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L'Académie se forme en comité secret pour entendre la lecture du rapport de M. Bernard HAUSSOULLIER sur les travaux exécutés ou encouragés à l'aide des arrérages de la Fondation Piot'.

COMMUNICATION

L'ÉGLISE DU PRÊTRE ALEXANDER

DÉCOUVERTE A BULLA REGIA EN 1914,

PAR LE D' L. CARTON, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.

L'énorme quantité de terre qui recouvre les Thermes de Bulla Regia ne permet d'y avancer que lentement et de ne faire que de rares découvertes 2.

Aussi ai-je été amené à effectuer, à côté de ce labeur de longue haleine, d'autres recherches pouvant donner des résultats plus rapides. Ayant déjà découvert précédemment, dans ces conditions, le palais souterrain d'Amphitrite, j'ai été conduit, cette année, à explorer un point situé à la périphérie de la ville, dont je soupçonnais l'intérêt depuis longtemps et dont la situation offrait cet avantage de permettre de préparer le déblayement méthodique des ruines de la ville par l'amorce d'une tranchée de pénétration.

Un four à chaux y avait été établi autrefois, et presque toutes les pierres de taille qui ont dû, à un moment donné, émerger en cet endroit ont été mises en miettes. Leurs éclats jonchaient le sol au point de cacher, même pour des

1. Voir ci-après.

2. La plus importante de celles qui aient été faites jusqu'ici dans le monument, consiste dans un texte épigraphique qui a déjà été l'objet de plusieurs commentaires. Cf. Carton, Comptes rendus des séances de l'Acad. des inscr., 1909, p. 586; Cagnat, Bull. archéol. du Comité, 1910, p. LXXVI, p. 220 et suiv., 1914, p. 133; Comptes rendus de l'Acad. des inscr., 1914, 16 janvier et 20 février. Ce monument a, depuis, été transporté au Musée du Bardo.

yeux exercés, tout ce qui aurait pu trahir la présence d'un monument. Aussi celui qui se trouve ici a-t-il échappé à tous les explorateurs qui m'ont précédé, ou, depuis 1889, succédé à Bulla Regia 1. Deux pierres taillées avaient cependant attiré mon attention. En forme de bases appliquées, elles portaient sur trois de leurs côtés un cartouche renfermant des sculptures: sur l'une, on reconnaît une branche de lierre et une patère, sur l'autre une branche d'olivier et deux cornes d'abondance croisées.

Deux voies allant, l'une vers Sicca Veneria, l'autre, tronçon de la grande artère reliant Carthage à Hippone vers cette dernière cité, se rejoignaient ici, après avoir traversé la principale nécropole de la ville antique, explorée par moi en 1889 et 18902.

Le monument dont il va être question était, comme on le verra, une église, mais il fut sûrement élevé sur les fondations d'un édifice antérieur, dont il n'a épousé qu'incomplètement le plan général.

Il comprend une nef, large de 4 mètres, longue de 5m 15, flanquée de deux bas-côtés, de 2m 60 de largeur, dont elle est séparée par deux murs, percés chacun d'une ligne de six ouvertures rectangulaires dans l'appui desquelles ont été creusées des auges. Je reviendrai plus loin sur ce dispositif, qui a été rencontré dans beaucoup de sanctuaires chrétiens.

La partie de la nef située entre les deux lignes d'auges représente le quadratum populi. Elle est dallée, comme d'ailleurs tout l'édifice, et présente, auprès de son centre, l'orifice d'un puits qui, lors de sa découverte, n'était nulle

1. Cet édifice, notamment, n'a pas été porté sur le plan dressé tout récemment par un officier et qui a été reproduit dans l'Atlas archéologique.

2. Cf. Carton, Bull, archéol. du Comité, 1890, p. 119: Rapport sur les fouilles faites dans la nécropole de Bulla Regia. Rerue archéologique, 1890 Les nécropoles païennes de Bulla Regia. Bull. archéol. 1891, p. 207) : Essai de topographie archéol. sur les environs de Souk el Arba.

