Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

le digne auteur met en œuvre les plus << riches matériaux; il fait de temps à autre de brillantes concessions à l'Église catholique, et se réjouit, comme d'un heureux signe de l'esprit du <temps, que ces concessions ne lui aient « pas attiré de reproches de la part de ⚫ quelque méchant critique de son Église. » Il est clair que les profes- | seurs pourront trouver dans ces écrivains protestants des matériaux utiles; mais on ne peut avoir la pensée d'en mettre aucun dans les mains des élèves pour leur servir de guide dans l'étude de l'histoire de l'Église.

[ocr errors]

Nous devons trouver certainement plus de ressources parmi les historiens ecclésiastiques catholiques de l'Allemagne. Le docteur Alzog parle d'abord de Hontheim, de Royko, de Michl, de Wolf, de Gmeiner, de Schmalfus. Une ère ‹ plus favorable à l'histoire ecclésiastique, continue-t-il, commença avec le | comte Léopold de Stolberg. On sent dans son histoire l'inspiration d'une âme profondément convertie et une • véritable onction religieuse. Son continuateur, Kerz, ne l'égale pas ses infatigables efforts le rendent néan- | moins estimable. Théodore Katerkamp, l'ami de Stolberg, professeur et doyen de la cathédrale de Munster, • poussa son histoire ecclésiastique ‹ jusqu'en 1153. Penseur profond, Katerkamp discerne d'un regard sûr l'esprit et les événements de l'Église aux diverses époques qu'il décrit d'un style plein et fort. Les portraits des grands docteurs de l'Église sont remplis d'intérêt et de charme. Le plan est original, mais n'est pas toujours avantageux. › L'ouvrage de Lochever, professeur de Giessen, et qui a pour titre: Histoire de la Religion et de l'Eglise, est sévèrement jugé par le docteur Alzog. Il y a de l'esprit et de la grâce dans l'ouvrage de Hortig, de Munich. Son livre a pour titre : Manuel d'Histoire Ecclésiastique. Le Manuel d'Histoire Ecclésiastique de Rittes, pro

Stolberg, Histoire de la Religion de JésusChrist, continuée par Kerz jusqu'en 1036 (36 vol.). * Katerkamp, Introd. à l'Hist. de l'Église. Munster, 1819-34 (3 vol.).

|

fesseur et chanoine à Breslau, offre une exposition agréable des faits. Klein, professeur à Vienne, a publié de riches matériaux sur l'histoire de l'Église, écrits en latin. L'ouvrage de Rüttenstock, qui a pour titre : Institutiones historiæ Ecclesiasticæ, est écrit avec plus d'élégance que le précédent. Berthes, curé dans les environs de Mayence, a commencé une histoire de l'Église chrétienne, qu'il a essayé de rendre intéressante aux gens du monde, en la dégageant des formules trop sévères de la science. Chérier, professeur à Grass, dans ses Institutions latines, a suivi presque toujours Rüttenstock et Klein. Ranscher, professeur à Salzbourg, n`a fait que commencer son histoire de l'Église chrétienne.

Parmi les ouvrages dont nous venons de parler, plusieurs ne sont point terminés, d'autres sont beaucoup trop étendus pour l'enseignement, et nous n'en avons jusqu'ici que deux qu'on ait essayé de traduire en français: ce sont les Manuels de Dollinger et du docteur Alzog. Nos professeurs d'histoire ecclésiastique sont donc assez restreints dans le choix qu'ils peuvent faire.

Dællinger a d'abord continué jusqu'à nos jours le Manuel de Hortig. Il a publié lui-même en 1833, à Landshut, un Manuel d'Histoire Ecclésiastique; c'est celui-là qu'a traduit M. Léon Boré, professeur au collège d'Angers, sous le titre d'Origines du Christianisme. Cet ouvrage va jusqu'à l'islamisme (622). II a commencé en 1833 la publication d'un nouveau Manuel sur un plan différent ; ce second travail doit avoir trois volumes. Voici comment notre auteur juge ces différents travaux : Dællinger, continuateur d'Hortig, en réalisant les conditions les plus rigoureuses de la science, s'est acquis une reconnais«sance universelle. En travaillant l'Histoire Ecclésiastique d'Hortig, Dællinger lui a donné une forme vraiment scientifique, et a rétabli presque toujours avec bonheur les faits combattus par les protestants. Malheureusement cet ouvrage a été inter• rompu par un nouveau Manuel de l'Histoire Ecclésiastique, qui doit former trois volumes, dont plusieurs

