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des Normands, le travail intérieur qui | et la nature des services qu'un si grand génie lui a rendus elle voudrait qu'on ne parlât jamais des faiblesses et des empiétements qui compromettent la mémoire d'un tel prince'. »

conduisait au réglement de la société féodale, et d'autres causes dont Charlemagne ne pouvait ni prévoir ni neutraliser l'action, aient détruit l'enveloppe, la forme extérieure de l'œuvre due à son génie, si l'œuvre même a subsisté, si, malgré tous les obstacles, elle a persévéré et grandi à travers les siècles?

M. Lenormant cite deux lettres du pape Léon III à Charlemagne, qui con- | statent, dit-il, l'envahissement de l'autorité impériale sur les droits du pontife de Rome1. Dans la première, le pontife se plaint d'avoir été calomnié auprès de l'empereur, d'avoir été injustement accusé de mal accueillir les envoyés du prince. Dans la seconde, Léon dénonce à Charlemagne la conduite de certains envoyés qui se permettaient de lever un tribut annuel sur le peuple des villes romaines, et d'établir dans ces villes des officiers pour juger des causes dont devaient connaître les ducs établis par le Pape. C'est là tout, et en vérité il nous est difficile de comprendre comment de ces calomnies et de ces exactions d'envoyés et d'officiers subalternes, qui agissaient sans doute, du moins rien ne démontre le contraire, de leur propre chef, on peut conclure à un système d'envahissement sur les droits de l'Église, à une guerre ouverte contre sa liberté. Il serait dangereux, dit le professeur, de garder un silence absolu sur ce point, car les successeurs de Charlemagne se sont autorisés de son souvenir pour opprimer l'Église, et j'ai bien peur qu'ils n'aient eu presque raison de recourir à l'exemple de ce prince ".

Il est vrai que M. Lenormant a autre chose à alléguer que les deux lettres de Léon III; seulement il ne croit pas de voir mettre ses preuves au jour. Nous ne pouvons pas par conséquent en apprécier la force.

Il serait facile de faire peser des accusations plus graves encore sur Charlemagne ; mais l'Église ne le veut pas. Sans doute, elle pèse mieux que' nous les entrainements de la puissance

'Leçon 24, p. 340 et suivantes. • P. 340.

J'ose dire que sur ce point le professeur se trompe beaucoup : sans doute la mémoire de Charlemagne est en honneur dans l'Eglise; mais l'Église n'a jamais entendu qu'on dût le louer aux dépens de la vérité, et chacun peut librement parler des faiblesses et des empiétements du grand homme, sans craindre d'encourir la colère de Rome. Le scrupule de M. Lenormant me semble d'ailleurs singulier; il craint de contrister l'Église en articulant des accusations plus graves, et il ne craint pas de se livrer à des insinuations qui trèscertainement disent beaucoup plus que tout ce qu'il pourrait mettre en avant de positif et d'incontestable.

Mais, ajoute-t-il, c'est une si grande chose que la liberté de l'Église, la considération en est devenue si importante pour nous, on a toujours été si tenté, dans le cours des siècles, de s'autoriser des rapports de Charlemagne avec le Saint-Siége pour justifier des entreprises odieuses; on a si étrangement abusé du penchant de l'Église à protéger la mémoire de son bienfaiteur, que je sens le besoin de rompre la consigne et de faire connaître à cet égard quelques parties de la vérité 3. ›

S'il en est ainsi, pourquoi ne pas faire connaître la vérité tout entière, pourquoi se renfermer dans une vague accusation qui laisse tout supposer, et par laquelle on accorde presque sans restriction aux ennemis de l'Église qu'ils ont raison de recourir à l'exemple de Charlemagne; que, pendant le règne d'Adrien I, la liberté ecclésiastique ne fut respectée que parce que Charlemagne n'était pas encore arrivé à l'apogée de sa puissance, mais qu'il ne craignit plus d'opprimer la puissance spirituelle dès que sa politique le lui permit. De telles concessions n'ont-elles pas autant d'inconvéniens le silence ? que

. P. 343,

• Ibid.

