Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[blocks in formation]

sager un nouvel orage. En effet, le jour choisi pour l'extradition de Perez fut le signal de la révolte. Au moment même où on lui mettait les fers aux pieds pour le transporter dans le carosse qui devait le conduire dans la prison de l'inquisition, deux troupes bien armées de ses partisans attaquèrent par deux côtés différents les soldats du gouver neur et du vice-roi; ils ne résistèrent pas longtemps, et le vice-roi lui-même, les juges et les seigneurs qui l'accom. paguaient coururent les plus grands dangers. Les insurgés brisèrent les portes de la prison et délivrèrent Perez; il monta aussitôt à cheval et se réfugia dans les montagnes. Il y demeura plusieurs jours caché; mais n'ayant pa trouver l'occasion de franchir les Pyré nées, il rentra dans Saragosse où il se tint caché; il y resta peu de temps, et reprit bientôt le chemin de la France. Après beaucoup de vicissitudes, il put gagner cette terre hospitalière, et il se réfugia auprès de la sœur de Henri IV, qui l'accueillit avec empressement.

Cette victoire remportée le 24 mai 1591, par le peuple de Saragosse, sur l'inquisition, ne fut pas définitive. Philippe II ne renonçait pas facilement à un dessein une fois conçu, et l'atteinte qui venait d'être portée à son autorité, ne devait le rendre que plus ardent à punir Perez. Mais toujours fidèle à son caractère, entouré d'affaires graves, il ne voulut pas se créer de nouveaux embarras en sévissant avec violence contre les Aragonais. Ceux-ci étaient, de leur côté, assez disposés à la soumission, ils redoutaient la puissance du roi de Castille, et craignaient de perdre en tièrement leurs franchises s'ils les revendiquaient avec trop de vigueur. En ces circonstances, une transaction était désirée des deux parts; elle devait sauver, en apparence, l'orgueil de l'Aragon, mais en réalité donner satisfaction au roi. C'est ce qui eut lieu; elle conserva l'exercice du droit de manifesta- | tion, en le subordonnant à la juridic-fin, quand les soutiens des libertés tion du saint-office.

Perez essaya, en vain, de lutter contre cet acte de faiblesse, dont la conséquence inévitable était sa remise entre les mains des inquisiteurs. Voyant que tout espoir était perdu, il ne songea plus qu'à se soustraire de nouveau, par la fuite, au traitement qui l'attendait. Mais cette tentative échoua, et ne servit qu'à le faire garder plus étroitement. Cependant tous les Aragonais n'avaient pas vu du même œil l'atteinte portée aux fueros; quelques-uns, et des plus considérables, s'agitaient sourdement pour reconquérir leurs droits gravement lésés en la personne de Perez. Gil de Maza, cet homme énergique et dévoué qui l'avait suivi dans sa première fuite, aidé de quelques amis, exploitait avec ardeur le sentiment de la nationalité blessée, et tout faisait pré

Ces divers événements eurent les plus graves conséquences pour l'Aragon. Les rigueurs de Philippe Il s'appesantirent sur cette malheureuse contrée. Ses troupes portèrent en tous lieux le ra vage et la mort, et n'épargnèrent que ceux qui courbèrent la tête. En

de l'Aragon eurent succombé ou se furent soumis, l'anéantissement de så constitution s'accomplit facilement. « A l'heure qu'il est, écrit un ambassadeur vénitien, en 1593, sa majesté a amoindri et ruiné la liberté de ces peuples, en châtiant très-sévèrement tous leurs chefs, par des condamnations à mort, des confiscations de leurs biens. Elle a privé le grand justicier et plusieurs autres magistrats de leur autorité, et les a forcés de plus à accepter un vice-roi castillan au gré du roi, qui le désignait auparavant, selon leur vou et d'après leur requête. Il leur a enlevé l'administration de leurs revenus, dont il a assigné la plus grande partie pour la construction et l'entretien de la citadelle, qui s'édifie dans le lieu où était situé le palais de l'inquisition, lieu élevé d'où elle dominait