[ocr errors]
[ocr errors]

parties déjà parues ont trouvé un accueil moins favorable. » Nous ne nous proposons pas de faire ici l'examen des Origines du Christianisme du docteur Dællinger, ni de le comparer avec l'ouvrage du docteur Alzog. Le premier de ces Manuels, qui ne va que jusqu'à Mahomet, ne peut être, à cause de son peu d'étendue, mis entre les mains des

élèves comme un thème auquel ¡e professeur puisse s'attacher dans son enseignement. Dans un prochain article, nous examinerons si les trois volumes que publient maintenant MM. Goschler et Audley sont plus propres à remplir ce but.

L'abbé F. EDOUARD.

BULLETINS BIBLIOGRAPHIQUES.

-Nous avons à diverses époques entretenu nos lecteurs de l'Histoire des Lettres, de M. Amédée Duquesnel. Ce vaste travail, qui est enfin terminé, forme aujourd'hui 7 volumes in-8°. -L'auteur nous communique la préface qu'il vient d'écrire pour la nouvelle édition de ses deux premiers volumes.

Dés que j'ai pu étudier la société française et les livres qui lui ont été légués par le 18e siècle, j'ai reconnu que le christianisme était loin d'occuper la place qui lui est due dans la politique, dans les lettres, dans la science. C'est une grave injustice historique et une véritable calamité sociale. Plusieurs ouvrages contemporains prouvent que cette idée est celle du siècle.

Mes goûts m'avaient porté vers une étude longue et consciencieuse de la littérature et des langues de plusieurs nations; je vis que la France ne possédait pas d'histoire générale des lettres, et qu'un grand nombre d'ouvrages particuliers sur diverses contrées et sur diverses époques semblaient préparer cette vaste synthèse.

J'entrepris donc de présenter, autant que possible dans l'ordre chronologique, l'histoire littéraire de chaque peuple, c'est-à-dire la biographie des grands écrivains, une étude sur leurs ouvrages, les rapports de toutes les littératures entre elles, ce qu'elles se doivent les unes aux autres; comment elles ont été l'expression de la société, et comment aussi elles ont souvent modifié cette société ellemême; enfin l'influence puissante exercée sur les œuvres de l'esprit humain par la religion avant et après le christianisme.

‹ J'ai appelé à mon aide les écrivains français, allemands, anglais, italiens qui m'ont devancé dans celle carrière, et il est juste de reconnaître que mon œuvre est celle de presque tous les hommes éminents qui se sont occupés de critique et d'histoire littéraire.

J'ai cherché à faire pour la littérature à peu

près ce que Malte-Brun a fait pour la géographie. Je me suis servi des critiques modernes comme il s'était servi des voyageurs.

Toutefois je crois avoir donné à mon livre un caractère d'unité qu'il doit aux grands principes qui l'ont inspiré; il me semble que j'ai présenté plusieurs époques d'une manière assez neuve. J'ai tracé partout le tableau du travail de l'Église en regard des travaux du génie laïque; j'ai admiré les grandes créations de l'esprit humain sans me préoccuper de systèmes toujours conçus à un point de vue étroit; je n'ai pris pour règle que celles qui découlent de la contemplation de Dieu et de la nature.

Les premiers volumes de ce livre ont paru en 1856. Depuis cette époque, la presse s'en est sonvent occupée; plusieurs écrivains m'ont accueilli avec une bienveillance dont je les remercie. Ce que je demande à la critique, c'est de ne pas juger tout d'abord mon ouvrage, fruit de vingt années d'études, c'est de ne pas le juger d'après quelques fragments, mais dans son ensemble et d'après l'effet général qu'il peut produire.

J'ai voulu non-seulement inspirer l'amour du beau, mais servir la cause de l'éducation religieuse et sociale, et faire pénétrer de plus en plus dans les ames les idées chrétiennes qui pourraient sauver le monde encore une fois en combattant Pégoïsme, la passion de l'or, les avidités sensuelles, l'anarchie des intelligences, toutes les souffrances et toutes les misères qui troublent et menacent aujourd'hui la société.

Œuvres de M. le baron Alexandre Guiraud, de l'Académie Française.

