Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

la convoitise de ses possessions et la jalousie de son autorité. Déjà, au commencement du 6° siècle, on pratiquait divers moyens de s'emparer des biens ecclésiastiques, soit en supprimant des titres de propriété, soit en gardant comme patrimoine une terre concédée en usufruit viager, soit surtout en refusant d'acquitter des legs pieux, et bientôt même en sollicitant des princes, frauduleusement ou effrontément, quelque domaine appartenant à une église'. A ces usurpations indirectes, que n'arrêtait point la publicité des excommunications comminatoires, la confusion des guerres intérieures ajouta une nouvelle ruse; on prenait les terres des églises, sous prétexte de les protéger. Enfin, on se dispensa de ce prétexte hypocrite, et l'on envahit ouvertement, sans s'inquiéter des malédictions du psaume 108, que les Pères de Tours lancèrent sur les envahisseurs. Les rois ne furent pas les derniers à prendre, surtout Caribert et Chilpérik.

Les empiétements de pouvoir suivaient dans la même proportion. On n'aime pas ceux qu'on fraude et qu'on dépouille. On s'attaqua aux personnes comme aux biens, d'abord avec quelque réserve, puis avec audace. Les juges commencèrent par essayer d'étendre leur juridiction sur les affranchis ecclésiastiques, puis de ceux-ci sur les clercs, jusqu'à poursuivre, condamner et mettre en prison des diacres et des prêtres, contre toutes les défenses de l'épiscopat . Cependant ce clergé, dont on dénonce sans cesse l'ambition si avisée, si habile à se ménager, avait donné assez de gages de cette confiante facilité, qui aperçoit rarement les fallacieuses ouvertures d'une concession, et qui lui cause tant de mécomptes et de difficultés. Les évêques avaient accordé que les clercs, sans pouvoir citer personne devant un

'Conc. de Vaison (442), c. 4; d'Agde (506), c. 4 et 26; de Clermont (335), c. 3; d'Orléans (538 et 431), c. 22, 34.

⚫ Conc. de Paris (887), c. 1, 2, 3; de Tours (367), t. 24 et 23.

* Conc. d'Epaone (317), c. 11; d'Orléans (641), c. 20; d'Auxerre (578), c. 43; de Mâcon (581),

€. 7.

[blocks in formation]
[ocr errors]

juge que sous la permission de leur supérieur, comparussent à la citation; ils avaient interdit, sous peine d'excommunication, à tout prêtre ou clerc de solliciter en cour sans l'approbation et la recommandation épiscopale; ils avaient défendu d'excommunier ceux qui croiraient pouvoir poursuivre leurs droits contre les pontifes eux-mêmes, et contre les Églises devant la justice séculière, pourvu qu'on n'y mêlât ni outrage ni calomnie. Ils avaient consenti à ce que nul homme libre ne fût admis dans les ordres que de l'agrément du roi'. Cet empêchement, que le despotisme impérial imposait de sa volonté privée, pour l'intérêt du fisc, Clovis le demanda un peu plus doucement aux évêques pour l'intérêt de son recrutement militaire: ce n'était pas moins une atteinte arbitraire à la liberté individuelle et à celle de l'Église, qui ne tarda pas à en éprouver de graves inconvénients. Il y eut moins de choix pour le recrutement de la milice sacrée; il fallut prendre un grand nombre de clercs parmi les serfs; et la précaution de l'affranchissement préalable, précaution indispensable à la dignité du sacerdoce, ne prévenait pas tous les dangers. L'évêque pouvait être trompé par une fausse déclaration, ou préjuger avec trop d'indulgence la vocation d'un esclave ou même d'un homme libre, mais inférieur, pour lesquels un si grand changement et une position si honorable devaient être la plus séduisante tentation. Si l'Église ne fait acception de personne, et si elle égale dès ce monde, par la consécration sacerdotale, les origines les plus distantes et le sang le plus abject au plus illustre, c'est sous l'immuable condition de la vertu, qu'elle exige également de tous et rend possible à tous selon le degré de chacun. Mais, comme ses inspirations suivies ont la merveilleuse puissance de relever l'existence la plus abaissée, d'y attirer l'estime et le respect, par la même raison, le vice,

'Conc. d'Epaone, c. 11; d'Orléans (311), c. 7, 6, 4; d'Auxerre (878), c. 41. Le 32o canon d'Orléans (538) ne permet plus au clerc de comparaître sur la citation d'un laïque sans la permission de l'évêque.