3 P. 340.

En pareilles matières, le silence est, du reste, une assez pauvre ressource, et nous ne voyons pas que jamais l'Église en ait usé. Au lieu de trouver, avec M. Lenormant, dans le silence de l'Église, sur les empiétements de Charlemagne, une preuve de gratitude honnète, mais peu intelligente, nous y trouvons donc la preuve la plus forte que l'Église ne croit pas à ces empiétements prétendus. L'Église a le sentiment de la reconnaissance, mais elle a aussi le sentiment de la justice, le sentiment de ses droits, et il n'y a pas d'exemple que ses meilleurs amis aient violé ces droits sans qu'elle ait réclamé, sans qu'elle ait fait entendre d'energiques protestations.

L'Église ne répugne pas aux aveux que la vérité commande. Mais la question est de savoir si les aveux de M. Lenormant sont commandés par la vérité. En tout cas, il serait bon de connaître les raisons mystérieuses qui les dictent, et de voir dans le détail en quoi consistent les empiétements, les envahissements dont il parle. Peut-être, en y regardant de près, trouverait-il lui-même qu'il y a moyen de les expliquer, et que les ennemis du Saint-Siége n'ont aucun droit de s'en prévaloir pour justifier leurs entreprises odieuses.

Il est, dans cet ordre de questions, une distinction capitale qu'on ne doit jamais perdre de vue, si l'on ne veut pas faire de l'histoire de l'Eglise une énigme indéchiffrable. Les princes, defenseurs et protecteurs de l'Eglise, les princes qui servent l'Eglise, qui usent de leur puissance pour elle et pour sa gloire, ces princes tiennent de l'Eglise même des droits et un pouvoir que n'ont en aucune manière les autres souverains. Charlemagne a fait dans l'Eglise très-légitimement beaucoup de choses que les rois absolus ou constitutionnels de nos jours ne pourraient pas même tenter sans crime. Ces derniers sont étrangers à l'Eglise, pour ne rien dire de plus, ils agissent sans elle ou contre elle; Charlemagne était le serviteur de l'Eglise; c'était l'Eglise qui agissait par lui. Ou je me trompe fort, ou les accusations réservées de M. Lenormant tomberaient T. XX. N° 120. 1845.

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pour la plupart devant cette simple observation.

J'ai dit que le professeur attaquait Charlemagne dans sa foi; l'expression est peut-être trop forte. Voici le passage auquel je faisais allusion: il s'agit des idées et de l'hérésie des iconoclastes :

Les idées qui avaient ainsi pris naissance dans l'intérieur de l'Asie, et qui de là avaient gagné

Constantinople, trouvaient un écho dans l'âme des populations héroïques qui présidaient dès lors aux destinées de l'Europe occidentale. Si Constantin-Copronyme, un des plus furieux parmi les persécuteurs iconoclastes, fit de vaines tentatives pour décider Pepin à adopter ses décrets, cependant après le second concile de Nicée, quand les actes en fu

rent parvenus dans l'Occident, l'instinct germanique (permettez-moi cette expression) protesta contre quelques-unes des décisions de cette assemblée. On retrouva alors dans Charlemagne, dans l'impulsion qu'il avait donnée lui-même au concile de Francfort, dans l'opinion des évêques d'origine tudesque, qu'il avait rassemblés, quelque chose de l'ancienne aversion des Germains pour l'anthropomorphisme, c'està-dire pour la représentation de la divinité sous des traits humains... Ce fut une tâche difficile pour le pape Adrien que de faire revenir l'Eglise occidentale de décisions auxquelles Charlemagne attachait une importance toute personnelle '.

