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dehors de la spécialité du Bulletin, c'est pour nous un plaisir et un devoir de signaler la patience et la sagacité d'investigation et d'observation qu'apporte dans toutes ses études notre jeune et savant collaborateur. Dans sa thèse latine de doctorat, l'Histoire de la propriété prétorienne, il n'avait pas craint de s'attaquer à l'un des sujets les plus ardus de l'ancien droit romain. Aux difficultés qui résultent de la rareté, de la difficulté des textes, parfois de leurs contradictions apparentes, les commentateurs en ont ajouté d'autres par leurs controverses, leurs hypothèses téméraires, leurs inductions inadmissibles. Les juristes allemands surtout sont passés maîtres dans cet art d'embrouiller les choses les plus claires, de transformer un jour douteux en nuit complète. Ce qui a donné le plus de peine à M. d'Arc, ç'a été de déblayer le terrain d'étude des broussailles épineuses, accumulées à plaisir par l'érudition germanique. Nous avons suivi avec intérêt ces escarmouches; la guerre avec l'Allemagne, sous toutes les formes, n'a rien qui puisse nous déplaire. L'auteur de cette Etude nous paraît avoir bien démêlé, et exposé aussi clairement que le sujet le comporte, ce qu'on peut savoir de positif, et conjecturer de plus vraisemblable, sur les moyens par lesquels le préteur chercha, relativement à la propriété, à réaliser l'application du droit naturel, du droit des gens, de l'équité, nonobstant l'inflexible summum jus Quiritum toujours nominalement respecté, mais dont l'application rigoureuse était devenue impossible, même avant l'époque des guerres puniques. Summum jus, summa injuria!

Quant au travail, bien plus développé et plus intéressant pour nous, sur le franc aleu, c'est la première monographie complète qui ait paru sur un sujet des plus intéressants au point de vue de la philosophie comme de l'histoire. M. d'Arc a suivi, à travers les vicissitudes de nos annales, cette forme de propriété « des plus sympathiques, puisqu'il s'agit de la propriété libre, franche, indépendante, du mode de tenure de l'ancien régime qui correspond le mieux à la propriété foncière telle que nous l'entendons aujourd'hui. On s'intéresse surtout à ces petits propriétaires libres, comme il en était resté surtout dans le midi; inoffensifs ou ne prenant les armes que pour défendre leur indépendance, et dont les domaines formaient de véritables enclaves au milieu des vastes territoires soumis aux prestations, à la hiérarchie féodale; - de

avaient su s'en tenir à cette fière et honnête médiocrité, et c'est avec raison que M. Taine fait figurer parmi les fondateurs de la féodalité, non seulement les comtes et bénéficiers du Roi, mais les « hardis propriétaires de quelques-unes des dernières terres franches. >>

Le livre de M. d'Arc, plein de faits curieux et habilement groupés, a obtenu une médaille d'or du ministère de l'Instruction publique.

CARNET D'UN BIBLIOPHILE

(Suite.)

(Livres et éditions rares; bibliophiles et bibliothèques célèbres, etc.)

Plavilstchikoff, libraire-imprimeur, fut pendant plusieurs années directeur de l'imprimerie impériale russe. Il a fondé en septembre 1815, à Pétersbourg, le premier cabinet de lecture qui ait existé en Russie. Cet établissement a commencé avec 1,200 volumes; il en comptait déjà 10,000 à la mort de son fondateur (1823).

Gaëtan Poggiali, célèbre bibliophile italien, né à Livourne en 1753, consacra aux lettres sa vie et sa fortune. Il parvint à réunir la plus nombreuse et la plus belle collection d'ouvrages italiens qu'aucun particulier ait possédée. Elle renfermait 12,000 volumes d'un choix et d'une conservation admirables, et un recueil d'estampes non moins précieux. Il concourut à la belle édition des Classiques italiens, et fournit d'excellentes préfaces pour le Dante, le Tasse, l'Arioste et Boccace. Il est mort en 1814, laissant, entre autres manuscrits, le Catalogue raisonné de ses livres et de