Nous ne pouvons que recommander à nos lecteurs la publication que nous annonçons ici. Il en est peu qui soient aussi dignes de figurer sur les rayons d'une bibliothèque chrétienne.

Depuis longtemps tous les vrais amis des lettres,

ceux qui savent combien leur action puissante sur la société peut devenir utile lorsqu'elle est à la fois intelligente et religieuse, attendaient avec impatience une édition complète de ces œuvres. Le grand et légitime succès obtenu par les divers ouvrages de l'illustre académicien au moment de leur publication, la parfaite moralité, le sentiment éminemment religieux qui les distinguent, faisaient désirer vivement qu'une édition nouvelle, succédant à des éditions entièrement épuisées, permît à la librairie de produire des ouvrages de conscience et de talent, en concurrence avec tant d'autres qui ont fait une si déplorable irruption dans la littérature. Plus d'nne mère chrétienne, obligée de fermer le sanctuaire de la famille à la plupart des productions de notre époque, s'affligeait de ne pouvoir l'ouvrir à des écrits dont son esprit et son cœur avaient gardé un souvenir si distingué; on s'étonnait enfin que la belle tragédie des Machabées, le délicieux poëme du Savoyard, tant de touchantes élégies, et ces deux deux grandes compositions d'une si haute portée, Flavien et Césaire, où le drame se mêle si merveil. leusement à l'histoire et à la philosophie, ne se trouvassent pas au nombre des livres devenus classiques, dont les familles intelligentes et sages s'empressent d'orner leurs bibliothèques.

Cette édition, que l'auteur a enrichie de plusieurs morceaux inédits de prose et de vers, et qu'il a revue avec un soin tout scrupuleux, pour qu'elle puisse être admise sans restriction dans les lectures sérieuses de famille, forme quatre vol. in-8°, et est livrée presque au même prix que le format anglais.

Chacun des ouvrages renfermés dans les œuvres pourra, en outre, être vendu séparément. Chez Amyot, éditeur, rue de la Paix, 6.

Le prix du volume est, pour Paris, & fr.; et pour les départements (par la poste), 6 fr. 50.

Les deux premiers volumes renferment le roman historique de Flavien, qui retrace si admirablement la grande époque de l'établissement du christianisme.

Le se compose de Césaire et de quelques morceaux inédits de prose.

Le IV enfin, du Théâtre et des Poésies..
On trouve chez le même libraire, et du même

auteur :

Le Cloitre de Villemartin, poésie, 1 vol., 3 fr. Philosophie catholique de l'Histoire; les deux premiers volumes qui ont paru, 13 fr.

Rêves et Souvenirs, poésies morales et philosophiques; par M. Larnac. Chez Dubochet, libraire.

Ce recueil de poésies appartient à ce petit nombre d'œuvres de bonne fui, comme parle Montaigne, et qui se recommandent à la fois par la franchise et le fond même des convictions qui les ont dictées. M. Larnac n'est pas un poëte qui fasse métier de la poésie; il ne la revêt pas des formules obligées de la versification à la mode; il ne chante pas pour chanter; sa muse est l'interprète grave et fidèle de

ce qu'il pense et de ce qu'il sent; enfin il puise son inspiration aux sources honnêtes des plus nobles pensées, des plus généreux sentiments; la nature, la famille, l'amitié, les dons du cœur et de l'esprit, les joies et les douleurs de cette vie le ramènent constamment vers Dieu. Poésie! s'écrie-t-il avec foi,

Poésie, o flambeau dont la pure clarté
Découvre à nos regards l'éternelle beauté!...
Les saintes joies du foyer lui inspirent des vers
saints et touchants, comme ceux-ci :

O de tous mes pensers, objets tendres et doux!
Vous qui dorez pour moi le midi de la vie,
Epouse, mère, enfants, en vain la fantaisie
Agitèrent son prisme en mille jets divers,
Toujours vos noms chéris embelliront mes vers;
Toujours ils sortiront, comme un soupir de l'âme,
Du poétique sein que votre amour enflamme.
Veut-il consoler une mère de la mort de sa fille,
il la lui montre au ciel, et lui dit :

Le Christ avec amour

Avait reçu l'enfant résignée et soumise.

Dans une épître à M. Dupuytren, il parle ainsi de la mort :

La mort n'est ici-bas qu'un horrible squelette;
Là haut, c'est le béraut de la céleste fête,
Qui, pour nous faire entrer, nous attend sur le seuil,
Et c'est lorsqu'elle vient que doit finir le deuil!

