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et par la lecture du livre de l'Imitation de Jésus, où elle apprenoit à se conformer au véritable modèle des chrétiens. Elle veilloit sans relâche sur sa conscience. Après tant de maux et tant de traverses, elle ne connut plus d'autres ennemis que ses péchés. Aucun ne lui sembla léger : elle en faisoit un rigoureux examen; et soigneuse de les expier par la pénitence et par les aumônes, elle étoit si bien préparée, que la mort n'a pu la surprendre, encore qu'elle soit venue sous l'apparence du sommeil. Elle est morte, cette grande Reine; et par sa mort elle a laissé un regret éternel, non-seulement à MONSIEUR et à MADAME, qui, fidèles à tous leurs devoirs, ont eu pour elle des respects si soumis, si sincères, si persévérans, mais encore à tous ceux qui ont eu l'honneur de la servir ou de la connoître. Ne plaignons plus ses disgrâces, qui font maintenant sa félicité. Si elle avoit été plus fortunée, son histoire seroit plus pompeuse, mais ses œuvres seroient moins pleines; et avec des titres superbes, elle auroit peut-être parų vide devant Dieu. Maintenant qu'elle a préféré la croix au trône, et qu'elle a mis ses malheurs au nombre des plus grandes grâces, elle recevra les consolations qui sont promises à ceux qui pleurent. Puisse donc ce Dieu de miséricorde accepter ses afflictions en sacrifice agréable! Puisse-t-il la placer au sein d'Abraham; et content de ses maux, épargner désormais à sa famille et au monde de si terribles leçons!

ORAISON FUNÈBRE

DE

HENRIETTE-ANNE D'ANGLETERRE,

DUCHESSE D'ORLÉANS,

Prononcée à Saint-Denis, le 21. jour d'août 1670.

NOTICE

SUR HENRIETTE-ANNE D'ANGLETERRE,

DUCHESSE D'ORLÉANS.

HENRIETTE-ANne d'Angleterre, étoit la dernière des enfans du roi Charles Ier, et de Henriette-Marie de France, son épouse, dont. Bossuet a peint les malheurs d'une manière si énergique. Elle naquit dans le temps où le Roi et la Reine, proscrits par leurs sujets révoltés, étoient obligés de fuir. La Reine avoit même été forcée de se séparer du Roi, et de se retirer à Exeter, en 1644, pour y faire ses couches. Elle eut à peine le temps de se rétablir, échappa aux révoltés, et se retira en France, sans pouvoir emmener sa fille, qui demeura prisonnière à Exeter. Au bout de deux ans, la gouvernante, aux soins de laquelle sa mère l'avoit confiée, eut l'adresse de soustraire la jeune princesse à ses gardiens, et de la faire embarquer pour la France, où, remise entre les mains de la Reine sa mère, elle fut élevée sous ses yeux, et avec toutes sortes de soins.

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Elle avoit à peine atteint sa quatorzième année, qu'on songea à disposer d'elle. La Reine, mère de Louis XIV, parut souhaiter que le Roi son fils l'épousât. Mais Louis XIV la trouvant trop jeune, ou par d'autres motifs encore, n'avoit pas de goût pour ce mariage. La Reine mère la choisit donc pour Monsieur (Philippe, duc d'Orléans ) son second fils, et vint la demander elle-même à la Reine d'Angleterre qui l'accorda facilement. Le mariage ne fut retardé qué par le voyage que fit la jeune princesse

avec la Reine sa mère en Angleterre, où, par l'effet d'une révolution nouvelle, Charles II étoit rétabli sur le trônede ses ancêtres. Il eut lieu à son retour en 1661.

La jeune duchesse, ornée de tous les dons de la nature, et possédant avec beaucoup d'esprit mille heureuses qualités, fit, pendant l'espace trop abrégé de sa vie, les délices d'une Cour aimable. Elle se livra aux plaisirs, et oublia quelquefois cette prudence et cette retenue dont son sexe et son rang lui faisoient également un devoir. La Reine sa belle-mère et la Reine sa mère, lui firent souvent à ce sujet des représentations qui ne furent pas toujours inutiles, mais dont l'effet étoit de courte durée.

L'année 1670 fut glorieuse pour elle. Louis XIV, qui avoit remarqué la supériorité de son esprit, et les qualités qui la distinguoient, lui témoignoit une grande confiance. Il la chargea d'une négociation fort délicate auprès du roi Charles II son frère, que Louis XIV, résolu de déclarer la guerre aux Hollandais, vouloit détacher de la triple alliance. Le projet s'exécuta comme il avoit été conçu, et le voyage de MADAME réussit complètement. Lorsqu'elle revint en France, elle avoit entre les mains un traité d'où dépendoit le sort d'une partie de l'Europe, et jouissoit d'une considération qui lui promettoit la plus brillante carrière pour l'avenir. Une mort cruelle et douloureuse vint à l'instant détruire toutes ces illusions.

Dès l'année précédente, la mort de sa mère, la belle Oraison funèbre que Bossuet prononça à cette occasion, et les entretiens de ce célèbre prélat, avoient déjà fait sur elle de vives et salutaires impressions, qui se renouvelèrent sur la fin de sa vie.

Huit jours après son retour en France, une indisposition subite la surprit à Saint-Cloud, où elle s'étoit retirée pour s'y reposer quelque temps de ses fatigues; et le mal fit aussitôt des progrès si effrayans, qu'elle s'aperçut bientôt que son heure dernière approchoit. L'ecclésiastique

336 NOTICE SUR HENRIETTE D'Angleterre.

qui fut appelé auprès d'elle, a laissé un long récit des douleurs qu'elle souffrit, de la résignation avec laquelle elle les supportą jusqu'au dernier moment, et surtout des sentimens de repentir sincère qu'elle montra, et qui furent un grand sujet d'édification. Bossuet, alors évêque de Condom, appelé en toute diligence, arriva assez à temps pour en être aussi témoin, et recevoir ses derniers soupirs le 30 juin, 1670.

Voyez l'Histoire de Bossuet, tom. 1.er, liv. 11, n. ii.

ORAISON

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