Léon Fallue, membre de la Société des antiquaires de Normandie, mort à 73 ans en 1868, était natif de Caen comme Pluquet. Le commencement de sa vie offre un contraste bizarre avec la suite. Engagé volontaire au sortir du collège, en 1813, il servit, pendant les deux dernières années de l'Empire, à l'armée du Nord, sous les ordres du maréchal Maison. Il s'y distingua en diverses rencontres par son sang-froid et son courage, à tel point qu'avant dix-huit ans il était déjà lieutenant et décoré. Il entra dans la maison du Roi en 1814, se tint à l'écart pendant les Cent-Jours, reprit son service comme garde du corps au retour de Louis XVIII, mais rentra bientôt après dans les rangs de l'armée, qu'il quitta tout à coup en 1817 pour se marier et entrer dans l'administration des douanes. Il fut employé constamment jusqu'à sa retraite sur le littoral de la Normandie, et s'y livra, avec une véritable passion, à des travaux d'archéologie et d'histoire. Il a laissé plusieurs grands ouvrages, et un grand nombre de dissertations et de Mémoires insérés dans divers recueils, et tirés à part à un petit nombre d'exemplaires, dont quelques-uns ne manquent pas d'intérêt. On y trouve de l'érudition, des conjectures parfois heureuses, souvent hasardées. Ses grands ouvrages sont : l'Histoire de Fécamp (in-8, 1841), ville où ses devoirs professionnels l'avaient retenu quatre l'Histoire politique et religieuse de l'église métropolitaine et du diocèse de Rouen (1850-51), 4 vol. in-8, travail qui lui prit dix ans de sa vie, et obtint une mention très honorable à l'Académie des inscriptions; une Analyse raisonnée des commentaires de Jules César (1862, in-8), ouvrage auquel il faut joindre ses Etudes archéologiques sur l'histoire de Jules César de Napoléon III (1867, in-12); Annales de la Gaule pendant la domination romaine (1864, in-8). Vers la fin de sa vie, il publia trois ouvrages moins étendus, d'un genre absolument différent, une Etude assez superficielle sur Madame d'Epinay (1866);

ans;

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dre de Campion, qui se rapportent à l'époque de Richelieu et de Mazarin (deux volumes devenus fort rares, n'ayant été réimprimés dans aucune collection moderne); enfin une sorte d'autobiographie : Un peu de tout et mes souvenirs pouvant servir à l'histoire (in-12, 1867), où l'on trouve quelques anecdotes curieuses. Parmi ses publications de moindre étendue, la plus intéressante et la mieux écrite est l'Histoire de Radepont et de l'abbaye de Fontaine Guérard, qui a obtenu aussi une mention honorable; mais nous savons pertinemment qu'il n'a fait autre chose que d'y mettre sa signature. (Elle est de M. Levavasseur, propriétaire de Radepont et l'un des grands industriels de la Normandie, qui aurait pu être aussi un écrivain distingué s'il en avait eu le loisir.) Il y a d'excellentes choses dans son Analyse raisonnée sur la grosse question de l'emplacement véritable d'Alésia. Fallue s'est prononcé, ainsi que dans plusieurs autres écrits, en faveur de l'opinion franccomtoise. Il mit une telle passion dans ce débat, qu'il se fit à l'Institut des ennemis qui l'ont toujours empêché d'être élu membre correspondant. Parmi ses notices tirées à petit nombre qui méritent d'être recherchées, nous citerons celles: Sur le cœur de saint Louis (1846), sur l'époque de construction des diverses enceintes de Rouen (id.); sur la cité de Limes et Caledunum (Caudebec), 1855; sur les tombeaux de la vallée de l'Eaulne (id.), etc.

Dans les dernières années de sa vie, il en était arrivé à voir un peu partout des fortifications et des tombeaux celtiques ou tout au moins gallo-romains. Les antiquaires fanatiques sont exposés à de telles méprises. On n'a pas encore oublié dans le monde savant celle d'un archéologue célèbre, membre de l'Institut, qui avait pris pour un tombeau des plus mérovingiens les substructions d'un four à chaux que les vieillards du pays avaient vu construire.

Malgré quelques erreurs inévitables dans la recherche

pas

oublié. Le portrait de ce savant et laborieux écrivain figure à la bibliothèque de Caen.

Jacques Pons, botaniste et médecin ordinaire du roi (Henri III), est l'auteur du Sommaire traité des melons, <«< contenant la nature et usage d'iceux; avec les commodités et incommodités qu'il en résulte. » A propos de ces incommodités, il nomme en toutes lettres le choléra morbus. C'est là, croyons-nous, que ce terrible mot se trouve imprimé pour la première fois. L'édition princeps de cet opuscule est celle de Lyon, J. de Tournes, 1583, pet. in-4 de 39 pages, dont la Bibliothèque nationale possède un exemplaire sur vélin, celui que l'auteur avait offert à Henri III. Quelques bibliographes ont cité une réimpression in-16, Lyon, Rigaud, mais sans l'avoir vue. Cette réimpression (si elle existe), et l'édition originale sont si rares, que l'éditeur anonyme qui fit imprimer à Lyon, en 1680, cet opuscule d'après une copie trouvée dans les papiers d'un médecin, n'a pas l'air de soupçonner qu'il eût été déjà publié. Dans cette nouvelle édition, l'ouvrage, dont on a rajeuni le style, est intitulé: Traité des melons, où il est parlé de leur nature, de leur culture, de leurs vertus et de leur usage. C'est un petit in-8 de 51 pages, qui n'est pas non plus commun. Dans quelques exemplaires, on trouve une jolie gravure, représentant un marché aux melons. Parmi les autres ouvrages de Jacques Pons, on remarque une dissertation imprimée pour la première fois en 1596, contre l'abus de la saignée (de nimis licentiosá sanguinis missione), très fréquent dès ce temps-là. Broussais n'a rien inventé !

Pontaimeri de Faucheron, gentilhomme protestant du parti de Henri IV, guerrier, prosateur et poète, était né,

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