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ESSAI HISTORIQUE

SUR

ODLE!

L'ABBAYE DE CLUNY,

SUIVI

DE PIÈCES JUSTIFICATIVES

ET DE DIVERS FRAGMENS DE LA CORRESPONDANCE DE PIERRE-LE-VÉNÉRABLE
AVEC SAINT BERNARD;

Par M. P. LORAIN,

Doyen de la Faculté de Droit de Dijon.

DIJON,

CHEZ POPELAIN, LIBRAIRE, PLACE SAINT-JEAN.

-

1839.

1163.

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INTRODUCTION.

Lorsque la Revue des Deux Bourgognes chercha, en 1836, à ranimer les études et les souvenirs de notre double province, la nouvelle école historique avait déjà répandu ses enseignemens. On savait déjà que, presque jusqu'aux temps les plus rapprochés des nôtres, la véritable histoire de France est dans les histoires locales. On n'était plus la dupe de cette ignorante fiction qui, malheureusement incarnée encore dans les livres et dans les esprits vulgaires, ne tient aucun compte de l'immense intervalle écoulé, dans les institutions aussi bien que dans les temps, de l'empire romain à nos monarchies modernes; prend les pouvoirs européens pour les héritiers directs de l'empereur du Code et des Pandectes; donne les mêmes titres et les mêmes droits à Auguste, à Dioclétien, à Charlemagne; confond la royauté naissante et barbare de Clovis avec l'autorité accidentelle et conquérante de Charlemagne,

celle de Charlemagne avec le sceptre féodal et brisé d'Hugues Capet; ne met nulle différence entre la souveraineté militaire, errante, sans doctrines fixes, des premières races de nos rois, et la souveraineté croissante et envahissante de la troisième dynastie. A croire ces préjugés, toutes les institutions vivaces qui s'attachaient au sol de la patrie, avant que les rois français fussent arrivés à l'omnipotence, avant même qu'il n'y eût des rois de France, étaient autant d'usurpations insignes; et tout ce que l'autorité monarchique a successivement ôté à ce qui l'entourait et la gênait, n'a été qu'une sorte de retour au droit commun et à l'ordre légitime. Voilà ce que l'esprit des légistes, qui n'est pas encore bien passé parmi nous, avait fait doctrinalement de la vieille France; voilà ce que les historiens ont dit, ce que les masses ont cru et commenté, jusqu'à ce qu'enfin la centralisation complette, cette grande machine gouvernementale, soit venue tout écraser et tout effacer sous son implacable niveau, et faire de nos gouvernemens unitaires comme une vaste plaine sans aspérités, sans ombrages et sans repos.

Tout le monde sait bien à présent que la centralisation peut être la nécessité fatale d'une société grande et vieillie, mais qu'aussi elle est comme un géant social qui dévore tout, et semble s'asseoir au sommet des grands empires pour leur prédire leur décrépitude et leur déclin. Tout le monde sait bien à présent que le royaume de France ne s'est pas fait d'un seul coup, mais province à province, de même que les droits et les institutions n'ont cessé de changer, de se modifier, de

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