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de navire particulièrement en faveur? Quelle tactique suivaient de préférence dans les combats ces embarcations à rames pour qui la voile n'était qu'un auxiliaire occasionnel et qui, dans l'action, la rentraient, couchaient leur mât et ne comptaient, pour percer la ligne ennemie, la disloquer, donner son plein effet à l'efficacité de l'éperon, que sur la vigueur et l'agilité de leurs rameurs? Qui les montait? Qui les commandait? Autant de questions d'une importance capitale que M. Rados examine en détail, avec une connaissance approfondie des sources et une critique sûre.

«La deuxième partie est consacrée à retracer les premières phases de la seconde guerre médique concentration des forces de terre et de mer de Xerxès dans la région d'Abydos, passage de l'Hellespont, invasion progressive du littoral européen, la flotte et l'armée se soutenant l'une l'autre, suivant la pratique généralement observée à cette époque aussi bien par les Grecs que par les Barbares, naufrage d'une partie de l'armée navale perse à la hauteur du promontoire Sépias, combat glorieux et indécis d'Artémision, bataille des Thermopyles, retraite des flottes hellènes confédérées.

« Dans la troisième partie est abordé sous toutes ses faces le problème de Salamine, qui a suscité tant de controverses; on sait que la date même, la date exacte de ce grand événement, demeure incertaine. Mais les principales difficultés sont d'ordre topographique et tactique. Il s'en faut que l'auteur les résolve toutes de manière à ne soulever aucune objection; on peut néanmoins se ranger à son opinion sur les points essentiels. Par exemple, il a le mérite d'avoir pris résolument parti, sur la tactique des Perses, pour Hérodote contre Eschyle, et de bien mettre en lumière que la flotte barbare ne songea pas à se diviser pour aller garder les passes qui, de la baie d'Éleusis, donnent accès dans le golfe Saronique; tout son effort consista - et c'est précisément ce que souhaitait Thémistocle

à empêcher les Grecs de sortir du détroit compris entre la côte orientale de Salamine et le rivage opposé de l'Attique. Il y avait peu de chance, en effet, pour que la flotte hellène, avec ses trières qui se sentaient plus à l'aise en mer fermée, tentât, par les passes d'Éleusis, une fuite qui l'eût rejetée en mer libre. Les Perses le savaient, et s'ils envoyèrent quelques vaisseaux surveiller l'issue des passes, ce fut une simple précaution qui ne pouvait affaiblir le gros de leurs forces là où il leur était nécessaire.

«Il y a dans ce livre bien des pages, et des chapitres mème, sur lesquels il faudrait insister. Je signalerai seulement l'étude très intelligente et, en dépit de son caractère technique, très agréable à lire, que M. Rados fait de l'agencement de la trière athénienne et de ses

qualités de combat, l'exposé des différentes tactiques navales usitées au ve siècle dans la Méditerranée orientale, les passages relatifs à la science navale des Perses, qui devaient tant, pour les choses de la marine, aux Phéniciens que nous avons le tort de considérer uniquement comme des caboteurs, qui possédaient aussi une marine de guerre dont ils savaient se servir dans l'intérêt de leur commerce et des établissements qu'ils allaient fonder au loin. Enfin, le chapitre qui a pour titre : Les grands chefs, est assurément l'un des meilleurs de l'ouvrage. M. Rados y insiste, avec une impartialité que n'ont pas connue ses immortels ancêtres, sur la valeur de Xerxès comme chef d'armée; ce n'était pas l'impie ni le déséquilibré qu'a peint Eschyle et un peu, parfois, Hérodote lui-même : c'était un monarque sage et très entendu en administration, en politique, en art militaire, qui s'entourait de conseils, et savait admirablement son métier de roi. «Je passe sur les défauts dont le livre n'est pas exempt: on n'y trouve pas toujours, pour la solution de certains problèmes, toute la décision qu'on voudrait; il y a dans le récit des longueurs et des obscurités, ici et là un peu de rhétorique, un goût fàcheux pour l'image; je n'entends pas par là les documents antiques, mais quelques tableaux modernes que M. Rados reproduit, sans nul profit pour le lecteur. Ce sont là, au regard de tant de connaissances étendues et variées, de tant d'aperçus intéressants et suggestifs semés au cours de ces quatre cents et quelques pages, de légères imperfections. On ne pourra s'occuper de l'histoire si compliquée et si passionnante des guerres médiques sans consulter le livre de M. Rados, qui, en dédiant son œuvre à la marine française, en la plaçant sous le patronage des Duquesne, des Tourville, des Suffren, des Courbet, a montré clairement de quels maîtres il se réclame. Ce n'est pas, sans doute, un titre scientifique, mais il y a des moments où de telles dispositions ont leur valeur, et nous sommes, il me semble, à l'un de ces moments-là. »