son

qui s'introduit ou qui persiste dans la sublimité parfaite des fonctions saintes, y apparaît plus odieux, et toute indignité y excite plus de mépris. La disposition nécessaire au sacerdoce n'est pas autre pour le dernier que pour les plus éminents d'entre le peuple, et avec cette disposition il en soutiendra tout aussi noblement l'honneur; mais, s'il n'y porte pas ce sentiment du devoir et de la convenance, qui corrige la rusticité d'une éducation vulgaire, comme l'afféterie d'une éducation élégante; s'il y conserve l'avidité grossière ou mesquine de l'indigence, la souplesse timide, artificieuse, versatile, de la sujétion, le désir du bien-être propre, caractère sacré, loin de couvrir ou d'atténuer les défauts naturels, en souffrira, plus peut-être que des fautes les plus graves. Car les désordres éclatants dans un prêtre sont tellement contraires à son ministère, à ses engagements solennels, qu'on sépare alors facilement le prêtre de l'homme. L'étonnement même, qui s'en scandalise, proteste pour l'intégrité de la vocation sainte, tandis que l'indifférence, la familiarité ou la dérision qu'inspirent des habitudes incultes, des inclinations basses, finissent par passer insensiblement de l'homme au prêtre. Il en devait être ainsi à l'égard des clercs, qu'on voyait pratiquer le commerce et le prêt à intérêt, ou qu'une curiosité inhumaine entraînait au triste spectacle des procès criminels et de la torture. D'autres, en plus grand nombre, restaient chez leurs anciens maîtres, ou se plaçaient chez quelque seigneur en qualité de chapelain; non-seulement ils négligeaient pour ce service leurs devoirs de paroisse, ils devenaient comme les intendants de leurs patrons, et sous cette protection ils cabalaient contre leurs évêques; enfin, plusieurs contractaient civilement mariage, ou reprenaient leurs épouses après leur ordination. Les conciles eurent besoin plus d'une fois de signaler et de condamner de si pernicieux écarts'.

• Conc. d'Orléans (311), c. &; (538), c. 26, 27, 11, 7, 19 et 20; (841), c. 13; (849), c. 6; de Clermont (838), c. 15; d'Auxerre (578), c. 33, 34; de Macon (583), c. 19.

Le mal se compliqua par les irrégularités plus funestes encore des élections épiscopales, livrées au triple conflit de la volonté royale, de la faveur des grands et de l'ambition de ces clercs, qui leur demandaient appui. Ce germe d'iniquité commença de se développer' sous Theuderik I. Le moindre risque de toute élection, où le peuple même n'a que le droit d'exprimer son vœu, est qu'une influence particulière ne dirige ce vou, ne le change en exigence, et n'y introduise avec la brigue la vénalité. Le mal est plus grand quand l'influence part des puissances séculières. Les vicissitudes du siége épiscopal de Clermont durant un demi-siècle feront assez bien connaitre les difficultés qu'éprouvait l'Église sur cet article important de sa discipline hiérarchique.

S. Quintianus (S. Quintien), évêque de Rodez, avait vu avec plaisir, comme tous les catholiques du Midi, les conquê tes de Clovis, qui les délivraient des Wisigoths hérétiques. Presque aussitôt après la mort du conquérant, les vaincus se ranimèrent, reprirent plusieurs villes, entre autres Rodez, et, accusant l'évêque de vouloir y faire rentrer les Franks, ils avaient résolu sa mort. Quintianus s'enfuit en Arvernic. Eufrasius, qui était alors le pasteur de ce diocèse, accueillit l'exilé, et lui donna de quoi subsister; Viventiolus, évêque de Lyon, y employa aussi généreusement quelques terres, que son église possédait en Arvernie. A la mort de S. Eufrasius (515), les habitants de Clermont portèrent leur choix sur Quintianus; mais Alchima, la sœur, et Placidina, l'épouse d'Apollinaris, fils du célèbre Sidonius, allèrent trouver Quintianus, le priant de consentir à l'élévation d'Apollinaris, qui serait son coadjuteur et lui obéirait fidèlement. Le bon vieillard répondit : Que puis-je accorder, moi, qui n'ai aucune autorité? occupé à la prière, il me suffit que l'Église me fournisse la nourriture quotidienne. Sur cette parole, les deux femmes font partir aussitôt Apollinaris vers le roi Theuderik, avec des présents considérables; et le nouveau candidat, agréé, prit possession

