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des damnés, sera de voir la place qui étoit destinée pour eux, [occupée par d'autres. ] Que ce trône est auguste! que cette couronne est brillante! Elle étoit préparée pour moi, et je l'ai perdue par ce misérable plaisir d'un moment. Chrétien, où est ton courage?

<< Tenez donc, ma Sœur, fortement ce qui a été » mis entre vos mains; de peur que votre couronne » ne soit donnée à un autre » : Tene quod habes ; ut nemo accipiat coronam tuam. La couronne de l'Epoux appartient, en quelque sorte, à l'épouse; ne la perdez pas : songez au mépris que l'on a pour une épouse répudiée. [Travaillez à soutenir cette haute dignité d'épouse de Jésus-Christ, par une vie entièrement dégagée des objets sensibles. Occupezvous sans cesse des moyens de vous rendre de plus en plus digne de ses chastes embrassemens, en évitant soigneusement tout ce qui pourroit blesser son œil jaloux. Vivez ainsi dans une continuelle attente de sa venue soupirez avec ardeur après son retour : n'ayez d'amour, de cœur, d'esprit, de mouvement que pour lui; afin que, toute embrasée du désir de le posséder, vous méritiez, lorsqu'il paroîtra, d'entrer dans la salle des noces pour consommer éternellement ce bienheureux mariage que vous allez contracter avec lui. ]

EXORDE

POUR LE MÊME DISCOURS (*).

Il est écrit, mes Sœurs, dans le livre de la Genèse, que « l'homme quittera son père et sa mère » pour s'attacher à son épouse (1) » ; et saint Augustin nous enseigne (2) qu'on ne peut jamais bien entendre le sens véritable de ce passage, si l'on ne l'applique au Fils de Dieu. En effet, dit ce saint évêque, selon l'usage des choses humaines, il falloit dire que c'étoit l'épouse qui quitte la maison paternelle pour s'attacher à son époux; et il n'y a, ce semble, que Jésus-Christ seul dont l'on puisse parler en un sens contraire. Car il est cet époux céleste, qui a, en quelque sorte, quitté Dieu son Père qui l'engendre dans l'éternité, et sa mère la Synagogue qui l'a engendré dans le temps, pour s'attacher à son Eglise, que son sang et son esprit lui ont ramassée de toutes les nations de la terre. Si je vous disois de moi-même que c'est en cette journée que l'Eglise célèbre ces

(*) Cet Exorde paroît avoir été destiné pour ce Sermon, qui en manque effectivement: mais comme il ne pourroit être mis en tête du discours, sans en déranger l'ordre et la suite, et sans y faire pour cette raison des changemens, nous avons pris le parti de le renvoyer à la fin du Sermon. (Edit. de Déforis.)

(1) Genes. 11. 24. (2) De Genes. cont. Manich. lib. 11, n. 37; tom. 1, col. 680.

noces avec son cher et divin Epoux, vous croiriez peut-être, Messieurs, que c'est une invention que j'aurois trouvée, pour joindre le mystère de cette fête avec la cérémonie que nous allons faire, que tous les saints Pères appellent des noces. Mais il n'en est pas de la sorte; c'est l'Eglise elle-même qui chante dans l'office de cette journée : Hodie cœlesti Sponso juncta est Ecclesia: «< Aujourd'hui l'Eglise a été >> unie avec son Epoux »; elle célèbre en ce mystère le jour de son mariage. Tellement, ma très-chère Sœur, que vos noces spirituelles avec Jésus-Christ se rencontrant si heureusement avec celles de la sainte Eglise dans une même solennité, il ne me sera pas malaisé d'accommoder le sujet que vous me donnez de parler, avec celui de la fête que nous célébrons aujourd'hui ; et j'espère traiter l'un et l'autre, pourvu qu'il plaise à l'Epoux céleste, dont je dois raconter les louanges, de m'accorder le secours de son Esprit par l'intercession de sa sainte Mère. Ave.

SERMON

POUR UNE PROFESSION,

PRÊCHÉ

LE JOUR DE L'EXALTATION DE LA S. CROIX.

Combien il en a coûté à Jésus-Christ pour le contrat de son mariage avec l'Eglise. Trois qualités de cet Époux des vierges chrétiennes. Dans quel dessein a-t-il acquis les hommes. Pourquoi ne devons-nous rechercher dans ce nouveau Roi aucune marque extérieure de grandeur royale. Conditions qu'il exige de celles qu'il prend pour ses épouses. Prérogative des vierges chrétiennes : pureté qui leur est nécessaire. Extrême jalousie de leur Epoux : comment elles doivent se conduire pour ne pas offenser ses regards.

Venerunt nuptiæ Agni, et uxor ejus præparavit se.

Les noces de l'Agneau sont venues, et son Epouse s'est préparée. Apoc. xix. 7.

LE

E mystère de notre salut nous est proposé dans les saintes Lettres sous des figures diverses, dont la plus fréquente, mes Sœurs, c'est de nous représenter cet ouvrage comme l'effet de plusieurs actes publics, passés authentiquement par le Fils de Dieu en faveur de notre nature. Nous y voyons premièrement l'acte d'amnistie et d'abolition générale, par lequel il nous remet nos péchés: ensuite nous y lisons le

traité de paix, par lequel il pacifie le ciel et la terre, et le rachat qu'il a fait de nous pour nous retirer des mains de Satan. Nous y lisons aussi en plus d'un endroit le testament mystique et spirituel, par lequel nous donne la vie éternelle, et nous fait ses cohéritiers dans le royaume de Dieu son Père. Enfin il y a le sacré contrat par lequel il épouse sa sainte Eglise, et la fait entrer avec lui dans une bienheureuse communauté. De ces actes, et de quelques autres qu'il seroit trop long de vous rapporter, découlent toutes les grâces de la nouvelle alliance; et ce que j'y trouve de plus remarquable, c'est que notre aimable et divin Sauveur les a tous ratifiés par son sang. Dans la rémission de nos crimes, il est notre propitiateur par son sang; « Dieu l'ayant pro» posé pour être la victime de réconciliation par la » foi que les hommes auroient en son sang »; Própitiationem per fidem in sanguine ipsius (1). S'il a pacifié le ciel et la terre, c'est par le sang de sa croix; Pacificans per sanguinem crucis ejus (2). S'il nous a rachetés des mains de Satan, comme un bien aliéné de son domaine, les vieillards lui chantent dans l'Apocalypse que son sang a fait cet ouvrage : « Vous nous avez rachetés par votre sang », luì disent-ils: Redemisti nos in sanguine tuo (5): et pour ce qui regarde son testament, c'est lui-même qui a prononcé dans sa sainte cène : « Buvez; ceci est mon sang, le sang du nouveau Testament, versé pour » la rémission des péchés (4) ».

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Ne croyez pas, ames chrétiennes, que le contrat (1) Rom. 111. 25. (2) Col. 1. 20. (3) Apoc. v. 9. (4) Matth.

XXVI. 28.

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