M. DIEHL a la parole pour un hommage:

« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un volume dont je suis l'auteur et qui vient de paraître dans la Bibliothèque de philosophie scientifique, que dirige le docteur G. Le Bon. Il est intitulé: Venise, une république patricienne. - L'Académie me permettra, au sujet de ce livre, deux brèves remarques. L'une, qu'on n'a point eu la prétention d'y écrire l'histoire, souvent écrite, de Venise, mais plutôt de dégager les causes profondes qui firent la grandeur et la décadence de la République. L'autre, que ce volume était prêt à paraître il y a plusieurs mois déjà. Les circonstances en avaient retardé la publica

tion. Il a semblé pourtant que cette étude offrirait peut-être quelque intérêt, à l'heure où, entre tant de problèmes, se posent la question de la domination de l'Adriatique, la question de l'expansion de l'Italie dans le Levant, qui toutes deux trouvent leurs origines dans l'histoire de Venise. »

SÉANCE DU 16 JUILLET

PRÉSIDENCE DE M. ÉDOUARD CHAVANNES.

M. HÉRON DE VILLEFOSSE Communique une note qui lui est adressée par le P. Delattre, correspondant de l'Académie; elle est relative à la découverte d'une nécropole antique dans la presqu'île de Gallipoli par nos soldats du corps expéditionnaire d'Orient. Il paraît certain qu'il s'agit de la découverte déjà signalée à l'Académie par le docteur Leuthreau et dont l'Illustration (no du 10 juillet 1915) a donné une intéressante photographie :

« Un de mes confrères, prêtre, caporal-infirmier au 4o zouaves, actuellement aux Dardanelles, nous informe, à la date du 17 juin, qu'aux tranchées de deuxième ligne, dans la presqu'île de Gallipoli, exactement à 1500 mètres du front de résistance des Turcs, les soldats, en pratiquant un boyau, rencontrèrent plusieurs sarcophages. Mon confrère, dès qu'il eut connaissance de cette découverte, s'empressa d'aller voir le cimetière antique. Voici les détails qu'il nous donne :

« Cette nécropole est située à un kilomètre et demi d'un vieux monastère maintenant complètement détruit. Aux environs, près de la baie de Morto, un groupe de maisons porte le nom d'EskiHissarlik.

«Les sarcophages sont placés à I mètre ou 1 50 sous terre. Ils ressemblent à ceux de Carthage. Ce sont des monolithes, mais ils sont de pierre blanche, et non de marbre. Le couvercle est tout plat et n'est pas de la même pierre. La matière est une sorte de pouding, mélange de sable et de cailloux de mer. Mon

confrère ajoute que dans ces sarcophages on n'a trouvé que de la terre. Il y a lieu de penser qu'il en eût été autrement, si les soldats avaient eu l'idée et les moyens de faire un tamisage.

« On a découvert aussi de grandes amphores d'argile mesurant 1 mètre de diamètre et 1 50 de hauteur. Elles étaient toutes couchées et remplies de terre.

