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dans son écoulement divin. Comme un rayon qui tient au centre, tout en ‹ en sortant, il tenait de Dieu, il était en Dieu, il était Dieu au commencement... avant tout commencement... dans cette éternité où rien n'était en‹ core que Dieu..... Ce n'est point dépasser les bornes d'une étude philosophique, que de porter nos regards sur ce profond mystère... Rassurez ‹ vous, car c'est le point par où nous allons rentrer comme à pleines voiles dans le port de notre sujet. ›

Les vérités principes ne sont point le produit de l'intelligence humaine, cha que homme en venant dans ce monde ne s'éclaire que de la lumière qu'il y trouve déjà, et à laquelle il vient, pour ainsi dire, allumer le flambeau de sa raison privée; ‹ cette lumière des es‹prits, considérée dans son principe, était donc avant les hommes, et sa source première ne peut être que dans l'auteur de toutes choses, qui, après avoir fait l'intelligence de l'homme pour cette lumière, l'a associée à sa possession. Or cette lumière, qui est (comme le soleil des intelligences et la nourriture des cœurs, c'est la RAISON, ‹ LA SAGESSE, LA VÉRITÉ.Nous ne sommes point à nous-mêmes cette raison, cette sagesse, cette vérité; il n'y a ‹ qu'une raison, qu'une sagesse, qu'une vérité; elle est la même pour tous les lieux, pour tous les temps, pour tous ⚫ les hommes, pour tous les esprits... Le Créateur est lui seul la substance de cette lumière, elle lui est consubstantiellé, il la fait connaître à toutes les intelligences, sans cesser d'en être le foyer; l'homme est fait pour la posséder et entrer par elle en ressemblance et en société avec Dieu; l'orgueil lui fait croire que cette raison lui est propre, et le porte à se détacher du seul foyer qui la communique; mais les folies qui lui font perdre la raison ne font rien perdre à la RAISON, et font bien voir que celle-ci est un archetype divin dont nous ne sommes que des images défigurées. La RAISON universelle des esprits, c'est le verbe, le verbe ou la raison est ce qui a apparu au monde en JésusChrist. La vérité conçue éternellement par Dieu, c'est la parole de Dieu, e'est

son Verbe. C'est cette parole du Père qui a toujours été dite, qui se dit et qui se dira toujours, cette langue des esprits, la même au cœur et à l'esprit de tous les hommes, le Fils de Dieu, la sagesse incréée, la vérité éternelle, immuable, nécessaire, la raison naturelle et universelle de toutes les intelligences. Jésus-Christ, c'est la raison de Dieu manifestée visiblement. L'homme était devenu charnel et grossier, son âme s'était épaissie jusqu'à s'identifier avec la chair, où elle était ensevelie comme dans un tombeau ; en cet état la raison toute pure, arbitraire et idéale, se serait vainement présentée ; que disje! elle n'avait cessé de s'y présenter, mais sa céleste lueur était neutralisée par nos ténèbres; pour se redonner au monde, il était donc nécessaire que la RAISON changeât le mode de sa commu nication, et qu'elle l'adaptât à notre infirmité. Il fallait qu'elle sortit elle même des profondeurs de l'invisible et de l'absolu, et qu'elle se signalât à nos yeux sous une forme et par des attributs extérieurs et sensibles, afin de rentrer ensuite par les portes des sens au dedans de nous et d'y réédifier l'homme spirituel; qu'elle nous fit remonter de la chair à l'esprit, du visible à l'invisible, de la foi à l'intelligence, des ténèbres å la lumière. Notre état de maladie exigeait qu'elle s'infusât ainsi elle-même à nous, comme un divin remède, à l'état d'incarnation et de foi, pour éclater ensuite intérieurement à l'état de raison pure et d'intelligence: d'où suit que la foi n'est que la thérapeutique de la raison, et que lui résister c'est résister à la raison même. Nous ne pousserong pas plus loin l'analyse de ce chapitre, qui termine la première partie des Études philosophiques, le sujet en est trop vaste pour qu'il soit possible d'en réduire l'expression.

Nous consacrerons un second article aux deux dernières parties. Ce qui fait, selon nous, la beauté principale et distinctive de cet ouvrage, c'est que l'auteur, tout en descendant dans les abîmes sans fond, creusés par la raison de l'homme en dehors de la foi, conserve à ses discours une clarté qui met les plus difficiles problèmes dans une evidence

dont la compréhension demeure facile à toutes les intelligences.