M. Lenormant explique d'ailleurs avec une parfaite clarté comment la traduction imparfaite des actes du concile en latin, et la confusion produite par le mot adorare, qui signifie à la fois honorer et adorer, amenèrent cette explosion des répugnances germaniques. Mais il n'en reste pas moins qu'à ses yeux Charlemagne et ses Germains, évêques ou non, sont un peu suspects sinon d'hérésie, du moins d'une tendance assez prononcée vers l'hérésie. Or cette suspicion ne nous semble nullement fondée. Le malentendu causé par le mot adorare nous paraît expliquer suffisamment la résistance du concile de Francfort, sans qu'il soit besoin de recourir à l'instinct germanique, sur lequel, à notre avis, l'instinct catholique avait dès lors prévalu dans le cœur des évêques, même d'origine tudesque, et dans le cœur de Charlemagne. Au surplus, la question peut être réduite à une question de fait: y avait-il ou n'y avait-il pas à cette époque des images dans les églises des évê

Leçon 21, p. 225-227.

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ques germains, dans les églises où Charlemagne allait prier?

L'accusation portée contre les mœurs de Charlemagne est plus spécieuse. Voici en quels termes M. Lenormant la formule:

Lorsqu'il s'agit d'un prince qui non-seulement dirigeait la politique, mais encore se mêlait des affaires ecclésiastiques, qui s'en mêlait trop, s'il faut vous dire ce que je pense, qui publiait des capitulaires contre l'incontinence des ecclésiastiques, nous souffrons de le voir dans la vie privée environné de

d'énoncer seraient peut-être difficiles à fournir, mais les preuves indirectes abondent; et comme le professeur n'allègue aucune preuve, comme on n'en peut donner aucune de solide pour établir les propositions contradictoires, Charlemagne reste en possession de la vertu que lui reconnaît le préjugé chrétien.

Quant aux saintes âmes qui veulent sauver l'honneur de Charlemagne, et surtout celui de sa canonisation, elles savent ce que vaut la prétendue cano

concubines et de maîtresses. De saintes âmes, qui nisation décrétée à la requête de l'em

veulent sauver l'honneur de Charlemagne, et surtout celui de sa canonisation, disent qu'après avoir mérité bien des reproches, il avait expié ses désordres dans les dernières années de sa vie par une longue et sévère pénitence. Mais nous savons à n'en pas douter que c'est aux approches de la vieillesse que les faiblesses de Charlemagne se multiplièrent... Des vingt enfants et plus qu'eut le vieil empereur, on n'en connaît pas moins de dix illegitimes '...

M. Lenormant donne tout cela comme incontestable. Tout cela pourtant est très-contesté. On affirme, d'après les autorités les plus graves, 1" que Charlemagne n'eut jamais, encore moins dans les dernières années de sa vie, ni maîtresses, ni concubines, dans le sens honteux que ce dernier mot a pris depuis; 2° que si toutes ses femmes n'eurent pas le rang et le titre de reines, elles furent toutes épouses légitimes; 3o que par conséquent ses enfants, issus de ces mariages de la main gauche, ne furent point regardés comme illégitimes, bien qu'ils n'eussent pas le même rang que ceux de leurs frères nés d'une mère reine; 4° enfin, que Charlemagne n'eut jamais qu'une seule épouse à la fois. Nous ne pensons pas que le professeur songe à s'inscrire en faux contre cette dernière assertion; il sait avec quelle vigilance et quelle fermeté l'Eglise a toujours combattu pour imposer aux rois le respect des lois du mariage, et il n'accusera pas des pontifes tels qu'Adrien er et Léon III d'avoir toléré de parcilles infractions; il ne prétendra pas que, sur un point aussi capital, l'Eglise se fut dès lors imposée la loi du silence pour couvrir les faiblesses de son bienfaiteur. Les preuves directes des quatre propositions que nous venons

P. 338 et 339.

pereur Frédéric Barberousse par l'antipape Guibert : les bulles des anti-papes sont nulles, et n'ont pas besoin d'être révoquées par les papes légitimes pour conserver leur nullité. Mais on sait aussi que le culte populaire, rendu de temps immémorial, sur les bords du Rhin, à la mémoire de Charlemagne, et, jusqu'à nos jours, toléré par l'Eglise, a une certaine valeur, une certaine autorité. Historiquement, et dans la question présente, ce culte a également quelque poids: on comprend difficilement en effet qu'il eût pu s'établir aux lieux mêmes qu'habitait le grand homme, si jusqu'à ses derniers jours il avait publiquement vécu dans la débauche et le libertinage. L'instinct des peuples est plus fort que la grandeur humaine, et ce serait assurément un fait unique dans l'histoire, que cette élévation sur les autels, par les mains d'une population chrétienne, d'un roi notoirement livré au vice infâme.

