Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Mais, Madame (*), que dirai - je maintenant de vous? et que trouverai-je dans cet univers qui égale Votre Majesté? Que peut-on s'imaginer de plus grand que d'être l'épouse chérie du premier monarque du monde, qui s'est arrêté pour l'amour de vous au milieu de ses victoires, et qui, vous ayant préférée à tant de conquêtes infaillibles, ne laisse pas de confesser, qu'encore ne vous a-t-il pas assez achetée?

Parmi tant de gloire, Mesdames, ce que j'appréhende pour Vos Majestés, c'est que vous n'ayez point assez de part à l'humiliation de Jésus-Christ. C'est ce qui vous doit obliger de vous retirer souvent avec Dieu, de vous dépouiller à ses pieds de toute cette magnificence royale, qui aussi bien ne paroît rien à ses yeux, et là de vous couvrir humblement la face de la sainte confusion de la pénitence. C'est trop flatter les grands, que de leur persuader qu'ils sont impeccables au contraire, il faut qu'ils entendent que leur condition relevée leur apporte ce mal nécessaire, que leurs fautes ne peuvent être presque médiocres. Dans la vue de tant de périls, Vos Majestés, Mesdames, doivent s'humilier profondément. Tous les peuples vous admireront, tous les peuples loueront vos vertus dans toute l'étendue de leurs cœurs. Vous seules vous vous accuserez, vous seules vous vous confondrez devant Dieu; et vous participerez, par ce moyen, aux opprobres de Jésus-Christ, pour participer à sa gloire que je vous souhaite éternelle. Amen.

(*) A la Reine régnante.

SERMON

POUR UNE VÊTURE,

PRÊCHÉ

AUX NOUVELLES CATHOLIQUES.

De quelle manière l'homme peut se revêtir de Jésus-Christ. Combien étonnant l'anéantissement du Verbe: précieux avantages que nous en recueillons. D'où vient les hommes ont-ils tant de peine à modérer leurs désirs. Résistance qu'ils opposent aux leçons que Jésus-Christ leur a données, pour les réformer: son exemple infiniment propre à confondre leur liberté licencieuse. Caractères de la vraie liberté. Comment la voie étroite est-elle une voie large. Utilité des contraintes de la vie religieuse. Epreuve nécessaire, pour ne pas s'y engager témérairement. Vertus dont doit être ornée une véritable religieuse.

Induimini Dominum Jesum Christum.

Revétez-vous de notre Seigneur Jésus-Christ. Rom. XIII. 14.

Νε

E vous persuadez pas, ma très- chère Sœur, que la cérémonie de ce jour ne soit qu'un simple changement d'habit. Une telle cérémonie ne mériteroit pas d'être sanctifiée par la parole de Dieu, et l'Eglise notre sainte mère ne voudroit pas employer ses ministres à une chose de si peu d'importance. Mais comme vous quittez un habit, que le siècle tâche de rendre honorable par le luxe et par les va

nités, afin d'en prendre un autre, qui tire tout son ornement de la modestie et de la pudeur : ainsi devezvous penser qu'il faut « vous dépouiller aujourd'hui » du vieil homme et de ses convoitises, afin de vous >> revêtir du nouveau, qui est notre Seigneur Jésus» Christ, créé selon la volonté de Dieu », comme dit l'apôtre aux Ephésiens: Induite novum hominem, qui secundùm Deum creatus est (1). C'est à quoi vous exhorte saint Paul, dans le texte que j'ai allégué; et encore que cette parole s'adresse généralement à tous les fidèles, il me semble que c'est à vous qu'il parle en particulier, et qu'il vous dit, avec sa charité ordinaire : « Revêtez-vous, ma Soeur, de notre Seigneur Jésus-Christ » Induimini Dominum nostrum Jesum Christum. C'est ici la bienheureuse journée, en laquelle le Fils de Dieu se fit homme, afin de nous faire des dieux. Réjouissez-vous donc en notre Seigneur, et revêtez-vous de celui qui a daigné aujourd'hui se revêtir de notre nature.

