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monastère de Cluny le nom du membre le plus noble de son royaume nobilius membrum regni nostri. On a remarqué aussi une lettre de Pascal II à Pontius, qui prouve qu'à cette époque on communiait encore sous les deux espèces : ita sumenda eucharistia, dit le saint pontife, ut corpus et sanguis seorsum sumantur, exceptis infirmis et infantibus. Il paraît que les vieillards et les enfans pouvaient communier avec du pain trempé dans le vin.

Pontius obtint encore quelques concessions favorables à l'abbaye: mais un fait plus remarquable prouva que Cluny continuait d'être comme un second chef-lieu de la chrétienté.

Pascal était mort, après avoir renouvelé sa lutte avec l'Empire. Gélase II, son successeur, ne tarda point à sortir inégal du combat. Menacé, maltraité, souffleté par les partisans de l'empereur Henri V, et surtout par la famille romaine des Frangipani, il s'enfuit de Rome et se réfugia en France par mer. Pontius vint à sa rencontre; il lui envoya, ainsi qu'à toute sa suite, des chevaux, des vivres et toutes les commodités de la vie. Le pape, fatigué encore du mal de mer, vint se reposer, dans sa route, sur les domaines paternels de Pontius. Puis il remonta lentement le Rhône, s'arrêta à Vienne, à Lyon, et, se sentant à Mâcon plus malade, se fit porter précipitamment à Cluny.

Là, voyant sa fin prochaine, il manda Guy, archevêque de Vienne, le même qui avait consacré Pontius, et qui venait de recevoir splendidement Gélase à son passage. Mais, avant que l'archevêque eût le temps d'arriver, Gélase était mort à Cluny, au milieu de ses cardinaux, comme dans sa propre maison, pour me servir de l'expression contemporaine d'un moine de Cluny ; il était mort, après s'être fait placer sur la cendre, revêtu de l'habit bénédictin sous

lequel il voulut expirer, au milieu du chœur, entouré de toute la communauté, et désignant Guy pour son successeur. Il n'avait pas eu besoin d'accorder des bulles d'affranchissement au monastère; déjà, à la date de Capoue, il avait, à l'exemple de ses prédécesseurs, privilégié les Clunistes.

раре.

Quand l'archevêque de Vienne arriva, il trouva les cardinaux en délibération, et presque aussitôt il fut élu pape, sous le nom de Callixte II. Il était le plus jeune des cinq fils de Guillaume, comte de Bourgogne, et de Gertrude de Mâcon. Plein de lumières et de bonne renommée, il régissait depuis trente-six ans l'église de Vienne ; il avait présidé aux conciles de Dijon et de Tournus, et à bien d'autres assemblées ecclésiastiques. Il y avait long-temps aussi qu'il se montrait l'adversaire déclaré des prétentions de l'autorité impériale sur le trône de St.-Pierre. Il avait plus d'une fois reproché à Pascal II, comme une faiblesse, les concessions transactionnelles imposées par le besoin de la paix, et n'avait pas craint d'opposer à la transaction papale les décrets contraires d'un concile provincial tenu à Vienne dans sa propre résidence. Cette énergie de caractère, sa haute naissance, les nobles alliances de sa famille avec les rois de l'Europe, recommandaient suffisamment, en ces temps-là, l'archevêque de Vienne au choix des électeurs, au nombre desquels fut Pontius; car, pour lutter efficacement contre la suprématie impériale, l'Eglise avait besoin d'un chef puissant.

Le nouveau pape ne voulut pas cependant se vêtir de la chlamyde de pourpre, et accepter officiellement le pontificat, avant que son élection fût confirmée à Rome. Un moine du Mont-Cassin, le cardinal Rocimanne, qui se trouvait à Cluny, courut à Rome, fit approuver le pontife par les autres cardinaux et par tout le clergé ; et dès-lors Callixte II n'hésita plus à se rendre à tous les devoirs de la papauté. Le

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pape Gélase eut son tombeau dans la grande basilique, à côté de la grande porte du chœur, tout auprès de l'autel qui fut dédié plus tard à St. Thomas de Cantorbéry. L'appartement qu'il occupa dans l'abbaye retint le nom de palais du pape Gélase; tandis Callixte sortait de Cluny, pour gouverner le monde chrétien, et tenir le concile de Rheims, annoncé par Gélase.

que

Avant la réunion de ce concile, avait eu lieu la célèbre assemblée de Tibur, où l'élection de Callixte fut solennellement reconnue. Toutes les églises chrétiennes y avaient envoyé leurs députés, et Pontius y figurait, avec le célèbre Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-sur-Marne, en qualité de député des églises d'Allemagne.

Au retour du concile où nous avons vu figurer Pontius, Callixte revint à Cluny, dans toute la pompe de son cortége pontifical. Là, entouré de cardinaux, d'évêques, de la noblesse de Bourgogne et des splendeurs de la cour romaine, il voulut, avant de partir, fortifier encore, s'il était possible, les franchises et les honneurs du lieu où lui étaient advenus les droits du pontificat universel. Il se dépouilla de son propre anneau, et le passa au doigt de Pontius, en déclarant solennellement que désormais, toujours et partout, l'abbé de Cluny remplirait les fonctions de cardinal romain. Puis imposant, plus fortement que jamais, à tout l'épiscopat, l'obligation de respecter les immunités des Clunistes, il leur permit de célébrer les saints mystères, les portes fermées, alors même qu'un interdit pèserait sur tout le pays. Il accorda des faveurs aux paroisses clunisoises, et décréta que le St.-Siége se chargeait directement de pourvoir aux besoins spirituels du monastère, en cas de mauvais vouloir des évêques voisins.

Callixte II, de retour à Rome, célébra sa victoire dans un

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