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qui, par la miséricorde de Dieu, peut devenir un apôtre. Voulez-vous en retenant sa portion de lumière forcer le Seigneur à faire un miracle pour la lui donner?

Toutefois, nous ne prétendons pas dire que l'auteur des Etudes philosophiques, afin de donner satisfaction à des regrets qui lui ont été publiquement exprimés ', ne fasse pas bien d'ajouter à son livre une quatrième partie qui en serait comme le couronnement, pour ces hommes curieux de la science, faibles ou grands esprits, que tout leur savoir ne peut amener même à soupçonner l'horizon merveilleux de la spéculation chrétienne, et qui sont inhabiles à trouver ces explications métaphysiques, par lesquelles une main exercée dépouille de leurs apparentes impossibilités nos dogmes et nos mystères, et fait tomber toutes les contradictions qu'on leur impute avec les lois de la nature et du raisonnement; explications que dans son admirable puissance et par l'effet de son amour, Dieu laisse quelquefois découvrir, de la manière la plus simple et la plus imprévue, à la femme, et même à l'enfant. Car Dieu élève ce qui es tabaissé, il se révèle aux petits, et il demande à ses disciples de renaître selon l'esprit, de se rendre semblables à l'enfant, s'ils

M. Auguste Nicolas a le mérite d'avoir traduit, dans un langage entendu de tous, l'expression de hautes vérités, cachées trop souvent sous les voiles d'une métaphysique obscure à la grande généralité des lecteurs. C'est là une œuvre aussi belle qu'elle était utile et nécessaire dans un temps où tant d'esprits dévoyés ont perdu la trace de la vérité religieuse, sa lumière étant demeurée voilée à leurs regards par les préjugés, les ignorances, dont le malheur des temps, les positions faites par les désordres de l'état social, ont environné leur enfance. Le renversement de tout ce qui fut debout a creusé, au milieu des décombres, des cavités ténébreuses où le jour ne pénètre pas; c'est au milieu de ces débris que bien des mères ont mis au monde leurs fils, ne leur donnant la vie naturelle que dans la nuit de l'intelligence où elles sont ellesmêmes plongées. Il est donc heureux qu'une main amie, en déblayant ces décombres, se soit souvenue que si tous les hommes sont frères, toutes les âmes sont sœurs; que la fraternité, qui doit les unir, leur donne un droit égal à posséder ce feu divin qui éclaire les âmes en vivifiant les cœurs. Il faut d'ailleurs se rappeler, qu'ainsi que l'aveulent avoir part à sa gloire? dit M. de Maistre, ce sont les femmes qui font les hommes, el que l'homme garde les traits de l'enfant. Le philosophe chrétien ne doit donc pas dédaigner de Il est vrai, Seigneur, nous sommes confondos se faire entendre à l'esprit de la mère, sous tant de preuves, éblouis par tant d'évidence, de lui communiquer cette lumière disans réponse à tant de marques de votre vérité, et vine, dont elle doit posséder le flam-il en est cependant beaucoup qui ne s'y rendent pas. heau, si l'on veut qu'il lui soit possible de le léguer à son fils, car nul ne donne que ce qu'il a. D'ailleurs il y a encore bien des hommes qui ne vont pas dans les temples écouter les anges de Dieu, qui se bouchent les oreilles pour ne pas entendre ces voix illustres, dont les échos lointains leur renvoient les accents, comme des sons d'une trompette éclatante; pour ces hommes au cœur endurci, dont l'esprit rebelle se tient en garde vis-à-vis de la vérité, comme à l'egard d'une ennemie, il arrive bien souvent qu'il se rencontre une femme, dont la religion se fait un apologiste et

M. Auguste Nicolas a le sentiment de cette vérité, et il l'exprime avec une bien vive éloquence dans cette prière :

Leur esprit voudrait bien aller à vous, mais le cœur ne suit pas. Il est tardif, comme vous l'avez dit. Ils se retranchent pour vous le disputer, derrière les quelques ombres et sacrifices dont vous avez

semé le chemin qui mène à vous, et ils ne voient

pas que c'est là précisément la part du cœur et de la liberté sans laquelle ils n'auraient rien à donner ni à faire, emportés qu'ils seraient irrésistiblement vers le centre unique de leur félicité. Ab! s'ils savaient seulement ce que vous leur réservez, je ne dis pas dans l'autre vie, mais dans celle-ci, au-delà de ces ombres et de ces sacrifices, comme ils se bå

teraient de les traverser! Mais s'ils le savaient, il

n'y aurait plus par cela même d'ombres ni de sacri

Lettre du R. P. Lacordaire sur le livre de M. A. Nicolas.

