Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Le nom du membre blessé est DA; il n'y a point place, à mon sens, pour une restitution plus longue comme serait Da-zi-mu ma-gig.

DA a été l'hiéroglyphe et est devenu l'idéogramme du bras droit et, par extension, du côté. C'est l'organe des organes, la force physique, l'action extérieure de l'homme qui est en souffrance. Car un vaillant (idlu) s'écrit en babylonien mâ-da, c'est-à-dire, celui dont le bras sort et n'est pas paralysé (Meissn., Idgr., 2838).

La déesse secourable à l'homme, dans cette infirmité qui eût compromis les prouesses des futurs Nemrod, est précisément Dazimâ dont le nom signifie « celle qui lève un bras sain », ou « qui tend un bras vigoureux » (cf. â-zi-da).

7e mal, 7e remède.

til-mu ma-gig - an Nin-til im-ma-ra-an-tu-ud.

Ma côte (til) est souffrante! Voici que je t'enfante la divine Nin-til.

Dans l'anatomie du corps, til désigne șilu, la côte. C'est aussi spécialement la cage thoracique qui protège les organes les plus délicats et les plus essentiels de la vie. De là est venu que le signe til, d'un emploi si fréquent dans les textes babyloniens, prit bientôt le sens général de vie (balaṭu).

Pour le dire en passant, le fait que dans une tradition analogue, on appelle Hawa, Hawwa « vivante ou vivifiante », la première femme, issue d'une côte de l'homme, a bien pu se produire chez un peuple qui se servait de l'écriture idéographique babylonienne, où le signe TI a les valeurs et de vie et de côte. Cette observation ne serait-elle

romaines1» et tout récemment par M. Salomon Reinach dans son « Répertoire des reliefs grecs et romains 2 ».

De l'avis unanime, ce relief représente une scène d'affranchissement par la vindicte. Mais on est loin d'être d'accord sur l'interprétation des détails; on se demande quelle est, dans le cérémonial de l'affranchissement, la partie que le sculpteur a entendu figurer parce qu'il l'a jugée la plus caractéristique.

Les diverses explications qui ont été proposées ne sont rien moins que satisfaisantes. Aucune ne tient compte des rites de l'affranchissement tels qu'ils ont été réglés par la loi. De là des divergences dans l'interprétation de l'attitude de chacun des personnages. Je crois cependant qu'on peut établir une concordance parfaite entre l'œuvre de l'artiste et les indications fournies par les textes juridiques ou littéraires, relatifs à l'affranchissement par la vindicte sous la République et le Haut-Empire.

Dans son état actuel3, la scène comprend trois personnages, mais l'ensemble devait en contenir six. Il y a d'abord deux esclaves, vêtus d'une sorte de pagne que les Romains appelaient subligaculum, et coiffés d'un bonnet, le pileus, qui était le signe d'un affranchissement prochain. L'un des esclaves est à genoux, prosterné devant un personnage qui manque dans notre fragment; l'autre, qui tient un fouet dans la main gauche, est debout' en face d'un quatrième personnage dont il ne reste que l'avant-bras droit et la main. Ce personnage saisit la main droite de l'esclave: ce geste constitue, à mon avis, l'une des parties essentielles de la scène.

Au fond de la composition apparaît un cinquième personnage revêtu de la toge. De la main gauche, il tient une

1. Article Manumissio, fig. 4827, t. III, p. 1585.

2. T. II, 1912, p. 164.

3. Hauteur : 0272; largeur: 0m 198.

4. Hauteur: 0 238.

1915.

35

sorte de bâton appuyé sur l'épaule; dans la main droite, il a une verge ou baguette dont le bout est aminci. C'est un licteur, le faisceau sur l'épaule, la vindicte à la main. La présence du licteur se porte dans la direction du sixième personnage qui devait être figuré à gauche de notre fragment c'était sans aucun doute le magistrat qui, d'après la loi, préside la cérémonie de l'affranchissement par la vindicte.

Sur les six personnes que devait contenir le relief, il en est deux qui restent à identifier: celle qui tient la main de l'esclave debout; puis celle devant qui l'autre esclave est prosterné. D'après Göttling, ces deux personnes n'en font qu'une 1 : c'est le dominus qui, après un double affranchissement, donne une poignée de main à l'un des esclaves pendant que l'autre s'agenouille devant lui pour lui exprimer sa reconnaissance 2. Cette conjecture serait confirmée par la coiffure des esclaves : le pileus serait le signe de la liberté recouvrée.

