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On a essayé, autant que faire se peut, de réparer cet oubli par ce croquis à la plume que l'on dédie à la mémoire du dernier des Romains.

Ernest BoySSE.

L'ABBÉ GRÉGOIRE (1)

ET

LA DESTRUCTION DES PATOIS

LETTRE INÉDITE DE JÉRÉMIE JACQUES OBERLIN

Nous avons trouvé dans les Papiers de l'abbé Grégoire à la Bibliothèque Nationale, Nouvelles Acquisitions françaises, vol. 2798 f. 95, la longue lettre suivante, tout entière autographe, et que nous croyons inédite, de Jérémie Jacques Oberlin, cet érudit et philologue français qui joua un si grand rôle à Strasbourg pendant la Révolution, adressée à l'Abbé Grégoire très peu de jours après la publication de son rapport à la Convention sur la destruction des patois, fait dans la séance du 16 prairial an II (4 juin 1794) et inséré dans le Moniteur du 18 (v. Réimpression du Moniteur, t. XX, p. 647-52.)

On sait que ce rapport et plusieurs autres de Grégoire sur le vandalisme ont été réimprimés en 1867, à Caen, par M. Charles Renard (un Bibliophile normand), sous les auspices de M. Egger. Une note signée G. M. de la dernière édition des Supercheries littéraires de Quérard,

(1) Quoique la Révolution ne soit pas l'objet spécial de nos études, il est impossible, au moment où nous sommes, de se désintéresser complètement de cette grande époque. Du reste Grégoire est avant tout pour nous un bibliogra

à propos de cette réimpression, s'exprime ainsi (édition Datlis, 1869, t. I, col. 525):

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« L'éditeur, qui a signé sa préface, paraît avoir ignoré << ainsi que le savant membre de l'Institut qui a été l'ins«tigateur de cette publication, que les trois derniers << rapports, les plus curieux sans doute, avaient déjà été réimprimés dans le Bulletin du Bibliophile, an. 1843, « p. 369; 1848, p. 751, et 1851, p. 62; M. Justin Lamou«< reux, sous les initiales J. L., a publié en outre dans le « même Bulletin quelques lettres fort curieuses relatives « à ces derniers rapports, que M. Renard aurait réim«primées avec avantage. »>

Les lettres sur ces rapports ont été publiées par M. Lamoureux dans le Bulletin, en 1851, p. 479-487: c'est une lettre de Chaudon et deux lettres de Delandine (signées Landine.)

Dans l'avertissement de ces lettres M. Lamoureux dit, au sujet des savants qui, des diverses parties du territoire de la République, voulurent joindre leurs efforts à ceux de Grégoire contre le vandalisme: « Une communication <«< obligeante a mis à notre disposition la correspondance « de ces savants avec Grégoire, et il nous suffira, pour <«< donner l'idée du haut intérêt qu'elle doit inspirer, de << rappeler ici les noms de quelques-uns d'entre eux. On «y remarque des lettres de La Harpe, de Mercier, de « Cabanis, de Gibelin d'Aix, d'Achard de Marseille, de « Delandine de Lyon, de Bouche, l'historien de Provence; « de Laire, bibliothécaire de Sens; d'Oberlin de Stras«bourg, de Pasumot, compatriote et digne successeur de « l'abbé Le Beuf, pour les recherches sur la géographie << ancienne de la France, etc.

« On trouveroit incontestablement dans toutes ces pièces la matière d'un nouveau rapport sur le vanda« lisme, qui devoilerait bien des faits ignorés jusqu'ici, « même dans les lieux où des actes de dévastation ont été

premiers rapports de Grégoire. Peut-être des loisirs <«< moins interrompus nous permettront-ils d'entreprendre « un jour ce travail. En attendant nous détachons de

cette correspondance une lettre de dom Chaudon et « deux lettres de Delandine, nos estimables devanciers <«< dans la carrière de la Biographie. Les lecteurs du Bul<«<letin du Bibliophile ont accueilli avec quelque faveur <«<les publications rétrospectives que nous avons faites jusqu'ici; celle-ci ne leur paraîtra sans doute pas moins « digne d'intérêt. »>

Nous avons souligné le mot Oberlin : s'agit-il en effet de notre lettre qui aurait été communiquée à M. Lamoureux, ou bien de celles publiées par M. Gazier que nous allons mentionner, ou bien encore d'autres? En tout cas nous ne croyons pas que notre lettre ait été publiée; espérons que nos recherches sur ce point n'auront pas été trop incomplètes. Mentionnons que le regrettable M. Justin Lamoureux est mort à Nancy le 25 décembre 1859, v. Bulletin du Bibliophile 1860, 14° série, p. 993.

