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maladie, sollicitait les bons esprits de repousser les mauvais, de mettre les démons en fuite. Le recours à l'hydromancie est ancien, car déjà le Talmud' et le Midrasch 2 la mentionnent, longtemps après les Assyriens et les Babyloniens 3. Depuis une trentaine d'années, de telles coupes arrivent de Mésopotamie en France. Auparavant, les découvertes de Layard' ont valu à l'Angleterre deux douzaines de ces textes; il y en a aussi un en Russie 3, dans le Musée de la Société impériale d'archéologie, à Moscou, et un à Winterthur en Suisse, chez M. ImhofBlumer. Les deux du Musée de Constantinople sont des faux.

Chez nous, il y a douze de ces textes, ainsi répartis 7 : deux au Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque nationale; sept au Louvre, principalement dans le Musée de M. et Mme Dieulafoy; deux au Musée Lycklama, à Cannes ; un chez le numismate Feuardent1o.

Tous ces documents ont pour fonds commun des formules de conjuration, exprimées en termes corrompus, déformés, estropiés à plaisir, non par simple ignorance, mais consciemment, par une bizarrerie probablement voulue, dans le but de dérouter les démons et d'obvier à leurs maléfices. Elles sont mystiques, conçues à l'abri des regards profanes, outre que les scribes de ces textes négligent l'orthographe.

1. Talmud babli, tr. Sabbat, f. 37 b; tr. Yöma, f. 84 a; tr. Beça, f. 16 a; tr. Baba mecia, f, 29 b; tr. Abôda zara, f. 38 a.

2. Bereşit Rabba, chap. 92; Tanḥouma, section 5; Midr. sur Genėse XLII et sur Proverbes, I, 14.

3. Proceedings of the Society of Biblical Archæology, April 1890, p. 4– 31 et 37-40.

4. Discoveries on the ruins of Nineveh and Babylon, p. 509-526. Cf. Joseph Halévy, Mélanges de critique et d'histoire, p. 229 et suiv.

5. Alb. Harkavy, Zapiski vostotchnago olovlenie Archeologit. Obtchestva, Saint-Pétersbourg, 1889, t. IV, p. 83-95.

6. Proceedings etc., 2° série, 1891, § Q, p. 11.

7. Rapport sur les inscript. hébr. en France (P. 1904), p. 164-7 [22-25]. 8. E. Babelon, Revue des études juives, 1882, t. IV, p. 105 et suiv.; Proceedings, etc., 2° série, § R, p. 12.

9. L'un publié par l'abbé Hyvernat, Zeitschrift für Keilschriftforschung, t. II, 1885, p. 113-146; l'autre dans le Rapport (ci-dessus), p. 167. 10. P. Lacau, dans la Revue d'Assyriologie et d'Archéologie orientale, t. III. p. 49-51.

Le langage est celui du Targoum (version chaldéenne de la Bible), farci de tournures plus modernes, comme dans le Zohar. Le caractère est le plus souvent de l'hébreu carré, affectant des formes plus ou moins archaïques, suivant le plus ou moins d'ancienneté de ces petits monuments, où il faut tenir compte de la

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Coupe avec inscription magique chaldéenne (collection Pozzi).

difficulté d'écrire dans la cavité du vase. D'après les lettres, on suppose leur âge : les dates varient entre le ve et le viie siècle de l'ère chrétienne. Ces remarques générales s'appliquent à la coupe ou bol, qui maintenant fait partie des collections d'antiques du professeur Pozzi. Le centre est légèrement bombé,

sans upzλos bien marqué. Le pourtour du bord externe mesure 41 cm. sur un diamètre de 13 cm.; profondeur maxima centrale : 4 cm.; épaisseur: 1/2 cm. A l'intérieur du bol se déroulent quatre lignes, en spirale, partant du centre pour aboutir au bord du vase. Voici le texte :

..ה לפנא אתמלו] טוטדון ערדיה מרומהדיין כל לילי עלמה דאום .. בר רבותא דוקצור ומדים להוי מבית דינא עילאה מיחמת עדי אי קסו עלמה ולאצל רגושיה רבא על שודרי ברישיה אילה עד דיפתחו פומהון יאמרו אוריתא הדאבון תושתלח ותיהוי ליה אסותיה לפנא בר רבותא להוי וזוח ויפקון מניה

<«< Que [soit exaucée] cette invocation, [que soient] écartés de toutes ces hauteurs tous les démous du monde qui......, pour Fena (ou Pena) fils de Rebouta de Vaqsour (ou : le malade). Que, pour ces objets, ce soit fixé par le tribunal supérieur, [loin] du poison violent, jusqu'aux confins du monde. Puisse-t-il être libéré du grand frisson qu'il ressent à l'épine dorsale jusqu'à la tête, à l'effet d'ouvrir la bouche pour parler de la Loi. Que chacun de vous [démons] soit renvoyé. Pour que lui recouvre la santé, on dira [ceci] en faveur de Fena, fils de Rebouta, afin qu'ils [les démons] partent et sortent de lui. »

Ces lignes sont aussi intéressantes par le langage que par la forme des caractères employés.

Paléographie. La lettre & n'est pas toujours uniformément

1. Du premier mot il ne reste bien lisible que la lettre initiale N, suivie de 4 lettres frustes, dont la première semble être un , et le reste peut au besoin être lu. Ithmalé, littéralement « soit accomplie », est usité en langage rabbinique dans le sens d'« exaucer ». De plus, on trouve la formule (au pluriel; sur une coupe similaire au Musée de l'Université de Pensylvanie, no XII, ligne 7, à Philadelphie.