Une dernière citation: nous l'empruntons à un petit poëme intitulé: Madeleine, placé à la fin du volume. Le poëte parle de l'amour divin.

C'est un amour qui ne doit plus changer; Comme un palmier fécond au milieu des ruines Pousse dans le désert ses profondes racines, Croît dans la solitude et porte vers le ciel Ses fruits plus odorants et plus doux que le miel, Ainsi sur les débris de l'amour périssable S'élève un autre amour éternel, immuable.

On le voit, on retrouve partout, dans ces poésies, ce sentiment élevé, calme, serein, qui résulte de nobles pensées harmonieusement rendues. C'est un charme qui fera certainement goûter les vers de M. Larnac. Pour notre compte, nous y sommes particulièrement sensibles. Nous avons assez de cette poésie d'emprunt qui, défigurant la manière des grands poëtes, nous donne de froides copies, que le souffle divin n'anime pas; de cette poésie qui, enfin, quand elle n'est ni immorale ni absurde, reste encore insipide. Il y a aussi en poésie un vulgaire profane, et c'est celui qui forme le troupeau servile des imitateurs, servum pecus. C'est un des principaux mérites de M. Larnac d'avoir su être lui, et sans obéir à la mode, d'avoir su mettre au service de sentiments vrais une langue correcte, harmonicuse et pure. Chez lui le poëte est toujours étroitement uni à l'homme de bien, et c'est à ce double titre que nous le recommandons à nos lecteurs.

A. de B.

CATHOLIQUE.

NUMÉRO 116. AOUT 1845.

85

Sciences Philosophiques.

SECONDE DISSERTATION

SUR LE RATIONALISME PHILOSOPHIQUE EN FRANCE;

LUE A L'ACADÉMIE de la reLIGION CATHOlique a rome '.

Le Rationalisme mène à la destruction du droit de propriété. Combat entre les rationalistes conser

valeurs et les rationalistes destructeurs. —Les arguments employés par les premiers contre la religion sont dirigés par les derniers contre la propriété. Indices d'une réaction contre le Rationalisme.

Plusieurs doctrines philosophiques tiennent, par leurs principes, aux questions les plus élevées du monde spirituel, et, par leurs conséquences directes, aux réalités les plus vulgaires. Elles ont, en quelque sorte, deux pôles, par l'un desquels elles regardent la région des idées, tandis que l'autre est tourné vers les faits palpables. Il faut les envisager successivement sous l'un et l'autre aspect, pour discerner les symptômes de force ou de décadence qu'elles présentent à l'œil de l'observateur.

Dans la dissertation que vous avez daigné honorer, l'année dernière, de votre bienveillante attention, j'ai essayé de montrer comment les idées qui dominent actuellement le Rationalisme français par rapport aux questions fondamentales de l'ordre spirituel, préparaient une réaction contre lui. J'essayerai aujourd'hui d'examiner comment cette réaction semble être préparée

Voir la fin de la 1re dissertation au numéro précédent ci-dessus, p. 7. T. XX.

N® 116. 1845,

aussi par les conséquences de plus en plus manifestes des principes rationalistes, appliqués aux bases matérielles de l'organisation sociale. Ne pouvant embrasser ce sujet dans toute son étendue en une simple dissertation, je choisirai un seul point, mais un point des plus importants et des plus décisifs, puisqu'il forme un des principaux fondements de l'ordre matériel je veux parler du droit de propriété. On sait que des systèmes, subversifs de ce droit, se sont propagés en France dans les dernières années; mais il me semble qu'on n'a pas assez remarqué la liaison de ces systèmes sur la partie en quelque sorte physique de la société avec les principes métaphysiques du Rationalisme.

a

Depuis que la philosophie rationaliste

ébranlé, dans un grand nombre d'hommes, la foi aux dogmes chrétiens, sources de la charité et du dévouement, et qu'à la suite de cet affaiblissement de la vie morale, la condition matérielle des prolétaires a empiré au point de devenir menaçante, les philosophes rationalistes, témoins de ce progrès funeste, se sont divisés sur les moyens à prendre à cet égard. Les uns ont proposé, pour remède partiel à ce mal, divers règlements administratifs. Mais les autres, peu satisfaits de cette philo

