Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

de la Valdizère et Combefort lequel nous auroit dict et remonstré avoir besoing et necessité de faire vidimer certain contract deschange et permutation faict et passé entre feu de heureuse memoyre illus: trissime seigneur et prince amed hors conte de Savoye d'une part et noble et puissant seigneur Jacquemet luy vivant conseigneur de beaufort daultre pour la preservation et poursuitte des droicts dyceux seigneurs barons de la valdizère et combefort estant le dict acte et contract deschange et permutation en deue forme escript en parchemin deuement scele au grand scel de cyre verde ayant delung des costes ung insculpe du dict comte a cheval tenant l'espee au poinct a la main dextre et en l'aultre main lescu avec les armoyries de savoye et de l'aultre costé du dict scel quatre scels en cyre rouge a petit scel des armoyries de Savoye pendant a cordon double de soye rouge reale et signé par Me Guido de Voyrons notaire public imperial et jure de la court du dict Seigneur conte amed en datte de sabmedi après la feste de l'ascension notre seigneur jour vingtneufviesme may mil troys cents et dix indiction huitiesme et au commencement du dict contract est appose le saing du diet notaire avec extrait des lettres de confirmation du dit eschange et permutation obtenues de feu heureuse memoyres illustrissime seigneur et prince Charles duc de Savoye devenu decede que-dieu-absoulve datte au lieu dannexi le pénultiesme du moys d'aoust mil cinq cens et cinq et extraict de lettres obtenues du magnifique conseil dudit feu seigneur duc de Savoye et de la chambre des comptes d'ycelluy seant tant le dict conseil que

la dite chambre au lieu de chambery dattees au dict lieu le dernier mars mil cinq cent et huict faisants.

En faveur de feu magniffique et puyssant seigneur Jadnus de duin lhors seigneur et baron du dict Valdizère estantz les dittes lettres pattentes extraictes des registres de feu spectable seigneur Jehan Vulliet luy vivant seigneur de Sainct pierre Chastel argent et premier secrétaire de mondit seigneur le duc Charles Et expedies les dictz extraicts par spectable seigneur Charles Vulliet seigneur du dict Saint pierre chastel argent en vertu de la commission a luiy attribue estant au pied de sa subscription signé Vulliet de sancto petro lesquels contract et extraicts nous auroit produict pour les vidimer et tressumpter Annuant ausquelles requisitions apres avoir receu les dicts contracts et extraicts nestants vitiez ny cancellez en aulcune partie ains estants en forme deu et probante avons veu leu et tenu tant les dicts contract deschange que extraicts que extraicts des patentes ledict extraict estant en papier et de mot a mot collationné avec le vidimus faict sur l'original les quels avons trouvé accordantz sans aulcune discrepense ny subson. En foy de quoy nous avons signé de notre main le dict vidimus estant en papier et faict contresigner par notre greffier aussy sceler du scel de notre judicature Et icelluy expedier au dict seigneur baron de la Valdizere ce requerant pour luy valloir et servir ainsi que de raison. Faict au bourg sainct maurix ce vingt neufviesme aoust mil cinq cent septante.

M. DE RIDE.

Livre de raison d'un paysan tarin

AU XVIII SIÈCLE

Les paysans tarins, nos ancêtres, n'étaient point aussi ignorants qu'on a bien voulu le dire. L'Eglise, au XVIIIe siècle, leur avait ouvert un peu partout des écoles; ils se montraient empressés à les fréquenter, et de l'enseignement qu'ils y recevaient ils tiraient grand profit.

Dans ces écoles, sans doute, le programme des études n'était pas très étendu: la lecture, la lecture notamment des vieux papiers que chaque élève tirait des archives familiales, l'écriture, les premiers éléments de l'orthographe et « la chiffre » ou le calcul: il ne comprenait guère autre chose. Aussi l'instruction qui s'y donnait passerait-elle aujourd'hui pour très incomplète. Cette instruction rudimentaire suffisait toutefois aux besoins de l'époque. Les résultats auxquels on visait étaient d'ordre essentiellement pratique. On renonçait à faire des savants — la chose ne paraissant nullement nécessaire pour se borner à mettre tous ces enfants de la glėbe en mesure de gérer plus tard par eux-mêmes leur petit bien. Le but poursuivi, on le voit, était des plus modestes, mais il était atteint n'était-ce pas l'essentiel ?

Le but, ai-je dit, était atteint. Je n'en veux pour preuve que les livres de comptes que nous ont laissés nos pères d'il y a cent cinquante ans. Car ils avaient leur livre de comptes, et ils le tenaient généralement assez exactement.