LES HISTORIENS DE L'ARMÉNIE AU V SIÈCLE. - ÉLISÉE.

fices, et partant plus de foi ni d'amour, et ainsi plus d'alliance possible avec vous, puisqu'il n'y a pas d'alliance sans réciprocité. C'est-à-dire que tout aboutit en définitive à un pas du cœur vers vous, Bonté souveraine! et que ce pas, ils hésitent à le faire. Prévenez-les cependant par un de ces trails qui portent à la fois dans leur âme et le feu de l'amour et l'éclat de la vérité. Profitez, si j'ose ainsi dire, de la plus languissante disposition de leur cœur pour y susciter la foi, la foi qui n'est pas une science, mais une vertu mère de la science, et qui, faite pour tous les hommes, ne devait pas être la conquête de l'intelligence, parce que tous les hommes ne sont pas également capables d'intelligence, mais que vous avez attachée à la bonne volonté, parce que tous les hommes sont capables de bonne volonté. Hélas! vous le savez: dans des jours d'impiété délirante, nos pères nous ont dissipé le précieux dépôt de cette foi, héritage de dix-huit siècles qui nous était substitué, et nous sommes comme une nouvelle génération d'orphelins errants dans la nudité, dans la nuit, dans la faim de l'intelligence. O grand maître! ô bon maître, enseignez-nous vousmême, redonnez-vous vous-même à nos cœurs! parlez-vous seul au dedans de nous dans le silence des raisonnements et des passions. Dites-nous de ces choses que tous comprennent dès qu'ils veulent seulement les écouter; de ces choses qui fesaient dire aux disciples d'Emmaüs, après les avoir entendues :

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N'est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant en nous quand il nous parlait durant le chemin ', afin qu'on puisse dire aussi de nous: - ET LEURS yeux s'étant OUVERTS, ILS Le reconnurent '.

Cette belle page ne révèle-t-elle pas au lecteur la vérité de ce bel éloge décerné à M. Auguste Nicolas par M. l'archevêque de Bordeaux :

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Nous ne devons pas omettre un mérite de ce livre, qui, mieux encore que tout ce que nous venons de signaler, présage le bien qu'il est destiné à produire, et explique tout celui qu'il a déjà fait dans notre diocèse : c'est le sentiment qui a dicté cette œuvre; c'est la foi vive, c'est la piété profonde qui ont inspiré tant de belles pages, où se révèle l'âme encore plus que le talent de l'auteur 3. » D. DE M.

Et dixerunt ad invicem : nonne cor nostrum ardens erat in nobis, dum loqueretur in via?

eum.

Et aperti sunt oculi eorum, et cognoverunt

3 Approbation motivée de l'ouvrage intitulé : Eludes philosophiques sur le Christianisme, par Mgr l'Archevêque de Bordeaux.

LES HISTORIENS DE L'ARMÉNIE AU CINQUIÈME SIÈCLE.

ÉLISÉE, TRADUIT PAR M. GRÉGOIRE GARABED.

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Déjà, au siècle dernier, l'attention du monde savant s'était tournée vers les productions historiques qui forment une partie considérable de la littérature arménienne, telle qu'elle s'est développée depuis le 4° siècle jusqu'au nôtre, sous l'influence du principe chrétien; mais un seul livre de ce genre avait reçu, pour ainsi parler, les honneurs de la publicité, celui de Moïse de Khorène qui était présenté à l'Europe par les docteurs arméniens comme un des créa teurs de leur littérature nationale. Ce fut la source longtemps exploitée par la critique, avant que l'on ait connu, même N° 119. 1845.