toute la ville de Saragosse. Il a dépouillé | les castes de leur pouvoir; il a laissé et il laisse son armée dans Saragosse, où elle vit licencieusement et à discrétion, ayant ôté à cette ville tout éclat et toute prospérité. Enfin, ce qui a été le signe de sa prudence infinie, sa majesté a voulu que tous les changements opérés par elle, au préjudice de ce royaume, et contrairement à ses lois, fussent confirmés par les états, qui étaient particulièrement chargés de veiller maintien des priviléges du royaume; par là tous ces changements ont acquis une sanction et une stabilité durables. »

au

droit Ruy Gomez, le discret Granvelle, posséda un moment toute la faveur de ce prince et fut le personnage le < plus puissant de la monarchie espa«gnole. Arrivé trop facilement au pou

[ocr errors]

voir, il ne sut pas s'y maintenir, et, de« venu, pour ainsi dire, ministre par voie héreditaire, il se conduisit en véritable aventurier. Passionné, avide, dissipateur, violent, artificieux, indiscret, corrompu; il porta ses déréglements dans une cour aux apparences sévè «<res, troubla de ses agitations un prince habitué à une dignité tranquille, offensa par la rivalité de ses amours et l'audace de ses actions, un « maître hypocrite, vindicatif et absolu. Bien qu'il connût à fond celui qu'il « servait, bien qu'il eût le secret de ses ‹ passions cachées, de sa dissimulation redoutable, et de cette jalousie de son pouvoir, qui rendait sa confiance toujours incertaine, bien qu'il sût que Philippe II avait tué le cardinal Spi‹ nosa d'une seule de ses paroles, avait « employé le duc d'Albe pour son habi. <«<leté et l'avait éloigné pour ses hau« teurs, n'avait gardé Ruy Gomez jus« qu'au bout qu'à cause de sa dextérité et de ses condescendances, il osa le tromper et il se perdit. Dans la lutte ‹ désespérée où le précipitèrent ses excès et ses fautes, il déploya des ressources d'esprit si variées, et montra une telle énergie de caractère, il fut ‹ si opprimé, si éloquent, si pathéti <que, qu'il devint l'objet des plus gé «néreux dévouements et obtint la sym

Ainsi finit la lutte qui fournit à Philippe II l'occasion d'anéantir l'ancienne constitution de l'Aragon, et de l'incorporer d'une manière plus étroite à la monarchie espagnole. Perez qui fut la cause de cette révolution, en profita par une fuite heureuse. Mais ce bonheur inouï n'était pas le terme de ses tribulations et de ses dangers. La vengeance de Philippe I le poursuivit dans tous les lieux où il alla chercher asile. Nous ne raconterons pas les circonstances de sa vie dans cette seconde phase, les mêmes défauts l'y suivirent, et s'ils n'amenèrent pas pour lui d'aussi tragiques événements, ils l'empéchèrent d'arriver jamais à une existence honorable et tranquille. Il prit, sans succès pour luimême, une part active à la politique de l'Angleterre et particulièrement de la France, pays qu'il habita successivement. Il mourut à Paris, pauvre et délaissé, à l'âge de 72 ans. Il fut enterré aux Célestins, où jusqu'à la fin du der-pathie universelle. Malheureusement nier siècle on pouvait lire encore une épitaphe qui rappelait les principales vicissitudes de sa vie.

[merged small][ocr errors]

les défauts qui l'avaient perdu en Espagne le décréditèrent en Angleterre et en France, où toujours le même, il <compromit jusqu'à sa disgrâce et mourut dans la pauvreté et l'abandon. »

On peut juger d'après ce rapide résumé de l'intérêt qu'offre le livre de M. Mignet. Cet intérêt est aussi puissant que varié, nous regrettons toutefois que M. Mignet ait restreint son sujet dans le cadre d'une dissertation, il aurait pu l'élever aux proportions de l'his toire, et quelle histoire que celle qui peut montrer la puissance de volonté d'un homme balançant celle du terrible Philippe II..... Les incidents de cette