Greg. Tur., Vila Patr., c. 6.

de l'épiscopat, dont il n'abusa pas | der la province, le duc Sigivald, son palong-temps; il mourut au bout de quatre mois. Theuderik alors ordonna de rendre à Quintianus l'entière autorité de ce siége en disant : C'est à cause de son affection pour nous qu'il a été rejeté de sa ville; et les envoyés royaux convoquant les évêques comprovinciaux avec le peuple, installèrent le vénérable exilé dans l'église arverne. Cependant un certain Proculus, qui, d'officier du fisc, avait été ordonné prêtre, lui faisait mille insultes, usurpait l'administration des biens, et lui concédait à peine chaque jour sa subsistance. L'évêque s'en plaignit aux plus honnêtes habitants, et par leur ferme intervention, recouvrant tous ses droits, il se débarrassa de cet intrigant'. Quelques années après, Childebert I étant entré par surprise dans Clermont, sur le faux bruit de la mort de Theuderik en Thuringe, celui-ci, au lieu de s'en prendre à l'envahisseur qui n'avait pas osé garder sa conquête, s'en fit un prétexte pour mener ses guerriers au pillage de l'Arvernie, en dédommagement de l'expédition de Burgondie, où il refusait de se joindre à ses frères. Il vint, en ravageant, assiéger Clermont, et menaçait d'en détruire les murs et d'exiler Quintianus, lorsque tout à coup un songe effrayant et les représentations du duc Helping, lui faisant craindre la puissante intercession des saints honorés dans la ville et les prières du pieux évêque lui-même, il se retira (552) avec défense à ses troupes de causer le moindre dommage dans un circuit de 8 milles. L'armée marcha contre Lovolautre (Vollore près de Thiern ou Thiers), petite place assez forte pour résister, si un esclave du prêtre Proculus, sans doute par l'ordre de son maître, n'eût ouvert une porte et livré les habitants dans la joyeuse sécurité d'une inexpugnable défense. Le traître paya aussitôt la peine de ses outrages envers son évêque; il fut massacré devant l'autel de l'église même qu'il desservait ".

Le roi avait laissé, comme pour gar

rent. Un des moniteurs (officiers de recrutement), qui se nommait Litigius, commença de molester Quintianus, et l'humble douceur du saint pontife, qui se jetait à ses pieds pour le ramener au devoir, le touchait si peu, qu'un jour il se mit à contrefaire cette scène à sa femme avec dérision: Si tu es tombé à ce point aujourd'hui, lui dit-elle tout émue, tu ne t'en relèveras jamais ; et le troisième jour arrivèrent des messagers du roi, qui emmenèrent le moniteur enchaîné avec sa femme et ses enfants. Sigivald n'agissait guère mieux. Il prenait sans scrupule tout ce qui lui convenait; ses esclaves pillaient et tuaient impunément ; personne n'osait souffler. Sous prétexte d'échange, il s'empara enfin d'une villa que Tetradius, évêque de Bourges, avait léguée à la basilique de S. Julien. Mais le troisième mois il y fut saisi d'une fièvre qui lui ôtait tout sentiment. La santé lui revint dès qu'il eut été transporté hors des limites de ce domaine, et il promit de restituer le double à S. Julien. Il ne tarda pas à être tué par l'ordre de Theuderik. En même temps, un des sénateurs arvernes, Hor tensius, nommé comte à Clermont, commandait non moins capricieusement. Une fois il fit emprisonner sans motif un parent de Quintianus. Le saint vieillard sollicite en vain par ses amis une audience pour obtenir justice; trop faible pour marcher, il se fait porter à la prison; les gardes, touchés de ses prières, n'osent toutefois relâcher le captif. De là, il se rend à la demeure d'Hortensius, et, secouant la poussière de sa chaussure contre cette maison, il dit: Que cette maison soit maudite; que ses habitants soient maudits à jamais; qu'elle reste déserte, et qu'il n'y ait plus personne pour l'habiter. Tout le peuple dit: Amen, et l'évêque ajouta : Je vous prie, Seigneur, que nul de cette famille ne soit élevé à la dignité épiscopale, puisqu'il refuse d'écouter un évêque. Quintianus mourut peu de jours après dans une extrême vieillesse, laissant une mémoire révérée pour sa cha

1 Greg. Tur., Hist. Eccles., 2-56, 5-2; Vita rité inaltérable, sans complaisance pour

[blocks in formation]

les grands, sans oubli des faibles, et qui montrait la même considération pour

les haillons d'un mendiant que pour la toge d'un sénateur 1.