T. XX.

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de nom, les ouvrages historiques de la même époque et des siècles suivants. Les textes des historiens arméniens, imprimés à petit nombre d'exemplaires dans des villes éloignées, Constantinople, Echmiadzin, Madras, sont restés inconnus le plus souvent aux érudits de l'Occident: il fallait une entreprise semblable à celle des moines Mékhitaristes, établis depuis plus d'un siècle dans l'île de Saint-Lazare, en communication avec Venise et les villes les plus florissantes de l'Italie, pour livrer à l'Europe, dans le texte original, des éditions critiques des plus célèbres historiens de l'Arménie; il fallait, pour assurer le succès de publications aussi multipliées, le savoir traditionnel d'une colonie de religieux orientaux, ainsi que le dévouement et la persévérance d'un ordre soumis à la règle des Bénédictins. Mais

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ce n'était point assez pour les infatiga- | son esprit comme dans le climat de sa

patrie. En effet cette race, placée entre la civilisation et la barbarie, entre le « monde antique et le monde nouveau, ‹ entre l'esprit mercantile et la science, sent plus que jamais qu'elle forme une nation; elle conserve la langue de ses pères, et même elle ajoute à cet héritage de légitimes richesses'. >

bles cénobites de Saint-Lazare. Après avoir fait part au public savant des études et des veilles qu'ils avaient consacrées à leurs écrivains nationaux, ils ont voulu s'adresser à un public plus nombreux, en mettant au jour la traduction des historiens arméniens dans la langue de leur patrie adoptive, cette langue italienne si souple et si sonore, Nous croyons avoir caractérisé sufficomprise sur notre continent par le plus samment l'esprit qui dirige les éditeurs grand nombre des hommes instruits: de Venise dans leur publication histotel est le but de la collection (Collana rique, et les nobles espérances qu'ils degli storici armeni) que les PP. Mékhi- conçoivent sur les résultats prochains taristes ont commencée depuis deux de l'ensemble de leurs travaux; nous années et qui doit s'étendre jusqu'à 20 | voulons faire connaître en outre les travolumes. Ce que l'on aime à recon- ductions des historiens arméniens qui naître à l'honneur des consciencieux ont vu le jour dans l'une ou l'autre des éditeurs, c'est le désir qu'ils ont de langues modernes, et qui sont la plupayer ainsi aux nations de l'Europe un part l'œuvre d'orientalistes européens; noble et digne tribut en retour du bien- nous avons en vue surtout d'apprécier fait de l'hospitalité; c'est aussi le senti- l'ouvrage historique d'ÉLISÉE, écrivain ment si vif qu'ils expriment des besoins du 5° siècle, et le mérite de la traducmoraux et intellectuels de l'Orient, qui|tion française qui vient d'en être publiée doit puiser une vie nouvelle aux sources à Paris par un vénérable prêtre, arméde la civilisation occidentale. Il est beau nien de naissance. de voir ces savants, interprètes de l'antiquité arménienne, comprendre dans des vues si larges leur mission conciliatrice, leur rôle de médiateurs entre l'ignorance impuissante des nations asiatiques et l'intelligente activité des peuples chrétiens. S'agit-il de dédier la traduction de Moïse de Khorène, le volume qui raconte les origines et les premiers exploits de la nation armé nienne, ils l'offrent comme un nouvel anneau de la chaîne spirituelle qui doit de plus en plus resserrer l'alliance de l'Orient et de l'Occident. Se présente-t-il une occasion de rappeler la conservation d'un grand nombre de trésors littéraires qui est due à l'Arménie, ils peuvent invoquer l'exemple des siècles passés pour déclarer la race arménienne la meilleure interprète des conceptions du génie européen en Orient, en raison de ce qu'il y a de tempéré dans

La publication, qui en est faite avec un certain luxe typographique, dans le format in-8°, a lieu au moyen d'une souscription, d'après laquelle chaque volume est livré au prix de 25 centimes par feuille. 2 « Sia questo un nuovo anello della spirituale catena che all' oriente sempre più stringerà l'occidente....

II. Quatrième siècle : Agathange ou Agathangelos; intérêt de son histoire que complètent celles de Faustus et de Zénob.

La conversion de l'Arménie au christianisme ouvre le 4° siècle qui est le 1a siècle de sa littérature; l'histoire des progrès de la foi et des combats qu'elle eut à soutenir, même après l'abjurațion du roi Tiridate, nous est transmise dans une suite de monuments authentiques. Nous devons placer en première ligne les écrits attribués à l'apôtre de l'Arménie, saint Grégoire l'Illuminateur, ses homélies dogmatiques et morales qui portent le nom de Stromates, et ses prières que distingue l'expression d'une profonde humilité; le fondateur de l'Église arménienne a été aussi le modèle des nombreux écrivains ecclésiastiques qui ont apparu aux principales époques de son existence, et qui ont travaillé dans le même esprit. Le plus ancien annaliste de la nation devenue chrétienne,

! Voir la Notice rédigée par Tommasco, un des plus habiles prosateurs de l'Italie, sur Moïse de Kho rène et son histoire en tête de la version italienne de la collection des Mókhitaristos.