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ment comblé. Fermé par une dalle, il contenait une eau claire et abondante 1.

A l'extrémité orientale de la nef, et perpendiculairement

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Au

Fig. 1. Le quadratum populi, avec ses deux lignes d'auges. centre, un tronc de cône creux, posé sur un cylindre creux, surmonte l'orifice d'un puits. Sur la colonne de gauche, un chapiteau byzantin. Remarquer, entre les auges, à gauche, la forme ondulée du bord postérieur des cloisons qui les séparent.

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à son axe, régnait un couloir qui devait conduire à l'entrée du monument. Cette dernière était placée sur un des côtés de la nef, le méridional, comme cela s'est rencontré

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dans beaucoup d'églises d'Afrique.

A l'extrémité occidentale du quadratum était le presby

1. L'orifice de ce puits était surmonté de deux pierres en forme de margelles, l'inférieure demi-circulaire verticalement, l'autre de forme tronconique, qui paraissent avoir été posées là, à de basses époques, quand le sol s'exhaussa.

terium dont le fond n'était pas en abside, mais bien rectangulaire, ce qui n'est pas non plus inconnu en Afrique. Une seule et longue marche sépare les deux parties du monument et porte encore deux belles colonnes en marbre cipollin, dont les chapiteaux ont été retrouvés et remis en place. L'un d'eux est de style byzantin, assez élégant et très fouillé on peut passer les doigts à travers les jours de ses feuillages ou de ses rosaces à quatre branches, qui

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ressemblent à la croix grecque. L'autre diffère tout à fait de celui-ci : il est corinthien à feuilles d'acanthe, sans ornements. Les bases et les fûts des colonnes n'ont pas non plus les mêmes proportions, ce qui indique qu'ils ont été empruntés à d'autres édifices.

Entre le presbyterium et le quadratum, appuyé contre la marche qui les sépare gisait, sur le dallage, un beau reliquaire en plomb, large de 0m 30, haut de 0m 40, épais de 0m 20. Il a la forme d'une cassette rectangulaire, plus étroite vers sa face supérieure qui était ouverte. Sur la face anté

rieure fait saillie une croix grecque; la face postérieure a été complètement corrodée par les eaux souterraines.

Ce remarquable objet a été précisément trouvé à l'endroit occupé habituellement par le ciborium qui, on le sait, servait à abriter les reliques. On sait aussi qu'il se composait souvent d'une espèce de dais, en bois ou en pierre. Or il a été découvert ici quatre petites colonnes en calcaire, avec des chapiteaux de même proportion, qui ont parfaitement pu appartenir au ciborium.

De chaque côté du presbyterium se trouvaient habituellement les secretaria (sacristies). Telle est la situation de deux pièces qui sont, ici, dans le prolongement des deux bas-côtés. Le contenu, très remarquable, en a été retrouvé dans la position où il fut abandonné lors du violent incendie qui a détruit l'édifice et dont, partout, on a pu constater les effets manifestes. Au-dessus des objets renfermés dans ces pièces gisaient les débris de grosses poutres carbonisées auxquelles adhéraient des clous et d'énormes crampons de fer. Une couche de cendres et de charbon de bois s'était infiltrée jusqu'au sol, autour des amphores situées au-dessous. Celles-ci, placées côte à côte, la pointe enfoncée dans du gravier, l'orifice fermé par un fragment de poterie s'appuyant sur les murs de la salle, offraient, au moment de leur découverte, un spectacle rappelant beaucoup certains coins de Pompei. Un grand vitrail, qui avait environ 1 à 2 mètres de côté, précipité avec la charpente ou éclaté par la chaleur, remplissait de ses fragments les intervalles séparant les vaisseaux dans la sacristie méridionale. J'ai rempli de ces débris deux grands paniers ; ils sont exposés maintenant au Musée du Bardo.

Des étagères, probablement fixées dans les murs, devaient porter des coffrets en bois, dont on a retrouvé les serrures, les clefs, les charnières en bronze et une très grande quantité de calices en un verre délicat dont les débris parsemaient la couche de charbon. A côté de ces fragiles réci

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