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François II et sa jeune femme Marie Stuart. On déploya pour cette réception toute la pompe usitée à cette époque et on se livra à une véritable orgie d'allégories suivant le goût du temps. Le récit de ces fêtes brillantes nous a été conservé par un nommé Le Plessis sur lequel l'éditeur de cet opuscule, le prince Galitzin, ne peut nous donner aucun renseignement précis ; un certain Antoine Le Plessis Richelieu, grand-oncle du cardinal, est peut-être l'auteur du récit, mais, étant donné le caractère de ce personnage, véritable soudard, cela semble bien douteux.

Imprimé à Tours par Guillaume Bourgeat, en 1559, le volume est un petit in-4 devenu introuvable que le prince Galitzin a réédité. Nous allons en donner quelques extraits. Après une dédicace à Catherine de Médicis et une description du château, l'auteur entre dans le récit. des fêtes sans nous faire grâce d'un arc de triomphe et d'aucune inscription. Il y en a en toutes langues, en grec, en latin, en italien et même en francais. Pour les devises. en grec, l'imprimeur met à la fin l'avis suivant : « Nous << avons esté contrains d'imprimer les vers et divises << grecques en caracteres latins, d'autant que nous n'avions « nuls caracteres grecs ce que nous aurons de brief, Dieu <<< aidant.

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<«< En la quatriesme, ce mot DIVO, est rendu en françois, divin, parce qu'autre vocable de nostre langue ne <«< correspond à ce mot divus, bien que divin se die en « latin divinus. »

A l'entrée de la cour se trouvait un arc de triomphe avec des inscriptions, puis plus loin, deux fontaines portant COMMODITATI PVBLICÆ, et des vers français d'une poésie douteuse, un peu ce que nous appellerions des vers de mirliton:

Au saint bal des dryades
A Phoebus ce grand dieu,
Aux humides naiades

De Médici la race

L'honneur et l'ornement
Pour plus heurer la place
S'y promène souvent.

Ne troublez point cet' eau,
O passans, car c'est l'onde
Qui vient à Chenonceau

Pour servir tout le monde.

Nous rencontrons ensuite des obélisques portant des inscriptions grecques, et passons le pont pour arriver sur la terrasse. Au moment où le roi y arriva, on tira un feu d'artifice, et trente canons tirèrent une salve. Enfin tous les moyens propres à célébrer la venue du jeune roi et à exalter ses vertus, au commencement d'un règne, les rois en sont toujours remplis, furent mis en usage, aussi, ajoute Le Plessis, il ne faut doubter que Sa Majesté, les Roynes, princes, dames et seigneurs furent fort contents et « satisfaits... »

Terminons enfin ce long, ce trop long compte rendu par l'examen rapide du dernier opuscule publié par le prince Galitzin; il contient « l'Inventaire des meubles, bijoux et livres estant à Chenonceaux le 8 janvier 1603 », est précédé d'une histoire sommaire de la vie de Louise de Lorraine, et suivi d'une notice sur le château de Chenonceaux.

La notice biographique, très complète sous son apparente concision, met bien en lumière ce caractère de Louise de Lorraine, trop laissé dans l'ombre. Ce fut une femme tout entière dévouée à son mari, qui passa la fin de sa vie dans un deuil profond et surtout sincère. Elle y eut un grand mérite, quand on pense que l'époux si douloureusement regretté n'était rien moins que Henri III. Elle fit tous ses efforts, et adressa lettres sur lettres à Henri IV pour obtenir la punition des meurtriers de son mari; ces

douleur. La guerre civile dont la fin n'était pas arrivée ne permit pas à Henri IV de donner suite à ces demandes ; en 1593, encore la reine Louise fit le voyage de Mantes pour venir trouver le roi et demander de nouveau justice. Elle mourut à Moulins en 1601, comme nous l'avons vu, et Marie de Luxembourg, mère de Françoise de Lorraine (depuis duchesse de Vendôme) et à laquelle était légué Chenonceaux, fit établir l'inventaire que nous trouvons reproduit.

Cet inventaire, très complet, fait par François Fromont, bailli d'Amboise, nous donne en détail le mobilier du château, les robes et autres objets de toilette de la reine, le catalogue des pièces et documents relatifs à l'administration du domaine et celui de la librairie. La reine Louise possédait une bibliothèque nombreuse et variée et le catalogue en est curieux. Malheureusement, l'inventaire ne nous donne aucun détail bibliographique de lieu, de date, de nom d'imprimeur, de format, de telle sorte que nous avons renoncé à présenter ce catalogue in extenso, tout intéressant qu'il soit. Relevons des ouvrages de piété, puis la Chirurgie d'Ambroise Paré, la Cyropédie de Xénophon, Plutarque, l'Histoire de France, Tite Live, Appien, Virgile, Tacite, Horace, Cicéron, Démosthène, Arioste, etc. La plupart des livres sont reliés en maroquin bleu, vert ou rouge; comme prix, l'ouvrage estimé le plus cher, 20 livres, est un «< grand bréviaire romain couverct de marrocquin, <«< non de la nouvelle impression selon le concile de << Trente, estimé vingt livres... »

Signalons enfin la dernière partie de cet opuscule, une notice historique sur le château de Chenonceaux. Comme nous en avons parlé dans la première partie de cet article, nous ne nous y arrêterons pas, et nous terminons là notre compte rendu.

