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Le PRÉSIDENT donne ensuite lecture de la lettre suivante à lui adressée par Madame Piquemal-Chabas :

Monsieur le Président,

Mon père, François Chabas, qui a été correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, a laissé une importante correspondance scientifique. Elle commence en 1852 et finit en 1877. D'après l'avis de personnes autorisées, elle constitue, en quelque sorte, une histoire des travaux égyptologiques pendant cette période.

Elle a été reliée et classée par mon père lui-mème et forme 17 volumes, tous munis de tables analytiques; le dernier seul est resté inachevé, en raison de l'état de santé de mon père qui, à cette époque, ne lui a plus permis de continuer ses travaux. Pensant que cette correspondance peut offrir quelque intérêt pour les égyptologues et les archéologues, je viens, Monsieur le Président, suivant le désir de mon père, l'offrir à la Bibliothèque de l'Institut. Je mets à ce don cette seule condition qu'elle sera livrée tout de suite à la disposition du public.

On trouvera dans chaque volume quelques lettres qui n'ont aucun caractère scientifique, mais que mon père avait conservées pour les souvenirs qu'elles lui rappelaient. Je les y ai laissées, presque toutes, afin de ne pas compromettre la solidité des volumes. Veuillez agréer...

M. MASPERO dit que la correspondance de M. Chabas avec ses confrères en égyptologie constitue un recueil des plus importants pour l'histoire de cette science. M. Chabas a vécu en effet à une époque où l'égyptologie élaborait sa doctrine par lettres privées plus encore peut-être que par ouvrages imprimés La raison en était surtout la difficulté de se procurer des caractères hiéroglyphiques en province ou même à l'étranger, difficulté tellement considérable que M. Chabas dut graver lui-même sur bois des groupes d'hieroglyphes pour les insérer dans ses mémoires, avant qu'il réussît à se procurer une petite fonte chez Theinhardt en Allemagne. Toutes les questions égyptologiques du moment sont donc agitées dans ces lettres, et avec les égyptologues de tous les pays savants, avec Birch, Hincks, Goodwin et Lepage-Renouf en Angleterre, avec Lepsius, Brugsch, Lauth, Ebers, Dümichen en Allemagne, avec Lieblein en Norwège, avec

Valdemar Schmitt en Danemark, avec Golenischeff en Russie, avec Naville en Suisse, avec Leemans et Pleyte en Hollande, avec E. de Rougé, Mariette, Devéria, J. de Horrack, Baillet, Lefébure, Virey en France. « Je pense donc conclut M. Maspero que l'Académie aura grand intérêt à accepter ce don généreux et sans condition de Madame Piquemal. »

Le PRÉSIDENT appuie la motion de M. Maspero.

L'Académie accepte le don à l'unanimité et prie le Secrétaire perpétuel de transmettre ses remerciements à Madame Pique

mal.

M. Camille JULLIAN communique à l'Académie l'analyse d'une lettre, par laquelle un officier, placé en première ligne sur le front de bataille, annonce qu'il a découvert sur un piton, dont il a été question dans ces derniers temps, des débris de monuments anciens dont il réussit à déblayer une partie en creusant des tranchées sous le feu de l'ennemi. Il espère achever ce déblaiement, quand il sera possible de le pousser plus aisément, et faire le relevé des ruines en entier. M. Jullian tient à nous signaler ce fait qui montre que pour certains la science ne perd pas ses droits en face de l'ennemi.

Le PRÉSIDENT remercie M. Jullian de sa communication et le prie de féliciter, de la part de l'Académie, l'officier qui peut conserver dans le danger une pareille liberté d'esprit.

A la suite d'un comité secret, le PRÉSIDENT Communique le télégramme suivant qu'il adresse au Président de l'Académie. royale des Lincei, à Rome :

<< Nous saluons avec émotion et reconnaissance la soeur latine qui est maintenant à nos côtés pour défendre nos traditions communes de noble race, d'art superbe, de pensée généreuse.

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Le PRÉSIDENT annonce ensuite que le premier prix Gobert est décerné à M. Édouard Maugis pour son Histoire du Parlement de Paris, et que le second prix est maintenu à M. le commandant Espérandieu pour l'ensemble de ses travaux sur la Gaule romaine.

1915.

