Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

» ce dernier jour où j'achève tous mes ouvrages, où » je déploie ma miséricorde et ma justice; en ce jour, dit-il, les gens de bien seront ma possession » particulière; je les traiterai comme un bon père >> traite un fils obéissant. Alors vous vous retourne» rez, ô impies, vous verrez de loin leur félicité, » dont vous serez exclus pour jamais; et vous verrez » alors quelle différence il y a entre le juste et l'im>> pie, entre celui qui sert Dieu et celui qui méprise » ses lois ». C'est ainsi que Dieu répond aux objections des impies. Vous n'avez pas voulu croire que ceux qui me servent puissent être heureux : vous n'en avez cru ni ma parole, ni l'expérience des autres; votre expérience vous en convaincra; vous les verrez heureux, et vous vous verrez misérables: Hæc dicit Dominus faciens hæc : « C'est ce que dit >> le Seigneur ; il l'en faut croire : car lui-même qui » le dit, c'est lui qui le fait » ; et c'est ainsi qu'il fait taire les superbes et les incrédules.

Serez-vous assez heureux pour profiter de cet avis, et pour prévenir sa colère? Allez, Messieurs, et pensez-y: ne songez point au prédicateur qui vous a parlé, ni s'il a bien dit, ni s'il a mal dit : qu'importe qu'ait dit un homme mortel? Il y a un prédicateur invisible qui prêche dans le fond des cœurs; c'est celuilà que les prédicateurs et les auditeurs doivent écouter. C'est lui qui parle intérieurement à celui qui parle au dehors, et c'est lui que doivent entendre au dedans du cœur tous ceux qui prêtent l'oreille aux discours sacrés. Le prédicateur, qui parle au dehors, ne fait qu'un seul sermon pour tout un grand peuple: mais le prédicateur du dedans, je veux dire le Saint

Esprit, fait autant de prédications différentes qu'il y a de personnes dans un auditoire; car il parle à chacun en particulier, et lui applique selon ses besoins la parole de la vie éternelle. Ecoutez-le donc, chrétiens; laissez-lui remuer au fond de vos cœurs ce secret principe de l'amour de Dieu.

Esprit saint, Esprit pacifique, je vous ai préparé les voies en prêchant votre parole. Ma voix a été semblable peut-être à ce bruit impétueux qui a prévenu votre descente: descendez maintenant, ô feu invisible; et que ces discours enflammés, que vous ferez au dedans des cœurs, les remplissent d'une ardeur céleste. Faites-leur goûter la vie éternelle, qui consiste à connoître et à aimer Dieu : donnez-leur un essai de la vision, dans la foi; un avant-goût de la possession, dans l'espérance; une goutte de ce torrent de délices qui enivre les bienheureux, dans les transports célestes de l'amour divin.

Et vous, ma Sœur, qui avez commencé à goûter ces chastes délices, descendez, allez à l'autel; victime de la pénitence, allez achever votre sacrifice: le feu est allumé, l'encens est prêt, le glaive est tiré : le glaive, c'est la parole qui sépare l'ame d'avec elle-même pour l'attacher uniquement à son Dieu. Le sacré pontife vous attend (*) avec ce voile mystérieux que vous demandez. Enveloppez-vous dans ce voile : vivez cachée à vous-même, aussi bien qu'à tout le monde; et connue de Dieu, échappez-vous à vous-même, sortez de vous-même, et prenez un si noble essor, que vous ne trouviez de repos que dans l'essence du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. (*) M. l'archevêque de Paris.

ORAISONS

ORAISONS FUNÈBRES.

19

BOSSUET. XVII.

AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

LES Notices que nous avons cru devoir placer à la tête des ORAISONS FUNÈBRES ont déjà été imprimées plusieurs fois. Nous les avons un peu retouchées. Elles ne sont guère que des extraits des longues Notices, jointes par l'abbé Lequeux à l'édition des ORAISONS FUNÈBRES, qu'il publia en 1762. Le texte de Bossuet fut revu avec assez de soin, pour cette édition. Nous avons suivi exactement les corrections indiquées par Lequeux; et nous en avons fait plusieurs autres, qu'une lecture attentive des premières éditions nous a fournies. Les quatre dernières Oraisons funèbres sont fort inférieures aux six premières : Bossuet ne les avoit pas fait imprimer. On y trouve néanmoins des traits dignes de son génie.

ORAISON FUNÈBRE

DE

HENRIETTE-MARIE DE FRANCE,

REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE,

Prononcée le 16 novembre 1669, en présence de MONSIEUR, frère unique du Roi, et de MADAME, en l'Eglise des Religieuses de Sainte-Marie de Chaillot, où repose le cœur de Sa Majesté.

« ZurückWeiter »