Enfin M. Gazier (1) a publié en 1880 en un vol. in-8° (Extrait de la Revue des langues romanes), Paris, PedoneLauriel et Durand: Lettres à Grégoire sur les patois de France (1790-94): Documents inédits sur la langue, les mœurs et l'état des esprits dans les diverses régions de la France au début de la Révolution, avec une introduction et des notes (2).

Le volume est divisé par dialectes. Sous celui de l'Alsace nous trouvons deux lettres d'Oberlin: la première sans date et la seconde, Strasbourg ce 13 novembre 1790.

(1) Nous devons la connaissance de cet ouvrage à M. Paul Meyer; nous

remercions vivement le savant membre de l'Institut.

en

(2) Notons que M. Ulysse Robert a publié en 1876, t. XXII, dans le Cabinet historique, un autre rapport de Grégoire intitulé: Observations sur l'état actuel de l'instruction publique, des bibliothèques, des archives, des monumens, etc., dans les départements de la Haute-Marne, la Haute-Saône, les Vosges, la Meurthe, etc., d'après le mss. no 11422 du fonds français à la Bibliothèque

Nous appliquerons à notre lettre la dernière phrase de M. Lamoureux que nous venons de transcrire, et nous estimons que notre document intéressera les lecteurs du Bulletin, qui feront la part des généreuses et un peu naïves illusions du moment. Il y a d'ailleurs dans la lettre que nous publions un intérêt de plus: dans la dernière partie Oberlin repousse avec un noble patriotisme et en termes énergiques l'accusation calomnieuse, disons mieux criminelle qui eut pour triste résultat de le frapper, ainsi que ses collègues dans l'administration de la ville de Strasbourg, d'une détention dans les prisons de Metz, laquelle fut quelque temps rigoureuse: Oberlin écrit précisément de Metz pendant cette détention.

Les quarante-neuf lettres autographes françaises à M. Winckler, attaché au Muséum des Antiques, chez M. Millin, à la Bibliothèque Nationale à Paris, contenues dans le vol. 199 du fonds allemand à la Bibliothèque Nationale (correspondance littéraire d'Oberlin) sont signées : Oberlin, tandis que la lettre que nous donnons aujourd'hui (c'est une petite remarque que nous croyons devoir faire) porte les initiales des prénoms Jérémie Jacques, J. J. du savant alsacien.

La réimpression du rapport du 16 prairial dans la Révolution française de 1882, t. II. Janv.-Juin, donne un attrait de plus à notre publication.

EMILE DU BOYS.

Metz, ce 24 prairial, l'an deux de la République une-indivisible.

Citoyen représentant,

Je viens de lire dans le Moniteur ton rapport savant et lumineux sur les moyens de révolutionner la langue françoise en l'enrichissant de termes empruntés d'autres langues, en remettant en usage des expressions signifiantes

et équivoques causent des méprises et empechent qu'on ne s'entende, en détruisant les jargons et les patois des différens départemens pour familiariser tous les enfans de la liberté avec l'idiome national et pour les mettre en état de lire et de comprendre les décrets de la Convention et les loix du pays. Il y a vingt ans et au delà qu'un petit séjour que je faisois annuellement au ban de la Roche me fournit l'occasion d'apprendre le patois de cette contrée. A l'aide des maitres d'école je parvins à recueillir les matériaux, qui devoient me servir à faire des recherches sur l'origine de l'idiome du moyen âge. Le Prof. Schloser de Göttingue les ayant vus chez moi m'exhorta à en faire un autre usage. Bref, je composai une grammaire patoise accompagné d'un vocabulaire patois ou glossaire.

Comme tu désires, qu'on fasse le recueil de tout ce qui a paru dans les différens patois de la république, j'ai pensé, que le petit badinage que je t'offre ici, oseroit se flater de n'être pas rejetté. Il contient quelques historiettes, lettres, fables, dialogues, proverbes, etc. S'il y a dans la rédaction de ce traité par ci par là quelque expression qui ne seroit pas de mise aujourd'hui, je te prie de penser, qu'il date de vingt ans (1).

Lorsque je le donnai au public, j'étois bien éloigné de croire que le tems seroit si proche, où l'on s'occuperoit à mettre les campagnards en état de changer leur mauvais jargon contre la langue cultivée. Il étoit réservé à notre glorieuse régénération de leur accorder ce bienfait.

Mais déja avant cette époque les soins de mon frere m'avoient détrompé. Il y a 30 ans environ qu'il fut placé

(1) Essai sur le patois lorrain des environs du Ban de la Roche, 1775, Strasbourg, Klein, in-8.

Notons en passant que dans la Nouvelle Biographie générale, le lieu de publication de la plupart des écrits d'Oberlin est désigné, depuis le premier, par le mot un peu vague de « ibid. ». Il faut deviner « Strasbourg ».

Notons aussi que l'ouvrage d'Oberlin figure au Trésor des livres rares de

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