« On a trouvé également de petits vases de terre cuite et des statuettes comme à Carthage. Un officier a reçu de ces fouilles quelques belles poteries noires du genre de celles qui se voient au Musée Lavigerie. Aucune inscription n'a été remarquée.

<< Les fouilles ont été interrompues; car sous les balles et sous les obus, ce n'est pas le moment de faire des excavations archéologiques. D'ailleurs, les soldats avides de satisfaire leur curiosité, de voir comment c'est fait, ce qu'il y a dedans, n'ont guère l'idée de fouiller avec méthode et patience.

<<< Plusieurs sarcophages ont été ouverts par un bout et vidés. C'est un excellent abri! »

M. Paul FOURNIER commence la lecture d'un mémoire intitulé : Grégoire VII et les collections canoniques. Il montre dans cette première partie pourquoi les collections canoniques en usage dans l'Église avant le pontificat de Grégoire VII ne répondaient pas aux aspirations des hommes qui avaient entrepris l'œuvre de la réforme ecclésiastique. Sous l'inspiration directe de Grégoire VII, de nouvelles collections furent composées M. Fournier en étudie deux. Il achèvera cette étude à la prochaine séance.

M. CUMONT Communique un bas-relief trouvé en Méonie (Asie Mineure) et conservé au Musée de Leyde. D'après la dédicace gravée sur la plinthe, ce monument a été consacré à la déesse perse Anaïtis par une femme qui avait été guérie de quelque << accident » morbide par les incantations de la prêtresse. Anaïtis y est figurée, non pas telle que la décrit l'Avesta, mais sous l'apparence de la Diane d'Éphèse à laquelle elle avait été assimilée. Elle est jointe au dieu solaire qui formait couple avec elle, devenue une divinité lunaire 2.

1. Voir plus bas, p. 282.

2. Voir ci-après.

MM. Salomon REINACH, POTTIER, COLLIGNON et BABELON présentent quelques observations.

COMMUNICATION

UN BAS-RELIEF VOTIF CONSACRÉ A ANAÏTIS,

PAR M. FRANZ CUMONT, ASSOCIÉ ÉTRANGER DE L'ACADÉMIE.

Le bas-relief que reproduit la figure ci-contre n'est pas une trouvaille récente. Découvert il y a plus de trente ans, il est conservé, depuis une date peu postérieure, au Musée de Leyde; l'inscription gravée sur sa base a été publiée et republiée, mais le monument lui-même n'a été que sommairement décrit, bien qu'il soit loin d'être dénué d'intérêt. Si je puis réparer ici l'injustice de ce dédain ou de cet oubli, je le dois à l'obligeance de M. J. H. Holwerda, directeur du Rijks-Museum van Oudheden, qui, avec une libéralité dont je me plais à le remercier, m'a envoyé de Leyde une excellente photographie de ce curieux bas-relief en m'autorisant à la reproduire.

Ce marbre fut trouvé avec plusieurs ex-voto, provenant manifestement d'un temple d'Anaïtis, à Kioelnté près de Koula, dans l'ancienne Méonie 2. C'est, comme on le voit, une stèle trapézoïdale, surmontée d'un fronton garni d'acrotères et qui porte en son milieu une rouelle solaire ou une patère de sacrifice. Les angles de ce fronton sont occupés par des sortes de cornets dont l'interprétation m'échappe. Au-dessous, une niche cintrée est divisée par une moulure en deux tableaux, qui contiennent chacun l'image d'une 1. Tsakouroglou, MOUSETOV TYS Exуy. yoλs de Smyrne, V, 1884-1885, p. 155, no Reinach, Chroniques d'Orient, I (1883-1890), p. 216; Leemans, Verhandelingen der k. Akad. Amsterdam, XVII, 1886, p. 3 sqq., no 1. 2. Il faut probablement lire Gjeuldé, qui est situé un peu au Nord de Koula, près de l'ancienne Nisyreôn katoikia,

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