Leurs livres à eux avaient même sur les nôtres un très grand avantage. C'est qu'ils ne se contentaient pas d'y inscrire leurs recettes et leurs dépenses, leurs dépenses surtout. Ils y notaient de plus les principaux événements, naissances, décès,

etc., qui intéressaient la famille et dont le souvenir méritait, à leurs yeux, d'etre conservé. L'ordre suivi était naturellement celui des dates. De là parfois des rapprochements assez inattendus: telle, par exemple, la naissance d'un enfant voisinant familièrement avec le payement des gages d'un domestique ou l'achat de quelques aunes de gros drap nécessaires à la confection d'un «blanchet» (1) pour le père ou d'une «cotte à remplis» (2) pour la mère. Eux ne voyaient là rien de choquant, et je n'ai pas le courage, en vérité, de les en blâmer. Le rapprochement existant entre les faits eux-mêmes, pourquoi chercher à le dissimuler? Aussi bien n'est-ce pas une œuvre littéraire que l'on a ici à apprécier.

Quelquefois même le chef de famille prenait soin de noter des événements d'une portée plus générale, intéressant le pays tout entier. Si la récolte était bonne, le livre de compte en faisait mention. L'inclémence du ciel faisait-elle, au contraire, redouter une prochaine disette locale, on l'y trouvait pareillement signalée. Enfin s'il survenait dans la commune, ou dans les communes voisines, quelque désastre, comme un incendie, une inondation, une grèle ruineuse ou une de ces gelées printanières qui anéantissent en une matinée la récolte d'une année entière, le père de famille «mettait encore la main à la plume » pour relater le fait dans le livre de compte familial.

C'est ce qui rend ces anciens livres de raison, quand on a la bonne fortune d'en rencontrer, particulièrement intéressants à consulter.

Les Mémoires de l'Académie de La Val d'Isère ont déjà publié sous ce titre «Journal d'un Paysan », (3) la chronique, tenue en quelque sorte jour par jour, des événements extraordinaires survenus en Tarentaise, surtout dans le canton d'Aime, de 1740 à 1840 (un siècle, on le voit, de l'histoire du pays).

(1) Habit à basques, d'un usage courant jusque vers le milieu du XIXe siècle. Actuellement il a à peu près complètement disparu.

(2) On a dit pendant longtemps une «cotte» pour désigner une robe de femme. Au bas de la jupe se voyaient des plis (ou «remplis ») sortes de volants dont le nombre variait suivant la fortune des personnes qui les portaient.

(3) Mémoires, tome VIII, p. 317.

Le document dont nous allons donner quelques extraits est d'allure beaucoup plus modeste. C'est tout simplement le livre de comptes d'un paysan aisé d'Hauteville-Gondon, de 1729 à 1785. Nous n'en possédons pas l'original mais seulement une copie très incomplète, trouvée parmi les papiers du chanoine Vital Miédan-Gros, l'un de nos prédécesseurs dans les fonctions de secrétaire de notre société. Le livre de comptes avec lequel on va faire connaissance était celui de son trisaïeul. En le dépouillant, notre regretté confrère en a extrait quelques articles dont il supposait que la lecture pourrait offrir quelque intérêt. Les voici tels qu'il les a lui-même résumés.

F. R.

I. Faits d'ordre général

1o Deux inondations en Tarentaise que je n'ai trouvées décrites nulle part ailleurs (1) dit M. le chanoine Miédan-Gros, et dont voici le texte avec son orthographe. Elle ne semble pas trop défectueuse pour un campagnard et pour le temps où il écrivait.

« L'année 1764 (1) il lia commancer à tomber de <«< pluies le neufvième du moy de juin, la vellie de <«< la feste de la pantecaute jusque au lundit de la <«<pantecaute quy este le onzième du moy de juin. « Il y a ammener tout les pont, le pon du Cha

(1) Dans sa Notice historique sur quelques inondations survenues dans les arrondissements de Moûtiers et d'Albertville (Acad. Val d'Isère, Mémoires, ví, p. 21), M. Durandard parle d'un village complètement inondé à Bourg-Saint-Maurice en 1764, mais en laissant supposer que cette inondation eut lieu à la même époque que le débordement de l'Isère qu'il place au 17 avril. Quant à l'inondation signalée plus loin de l'an 1778, M. Durandard n'en fait pas mention.

« ZurückWeiter »