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tient qu'à celui qui est lui-même le souverain bien de donner la félicité.

Venez donc, ma chère Sœur en Jésus-Christ, venez vous jeter entre ses bras; venez vous cacher sous ses ailes, venez vous humilier dans sa maison. Recevez-la, Monseigneur, au nombre des vierges sacrées, que votre haute sagesse et votre sollicitude pastorale sait si bien conduire dans la voie étroite. Donnez-lui de ce cœur toujours pacifique et véritablement paternel votre sainte bénédiction, que je vous demande aussi pour moi-même, comme une authentique approbation de la doctrine que j'ai prêchée. Ainsi soit-il.

SERMON

POUR UNE PROFESSION,

PRÊCHÉ

LE JOUR DE L'ÉPIPHANIE.

Noces spirituelles qu'une religieuse célèbre avec Jésus-Christ, au jour de sa profession. Qualités de ce divin Epoux. D'où vient est-il obligé de se faire pauvre, pour acquérir le titre de Roi. La pauvreté, l'unique dot qu'il exige de son Epouse: pourquoi. Combien grand l'amour qu'il a eu pour elle. Moyens qu'elle doit prendre pour conserver une affection si inconcevable. Précieux effets de la virginité : transports que le Sauveur a toujours pour elle. Jalousie miséricordieuse qu'il a témoignée à son Epouse: avec quelle vigilance il observe toutes ses démarches. Soin qu'elle doit avoir de se garantir des effets d'une jalousie si délicate.

Venerunt nuptiæ Agni, et uxor ejus præparavit se.

Les noces de l'Agneau se vont célébrer, et son Epouse s'est préparée. Apoc. xix. 7.

ENFIN, ma Sœur, elle est arrivée cette heure désirée depuis si long-temps, en laquelle vous serez unie avec Jésus-Christ par des noces spirituelles. Certainement il n'étoit pas juste de vous donner d'abord ce divin Epoux, encore que votre cœur languît après lui: il falloit auparavant embellir votre

ame par une pratique plus exacte de la vertu, et éprouver votre foi par une longue suite de saints exercices. Maintenant que vous vous êtes ornée d'une manière digne de lui, et que votre noviciat vous a préparée à ce bienheureux mariage, il n'est pas juste de le retarder, et nous allons en commencer la cérémonie: Venerunt nuptiæ Agni, et uxor ejus præparavit se. En cet état, ma très-chère Sœur, vous parler d'autre chose qué de votre Epoux, ce seroit offenser votre amour; et je n'ai garde de commettre une telle faute. Parlons donc aujourd'hui du divin Jésus; qu'il fasse tout le sujet de cet entretien. Considérons attentivement quel est cet Epoux qu'on vous donne; et pour joindre votre fête particulière avec celle de toute l'Eglise, tâchons de connoître ses qualités par le mystère de cette journée. Vous y apprendrez sa grandeur, vous y découvrirez son amour, et vous y verrez aussi sa jalousie.

Il est grand, n'en doutez pas, puisque c'est un roi. Les Mages le publient hautement : « Où est né, » disent-ils, le roi des Juifs (1) » ? Et c'est pour honorer sa royauté, qu'ils viennent de si loin lui rendre leurs hommages. Ce roi vous aime d'un amour ardent, et il vous montre assez son amour par la bonté qu'il a eue de vous prévenir. Les Mages ne le connoissoient pas, et il leur envoie son étoile pour les attirer. Il vous a été rechercher par la même miséricorde ; et il a fait luire sur vous, ainsi qu'un astre bénin, une inspiration particulière qui vous a retirée du monde, pour vous unir à lui de plus près. Votre Epoux est donc un grand roi, votre Epoux (1) Matth. 11. 2.

vous aime avec tendresse; mais il faut encore vous dire qu'il vous aime avec jalousie.

Il appelle les Mages à lui; mais il ne veut pas qu'ils retournent par la même voie, ni qu'ils aiment ce qu'ils aimoient auparavant. Ainsi, en lui donnant votre cœur, détachez-vous aujourd'hui de toutes choses. S'il vous chérit comme un amant, il vous observe comme un jaloux ; et le soin qu'il a pris d'avertir les Mages du chemin qu'ils devoient tenir, peut vous faire entendre, ma Sœur, qu'il veille bien exactement sur votre conduite. Apprenez de là quel est cet Epoux qui vous donne aujourd'hui la main. Vous voyez sa royauté par les hommages qu'on lui rend; vous voyez son amour par l'ardeur de sa recherche ; vous voyez sa jalousie par le soin qu'il prend de veiller sur vous, et de marquer si exactement toutes vos démarches.

nez,

O épouse de Jésus-Christ, profitez de la connoissance particulière qu'on vous donne de l'Epoux céleste auquel vous engagez votre foi. Il est roi; apprema Sœur, qu'il faut soutenir vigoureusement cette haute dignité de son épouse. Il vous aime; prenez donc grand soin de vous rendre toujours agréable pour conserver son affection. Il est jaloux ; apprenez de là quelle précaution vous devez garder pour lui justifier votre conduite. Voilà trois avis importans que j'ai à vous donner en peu de paroles: mais pour les rendre plus particuliers, et ensuite plus fructueux, il faut en faire l'application à la vie que vous embrassez, et aux trois vœux que vous allez faire. Je vous ai dit qu'il faut prendre soin de soutenir la dignité dont il vous honore, de conserver l'amour

dont

dont il vous prévient, et de n'offenser pas la jalousie par laquelle il vous observe. Qu'il vous sera aisé d'accomplir ces choses par le secours de vos vœux ! C'est un roi; mais c'est un roi pauvre, qui a pour palais une étable, dont le trône est une croix. Pour soutenir la dignité d'épouse, il ne veut que l'amour de la pauvreté : il aime; et ce qu'il aime, ce sont les ames pures; pour conserver son affection, l'agrément qu'il recherche c'est la chasteté. Il est délicat et jaloux, et il veille de près sur vos actions : l'unique précaution qu'il vous demande, c'est la fidélité de l'obéissance. Dieu soit loué, mes Sœurs, de m'avoir inspiré ces pensées, et de m'avoir donné le moyen de joindre, ainsi que je l'ai promis, l'action que vous allez faire avec le mystère que l'Eglise honore.

PREMIER POINT.

Il est bien vrai, mes Sœurs, ce que Dieu nous dit avec tant de force par la bouche de son prophète Isaïe (1), que ses pensées ne sont pas les pensées des hommes, et que ses voies sont infiniment éloignées des nôtres. Le ciel n'est pas plus élevé par-dessus la terre, que les conseils de la sagesse divine le sont par-dessus les opinions et les maximes de notre prudence. Le mystère du Verbe fait chair, où nous voyons un renversement de toutes les maximes du monde, est une preuve invincible de cette vérité. Et sans vous raconter maintenant toutes les particularités de ce grand mystère, ce que j'ai à vous prêcher aujourd'hui suffira pour vous faire voir cet (1) Isai. LV. 8.

BOSSUET. XVII.

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