Un solitaire du monastère de Reichenau, dans les environs de Constance, eut, dit-on, dans une vision, la révélation du sort de Charlemagne dans l'autre monde; il le vit en proie à un supplice vengeur de ses désordres. M. Lenormant allègue ce récit comme un indice de l'opinion des contemporains. Il faudrait savoir quelles causes pouvaient influencer les moines de Reichenau, si leur monastère croyait avoir à se plaindre ou à se louer du défunt empereur, et enfin qui et quel était ce solitaire. Dans tous les cas, la canonisation populaire me paraît un indice plus sûr et plus frappant.

Mais on écrirait des volumes sur cette controverse, il est temps de finir et de

dire en deux mots : que la 23° et dernière leçon du cours de M. Lenormant est consacrée au Charlemagne poétique, au Charlemagne romanesque, ou si l'on veut aux chants épiques inspirés par ce grand nom; que le professeur examine, avec une érudition peu commune, le procès instruit depuis une vingtaine d'années sur la question de savoir si les Chansons du Geste, ou, comme on dit, les épopées carlovingiennes, ont pris naissance dans le midi ou dans le nord de la France; qu'il se prononce pour le nord contre le midi; qu'il donne ensuite, en l'entremêlant de citations, une analyse détaillée, pleine d'intérêt et de charme, de la chanson de Roland; qu'il | insiste sur la nécessité de remettre en honneur les monuments de la véritable épopée française; qu'il montre comment ces monuments constatent la supériorité de la France sur les autres nations, et comment, pour admirer ces monuments, pour reconnaître cette supériorité, il faut reconnaître que cette grande nation française, si poétique, si inspiratrice pour l'épopée, était avant tout religieuse et catholique. D'où cette conclusion, que la France doit rester religieuse et catholique, que chacun de nous doit s'efforcer d'accomplir la loi chrétienne, travailler autant qu'il est en lui à faire disparaître tout ce qui, dans la société présente, s'oppose à l'accomplissement de cette loi ; et que pour se pénétrer de ces grandes vérités, la meilleure voie et la plus sûre est celle qu'offre l'histoire, l'histoire étudiée non-seulement avec la sagacité du eri- | tique, mais encore avec la conscience de l'honnête homme. Alléguant à l'appui de cette observation son expérience

ne cherchais peut-être qu'à accroître ma renommée, à me créer une position honorée parmi les hommes, le christianisme s'emparait de moi par mon côté vulnérable, l'amour de la vérité; et, autant que ma débilité pouvait le permettre, il m'a transformé, et il m'a donné des accents, et je dirai presque une

résolution dont autrement je ne me serais jamais senti capable. J'ose parler de cette transformation parce qu'elle a créé entre vous et moi un lien de sympathie: non que je m'attende à provoquer en ma faveur un concert de louanges éclatantes; car ma parole souvent sévère engage chacun de ceux qui l'approuvent à des sacrifices pénibles et à des combats sérieux. Et cependant, grâce aux impressions du christianisme qui vous ont été léguées par vos pères chrétiens, il s'établit une harmonie précieuse entre vos consciences et la mienne. Ma parole, qui sans cela serait vaine et impuissante, devient efficace. Alors j'entre dans la réalité de mon existence et de mon devoir, et, tout en n'entretenant aucune illusion sur ma propre faiblesse, je sens que je fais le bien, j'en ai déjà la récompense. Je comprends le motif de la bienveillance qui soutient si généreusement mes efforts.

