PARIS Près le Palais-Royal 1902 LES CONFESSIONS DE J.-J. ROUSSEAU DEUXIÈME PARTIE LIVRE NEUVIÈME (Suite.) Frappé de voir ce pauvre homme, accablé, pour ainsi dire, de prospérité et de gloire, déclamer toutefois amerement contre les misères de cette vie, et trouver toujours que tout était mal, je formai l'insensé projet de : le faire rentrer en lui-même, et de lui prouver que tout était bien. Voltaire, en paraissant toujours croire en Dieu, n'a réellement jamais cru qu'au diable, puisque son dieu prétendu n'est qu'un être malfaisant qui, seIon lui, ne prend de plaisir qu'à nuire. L'absurdité de cette doctrine, qui saute aux yeux, est surtout revoltante dans un homme comble des biens de toute espèce, qui, du sein du bonheur, cherche à désespérer ses semblables par l'image affreuse et cruelle de toutes les calamités dont il est exempt. Autorisé plus que lui à compter et à peser les maux de la vie humaine, j'en fis l'équitable |