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rains, ils racontent les événements les plus merveilleux avec une naïve simplicité, sans enthousiasme, sans éloge et sans réflexion, et ne dissimulent pas même leurs propres défauts. Ecrivant en divers temps et en divers lieux, ils sont d'accord sur les mêmes faits, et leur différente manière d'écrire, ainsi que leurs variantes, bien loin d'affaiblir leur témoignage, le confirment au contraire, comme le dit saint Chrysostôme 2, en éloignant jusqu'au moindre soupçon d'un plan concerté. Eloignés les uns des autres, dispersés dans les diverses parties de l'univers, ils tiennent toujours un même langage, sans se déconcerter et sans jamais se démentir; ils prêchent partout dans les assemblées avec un zèle et une assurance que la vérité seule peut donner. Ce qu'ils ont prêché, ils le soutiennent devant les magistrats, dans les prisons et les fers, au milieu des tour

manifestata est, et vidimus, et testamur, et annuntiamus vobis. (I Jean, 1, 1.)

■ Viri israelitæ, audite verba hæc : Jesum Nazarænum, virum approbatum a Deo in verbis, in virtutibus, et prodigiis et signis, quæ fecit Deus per illum in medio vestri ut vos scitis. (Act. i, 22; voyez aussi X, 37, 38.)

2 Sæpe enim inter se dissentire deprehenduntur. Certe illud ipsum magnum est pro veritate argumentum. Si enim omnia accurate consonnassent, quantum ad tempus, et quantum ad loca et quantum ad ipsa verba, ex inimicis nemo crediturus erat; sed ex mutuo humanoque consensu hæc scripta fuisse putassent; atque hujusmodi consonantiam, non ex simplicitate sinceritateque procedere. Jam vero illa quæ, in exiguis rebus, deprehendi videtur diversitas, omnem ab illis suspicionem depellit, scribentiumque fidem clare vindicat. (Chrysost. in Matth. præmium. T. VII, p. 6, édit. Gaume.)

ments, et le scellent de leur sang. Et ce qui est peut-être plus extraordinaire encore, c'est que sans lettres et sans éducation, ils se présentent hardiment au monde, entrent en discussion avec les sages, les confondent par leur sagesse, et leur annoncent une doctrine inconnue et sublime, bien supérieure à toutes les idées reçues, et surtout à celles qu'ils ont pu trouver dans la Judée, s'élevant à une hauteur à laquelle n'aurait osé viser aucun philosophe. Cette réflexion est de saint Chrysostôme : «< Ils « sont illettrés, dit ce Père, et ce que jamais aucun phi<«<losophe n'aurait rêvé, ils l'annoncent avec une pleine «assurance, et le persuadent non-seulement de leur vi«vant, mais encore après leur mort, non à deux ou à « vingt personnes, non à cent, à mille ou à dix mille, «< mais à des villes entières, à des nations, à des peuples, « à la terre, à la mer, à la Grèce, aux Barbares, à l'u«nivers habité et aux déserts, et pourtant ils parlent de « choses qui sont bien au-dessus du génie de l'homme1. » De pareils envoyés ne sont pas des imposteurs, ce n'est pas ainsi qu'on invente. Voilà ce que se dit tout homme qui lit attentivement les évangiles; voilà ce que se dit surtout

Quæ enim ne per somnium quidem exteri imaginari potuerant, hæc cum auctoritate magnă hi annuntiant et suadent, idque non modo in vivis agentes, sed etiam defuncti, non duobus vel viginti hominibus, non centenis vel millenis, vel decies millenis; sed urbibus, gentibus, populis, terræ, mari, Græciæ, barbarorum regionibus, orbi et desertis. Et certe ea persuadebant quæ naturam nostram longe probantur excedere. (Chrys. in Matth. prœmium, t, VII, p. 1o; édit. Gaume.)

celui qui a longtemps erré dans les régions abstraites d'une vaine philosophie, et qui fatigué de tant de courses inutiles, revient enfin tout altéré à cette source pure. C'est alors qu'on sent le plus l'excellence d'un livre qu'on a dédaigné d'abord.