[ocr errors]

>> :

Peut-être vous me demanderez de quelle sorte cela se peut faire, et comment l'homme se peut revêtir de notre Seigneur Jésus-Christ? C'est ce que je tâcherai de vous exposer, avec l'assistance divine, par une méthode facile et familière. Mais ne pensez pas, ma très-chère Sœur, que j'ose me promettre,, de ma propre suffisance, l'explication d'un si haut mystère. Je ne suis ni assez téméraire pour l'entreprendre, ni assez intelligent pour l'exécuter. A Dieu ne plaise que, dans cette chaire, je vous propose une autre doctrine que celle de l'Evangile. J'irai sous la conduite du grand apôtre saint Paul, qui sera (1) Ephes. IV. 24.

notre prédicateur. Voici de quelle sorte ce saint personnage parle, dans son épître aux Philippiens: « Ayez, dit-il, mes Frères, ayez cette même affec» tion en vous-mêmes, qui a été en notre Seigneur » Jésus-Christ » Hoc sentite in vobis, quod et in Christo Jesu (1): c'est-à-dire, prenez les sentimens du Sauveur; soyez tous envers lui, comme il a été envers vous; que ce qu'il a fait pour votre salut soit le modèle et la règle de ce que vous devez faire pour son service: ainsi vous serez revêtus du Sauveur, quand vous serez imitateurs de sa charité. Considérons donc quels ont été les sentimens du Fils de Dieu dans le mystère de l'incarnation; et après imprimons les mêmes pensées en nous-mêmes, et nous serons revêtus de notre Seigneur Jésus-Christ, selon le commandement de l'apôtre. C'est le précis de cet entretien; Dieu le fasse fructifier, par sa grâce, à l'édification de nos ames.

PREMIER POINT.

Qui dit Dieu, dit un océan infini de toutee-perfection: tous ses attributs divins sont sans bornes et sans limites. Son immensité passe tous les lieux, son éternité domine sur tous les temps: les siècles ne sont rien devant lui; ils sont comme le jour d'hier qui est passé, et ne peut plus revenir: Tanquam dies hesterna quæ præteriit, chantoit le prophète David (2). Si vous demandez ce qu'il est, il est impossible qu'on vous réponde. Il est, personne n'en peut douter, et c'est aussi tout ce qu'on en peut dire : << Je suis celui qui est, c'est celui qui est qui te parle », (1) Philip. 11. 5. (2) Ps. LXXXIX. 4.

disoit-il autrefois à Moïse (1). Je suis; n'en demande pas davantage : c'est parce qu'il est impossible de définir ni de limiter ce qu'il est. Il n'est rien de ce que vous voyez; parce qu'il est le Dieu et le créateur de tout ce que vous voyez : il est tout ce que vous voyez ; parce qu'il enferme tout dans son essence infinie. Elle est une et indivisible; mais il n'y a aucune multitude qui puisse jamais égaler cette unité admirable. Auprès de cette unité toutes les créatures disparoissent, et s'évanouissent dans le néant. Ce que je viens de vous dire, fidèles, et ce qu'il est impossible que je vous explique, c'est le Dieu que nous adorons, loué et glorifié aux siècles des siècles. Voilà ce qu'est le Fils de Dieu par nature; voyons, je vous prie, ce qu'il est devenu par miséricorde et par grâce.

Certes, je vous l'avoue, chrétiens, quand j'entends cette trompette, ou plutôt ce tonnerre de l'Evangile, ainsi que l'appellent les Pères: In principio erat Verbum (2) : « Au commencement étoit » le Verbe, et le Verbe étoit en Dieu, et le Verbe » étoit Dieu. C'est lui qui étoit en Dieu au commen>> cement; toutes choses ont été faites par lui; en >> lui étoit la vie » : quand j'entends, dis-je, ces choses, mon ame demeure étonnée d'une telle magnificence. Mais lorsque, passant plus loin dans la lecture de cet Evangile, je vois que ce Verbe a été fait chair: Et Verbum caro factum est (3), je ne suis pas moins surpris d'un si grand anéantissement. O Dieu, dis-je incontinent en moi-même, qui l'eût jamais pu croire, qu'un commencement si majestueux (1) Exod. 111. 14. (2) Joan. 1. 1. — (3) Ibid. 14.

« ZurückWeiter »