lutte sont soigneusement décrits, il est vrai, par M. Mignet, mais le côté des mœurs qu'elle révèle, les faits qu'elle côtoie dans l'histoire de la monarchie espagnole ne nous paraissent pas toujours éclairés d'un jour suffisant. On sent trop en lisant ce travail qu'il a été destiné aux pages graves, mais sèches du Journal des Savants. Peut-être aussi dans un sujet si dramatique, M. Mignet a-t-il redouté de se laisser aller à cette pente qui pousse au pittoresque les historiens de nos jours. Dans ce sens, le défaut que nous lui reprochons ne serait que l'exagération d'une qualité bien rare aujourd'hui, la sobriété. Toutefois nous le répétons, il est regrettable que M. Mignet n'ait pas appliqué à toutes les faces de son sujet cette exactitude et cette perspicacité dont il fait preuve à chaque page, pour son sujet luimême. Tel qu'il est, Antonio Perez et Philippe II est un livre curieusement étudié et rempli de faits nouveaux. Quant au style, il est ferme et sage et tout à fait en harmonie avec le plan que s'est tracé l'auteur. Nous finirons par un dernier et très-sincère éloge. M. Mi

|

gnet ayant à parler de l'Inquisition s'est
abstenu d'amplifier sur ce texte banal
exploité avec tant d'ardeur par les hom-
mes qui, dans ce siècle, représentent
encore les passions du siècle dernier. Il
est bien, à quelque parti qu'on appar-
tienne, de ne pas sacrifier aux passions
de son temps, sous prétexte de juger
celles du passé. Le véritable historien
sait se tenir dans cette équitable me-
sure qui ne confond pas les abus, quel-
que déplorables qu'ils soient, avec les
institutions, et pour n'en citer qu'un
exemple justifié tout à fait par le sujet
dont nous venons de nous occuper, il
sait que les bûchers de l'Inquisition ont
été plus souvent allumés par le fana-
tisme politique que par le fanatisme re-
ligieux. M. Mignet s'est constamment
tenu dans cette sphère impartiale et
grave où n'arrivent pas les bruits et les
passions du présent. Cette qualité est le
plus noble apanage de l'histoire, c'est
celle qui fera particulièrement goûter
le livre de M. Mignet par tous les esprits
sincères et consciencieux.
A. DE BEAUFORT.

PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE.

SUR LE MANUEL DE L'HISTOIRE ANCIENNE DU DOCTEUR OTT,

là une grande infirmité de l'esprit de l'homme. Ils s'étonnent que le genre humain ne s'intéresse pas davantage à ces grands problèmes de la spéculation qui leur semblent renfermer, pour ainsi dire, l'avenir du monde moral. Ils s'irritent de la grossièreté des imaginations, que les ailes puissantes de la raison pure n'élèvent jamais jusqu'au monde des idées, ce monde serein de la philosophie dont nous parle un ancien :

Nous sommes de ceux qui attachent | brillantes! Les métaphysiciens voient aux études historiques et positives la plus haute importance. Rien n'est si clair et si sensible qu'un fait. La langue des faits s'adresse à tout esprit ; c'est une sorte de langage universel préparé pour les intelligences les plus faibles et les moins avancées. S'attacher à l'histoire, n'est-ce pas s'attacher à la réalité comme à la vie? Il semble qu'on soit mal à l'aise dans le monde des systèmes. L'horizon purement intellectuel est couvert si souvent de sombres nuages! Aussi, voyez comme l'esprit humain s'attache irrésistiblement à la réalité! comme il a l'instinct, pour ainsi dire, invincible de l'histoire ! comme il est peu touché des théories les plus T. XX. — N° 118. 1845,

Edita doctrina sapientum templa serenâ .
Ce mal n'est pas d'aujourd'hui. La
tendance de l'esprit occidental a tou-

Lucrèce, de Rerum natura, 1. 11, v. 8.
20

des intelligences les plus vivantes se développéra bientôt sur le térrain des faits. Puissent les esprits sincèrement religieux apporter aussi leur pierre à ce grand monument qui doit être l'œuvre de tous, et auquel nul ne donnéra son nom! Puissent-ils ne pas abandonner cette tâche glorieuse à des hommes qui nourrissent contre la vérité les vieilles rancunes du dernier siècle, et ne pas laisser entrer les premiers dans cette noble àrène de la science, les préjugés du 18° siècle, qu'on essaie de rajeunir!