Dieu nuit et jour de ne pas voir vivant sòn troupeau désolé; une apparition céleste l'assura qu'il était exaucé, et le terrible fléau ne passa pas les limites de l'Arvernie. Quand ce saint pontife sentit approcher sa fin, qui lui avait été aussi annoncée, il assembla le peuple dans la cathédrale, célébra les saints mystères et distribua de sa main la communion. I mourut trois jours après. Les hommes assistèrent à ses funérailles la tête couverte, les femmes, en vètements de deuil, comme si les uns eussent perdu leurs épouses, les autres leurs maris. On pleurait; on s'écriait : Malheur à nous, jamais nous ne mériterons d'avoir un tel évêque. Les juifs eux-mêmes suivaient le convoi en portant des lampes par honneur'.

Il y avait alors en Arvernie un jeune diacre, de famille sénatoriale, issu par sa mère de Vectius Epagathus, un des plus célèbres martyrs de Lyon au second siècle. Il se nommait Gallus 2. Theuderik l'ayant remarqué dans le clergé de Clermont, l'avait emmené avec plusieurs autres, qu'il attacha à l'église de Trèves. Quant à Gallus, il ne pouvait s'en séparer, d'où l'on doit conjecturer qu'il comptait parmi les chapelains de la cour, espèce de dédommagement pour l'affreuse dévastation que ses biens avaient subie pendant l'occupation de l'Arvernie. On ne sait pourquoi il se trouvait en ce moment dans son pays natal; ce n'était point par disgrâce, car en voyant les ambitions en mouvement pour l'élection d'un évêque Ils ont beau faire, dit-il, c'est moi qui le serai. Il repartit en effet pour annoncer la mort de Quintianus à Theuderik. Quand il arriva à Trèves, l'évêque de cette ville, S. Aprunculus, venait de mourir aussi, et le clergé réuni, se présentant au roi, demanda Gallus: Choisissez-en un autre, répondit le roi ; j'ai destiné le diacre Gallus ailleurs; et ils obtinrentment. Tu peux nous croire; car nous Nicetius. Sur ces entrefaites, des clercs arvernes apportèrent avec de grands présents l'acte d'élection, dressé sous l'influence de l'intrigue. Theuderik leur annonça qu'ils auraient Gallus pour évêque, et il célébra l'ordination de la prêtrise par un festin donné au peuple. Gallus avait coutume de dire en riant à ce sujet, qu'il n'avait donné pour l'épiscopat qu'un tiers de sou d'or au cuisinier chargé de préparer le repas. Accompagné par deux évêques jusqu'à Clermont, il fut reçu au chant des psaumes, et sacré selon la règle (552). Il occupa vingt ans ce siége en digne successeur de Quintianus.

[blocks in formation]

Les évêques qui étaient venus faire les funérailles dirent au prêtre Caton : Nous voyons que la plus grande partie des populations t'a choisi; viens, et consens que nous te conférions la consécration épiscopale. Le roi est un enfant. Si l'on t'en fait reproche, nous te défendrons auprès des grands du roi Théodebald, et nous agirons de sorte que tu n'en reçoives aucun désagré

nous engageons, s'il t'en arrivait dommage, à payer pour toi de nos propres biens. Mais lui, gonflé d'une vaine gloire, leur répondit: Vous savez, par le bruit public, que j'ai mené une vie pieuse dès l'enfance, faisant mes délices du jeune, de l'aumône, de la prière et des veilles passées dans le chant des psaumes. Le Seigneur mon Dieu ne permet pas que cette consécration me manque après l'avoir si longuement servi. J'ai parcouru, selon l'institution canonique, les degrés de la cléricature; j'ai été douze ans lecteur, j'ai rempli l'office du sous-diaconat cinq ans, du diaconat quinze ans durant, et il y en a vingt que je possède la dignité de la prêtrise. Que me reste-t-il maintenant, sinon de recevoir l'épiscopat, que mérite un fidèle dévouement? Retournez donc dans vos cités, et occupez-vous de vos affaires. Quant à moi, je dois par

