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« monts, inspirés de Dieu, comme je ples au Saint-Siége, et rétablir cette n'en doute point, ont reçu de bon | ancienne harmonie qui existait autrefois cœur cette exhortation, et il y a déjà entre les deux Églises. Sans doute Gré50 mille qui se préparent à cette expé-goire VII avait encore un autre but qu'il «dition, s'ils peuvent m'y avoir pour n'exprimait pas dans ses lettres, mais chef et pour Pontife, résolus de mar- que ses successeurs n'ont point dissi« cher à main armée contre les ennemis mulé, c'était de tourner contre les infi« de Dieu, et d'aller, sous sa conduite, dèles la passion désordonnée des prin« jusqu'au Sépulcre du Seigneur. Ce qui ces et des seigneurs pour les armes, « m'excite encore puissamment à cette suite de leur oisiveté et de leur ignoentreprise, c'est que l'Église de rance; de suspendre, par une heureuse a Constantinople, divisée d'avec nous diversion, les troubles intestins qui duau sujet du Saint-Esprit, demande à raient depuis si longtemps en Occident, « se réunir au Siége apostolique. Pres- et de faire cesser les guerres particu que tous les Arméniens s'écartent de lières qui recommençaient tous les «la foi catholique, et presque tous les jours. Mais ce but était également noble < orientaux attendent que la foi de et digne de Grégoire VII, et plus relisaint Pierre décide entre leurs diverses gieux encore que politique. opinions. Notre temps demande l'accomplissement de ce que le Rédemp«teur a daigné, par une grâce spéciale, ordonner au prince des apôtres, en « disant : J'ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille point; lorsque tu seras converti, affermis tes frères. Et « parce que nos pères, dont nous dési

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rons suivre les traces, malgré notre « indignité, ont souvent passé en ce pays-là pour confirmer la foi catholique, nous sommes aussi obligés d'y ‹ passer, pour la même foi et pour la « défense des chrétiens, si Dieu nous en ouvre la voie. Mais comme un si grand dessein a besoin d'un sage conseil et d'un puissant secours, je vous demande l'un et l'autre; car si je fais ce voyage, c'est à vous, après Dieu, que je laisse l'Église romaine, afin que

vous la gardiez comme votre sainte mère, et que vous défendiez son honneur. Faites-moi savoir au plutôt ce a que vous pensez à ce sujet, et ce que votre prudence, divinement inspirée,


« aura résolu'. »

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créateur de cette grande idée. Car, Cependant Grégoire VII n'est pas le comme je vous l'ai dit dès le commencement, Grégoire VII n'a rien créé, il n'a fait qu'exécuter ce qui avait été établi sades appartient à un pape français, à avant lui. La première idée des croi Silvestre II, qui l'a émise au commencement de ce siècle, comme je l'ai fait remarquer en son temps'. Mais Grégoire VII l'a développée; il a tourné les regards de toute l'Europe vers les lieux saints, et a disposé les peuples à leur délivrance. Cette pensée ne l'a jamais quitté ; mais il n'a pu la réaliser, à cause des obstacles insurmontables qu'il a rencontrés sur son chemin. Le roi Henri, comme nous le verrons, n'était capable portaient l'Église de Constantinople et d'aucune idée généreuse; que lui imle Saint-Sépulcre? Son attention était alors absorbée par la guerre qu'il faisait aux Saxons, et il ne répondit pas aux vœux du Pontife. Grégoire VII lui-même était jeté au milieu d'un tourbillon d'affaires par des contradictions violentes que soulevaient partout les décrets de son concile, celui de 1074. I l'exécution de son grand projet. D'un fut donc forcé, malgré lui, de différer autre côté, la croisade devenait moins pressante; les infidèles avaient été repoussés par les efforts des généraux

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de Michel Ducas'. Plus tard Grégoire VII se trouva aux prises avec Henri IV, et

TREIZIÈME LEÇON.

d'un autre côté Michel Ducas fut préci-Action de Grégoire VII dans le Nord, en Russie,

pité du trône et remplacé par un prince impie et adultère, Nicephore Botoniate, qui fut excommunié par Grégoire VII. Mais que pouvait faire l'excommunication sur un prince impie et schismatique? Robert Guiscard, comme nous le verrons, marchera contre lui, mais la mort viendra l'enlever au milieu de ses plus beaux triomphes.

en Norwége, en Suède, en Danemarck, en Hon. grie, en Bohême et en Pologne.