III. Cinquième siècle : Moïse de Khorène, traduit par l'abbé Cappelletti, par M. Le Vaillant de Florival, par les PP. Mékhitaristes; valeur de son histoire.

e'est Agathange ou AGATHANGELOS, Ro- | de crédulité. Les annales du premier main d'origine, secrétaire de Tiridate, siècle de l'Église arménienne sont comtémoin oculaire d'une partie des faits plétées par le récit que Zénob de Glagh qu'il rapporte; aussi habile dans la con- nous a laissé des résultats de la prédica, naissance de l'arménien que dans celle tion évangélique dans la province de du grec et du latin, c'est dans la pre- Daron, bientôt couverte d'églises et de mière de ces langues qu'il a dû compo- cloîtres. Zénob, qui a écrit à la demande ser la rédaction originale de son his- de saint Grégoire lui-même, et qui s'est toire, destinée aux archives de la trouvé mêlé en personne aux événe, monarchie arménienne. Les prédica- ments du temps, a pu tracer un tableau tions de saint Grégoire, et la propaga- fidèle des obstacles extérieurs et des tion rapide de l'Évangile dans les con- résistances religieuses, qu'a dû rencontrées principales du royaume des Arsa- trer l'œuvre de la conversion au sein de cides, nous sont dépeintes avec le populations toutes païennes'. langage simple de la vérité dans les pages d'Agathangelos. Les faits qu'il rapporte avec bonne foi, à l'exception de quelques légendes dénuées de toute vraisemblance historique, ont été cités sans défiance par les historiens postérieurs de la nation; ainsi son témoignage a pu être invoqué comme autorité par Moïse de Khorène et Lazare de Pharbe, venus un siècle après lui et mis à même de le contrôler à l'aide de traditions encore vivantes. Il n'en est pas de même de Faustus de Byzance, qui s'est fait le continuateur d'Agathangelos, mais qui n'a pas atteint le même charnie de simplicité dans la narration et qui ne partage pas avec son devancier le mérite de la véracité. On peut comparer avec justesse ces premiers historiens de l'Arménie aux logographes de la Grèce, dont le dernier est en même temps le père de l'historiographie classique. Si Faustus rapporte les faits d'une manière confuse et sans discernement, comme les chroniqueurs des cités ioniennes, Agathange rassemble dans son livre les traditions

reçues par ses contemporains, avec le

même sentiment de confiance et de ré

serve qui justifie Hérodote du reproche

11 en existe une rédaction ou plutôt une paraphrase en grec, qui est complète et paraît fort ancienne. Elle a été imprimée par les soins du savant agiographe, le P. J. Stilling, dans la collection des Bollandistes, au 30 septembre.

La Storia di Agatangelo forme le deuxième volume de la collection italienne des Mék hitaristes (xx, 240 p.; 1843).

3 Faustus, de la race arménienne des Saharhouniens, vécut et composa son ouvrage à Constantinople; il a traité l'histoire intérieure de l'Arménie pendant 80 années environ, de 544 à 392,

Le 5° siècle, qui vit s'accomplir le premier développement de la littérature arménienne, et qui eut la splendeur d'un temps de création, nous offre des productions historiques dont la forme a autant de valeur que le fond a réellement d'intérêt et d'importance. L'historiographie devait dès lors prendre une des premières places dans les travaux littéraires d'un peuple grave, fort de ses convictions religieuses, attaché à ses usages, fier de sa nationalité; elle est illustrée à cette époque par les noms de Moïse de Khorène, d'Élisée, de Lazare de Pharbe, à qui leur mérite et leur renommée ont déjà valu dans notre siècle d'habiles et patients traducteurs.

L'ouvrage de Moïse de Khorène, dont le texte avait été l'objet de nouvelles recherches critiques dans l'édition classique de Venise, fut celui auquel s'appliqua le plus grand nombre des arménistes; le savant Zohrab de Constantinople, l'éditeur de la grande Bible arménienne, avait préparé une édition nouvelle de cet historien, que SaintMartin voulait accompagner d'une traduction française et enrichir d'éclaircissements historiques et géographiques.

Faustus de Byzance, Zénob de Clagh, et son continuateur du 7o siècle, Jean le Manigorien, trou. veront place parmi les anciens historiens nationaux dans la collection déjà citée, commencée à SaintLazare.

Edit. arm. de Saint-Lazare, 1827, in-24.

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