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frais de rétrocession de ces précieuses épaves. C'est là aussi qu'elles seraient le plus profitables aux savants et aux curieux. Toutefois plusieurs bibliothèques des départements ont des droits incontestables à la restitution des livres précieux qui leur ont été dérobés, ou tout au moins à des échanges. Aucune résolution définitive n'a encore été prise à ce sujet; mais, dant tous les cas, on ne saurait trop remercier M. Léopold Delisle de l'immense service qu'il vient de rendre aux savants, aux artistes et aux curieux. Il est, du reste, coutumier du fait.

MONTAIGNE

NAIN DE LA Reine d'espagnE, A LA COUR DES DERNIERS VALOIS

Dans la livraison de janvier-février 1886, du Bulletin du Bibliophile, nous publiions une lettre très curieuse adressée au roi Henri III par un personnage du nom de Montaigne, et découverte par nous dans le vol. 6629 du fonds français à la Bibliothèque Nationale, volume faisant partie d'un recueil de Lettres originales à Henri III (nos 6628-31).

En présence du style de la lettre, de cette verve gauloise, de cette familiarité de bon aloi, enfin de cette saillie vive d'imagination, qui, chacun le sait, constituent tout l'auteur des Essais, nous avions cru pouvoir sans hésitation, bien qu'en présence d'une écriture étrangère, attribuer notre document au grand écrivain ; aussi disionsnous en note, avec la prudence plus que jamais nécessaire en pareil cas : « On nous a fait apercevoir... que notre lettre

« mais d'un parent ou d'un homonyme. Le style de la <«<lettre et le ton, sur lequel l'auteur parle au roi de <«< France, nous donnent la conviction qu'elle est bien du « grand Montaigne. >>

Dans l'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux du 25 juillet 1886, notre savant ami le vieux Chercheur avait fait un appel dans une question qui se terminait ainsi (XIX, 420-421): «..... Je viens demander à nos confrères. ce qu'ils pensent de l'attribution à l'immortel philo« sophe..... Sursum! Messieurs les Montaignophiles ! Ces questions valent la peine d'être discutées à fond. On << attend de vous de complets éclaircissements, après lesquels aucun de nous ne puisse encore dire que « sais-je ? »

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Depuis notre publication et depuis cet appel il ne s'était trouvé personne pour nous combattre péremptoirement victorieusement, en nous disant preuves en mains : «< Votre «<lettre n'est pas de l'auteur des Essais; elle est de tel « autre Montaigne que nous vous désignons catégorique<«<ment. » Seul, un article avait paru dans un journal de province, le Courrier de la Gironde, article qui ne prouvait rien du tout et qui, par sa dernière et malheureuse phrase, ne méritait aucune réponse.

Bien plus, un article favorable, quoique signalant les doutes de la Gascogne, avait paru dans le Polybiblion de septembre 1886, et partageait nos conclusions.

Enfin un argument nous avait été fourni qui nous semblait péremptoire, décisif, c'est celui de la petite taille. Montaigne parle souvent dans les Essais, notamment livre II, chap. xvII, de sa petite taille, et, quoique dans ce chapitre, il dise seulement : « Je suis d'une taille un « peu au-dessous de la moyenne », déjà, au chap. v du même livre, il nous avait raconté comment «< il lui advint (( qu'un de ses serviteurs, grand et fort, monté sur un (( puissant roussin, vint fondre comme un colosse sur le « petit homme et petit cheval », ce qui donnerait à en

tendre qu'il était de toute petite taille, induction confirmée par les expressions de petit homme qu'il se prodigue à tout instant (v. l'Etude de M. BIGORIE DE LASCHAMPS, Michel de Montaigne, sa vie, ses œuvres et son temps, deuxième édition, Paris, Didot, 1860, p. 17).

En présence de ces preuves d'authenticité semblant, on nous permettra bien de le dire, avec toute vraisemblance, irrécusables, seuls l'avis défavorable de M. Guillaume Guizot, dont tout le monde attend avec impatience l'édition de Montaigne dans les grands Ecrivains de la France, et les conseils expérimentés de M. Tamizey de Larroque avaient ébranlé notre conviction, déjà tenue un peu en échec, il faut bien l'avouer, par l'absence d'autographe.

Les choses en étaient là, lorsque, au commencement de janvier dernier, ouvrant le volume de la Collection des Documents inédits, publié en 1841 par M. Louis Paris, Négociations sous François II (papiers du porte-feuille de L'Aubespine, évêque de Limoges), et jetant les yeux tout d'abord sur la table suivant notre habitude, nous nous sommes arrêté étonné à la vue de MONTAIGNE, nain de la reine catholique. Nous reportant alors à la page, nous avons vu mentionné et maintenu (1560), parmi les valets de chambre de la reine d'Espagne, le nain Montaigne.

