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noise... Ce travail n'a pas été conçu dans un but de spéculation. C'est, si j'ose le dire, une inspiration de patriotisme local, un hommage à la petite patrie champenoise, berceau de ma famille, que j'affectionne sans en aimer moins la grande patrie française. J'espère aussi que cette publication offrira quelque intérêt aux bibliophiles dont les suffrages m'ont toujours été si précieux. Ils me sauront gré, j'en suis sûr, de dédier cet essai de bibliographie champenoise à la mémoire de mon père, originaire de cette province. >>

Il avait, en conséquence, recommandé de placer en tête de ce volume les deux notices nécrologiques de Silvestre de Sacy et de Paul Lacroix, les amis de son père et les siens. Il y fit joindre quelques extraits d'un article écrit à la même époque (juin 1873), par Mgr. Fèvre, protonotaire apostolique, auteur de l'Histoire apologétique de la papauté, et de celle de Saint Camille de Lellis. On y remarque `ce passage, qui peut s'appliquer aussi bien au fils qu'au père : « Quant il voulut joindre, à la vente des livres anciens, les fonctions d'éditeur, on alla aux meilleurs livres. » La dernière pensée de Léon Techener, au seuil d'une mort anticipée, a donc été une pensée de piété filiale.

Il avait la mémoire des faits, des noms, des dates, et aussi la mémoire du cœur. Tous ses clients se rappellent la profonde affliction qu'il avait montrée, quelques années auparavant, à la mort de son premier commis, l'ancien libraire Garnot, homme d'ailleurs bien digne de regret, nous dirions volontiers de respect. Ce vieillard d'une probité antique, après avoir sacrifié jusqu'à son dernier sou pour faire honneur à ses en

avec une ardeur juvénile, et ne se reposa que dans la mort!

Marié, depuis 1866, à une femme digne de lui, père d'une fille unique, dont la physionomie rappelle aux vieux amis de la famille celle de son aïeule, jouissant de la confiance, de l'amitié d'une clientèle d'élite, Léon Téchener semblait avoir devant lui de longs jours de bonheur, quand cette riante perspective s'assombrit, s'évanouit soudain. Une perte grave, mais nullement irréparable, comme on l'a bien vu depuis, produisit un effet terrible sur son organisation fatiguée par un travail excessif. Il crut que le fruit de vingt ans de travaux et de bonne administration était compromis, que les anciens embarras allaient renaître! L'émotion qu'il en ressentit détermina la série d'accidents qui allait transformer le reste de son existence en une longue agonie.

C'était un homme modeste, intelligent, instruit, un homme de cœur, dont le souvenir vivra dans le petit monde d'élite des bibliophiles.

B. E.

Le résumé que nous venons de donner de la vie de Léon Techener peut paraître ainsi achevé vie modeste et toute de travail. Cependant, pour nous, il est encore une existence intime que nous aimerions à révéler si nous ne craignions de raviver de trop cuisants et de trop récents chagrins, nous voulons parler de la vie privée du cher ami qui n'est plus.

D'une exquise délicatesse de sentiments, il sut se faire apprécier et aimer dans le cercle intime de sa

pen

Les qualités de son cœur se sont manifestées dant toute sa vie dans le commerce charmant qu'il avait su créer et entretenir autour de son foyer.

Sa femme et sa chère enfant étaient sa constante préoccupation, comme aussi tout son bonheur était cette vie d'affection qu'il retrouvait dans son intérieur après ses longues journées de travail.

Puisse Madame Techener, puisse sa fille trouver quelques consolations à leur légitime douleur dans les marques de sympathie, dans le tribut de sincères regrets venus de tous ceux qui ont connu et aimé Léon Techener.

LEXIQUE DE LA LANGUE DE CHAPELAIN

La correspondance de Chapelain, publiée par M. Tamizey de Larroque, n'est pas seulement précieuse pour l'histoire littéraire du xvII° siècle; elle offre encore multitude de renseignements pour l'histoire de la langue.

<< Excellent grammairien, a dit de lui V. Cousin, profondément versé dans les littératures grecque, latine, italienne et espagnole, d'une érudition solide et presque universelle... C'est lui qui avait déterminé et fixé la vraie fonction de l'Académie, à savoir: de travailler à la pureté de la langue. C'est lui qui avait proposé la composition d'une grammaire et d'un dictionnaire et qui dressa le plan de ce dernier ouvrage. »

Rien ne justifie mieux ces paroles et ne montre mieux, en effet, l'excellent grammairien que ce Lexique de la langue de Chapelain que nous avons eu la pensée de dresser. Comme prosateur, l'auteur décrié de la Pucelle se tient sans infériorité à côté des meilleurs écrivains de son temps, Vaugelas, Balzac et Patru; et, comme eux, il mérite vraiment d'être placé au rang des bons ouvriers de notre langue, de ces hommes d'un sens si droit, d'une science si étendue, d'un goût si sûr et si délicat, qui, les premiers, eurent la mission difficile de fixer notre idiome.

Ce Lexique va nous présenter un curieux tableau, comme un état de la langue française dans les dernières. années du règne de Louis XIII et au commencement du règne de Louis XIV.

<< On pourrait presque dire, a écrit M. Tamizey de Larroque, que la langue de Chapelain est plus du xvIe siècle

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