolidation d'un édifice dont l'agencement ne concorde aucunement avec ce que nous connaissons des mœurs barbares des Franks. Ceux-ci construisirent à peine quelques chapelles auxquelles on puisse donner le nom de monuments, et encore les exécutèrent-ils d'une façon si pitoyable qu'il n'en est resté nuls vestiges, nulles ruines. Ils employaient surtout le bois.

4o La nécessité de consolider l'assiette des murs, à Champlieu, força d'y ajouter des piliers de soutènement; n'y eut-il que cet exemple, ce dont je doute, il ne faut pas en conclure qu'on doive reculer absolument l'emploi des contreforts au moyen-âge. Le texte que j'ai cité du théâtre de Lillebonne est contraire à cette prétention.

5o A l'égard du caractère des stries en arête de poisson, zigzag, etc., représentés planche II, fig. E, dans mon premier mémoire, l'attribution qui en a été faite aux temps mérovingiens s'accorde-t-elle avec les deux types que je présente A et B?

alors, ainsi qu'on le voit à Lillebonne, il existait, entre le sol du champ clos et la rangée la plus basse des bancs destinés aux spectateurs, une muraille de 2 mètres 50 centimètres environ de hauteur. Au théâtre, le mur du proscenium, également surélevé, ne traversait le parterre qu'au point où la section laissait à l'hémicycle un développement qui le rapprochait de plusieurs degrés du cercle complet.

Et, dans ce cas, il n'y avait point comme au théâtre de Champlieu un orchestre construit en maçonnerie, ni cette rangée de bancs en pierre au ras du terrain du parterre.

Ces différences entre deux théâtres démontrent que la scène, à Champlieu, fut destinée seulement aux jeux scéniques, tandis que l'exemple d'un théâtre à double destination (1) se trouve à Lillebonne (Juliobona), capitale des Caletes, où l'on a recueilli de nombreux débris de l'art romain.

On y voit un exemple frappant de l'emploi du contrefort pour consolider les constructions gallo-romaines.

La présence des chaines en briques plates n'indique-t-elle pas qu'il fut construit à une époque moins ancienne que l'hémicycle de Champlieu, et dans un temps où la décadence du goût se fait sentir par l'envahissement des jouissances grossières.

MUR DE LA PRÉCINCTION DU THÉATRE ROMAIN DE LILLEBONNE.

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(1) Les Carceres des animaux sont mêmes conservés dans l'arène.

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