Enfin, poursuivant nos recherches, et consultant le dictionnaire de JAL, ce livre qui contient tant de bonnes choses, à l'article: NAINS EN TITRE D'OFFICE, nous avons lu ceci : « En 1563, Charles IX se donna le plaisir d'un << tournoi. Son nain y figura avec Montagne, nain de la << reine d'Espagne (KK. 120) »; pas d'autre mention. Aujourd'hui, par notre nouvelle trouvaille, la question semblerait claire, et l'insistance sur la petite taille s'explique. En tout cas, nous sommes heureux d'apporter nousmême la solution de notre question.

Avant la découverte de cette coïncidence singulière, si le nain Montaigne existait encore en 1583, date de notre

toutes militaient en notre faveur, nous avions pu légiti mement, croyons-nous, attribuer la lettre d'un nain à un petit homme qui cependant venait d'atteindre la taille d'un géant les Essais avaient paru en 1580.

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EMILE DU BOYS.

CATALOGUE DE LA BIBLIOTHÈQUE
DE PALERME

Catalogo ragionato, etc. (Catalogue raisonné des incunables, éditions aldines et autres livres rares qui se trouvent à la Bibliothèque nationale de Palerme), par M. Ant. Pennino, conservateur-adjoint de cette bibliothèque, t. III, Palermo, Lao, 1886, gr. in-8 de 455 pages.

Nous avons rendu compte, dans le numéro de décembre 1875 du Bulletin du Bibliophile, du premier volume de cet intéressant catalogue, comme veut bien le rappeler M. Pennino, dans des termes beaucoup trop flatteurs pour que nous osions les reproduire. Ce premier volume était précédé d'une dissertation historique très curieuse sur les commencements de l'imprimerie en Sicile, par le bibliothécaire en chef, M. Evola, sous la direction duquel a été rédigé le présent catalogue. Le tome second, publié en 1880, s'arrêtait au n° 1433. Le troisième finit au no 1958. Il comprend les acquisitions récemment faites par la bibliothèque de Palerme, d'incunables, d'éditions des Aldes et autres raretés, avec l'indication des prix; - un certain nombre d'additions et de corrections pour les deux premiers volumes; enfin un Index chronologique

dix années de recherches et de travaux souvent pénibles. Je ne les regrette pas, si mon œuvre peut contribuer au progrès des études bibliographiques et littéraires, et attirer l'attention des curieux sur une bibliothèque dont l'existence a été longtemps presque inconnue, même en Italie. » Quelques citations, empruntées à ce dernier volume, suffiront pour montrer que le savant bibliothécaire sicilien n'a pas trop présumé du mérite de son travail.

No 1469. Arnobii Disputationvm... Romæ, 1542, in-fol. Superbe exemplaire de l'édition princeps d'Arnobe, dédiée à François Ier.

No 1470. Arte para bien confessar (par un dévot religieux de l'Ordre de S. Jérôme, revu et corrigé). In-8 de 127 ff., imprimé à Séville par Juan Croberger, 1535. Edition inconnue jusqu'ici à tous les bibliographes de cette rarissime plaquette espagnole. Graesse, seul, en cite une édition de 1536, publiée à Burgos, sans nom d'imprimeur. Pourtant celle de Séville n'est pas encore la première, puisque le titre porte de nuevo corregida. Cet opuscule est dédié à Alphonse d'Aragon, archevêque de Saragosse, fils du roi Ferdinand le Catholique.

les

No 1476. Recueil d'opuscules de saint Augustin et de saint Bernard, in-4, s. l. n. d., en deux parties avec pagination distincte, de 120 et 186 ff. Incunable rarissime, décrit en détail pour la première fois par M. Pennino, qui rectifie plusieurs erreurs commises à son sujet, par précédents bibliographes. Brunet n'a connu et cité que la première partie, contenant les opuscules de saint Augustin, vendue séparément 37 fr. à la vente Costabili. Graesse indique bien l'ouvrage entier, mais le prétend imprimé à Cologne, par Ulrich Zell, vers 1475. Cette opinion n'est pas soutenable en présence de l'épître dédicatoire de l'éditeur, Masellus (Tomasello) de Bénévent, à un abbé nommé Jérôme Poggio, qui n'a rien de commun avec le célèbre Pogge, le grand dénicheur de manuscrits, mort dès 1459.

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