Saint Augustin longtemps égaré dans les vains systèmes de philosophie, revient à l'Ecriture, il y trouve tout son bonheur, il regrette le temps qu'il a perdu dans les lectures des philosophes. « A peine, dit-il, avais-je achevé « de lire, qu'il se répandit dans mon cœur comme une « lumière qui lui rendit la paix, et qu'à l'instant même « se dissipèrent les ténèbres dont mes doutes la tenaient en<«<veloppée .» Pénétré de la divinité des Ecritures, il jette Join de lui, avec une espèce de dégoût, tous les livres des philosophes. «< Nulle trace, s'écrie-t-il, dans les pages qu'ils «ont écrites, ni de l'humble piété des chrétiens, ni des lar«<mes de la pénitence, ni du sacrifice qui vous est si agréa« ble, d'un cœur brisé et humilié. On n'y entend parler ni

de la cité céleste, votre épouse bienheureuse, ni de ces «prémices de votre esprit que vous nous donnez dès ici-bas, «< ni du calice adorable qui est le prix de notre rédemption. << Là ne retentissent point ces divines paroles : Mon âme ne « sera-t-elle pas soumise au Seigneur? C'est de lui que vien« dra ma délivrance. Il est mon asile, mon salut et ma gloire, je ne serai point ébranlé. Là ne se fait point en<<< tendre la voix de celui qui crie: Venez à moi, vous tous

Confess. S. Aug., liv. VIII, chap, 12.

« qui éles épuisés de travail; et ces superbes dédaignent << d'apprendre de lui, qu'il est doux et humble de cœur; car «< ces choses, Seigneur, vous les avez cachées aux sages « et aux savants, et vous les avez révélées aux humbles « et aux petits 1. »

La princesse de Gallitzin, dont il est question dans cet ouvrage, détournée de la religion par le grand monde, et mécontente d'elle-même, chercha à étancher sa soif à la sagesse de Socrate pour lequel elle éprouvait une vive sympathie; mais sentant bientôt le vide et l'insuffisance de cette philosophie, elle ouvrit l'évangile de saint Jean. Rávie de l'élévation et de la simplicité de la doctrine de JésusChrist, elle s'écrie : « Non jamais aucun sage qui ne fut « qu'un homme ne parla ainsi 3! >>

Les philosophes auront beau attaquer les vérités évangéliques, leurs efforts échoueront toujours devant l'évidence des faits. Il y a dans l'Evangile un cachet divin qui ne peut être contrefait, quelque chose d'inimitable qui ne peut être inventé par les hommes; il y a un caractère de vérité qui frappe tout esprit juste et qui entraînc les plus rebelles. Voyez ce qu'en dit Jean-Jacques Rousseau, malgré son impiété et sa profonde dépravation.

"Confess. S. Aug., liv. VII, chap. 21.

2 Page 286.

3 La piété de cette princesse qui avait embrassé la religion catholique, fit sans doute de profondes impressions sur son fils qui embrassa la religion catholique comme elle, et se fit prêtre et missionnaire en Amérique où il est encore.

« Je vous avoue, dit-il, que la sainteté de l'Evangile est << un argument qui parle à mon cœur, et auquel j'au« rais même regret de trouver quelque bonne réponse, « Voyez les livres des philosophes avec toute leur pompe, «< qu'ils sont petits près de celui-là. Se peut-il qu'un « livre, à la fois si sublime et si simple, soit l'ouvrage « des hommes? Se peut-il que celui dont il fait l'his<«<toire ne soit qu'un homme lui-même? Est-ce là le ton << d'un enthousiaste ou d'un ambitieux sectaire? Quelle << douceur, quelle pureté dans ses mœurs! Quelle grâce << touchante dans ses instructions! Quelle élévation dans «<ses maximes! Quelle profonde sagesse dans ses dis« cours! Quelle présence d'esprit ! Quelle finesse et quelle «< justesse dans ses réponses! Quel empire sur ses pas«sions! Où est l'homme, où est le sage qui sait agir, <« souffrir, et mourir sans faiblesse et sans affectation... « Mais où Jésus avait-il pris chez les siens cette morale « élevée et pure dont lui seul a donné les leçons et « l'exemple. Du sein du plus furieux fanatisme la plus « haute sagesse se fit entendre, et la simplicité des plus «< héroïques vertus honora le plus vil de tous les peuples. «La mort de Socrate philosophant tranquillement avec ses <«< amis est la plus douce que l'on puisse désirer; la mort de « Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit «< de tout un peuple, est la plus horrible que l'on puisse «< craindre. Socrate, prenant la coupe empoisonnée, bénit «< celui qui la lui présente et qui pleure; Jésus au milieu «< d'un supplice affreux, prie pour ses bourreaux acharnés.

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