jours été essentiellement positive et pratique. La vie de la science purement abstraite ne s'est jamais complétement développée que dans les sanctuaires de Bénarès du sous le beau ciel d'Athènes et de Byzance. Mais nous, sortis des der nières races civilisées, lancés de bonne heure dans les agitations d'une société remuée par les tempêtes, nous avons puisé dans le double enseignement de notre race et de notre éducation une antipathie prononcée pour des études qui ne mèneraient pas rapidement à des résultats positifs et précis. C'est un vain L'auteur du livre dont nous allons effort que de violenter la destinée des parler est un de ces hommes qui se sont peuples. Les nations viennent au monde mis à l'œuvre, à ce qu'il nous semble, avec leur tendance et leur esprit ; c'est par un sincère et pur amour de lá vẻce qui constitue leur mission et leur tå- | rité historique; s'il se trompe quelque che. Il nous semble que parmi tous les fois, j'imagine que ce n'est jamais ni par peuples modernes, la France est sur prévention, ni par système fait à l'àtout destinée à produire tôt ou tard la vance. On voit qu'il joint à de conscienscience historique sous son jour vérita- cieuses études la volonté constante d'e ble. Rien n'est positif, clair et fermé tre impartial et vrai; son livre non plus comme l'esprit français, tant qu'il con- n'est pas dénué d'élévation hi desenserve son originalité, la plus précieuse timent poétique qui donné à chaque et la plus élevée parmi toutes les natures époque sa conleur et sa vie, on y trouve, intellectuelles. La France a l'amour des à côté de travaux étendus, ce véritable faits, mais cet esprit pratique ne va pas, esprit de compréhension de l'histoire comme en Angleterre, jusqu'à détruire qui conserve aux grandes nations éteinpresque constamment ce culte des sen- tes leur physionomie véritable et tout timents héroïques, si nécessaire pour leur caractère. L'auteur a parfaitement bien juger l'histoire du passé. La France compris que la vie des peuples, leur vie n'aura jamais non plus cet esprit rêveur la plus intime, la plus profonde, se saisit et systématique qui, malgré tant de re- surtout dans leurs institutions religieucherches profondes, tant de travaux ac- ses, bien plus encore que dans les faits excumulés, tant de jours sacrifiés à la térieurs qui composent tous les anneaux science, empêchera toujours l'Allema- de leur histoire. La religion n'est-elle pas gne de devenir la terre classique. de en effet cette sève vigoureuse qui coule l'histoire. En Angleterre, on pourrait perpétuellement dans les veines des nadire que l'histoire ne sort pas assez du tions? Presque tout dans la vie d'un peuterre à terre des gens d'affaire ou du ple s'explique par elle; et rien ne peut confortable des banquiers; en Allema- s'expliquer sans elle. Méconnaître sa gne, elle perd son mouvement et så vie, vivace influence, c'est se condamner à et souvent toute sa valeur positive et ne comprendre jamais ni de genre huréelle, dans les creuses abstractions main, ni son histoire, ni sa vie d'action, d'un idéalisme fanatique et visionnaire. ni sa vie d'amour. Les peuples n'ont jaNous sommes convaincus qu'un jour mais pu effacer de leur cœur cette irréou l'autre l'histoire doit vivre en Fran- sistible pensée de Dieu qui les a suivis ce; que les études historiqués, qui, de- dans leur éternelle migration, comme puis vingt ans, ont fait chez nous de si cette colonne lumineuse qui marchait merveilleux progrès, sont destinées au autrefois devant les pavillons d'Israël. plus brillant avenir. Tous les hommes Les peuples, dans leur ivresse ou dans d'action se tournent de ce côté-là, il leur égarement, ont pu torturer dans n'est pas difficile de deviner, par le dis-leur âme cette sainte et salutaire pencrédit des systèmes, que toute l'activité sée, ils n'ont jamais pu la briser. be

T

vent des passionз avait beau vouloir ef-, facer dans les cœurs le signe indélébile de la divinité, l'empreinte éternelle reparaissait toujours. Cela était vrai surtout des nations primitives, si voisines de ces premiers jours du monde si purs et si doux, dont la pensée s'est toujours conservée dans l'universelle tradition des nations. Il semblait que chaque nouveau soleil rappelât cette aube immaculée qui avait, pour la première fois, éclairé les pères du genre humain. L'écho des siècles n'avait pas encore oublié la voix de Dieu qui avait révélé aux premiers hommes la justice et la vérité saintes. Le temps n'était pas encore venu d'oublier de Dieu tout ce qu'on en pouvait désapprendre!