Quand Grégoire VII s'occupe des affaires religieuses d'un royaume, il s'y applique avec une telle ardeur, que son attention semble être concentrée sur ce seul point. Il nous faut toute sa correspondance et la date de ses lettres pour nous convaincre qu'il était occupé à la fois de toutes les Églises de l'univers chrétien.

Nous avons vu avec quel zèle il s'est appliqué à l'extinction du schisme en

Ainsi le zèle de Grégoire VII a été arrêté par des obstacles invincibles. Disons que Dieu ne l'avait pas appelé à l'accomplissement de cette grande œuvre. Un pape français en avait donné la première idée, et un autre pape français, Ur-Orient, et à l'organisation d'une armée bain II, doit l'accomplir, parce que la de croisés contre le joug des Sarrasins; gloire de l'exécution était réservée à la nous verrons bientôt avec quelle ardeur nation française. En effet, Messieurs, il travaille à la réforme des Églises de quand on parcourt l'histoire, on est France et d'Allemagne. Eh bien, Mestenté de croire que les Français ont sieurs, dans ce même temps, il étend reçu du ciel une vocation spéciale pour sa tendre sollicitude sur les provinces combattre les Sarrasins. Ainsi ce sont septentrionales, correspond avec leurs les Français qui, sous Charles-Martel, princes, cherchant à les gagner à Dieu les ont arrêtés dans les plaines de Poi- avec les peuples qui leur sont soumis. tiers, lorsqu'ils attaquaient à la fois Je vais vous entretenir aujourd'hui do tous les points de la chrétienté. Ce sont ce sujet et vous dire ce que Grégoire VII les Français qui ont puissamment con- a fait dans le nord de l'Europe, dans la tribué à les repousser du nord de l'Italie Russie, dans la Norwége, la Suède, le et de l'Espagne. Ce sont les Français, Danemarck, la Hongrie, la Bohême et les Normands, qui les chassent du midi la Pologne ; car Grégoire VII, dans son de l'Italie et de la Sicile. Ce sont encore étonnante activité, a embrassé tous ces les Français qui entreprennent la pre- pays à la fois pour y exercer son heumière croisade, et qui ont la principale reuse influence. part dans les autres, jusqu'à saint Louis, qui couronne l'œuvre en mourant sous les murs de Carthage. Enfin, Messieurs, ce sont encore les Français qui, à l'heure où je vous parle, les combattent en Afrique, et préparent la grande œuvre de civilisation que Grégoire VII a tant désirée. Ce sont certainement des faits bien singuliers, je dirai providentiels. Mais souvenons-nous que Grégoire a contribué à une partie de cette gloire en préparant les voies de la première croisade, que nos pères ont suivi son plan, et qu'en le suivant ils se sont ouvert une carrière glorieuse, qu'ils ont parcourue de manière à exciter l'admiration et l'envie des autres nations.

'Greg. VII, Ep., lib. 11, 3, ap. Labb., t. X, 71. Labb., t. X, p. 571.

Le nord de l'Europe a été pendant bien longtemps le fléau des nations civilisées. De là sont sortis les Normands qui ont causé de si cruels ravages à notre patrie. De là sont sortis plus tard les Hongrois, qui ont porté le fer et le feu en Allemagne, en France et en Italie. Ils se répandaient dans les pays civilisés, comme un torrent auquel rien ne pouvait résister. A leur approche les armées se débandaient, les rois fuyaient, les seigneurs se renfermaient dans leurs châteaux forts, le peuple était inhumainement massacré. Quelques pauvres missionnaires, qui sont souvent devenus victimes de leur zèle, ont fait plus que toutes les armées de l'Europe. Ils sont allés dans ces pays sauvages prêcher l'Évangile au péril de leur vie et

a été obligé de déployer sa fermeté, comme nous allons le voir.