[ocr errors][merged small][merged small]

sur les riches par d'impudents litiges, et sur les petits possesseurs par violence, sans se soucier ni de payer ses acquisitions, ni d'en exiger des titres, dont il sentait bien l'illégalité », comme disait Sidonius'. Une horrible preuve appuie ces inculpations: le prêtre Anastase, libre de naissance, avait une certaine propriété par donation authentique de la glorieuse reine Clotilde. Cautinus l'obsédait d'hypocrites sollicitations pour obtenir l'administration de ce bien et les chartes de donation. Ne pouvant vaincre sa défiance ni par caresses ni par menaces, il le fit enlever et le retint captif en lui intimant de livrer ses titres sous peine de périr dans les tourments et la faim. Le prêtre, qui avait été marié avant son ordination, refusa résolument, disant qu'il aimait mieux mourir de faim que de laisser ses enfants misérables. Il y avait sous la basilique de S. Cassius, martyr, dans une crypte antique et profonde, un grand tombeau en marbre de Paros, qui contenait le corps d'un homme enseveli. Anastase, par l'ordre de Cautinus, est étendu vivant sur ce cadavre, la pierre du sarcophage refermée sur lui, et une garde placée à l'entrée du souterrain. Comme il faisait froid, les surveillants se fiant au poids de cette pierre, allu

venir à cet honneur canoniquement. | Les évêques, après avoir entendu de telles paroles, le quittèrent en détestant cette vanité. Caton, en effet, élu par l'acte de consentement du clergé et commandant déjà dans l'église, quoique non encore sacré, commença de menacer l'archidiacre Cautinus: Je te déposerai, lui disait-il, je t'humilierai, je t'infligerai des châtiments. Inutilement l'archidiacre lui demanda grâce, lui promettant de le servir avec zèle et d'aller gratuitement porter au roi la demande d'épiscopat. Caton, soupçonnant de l'artifice, ne lui cacha pas son mépris. L'autre se voyant ainsi traité et menacé, feignit une maladie, partit pendant la nuit, alla informer le roi Théodebald de la mort du saint évêque. Le roi et ses conseillers le firent sacrer à Metz, et quand les envoyés de Caton arrivèrent, il était déjà évêque. Alors, sur la jussion royale, les clercs étant remis à sa disposition avec l'état qu'ils avaient exhibé des biens de l'église, les évêques désignés pour l'accompagner et les camériers le conduisirent à Clermont. Le clergé et les citadins le reçurent sans opposition; mais une grande inimitié s'éleva entre lui et le prêtre Caton, que nul ne put persuader de se soumettre à son évêque. La division gagna le clergé, les uns obéissant à l'au-mèrent du feu, firent chauffer du vin et torité légitime, les autres n'écoutant que le prêtre factieux. L'évêque voyant qu'il ne pouvait le réduire au devoir par aucun moyen, lui ôta et à tous ses partisans les biens qu'ils tenaient de l'église, et les laissa dans un entier dénùment. Il rendait toutefois à ceux qui rentraient sous la règle ce qu'ils avaient perdu1.

Si quelque chose pouvait excuser la rébellion d'un prêtre envers son évêque, c'eût été la conduite du nouvel élu et le scandale de ses vices détestés. Il s'adonnait au vin avec tant d'excès, qu'il fallait le porter à quatre au sortir de table; il en devint épileptique. Son avarice était pire encore; c'eût été pour lui un mortel dépit de ne pouvoir prendre quelque morceau des propriétés qui touchaient aux siennes, usurpant

Greg. Tur., Hist., 4-6, 7.

s'endormirent en buvant. L'infortuné, du fond de ce supplice, comme un nouveau Jonas, criait miséricorde. Le sarcophage était assez large pour lui laisser mouvoir les bras, quoiqu'il ne pût s'y retourner entièrement; l'exhalaison fétide des ossements le suffoquait, malgré tous ses efforts pour retenir sa respiration et boucher ses narines avec son manteau. Enfin, ayant sans doute imploré le secours de Dieu, et portant la main à la paroi du sarcophage, il rencontre un levier, dont on s'était servi pour retirer la pierre, et qui était resté entre cette pierre et le bord intérieur du sépulcre. Peu à peu, avec l'aide de Dieu, il soulève cette masse qui l'oppresse, et une fois qu'il eut pu passer la tête dehors, il vint à bout de sortir tout à fait. A la faveur de la nuit, il

Sid., Epist, 2-1.

« ZurückWeiter »