M. Ott raconte, dans son Manuel de P'Histoire ancienne, toutes les agitations des idées religieuses, en même temps qu'il fait l'histoire politique des nations du vieux monde. Notre projet n'est pas de le suivre pas à pas dans tout son travail, mais bien plutôt d'examiner quelques idées fondamentales répandues dans son livre. Le manuel de M. Ott est plein de faits, et nous nous trouverions entraînés bien au delà des limites que nous nous sommes fixées si nous voulions examiner l'une après l'autre toutes les parties secondaires de

son œuvre.

Jetons d'abord avec M. Ott un coup d'eil rapide sur l'ensemble de l'histoire ancienne :

Avec Adam commence l'humanité, la famille; la famille, la forme la plus élémentaire d'une société qui n'existe encore qu'en germe et qu'en projet. Dans cette organisation des premières familles primitives, l'élément de discorde et d'hérésie s'introduisit rapidement dans quelques volontés individuelles déjà perverties. Ce principe de corruption et de désordre alla se développant, à mesure que l'on s'éloignait des souvenirs de l'Éden. Une race violente, aux passions effrénées, aux projets impies, commença à répandre sur le globe sa lignée nombreuse et puissante. Ses égarements et sa dégradation dépassèrent tout ce que notre imagination pourrait concevoir. Les fils de Seth, conservatours de la tradition première, se lais

[ocr errors]

sèrent aussi corrompre en s'alliant avec ceux que l'Ecriture appelle les fils des hommes. Une immense catastrophe, dont il est difficile de déterminer la nature, renouvelle l'univers. Noé fut l'Adam de cette seconde organisation sociale, qui fut évidemment bien supérieure à la première. Jusqu'alors les familles avaient vécu l'une à côté de l'autre sans organisation. Après le déluge, la tribu se forme et se consolide. Deux doctrines fondamentales, dont plusieurs points, sans doute, étaient le produit de l'erreur et de l'hérésie, distinguent toutes les peuplades sorties du centre noachique. Elles admettaient comme doctrine religieuse l'existence d'un Dieu suprême et d'une hiérarchie de dieux inférieurs, et, de plus, celle d'un principe mauvais, de la matière corrompue et méchante; comme doctrine sociale, elles enseignaient la séparation des hommes en deux races infranchissables, l'une bonne, et issue des dieux, l'autre mauvaise, et née de la matière. ›

La haute Arménie fut le point de départ du genre humain renouvelé. Noé avait donné pour but à l'activité de ses descendants la dispersion par toute la terre, afin que l'empire de l'homme s'étendit jusqu'aux limites de l'univers. Comme un fleuve majestueux qui se gonfle et qui déborde, la famille humaine répandit ses flots multipliés sur des plages étrangères. A la suite de cette immense agitation sociale, un pas de plus se fit dans la route du progrès : à la tribu succéda la nation. C'est ici que le point de vue de M. Ott devient singulièrement hypothétique. Les peuplades qui s'étaient avancées jusqu'à l'extrémité de l'Orient et qui devaient plus tard constituer le céleste Empire restèrent encore immobiles dans la civilisation patriarcale. Cette brillante société babylonienne que la Bible paraît regarder comme la première nationalité régulièrement organisée, M. Ott n'y semble pas voir le point de départ de la nouvelle révolution sociale. Ce n'est pas dans l'Asie occidentale, non plus que dans l'Égypte, que brilla cette nouvelle lumière, qui devait, dans. une voie nouvelle, diriger les nations. Entre l'Himalaya et l'Océan, sous le

« ZurückWeiter »