La Russie, comme je l'ai dit, était sous la protection immédiate du SaintSiége. Le fils du roi Démétrius était venu à Rome demander cette grâce à Grégoire VII, qui la lui accorda. Par là le trône de Russie acquit un peu plus de stabilité. Grégoire VII n'eut aucun démêlé avec ce pays.

au prix de leur sang, comme Adalbert, évêque de Prague; leur courage héroïque a triomphé de tous les obstacles: ils ont converti les peuples avec leurs souverains. Dès lors un changement complet. Ils abandonnèrent leur vie nomade, se fixèrent chez eux; et l'Europe ne fut plus bouleversée par leurs horribles excursions. Voilà le service qu'ont rendu à l'Europe, dans le courant du 10° siècle, quelques pau- En Norwége régnait Olaf ou Olaus III, vres missionnaires évêques ou moi- prince paisible, uniquement occupé à nes; ils méritent notre éternelle recon- faire fleurir l'agriculture, les arts et le naissance. Or, Messieurs, ces zélés commerce. En habile politique il donna missionnaires, ces saints martyrs, dont les plus grands soins à la religion; ainsi l'Église honore la mémoire, en conver- il améliora la situation précaire du tissant ces peuples, leur ont enseigné clergé, en lui assignant un revenu fixe. la religion avec tous ses dogmes, sa Il commença la construction de la vaste morale et sa discipline; ils leur ont cathédrale de Drontheim, et tint la enseigné la primauté du Saint-Siége, main à ce que le culte catholique fùt sans laquelle, quoi qu'en disent nos célébré avec toute la décence convephilosophes, il n'y a point de christia- nable. Olaf III pourrait servir de modèle nisme possible. Ils ont inculqué ces aux hommes d'État. Il s'occupa vivegrandes vérités, non-seulement au peu- ment de l'affranchissement des esclaple, mais encore aux souverains, de ves, qu'il rendit libres sans nuire aux telle sorte que du temps de Grégoire la intérêts de l'État, et organisa lui-même primauté du siége de Rome se trouvait des associations religieuses, les croyant solidement établie dans toutes les pro- utiles au maintien du bon ordre. Grévinces septentrionales. Le pape n'avait goire VII n'avait que des éloges à lui qu'à parler pour se faire écouter: il y donner. Comme son royaume se trouavait dans tous les cœurs un profond vait à l'extrémité de l'Europe et que les respect pour son autorité. La plupart voies de communication étaient diffides souverains, poussés par la recon- ciles, il le prie d'envoyer à Rome un naissance, s'étaient rendus tributaires certain nombre de jeunes gens de la du Saint-Siége. Les peuples, convertis noblesse du pays, afin qu'il puisse les pour la plupart depuis moins d'un faire instruire dans la loi de Dieu, et siècle et gouvernés par des rois sages, les renvoyer ensuite dans leur pays étaient encore, à l'époque de Gré- pour faire connaitre les décrets du goire VII, dans leur première ferveur. Saint-Siége et cultiver la religion dans Se trouvant en face des païens, ils se toute sa pureté. Il lui donne ensuite tenaient sur leur garde, cherchaient à quelques sages conseils de bon gouverles édifier et à les toucher par leur bonnement, qui témoignent de la haute exemple. Le clergé de tous les royaumes sagesse du Pontife'. du nord se trouvait sous la haute surveillance d'un vicaire apostolique; c'était Adalbert, archevêque de Brême et de Hambourg, qui faisait respecter son autorité, et dont j'aurai aussi occasion de vous parler. Aussi les vices qui déshonoraient les Églises d'Allemagne, de France, d'Angleterre, y étaient-ils inconnus, et Grégoire VII n'eut pas à s'en occuper. Sa correspondance avec le Nord a été presque toujours amicale. Cependant il s'est trouvé des cas où il

Grégoire VII donna à peu près les mêmes conseils au roi de Suède, à qui il n'avait aucun reproche à faire. Il le pria de lui envoyer un évêque ou un ecclésiastique capable pour lui faire connaître la situation religieuse de son royaume; il le renverra ensuite dans sa patrie muni des mandements apostoliques, et instruit de tout ce qui concerne la religion 2.

* Ep., lib. vi, B. 15.
14 Ibid., vIII, 11.