NOUVELLES ET VARIÉTÉS

LA BIBLIOTHÈQUE SAINTE-GENEVIÈVE EN 1847.

Tel est le titre d'un article qui fait partie du dernier recueil publié par M. X. Marmier (Voyages et littérature), et qui contient des anecdotes intéressantes sur cette bibliothèque dont l'honorable académicien est conservateur adjoint, et sur l'abbaye dont elle dépendait.

Le célèbre poète danois Holberg, qui séjourna quelque temps à Paris en 1725, raconte dans ses Mémoires qu'il visita plusieurs bibliothèques, entre autres celle des avocats au Parlement, où les fonctions de bibliothécaire étaient remplies par une vieille femme qui filait sa quenouille près des lecteurs, et une jeune fille qui ouvrait les armoires. Les temps sont bien changés! « La Révolution ayant emporté les sinécures des écrivains, ces emplois de bibliothécaires sont les seules prébendes qui restent à la littérature. En province comme à Paris, le vrai bibliothécaire est heureux de pouvoir répondre aux questions de ceux qui viennent le consulter, de s'associer à leurs recherches. Quand je vois, écrivait il y a 40 ans M. Marmier, mon savant ami Weiss de Besançon mettre complaisamment son érudition au service de ceux qui y ont recours, et monter lui-même l'échelle pour donner des livres aux plus humbles lecteurs, il me semble voir le servus servorum d'un pontificat littéraire. »

Entre toutes les bibliothèques parisiennes, celle de Sainte-Geneviève se distingue par ses anciennes et glorieuses annales. Suivant l'expression de Rémusat, la montagne Sainte-Geneviève fut le Sinai de l'intelligence. L'histoire de cette abbaye a été récemment écrite par M. l'abbé Férat; nous avons rendu compte de ce savant travail. Celle de la bibliothèque ne commence guère qu'au xviie siècle. Jusque-là elle avait peu de livres, mais possédait un assez grand nombre de manuscrits. Le cardinal de La Rochefoucauld, abbé commendataire et réformateur de Sainte-Geneviève y fit apporter 5 à 600 volumes de sa propre collection. D'année en année, la

Lallemand, des du Molinet. En 1665 elle comptait déjà 7 à 8,000 volumes; en 1675 il fallut la transporter dans un local plus vaste (la galerie au-dessus de la chapelle). En 1709, le cardinal Le Tellier lui légua 16,000 volumes de choix. Elle fut aussi singulièrement augmentée par le studieux et pieux, Louis d'Orléans, fils du Régent, et melior patre (ce qui n'était pas difficile), malgré quelques manies. L'une de ces manies était, dit-on, de ne pas vouloir absolument que personne mourût, et de continuer à faire payer les rentes viagères éteintes par le décès des titulaires. Mais, comme dit à ce propos Etienne Béquet dans la fameuse Préface de Barnave, « il vaut encore mieux payer ses créanciers morts, que de ne pas les payer vivants » ; et ce n'est pas si commun.

A l'époque où M. Marmier écrivait cet article, la bibliothèque Sainte-Genevieve comptait déjà 150,000 volumes et 2,000 manuscrits. Parmi ses plus éminents administrateurs, il cite, avant la Révolution, Pingré, Mercier Saint-Léger; et depuis, Daunou, Lechevalier, Dussault, Campenon. Ajoutons-y notre savant et vénérable collaborateur Ferdinand Denis; M. H. Trianon; M. V. Develay, auquel le Bulletin doit les intéressantes traductions des lettres de Pétrarque, et M. X. Marmier lui-même.

Son dernier volume contient plusieurs autres morceaux intéressants, notamment la traduction d'un Mémoire de M. Rafn, savant danois, sur la découverte de l'Amérique par les Scandinaves au x siècle. C'est le travail le plus complet qui ait encore paru sur ce sujet curieux et difficile. L'auteur est arrivé à déterminer, d'une façon au moins très vraisemblable, la position de ces établissements sur les côtes du Groenland, du Labrador, du Canada, et à Terre-Neuve. Ce mémoire, réimprimé plusieurs fois à Copenhague, n'avait pas encore été traduit en français.

On vient de placer dans les archives du Musée Carnavalet le dernier ordre de Louis XVI, adressé aux Suisses le 10 août, leur prescrivant de cesser le feu et d'évacuer les Tuileries; ordre dont l'exécution eut de si fatales conséquences pour la royauté et ses défenseurs.

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Ce document, d'un si grand intérêt historique, a été offert aut musée Carnavalet par un des descendants du capitaine suisse de

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