15

M. Charles Normand rappelle que dans les séances du 26 janvier 1894 et suivantes, il lut à l'Académie son travail sur le premier théâtre parisien ou Arènes de Lutèce, dont, vers 1885, il avait écarté la rue qui devait le traverser, c'est-à-dire le détruire. Les fouilles de 1915, qu'il a dirigées avec ses collègues de la Commission municipale et qui sont dues à sa propagande longue et incessante depuis 1885, rendent au plus vieux monument de Paris l'intégrité de sa courbe, mais elles n'ont rien appris qui ne soit dans l'ouvrage du premier historien du premier théâtre parisien. A cette occasion, M. Charles Normand résume les résultats de ses voyages, écrits sur les champs de fouilles de tout l'Empire romain, et livre aujourd'hui au public la découverte qu'il a faite ainsi de l'énormité de ce monument, qui dépasse tout ce qu'on savait jusqu'ici sur l'importance de Paris à son origine connue. Les Arènes de Lutèce avaient à peu près la dimension du Colisée de Rome, et la façade de l'Opéra jouerait à l'aise dans leur arène intérieure; quant à leur largeur, elle était, sur la rue Monge, d'environ trois fois la largeur de la façade de l'Opéra de Paris. La hauteur des murs de scène était probablement égale à la largeur de la façade de l'Opéra, sur la place. Comme un théâtre est réglé sur l'importance de la population, M. Charles Normand termine cet exposé par des considérations établissant la grande importance du Paris romain, contrairement à l'opinion courante. La construction était exécutée avec plus de soin que celles d'aujourd'hui, où l'on ne relie pas les pierres par des crampons.

Le vœu de M, Charles Normand, relatif à la création d'un Musée du premier théâtre (Arènes) de Lutèce, a reçu déjà d'importantes approbations. Ce Musée, installé sur place, fera comprendre le monument, qui ne devra pas être falsifié par des adjonctions modernes, et il servira en même temps aux promeneurs des jardins on y verra les fragments décoratifs et les inscriptions retrouvés, ainsi que les monuments similaires explicatifs.

M. MONCEAUX annonce que la Commission de la médaille Paul Blanchet a décerné cette médaille, pour 1915, à M. Jules Renault, architecte à Tunis, pour ses fouilles en Tunisie et l'ensemble de ses travaux.

LIVRES OFFERTS

M. LEGER offre, de la part de M. Rostovtsev, trois tirages à part: 1o Le vase d'argent de Voronėje, étude fort importante pour l'art gréco-scythique;

2o Vases décorés de l'Espagne hellénique postérieure, travail intéressant pour l'histoire de la polychromie;

3o Un mémoire sur le buste de bronze d'une reine du Bosphore au temps d'Auguste, buste qui figure parmi les collections de l'Ermitage. M. Leger ajoute qu'il ne s'étendra pas sur ces publications que le nom seul de leur auteur suffit à recommander.

SÉANCE DU 11 JUIN

PRÉSIDENCE DE M. ÉDOUARD CHAVANNES.

LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL donne lecture de la correspondance, comprenant deux lettres de MM. Maugis et Petrucci qui remercient l'Académie des prix qu'elle leur a décernés.

LE PRÉSIDENT annonce à l'Académie qu'en exécution de sa décision du vendredi 4 juin, il est allé, au sortir de la séance, porter à M. l'ambassadeur d'Italie le texte du télégramme transmettant à l'Académie royale des Lincei l'expression de nos sentiments, en le priant de le faire parvenir à son adresse.

M. Camille JULLIAN commente une publication de M. Haverfield, professeur à Oxford, sur des poteries trouvées en Angleterre, dans le camp romain de Chester, poteries qui sont du Ie siècle de notre ère, et qui trouvent leur contre-partie en Gaule dans ce qu'on appelle les poteries wisigothiques. Les savants, ayant trouvé des poteries du même genre en Carniole, en Carinthie, sur les bords du Danube, avaient imaginé qu'il s'était formé chez les auxiliaires germains, campés dans ces régions au

I° siècle de notre ère, une céramique spéciale dont la céramique dite mérovingienne ou wisigothique du Ive siècle serait un dérivé. La découverte de M. Haverfield, montrant ces mêmes poteries en Angleterre au e siècle, dans un camp romain, prouve que leur origine n'a rien de germanique, et qu'il faut renoncer à la théorie qui était admise jusqu'à présent.

M. POTTIER dit que pour lui les poteries de ce genre ne sont pas d'origine germanique, mais une forme très altérée du type des poteries d'Arezzo, comme il l'a enseigné dans son cours. Néanmoins, la découverte de M. Haverfield est décisive pour rejeter la théorie courante relative aux origines de la poterie dite mérovingienne ou wisigothique.

M. PROU termine la lecture de son mémoire sur la forêt en France et en Angleterre.

M. FOURNIER, tout en étant complètement de l'avis de M. Prou, lui demande s'il connaît quelque renseignement sur ce qu'était l'exploitation de la forêt pendant le haut moyen âge.

M. PROU répond qu'au moins avant le xive siècle, il n'a trouvé que des renseignements très vagues sur l'aménagement de la forêt et sur son exploitation.

APPENDICE

RAPPORT SUR LE CONCOURS DU PRIX BRUNET,
PAR M. ÉMILE CHATELAIN, MEMBRE DE L'ACADÉMIE ;
LU DANS LA SÉANCE DU 28 MAI 1915.

Les études bibliographiques sont, heureusement, très florissantes en France, et le nombre des ouvrages soumis à la Commission du prix Brunet, à la fin de chaque période triennale, devient de plus en plus considérable. Mais, outre les livres envoyés au concours, la Commission, suivant

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