2. Ce mot n'est pas terminé; la lacune qui suit comprend un mot de 3 ou 4 lettres et un autre mot dont la seule finale subsiste encore.

3. Vu l'identité de forme des lettres et dans cette écriture, la lecture de ce nom probablement local est douteuse. Il est possible de lire 1987 7 « qui [est] malade »; mais c'est contraire à la syntaxe habituelle.

4. Pour D.-M. le professeur Mayer Laurbert nous a donné d'utiles indications en ce sens.

5. Nous avons vocalisé Yemrou, à la façon chaldéenne, pour éviter la lecture Yomrou, qui serait hébraïque et déplacée ici.

tracée; mais ses variantes ont peu d'importance et elles ne vont pas jusqu'à provoquer un doute dans la lecture.

Le 2 est bien angulé, et il ne saurait être confondu avec le ǝ, qui est arrondi.

Le se distingue à peine du 7, par une pointe, un apex, en tête à gauche, que n'a pas le 7.

Le est encore moins distinct du, puisqu'il est fermé à l'angle gauche supérieur comme le . Les deux hastes verticales. dans chacune de ces lettres, varient également, sans distinguer une lettre de l'autre. (Voir Talmud B., tr. Menahoth, f. 29 b.) Le et le sont semblables; à peine le a-t-il un mm. de moins que le 1.

Lea juste la forme d'une croix latine; il est plus long que le en croix grecque du feuillet Pelliot. Cf. Jos. Wohlstein, dans la Zeitschrift für Assyriologie, IX, 14.

Le, en panache retombant à gauche, se retrouve dans une coupe magique postérieure à la nôtre, dans celle de Layard no 5, et cette forme subsiste encore dans l'écriture carrée égyptienne. Lea parfois une base très allongée obliquement à gauche, comme dans le ms. Pelliot.

Le est parfois irrégulier, en ce que la ligne oblique de gauche, au lieu d'aboutir à la droite, la coupe en ce cas; ce qui peut entraîner une confusion avec .

Le diffère légèrement du carré actuel, parce que la ligne horizontale en tête et la verticale à gauche se touchent, sans laisser un coin vide. C'est la forme que vise le Talmud, tr. Sabbat, f. 104 a.

Le, au lieu d'être un trident, se compose d'un petit angle droit inscrit en haut, à gauche, d'un plus grand angle droit, telle qu'elle est formée sur la première coupe analogue qui est à la Bibliothèque nationale. Cette lettre , ainsi que et D, n'ont pas de base horizontale ici, mais finissent en pointe comme un

écu.

Le

allonge à gauche sa seconde haste verticale, aussi à l'instar du feuillet Pelliot.

Linguistique. Le second mot de la première ligne, 1, a primitivement le sens « d'insistance », d'où par dérivation le sens de « supplication, invocation ». C'est l'hypothèse émise par Th.

Ellis, au sujet d'un terme dans une coupe similaire au British Museum (voir Layard, Discoveries on the ruins of Nineveh, etc., no 2, p. 395, planche XX, fig. B; Chwolson, Corpus inscriptionum hebraicarum, p. 115). Toutefois Dalman, dans son Dictionnaire araméen, après avoir transcrit 1, Tut, ajoute entre parenthèses le sens de Hornstoss, « coup de corne », symbole de l'élancement d'un démon. Or il s'agit ici de guérir un malade qui probablement souffrait de violents maux de tête, attribués aux maléfices diaboliques. En ce cas, il faudrait traduire : «< Soit éloigné ou annulé, ce mal d'élancement. » En faveur du premier sens, rappelons le terme analogue, <«< invocation », dans une autre coupe de ce genre. Enfin, en langage rabbinique, le terme , qui est assez rare, a le sens de << bruire, résonner » et de là, par dérivation. «< invoquer ». Le troisième mot de la même ligne peut, en raison du défaut de distinction entre 1 et 7, – être lu Y, tout en donnant le même sens. En effet, dans ses Aramaic incantation texts of Nippur (Publications of the babylonian section, t. III, Philadelphia, 1913), n° V, ligne 1, M. James Montgomery traduit NTY par « go away ».

་་

לילי

Peu après, (au pluriel) est le parèdre du démon femelle Lilith, selon la juste explication de J. Montgomery, ibid., no 8, ligne 21.

A la fin de la même ligne, se trouve le nom du « possédé » qu'il s'agit d'exorciser: Fena fils de Rebouta, nom presque identique 2 dans la coupe mandaïte publiée par M. Pognon (Mémoires de la Société de linguistique, t. VIII, p. 231).

Ligne 2, seconde partie : le mot T est suivi d'un point, séparation unique dans ce texte dont tous les mots se touchent presque. Ce ne saurait donc être la préposition « jusqu'à », et il faut supposer un équivalent araméen de l'hébreu 7 « fort », ayant ici le sens de « violent ».

(་

A l'avant-dernier mot de la même ligne, Dp, le □ médial équivaut au, soit en hébreu s "sp.

Ligne 4. La syllabe finale supplétive du premier mot,

» המשתיכון a son pendant dans le mot

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cinq de vous », dans des

coupes similaires du Musée de Philadelphie, no VIII, ligne 31; n° XVII, 1. 4.

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