Cette page fait connaître et aimer le professeur; elle révèle quels principes le dirigent, quel dévouement l'inspire, avec quelle sollicitude, quel sentiment impérieux du devoir il remplit sa noble et difficile mission. Nos articles, nous l'espérons, font connaître et apprécier ce cours; ils en tracent la marche, les divisions, disent les faits historiques qui en sont l'objet, signalent les idées fondamentales, indiquent les principaux développements. Si, de plus, nous sommes parvenus à faire connaître et admirer le savant et l'orateur, si nous avons donné quelque idée de la richesse d'érudition qu'il déploie, de la multitude de points de vue nouveaux qu'il découvre, de l'abondance d'aperçus ingénienx qu'il répand, parfois éclatants de justesse et de vérité, par

personnelle, le professeur termine parfois relevés d'un goût de paradoxe; si, ces nobles et éloquentes paroles:

Il arrive, il m'est arrivé à moi comme à d'autres, de désirer d'échapper aux conséquences morales de l'égalité, conséquences si rigoureuses pour nos passions, pour nos caprices, pour nos faiblesses. J'ai cherché comme un autre un relâche, et pour ainsi dire un étourdissement à ces idées dans la science; j'ai voulu n'être qu'un savant pour échapper à la conscience qui m'obligeait à être un chrétien; mais j'ai trouvé le christianisme embusqué dans la science; il m'attendait au passage avec sa vérité triomphante. A chaque pas que je faisais dans une carriêre où je ne poursuivais qu'un but spécial, où je

écho fidèle, nous n'avons pas trop amorti la force, trop obscurci la netteté, trop diminué l'ampleur d'une parole toujours grave et chrétienne, si souvent chaleureuse, quelquefois éloquente, le but auquel nous tendions est atteint.

Quant aux critiques, elles s'expliquent par deux causes: M. Lenormant s'est trouvé successivement entraîné dans des courants d'idées divers, sinon opposés ; il y a en lui la vieille science et la science nouvelle, la science qui

précéda et la science qui a suivi la transformation dont il nous entretenait tout à l'heure. Ces sources sont maintenant unies et mêlées; plus abondante et plus vigoureuse, la dernière absorbe les autres, et donne au fleuve son lit, sa couleur et son nom. Cependant, parfois, un affluent y décharge ses flots, qui, sur l'une des deux rives, rend un instant aux eaux des sources plus faibles et plus lointaines quelque chose de leur teinte première. De là quelques contradictions, au moins apparentes; et parfois, en certaines matières, des termes peu précis, des locutions douteuses, des phrases ou équivoques ou indécises; de là, enfin, un petit nombre d'idées et d'appréciations historiques qu'il n'est pas toujours facile d'accepter.

En second lieu, et pour ce qui est de❘ la forme, M. Lenormant a, ce nous semble, les défauts de ses qualités : une grande facilité amène trop souvent de la négligence; une prodigieuse abondance, du désordre et de la confusion: ses écrits et ses leçons sont surtout remarquables par le grand nombre de faits qu'il présente sous un jour nouveau, par la multitude d'idées élevées et fécondes qu'il rassemble, et, pour ainsi dire, accumule. Telle page con

tient plus de choses que n'en renferment des volumes, d'ailleurs justement estimés; mais parfois le lien manque, les idées intermédiaires sont passées sous silence, l'unité, soit du chapitre, soit de la leçon, soit de l'ouvrage, soit du cours, est brisée, ou du moins n'apparaît pas, et il faut du travail pour la retrouver, pour faire un corps de tout ces beaux membres épars. Du reste, nous préférons de beaucoup, aux produits honnêtes, mais médiocres, de forces plus ordonnées, plus régulières, ces excès de puissance et de vie. L'espalier qui étend symétriquement ses jets attachés au mur, et dont les fruits s'offrent d'eux-mêmes à la main du passant, ne nous a jamais paru comparable au grand arbre qui pousse confusément dans les airs ses libres et vigoureux rameaux si celui-ci porte çà et là quelques plantes parasites, s'il faut quelque effort pour atteindre ses fruits, ils sont plus abondants, plus beaux, plus savoureux, plus sains, et qu'importe que quelques-uns, cachés sous l'épaisseur du feuillage, n'aient pu venir à maturité; que d'autres, perdus aux cîmes des plus hautes branches, ne soient pas cueillis?

LÉOPOLD DE MONTVERT.

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