Cette explication est très contestable : l'artiste aurait représenté, non plus la scène de l'affranchissement, mais une scène consécutive, dans laquelle le maître traite l'un des esclaves d'égal à égal, en lui donnant la main, tandis qu'il laisse l'autre dans la plus humble des attitudes. Rien de plus banal et de moins caractéristique. On ne voit pas pourquoi l'on aurait demandé à un artiste de perpétuer un souvenir, sans grand intérêt pour l'un des esclaves, peu flatteur pour l'autre et même peu vraisemblable. L'esclave agenouillé a plutôt l'air d'un suppliant que d'un homme fier d'avoir obtenu avec la liberté la qualité de citoyen romain. On sait que les affranchis refusaient souvent de tenir les promesses de services faites à leur maître à la veille de

1. Annali, XII, 159.

2. Matz, Antike Bildwerke in Rom, éd. von Duhn, 1882, t. III, no 3602, accepte cette opinion: « Letzerer ist offenbar der Herr, jener der Sklave. An der Erde kniet ein zweiter Sklave mit Schurz und Pileus n. r., wie man wohl mit Recht vermuthet, um dem Herrn für die Freilassung zu danken. »

ment des dieux, un acte inconsidéré commis malgré la mise en garde divine.

Les créateurs de l'homme viennent à son aide par l'envoi de protecteurs et de thérapeutes divins.

Pour finir, on peut se demander si, à la même époque, des moralistes comme Hammurabi et d'autres penseurs d'élite ne se posèrent pas cette seconde question : Pourquoi l'homme ne jouit-il pas de la plénitude de la santé morale? D'où viennent un certain obscurcissement de l'intelligence dans la perception du vrai et du bien; une certaine débilité de la volonté dans l'exécution du bien vu et approuvé; le dérèglement, par excès ou par défaut, des appétits irascible et concupiscible?

La réponse, dans l'hypothèse, aurait été analogue à celle de la première question.

L'harmonie de l'être moral a été rompue par quelque transgression ou faute d'ordre moral.

Pour pousser l'analogie jusqu'au bout, il restait aux dieux créateurs à envoyer à l'homme des docteurs divins lui aidant à comprendre et à accomplir le bien, à modérer ses passions, à régler sa vie.

UNE SCÈNE D'AFFRANCHISSEMENT PAR LA VINDICTE

AU PREMIER SIÈCLE DE NOTRE ÈRE,

PAR M. ÉDOUARD CUQ,

MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

La scène est figurée sur un fragment de relief en marbre blanc (hauteur 0 m 90). Ce relief, qui a été pendant longtemps conservé à Rome au Palais Paluzzi, piazza Campitelli, puis à la villa Altieri, est entré ensuite dans la collection d'antiquités égyptiennes, grecques et romaines formée par M. Raoul Warocqué à Mariémont près Charleroi. Il a été publié pour la première fois à la fin du XVIe siècle

L'interprétation de Göttling ne résiste pas à l'examen ; elle a été écartée à juste titre par les éditeurs de la collection Warocqué. Ils ont bien compris que l'affranchi, qui a voulu perpétuer le souvenir de sa libération, a dû prier l'artiste de représenter l'un des actes qui, d'après la loi, sont nécessaires pour l'acquisition de la liberté et de la cité romaine. Suivant eux, « un esclave, coiffé du bonnet phrygien (pileus) est accroupi à terre, et son maître l'affranchit en le touchant d'une baguette (vindicta). Un autre esclave est debout, et le licteur qui se tenait à droite, le prenait par la main pour le faire tourner sur lui-même ».

Cette interprétation n'a en soi rien d'impossible lorsqu'on l'examine d'une façon abstraite et en quelque sorte théorique. Mais comme explication du bas-relief, elle paraît douteuse sur le premier point, peu vraisemblable sur le second. Et en effet on ne voit pas le geste du maître imposant la vindicte sur l'esclave accroupi; on devrait tout au moins apercevoir l'extrémité de la vindicte, puisque le contact est nécessaire et que le corps de l'esclave est entièrement conservé. Quant au second point, l'interprétation manque de vraisemblance. L'artiste aurait représenté le licteur dans deux positions différentes : dans l'une, ce serait un simple figurant qui se tient comme un soldat au port d'armes, le faisceau sur l'épaule, la verge à la main; dans l'autre, il se serait débarrassé de la verge pour prendre l'esclave par la main et le faire pivoter. Le licteur jouerait ici un rôle actif que rien ne justifie. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vertigo opérée par le licteur retarderait la marche du magistrat. A son passage sur la voie publique, le Préteur s'est arrêté un instant pour présider à un acte de la juridiction gracieuse. Il a prononcé le mot sacramentel: addico. Son rôle est terminé. Le licteur qui le précède doit poursuivre sa route.

M. Perdrizet, dans son compte rendu de l'ouvrage de MM. Capart, Franz Cumont et de Mot, admet avec les édi

« ZurückWeiter »