Grégoire VII s'occupa aussi de l'Église | du Danemarck. Ce pays était soumis au christianisme depuis le 9e siècle, par les travaux de saint Anscaire, qui est appelé l'apôtre du Danemarck. Il était gouverné depuis 1047, c'est-à-dire depuis 26 ans par un grand roi, Suénon III, prince religieux, qui dirigeait lui-même les missions apostoliques du Nord, et qui eût été un modèle de roi s'il avait pu régler sa conduite privée, relativement à la continence. Il était très-versé dans les lettres, juste envers ses sujets, affable et généreux envers les étrangers. Adalbert de Brême, vicaire apostolique, érigea, sous sa protection, jusqu'à neuf évêchés dans son royaume. Cependant Adalbert ne fut pas toujours d'accord avec lui. Il voulait faire trop sentir son autorité papale dans le Nord, et Suénon n'était pas toujours disposé à lui obéir. Il eut une vive querelle avec lui au sujet d'un mariage avec une de ses proches parentes. L'archevêque le menaça de l'excommunication; le roi de son côté le menaça de ravager son diocèse. La querelle finit par l'intervention du pape. Le roi renvoya sa femme et fit la paix avec Adalbert. Mais le joug de celui-ci lui pesait. Pour s'en délivrer, il voulut ériger, avec la permission du pape, un siége métropolitain dans son royaume. Adalbert, voulant conserver son autorité, chercha alors à faire ériger son évêché en patriarcat. Le roi ne pouvant se soustraire à sa juridiction, renonça à son projet

et Adalbert au sien3.

Guillaume, évêque de Roschild, eut avec Suénon une querelle plus sérieuse. Quelques convives invités à un festin du roi, se mirent à mal parler de lui. Le roi irrité les fit tuer le lendemain, jour de la Circoncision, à l'église cathédrale. L'évêque Guillaume ne fit part à personne de la douleur qu'il ressentait, et se prépara à célébrer pontificalement. Averti que le roi venait à l'église, il n'alla pas au devant de lui, selon l'usage; mais quand il voulut entrer dans le sanctuaire, l'évêque

* Fleury, t. XIII, p. 226.

* Baron., an. 1030, n. 13. — Voigt, p. 32, 3 Baron., an. 1033, n. 45.

l'arrêta en appuyant la pointe de sa
crosse contre sa poitrine et en l'appe-
lant bourreau qui venait de répandre
le sang de ses sujets, et prononça une
sentence d'excommunication. Les gar-
des du roi voulurent tuer l'évêque,
mais le roi les en empêcha et s'en re-
tourna à son palais. Plein de repentir,
il ôta tous ses insignes et se revêtit
d'habits de pénitent, revint à l'église
avec ce costume, restant à la porte
comme un pénitent public. L'évêque
qui était au Gloria in excelsis de la.
messe, averti, vint demander au roi
pourquoi il avait pris ce costume. Le roi
confessa publiquement sa faute, en
demanda pardon à genoux et promit
de réparer le scandale. L'évêque ne
put résister, il leva l'excommunication,
releva le roi en l'embrassant, et le
pria d'aller se revêtir de ses habits
royaux. Le roi revint en effet, et fut re-
çu, selon l'usage, au chant des hymnes
et an grand applaudissement de la mul-
titude, stupéfaite d'un tel spectacle.
Trois jours après, le roi vint de nouveau
à l'église, monta sur l'ambon, confessa
publiquement la grandeur de sa faute,
et reçut la pénitence canonique. Il ne
manqua pas de faire l'éloge de la fermeté
et de l'indulgence de l'évêque, avec
lequel il vécut désormais en parfaite
harmonie'. Depuis cette époque (voyez
ce que peut faire la fermeté d'un évê-
que), le roi changea toutes ses habi-
tudes; il ne songea plus qu'à expier
ses fautes par la pénitence, de sorte
que quand Grégoire VII arriva au trône
pontifical, il n'eut plus aucun reproche
à lui faire. Grégoire VII avait toujours
eu pour lui une profonde estime, parce
qu'il honorait tous les hommes à grands
talents, surtout lorsqu'ils étaient favo-
rables à la religion. Il avait été son
intermédiaire près d'Alexandre II,
parce que Suénon avait voulu se rendre
feudataire du Saint-Siége. Grégoire VII
s'adressa à lui pour
étant devenu pape,
lui donner de bons conseils et pour lui
demander s'il persistait dans les mêmes
résolutions. La lettre est du mois de

février 1075. Au mois de mai était venu à
Rome le fils de Démétrius, roi des Russes,