6

sophie d'expédients, ont envisagé la
question sous un point de vue plus
étendu, et ils ont atteint tout de suite
ses dernières limites. Ils se sont dit que,
puisqu'on avait rejeté les principes du
christianisme, il fallait chercher une
solution radicale en dehors de ces prin-
cipes, et substituer à la doctrine chré-
tienne sur la charité une autre concep-
tion fondamentale, qui fut la loi de
l'avenir. La plupart de ceux qui sont
entrés dans cette voie sont arrivés, soit
à ébranler, soit à repousser formelle-
ment le droit de propriété, comme étant
l'obstacle principal à toute réorganisa-
tion sociale qui ne se bornerait pas à
être simplement un palliatif du mal ac-
tuel. Mais ils se sont divisés eux-mêmes
en différents partis. Plusieurs d'entre
eux ont accusé le droit de propriété
d'avoir été, à toutes les époques, une
oppression souverainement injuste:
cette doctrine est celle qui est pro-
fessée par les communistes. Beaucoup
d'autres, tels que les saint-simoniens,
ont admis que ce droit avait été lé-
gitime dans le passé parce qu'il avait
été nécessaire, mais qu'il avait fait son
temps, et qu'il devait céder la place à
une autre base. Quelques-uns, esprits
d'entre-deux, comme il s'en trouve dans
toutes les grandes questions, se sont je-
tés dans une opinion mitoyenne: sans
nier positivement ce droit pour l'épo-
que présente, ils ont dit que sa destruc-
tion pourrait être une des réformes que
les siècles futurs opèreraient. Mais tan-
dis que tous ces philosophes battaient
en brèche à divers degrés cette base
sociale, d'autres philosophes se sont
ligués pour la défendre. Le Rationalisme
s'est partagé, à cet égard, en deux
camps, celui des conservateurs, et celui

des destructeurs.

[ocr errors]

la destruction de la propriété, je ne veux pas dire simplement que cette philosophie, ayant attaqué la foi aux dogmes religieux, a par là porté un coup funeste au sentiment des devoirs, et favorisé, dans la même proportion, l'oubli ou le mépris des principes de l'ordre social. Cette vérité est aujourd'hui trop connue, trop vulgaire, pour que j'aie pu penser à en faire le sujet de cette dissertation académique. Je veux établir une autre vérité ; je veux prouver qu'outre les résultats communs du rationalisme, ses doctrines sur la raison, sur Dieu et sur la création, sur l'état originaire de l'homme, sur la question de la vie future, fournissent chacune, par une série de conséquences qui lui est propre, un point d'appui tout spécial aux systèmes destructeurs de la propriété.

Prenons d'abord la doctrine du rationalisme sur la Raison. Il pose en principe que la raison de l'homme est souveraine: expression qui signifie, d'une manière abrégée, qu'elle est indépendante de toute autorité. Lorsque les premiers protestants commencèrent à introduire ce principe, ils ne se doutaient guère, du moins beaucoup d'entre eux, qu'on ne tarderait pas à le tourner contre la révélation, à laquelle ils faisaient profession d'être attachés, Les premiers adversaires de la révélation qui vinrent ensuite, et qui appartenaient, la plupart, aux classes élevées de la société, ne se doutaient guère que ce principe, avec lequel ils attaquaient l'ordre spirituel manifesté par le christianisme, serait transporté dans l'ordre des relations civiles et politiques, et qu'il y enfanterait la démagogie. Les premiers publicistes qui essayèrent de l'appliquer à l'ordre politique et civil, ne se doutaient guère non plus que ce principe irait plus loin, et qu'il formerait la base d'un système d'attaque contre la propriété, qu'ils considéraient encore comme le fondement nécessaire de l'or

Le caractère le plus remarquable de eette lutte, c'est que les arguments des destructeurs s'appuient précisément sur les principes du Rationalisme, dont sont imbus ceux qui s'intitulent conservateurs. Tel est le spectacle instructif que ganisation sociale. Ces diverses évolu présente l'état actuel du rationalisme tions de ce principe ont eu lieu : nous français, et que je vais reproduire ici, assistons à la dernière, et il faut conve dn moins dans ses traits principaux. nir que les adversaires du droit de proQuand je dis que les doctrines méta-priété ont fait preuve de clairvoyance physiques du rationalisme conduisent à et de logique en déduisant cette consé

« ZurückWeiter »