Baron., an. 1077, n. 06.

pour soumettre son royaume au Saint-, justice, à rétablir l'ancienne discipline, Siége. Grégoire VII, qui avait alors à se dont l'insolence et l'orgueil des grands plaindre de la conduite de plusieurs avaient causé le relâchement. Il bâtit princes, écrivit une seconde fois à beaucoup d'églises, les orna et les dota Suénon, pour lui demander s'il était avec une libéralité extraordinaire. Pour encore disposé à faire hommage de son rendre les évêques plus respectables royaume, comme il l'était sous le pape aux yeux d'un peuple encore grossier, Alexandre'. Nous ne savons pas ce que il leur donna le premier rang parmi les le roi a répondu, ou s'il a eu même le seigneurs, et les égala aux dues. II temps de répondre, car il est mort peu soumit à leur tribunal toutes les causes de temps après. Il fut remplacé par du clergé, et même celles des laïques, Harold, son fils aîné, prince peu ca- lorsqu'elles concernaient la religion. pable. Grégoire VII s'empressa de lui Pour rendre le clergé plus indépendant, écrire pour l'exhorter à imiter les il voulut le tirer de son état précaire, bonnes qualités de son père, dont il lui assigner des revenus fixes, en étafait un grand éloge, et à éviter ses dé- blissant la dime, ce qui donna lieu à fauts. S'il n'avait pas eu, dit-il, la une révolte. Trahi par un de ses servifaiblesse de s'abandonner aux pas-teurs, il fut assassiné dans une église. «sions de la chair, il eût été le modèle Les miracles opérés à son tombeau l'ont des rois, et serait compté parmi les fait mettre au nombre des saints'. « saints. Il l'exhorte bien vivement à

(

bien gouverner son peuple, à protéger la religion, à être fidèle à saint Pierre, à faire des prières et des aumônes pour l'âme de son père 2.

Harold ne régna que deux ans : son frère, qui lui succéda sous le nom de Canut IV, est honoré comme saint. I commença son règne par demander à Grégoire VII des instructions et de bons conseils. Le pape s'empressa de répondre à ses désirs; il le loue de son zèle et de son dévouement à l'Église romaine; il lui propose pour modèle le gouvernement de son père, lui recommande la justice et la miséricorde, le prie de bannir de son royaume la coutume barbare d'attribuer aux fautes des prêtres les maladies et les déréglements des saisons, et de condamner pour le même sujet des femmes innocentes; il le prie encore, comme il en avait prié les autres rois du Nord, de lui envoyer des hommes capables, qui puissent lui faire connaitre les mœurs de la nation, et rapporter ensuite chez eux les instructions et les mandements du siége apostolique 3.

Canut suivit les avis du Pontife, mais avec un zèle plus ardent qu'éclairé. Il s'appliqua à faire fleurir les lois et la

Ep., lib. 11, 31 et 73.
Ibid., lib. v, 10.

3 Ibid., lib. vII, 5 et 21.

Comme vous venez de le voir, Grégoire VII entretint avec les souverains du Nord une correspondance extrêmement amicale. Ses avis étaient demandés et suivis avec une obéissance filiale. Le pape n'avait point à combattre les vices qui déshonoraient les autres Églises, mais il ne s'appliquait pas moins à l'intérêt de ces Églises si éloignées; il voulait être exactement informé de leur situation, par des hommes du pays qu'il demandait aux princes, et auxquels il donnait ensuite ses instructions. C'est aux souverains principalement qu'il s'adressait, sachant bien que s'il parvenait à les maintenir, tout irait bien.

Il leur recommandait donc sans cesse la justice et la modération, l'accomplissement de tous les devoirs de la royauté, la protection pour les Églises du royaume, le dévouement au SaintSiége. Il leur met continuellement devant les yeux les principes que les rois n'oublient que trop souvent : la fragilité des choses humaines, et la nécessité de tendre à des choses plus durables.

« Votre excellence, dit-il au roi Canut IV, doit considérer que plus elle « est élevée et domine au-dessus du grand nombre, plus elle peut, par son exemple, ou incliner ses sujets au mal, ce qu'à Dieu ne plaise, ou ra

Fleury, c. XIII, p. 490.

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