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duit de l'anglais, 2 vol. in-12, fut supprimé à cause d'un passage relatif au goût immodéré de Charles III pour la chasse. On crut voir là une allusion au goût non moins immodéré de Louis XV pour cet exercice, et peut-être pour la chasse de toute espèce de gibier.

Melchior Inchofer, jésuite hongrois, très érudit, mais non moins crédule, publia en 1629 une dissertation ou Mémoire pour prouver l'authenticité de la lettre que les habitants de Messine prétendaient leur avoir été adressée par la Sainte Vierge. Inchofer croyait, dit-on, de bonne foi à cette authenticité de plus il tenait à être agréable aux habitants de cette ville, où il enseignait les mathématiques au collège de son Ordre. Il y avait dans sa dissertation de telles absurdités, énoncées comme articles de foi, qu'elle fut déférée à la Congrégation de l'Index. Le P. Inchofer en fut quitte pour une admonestation, mais sa dissertation fut supprimée, et on ne lui permit de la reproduire qu'à la condition d'en changer le titre, et de supprimer plusieurs passages. La première édition, non expurgée, est naturellement fort rare, et seule recherchée. Elle est intitulée Epistolæ B. Mariæ Virginis ad Messanenses veritas vindicata ac eruditè illustrata. Messine, 1629, in-fol. L'édition expurgée porte tout simplement : De epistolá B. Mariæ Virginis, 1632, à Viterbe (Rome). On a encore de ce bon Jésuite plusieurs autres ouvrages, dont voici les deux principaux : Historia sacræ latinitatis, 1re édition, Messine, 1635, in-4°. Il y a dans ce livre bien des recherches curieuses, mais aussi bien des idées singulières, celle-ci, par exemple, que les Bienheureux causent quelquefois en latin dans le ciel. Annales ecclesiastici regni Hungariæ. Romæ, 1644, in-fol. t. 1er, seul publié. Ce volume, fort rare, ne va que jusqu'en 1059. Il resta plusieurs années entre les mains des censeurs, qui diffé

Inchofer s'était fait à Rome des ennemis nombreux et puissants, et pour un motif qui lui fait grand honneur. Dans une dissertation spéciale de Eunuchismo, il avait signalé comme barbare et antichrétien l'usage alors fort répandu en Italie, par dilettantisme, de faire des castrats, usage qui persista encore pendant plus d'un siècle (1).

Un autre mémoire du P. Inchofer, qui lui fait moins d'honneur, est une réfutation du système de Copernic, par des citations de l'Ecriture plutôt que par des arguments scientifiques. On l'a accusé d'avoir été complice des persécutions exercées contre Galilée, persécutions qui, en réalité, se réduisirent à fort peu de chose (V. la notice sur Galilée, dans les Fondateurs de l'astronomie, de M. J. Bertrand). On lui a aussi imputé calomnieusement la fameuse satire de Scotti contre les Jésuites: la Monarchie des Solipses.

Il a déjà été question plusieurs fois dans le Bulletin, et avec tous les honneurs qui lui sont dus, de Malachie d'Inguimbert, évêque de Carpentras, fondateur du bel hôpital de cette ville, à laquelle il légua de plus sa bibliothèque, composée de vingt-cinq mille volumes, avec un fonds de soixante mille livres pour des acquisitions nouvelles et l'entretien d'un bibliothécaire. A une époque où tant d'évêques se dispensaient de résider, celui-là, dans l'espace de vingt-deux ans (1735-57), ne s'absenta qu'une seule fois de son diocèse, en 1750, pour se conformer à l'usage qui voulait que tous les dix ans tout évêque des Etats du

1. On lit dans le Dictionnaire de Littré, au mot castrats, que leur voix était semblable à celle des enfants et des femmes. C'est une erreur complète. Ces voix étaient d'un timbre tout à fait à part, d'une sonorité et d'un charme exceptionnels. Quand on les avait entendus seulement une fois, il était impossible de les oublier. Ceci nous a été attesté par plusieurs Français qui avaient entendu

pape (dont Carpentras faisait alors partie, dépendant du Comtat-Venaissin) allât à Rome en pèlerinage au tombeau des Saints Apôtres. Le pape Benoît XIV connaissait de longue date d'Inguimbert, qui avait été consulteur du SaintOffice du temps de Clément XII. Il aurait voulu le garder six mois, et ne put le retenir que pendant six semaines ! Ce prélat si édifiant et bibliophile, ce qui ne gâte rien, au contraire! était un des hommes les plus instruits de son siècle; on lui doit notamment une excellente édition des œuvres du célébre prélat portugais Barthélemy des Martyrs. Des évêques tels que Belzunce et d'Inguimbert mériteraient d'autant plus d'être canonisés, tout au moins béatifiés; — qu'ils vivaient à une époque où les scandales n'étaient rien moins que rares dans le haut clergé.

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L'ouvrage le plus estimé du P. Interiano de Ayala, savant religieux de la Merci (1650-1730), est son Pictor christianus eruditus; Madrid, 1720, in-fol. Il y relève les erreurs où tombent la plupart des peintres en traitant des sujets pieux, et donne des conseils pour les éviter. Une traduction annotée de ce livre pourrait encore être fort utile.

Le P. Augustin Invèges, jésuite sicilien (1595-1677), est auteur de deux excellents ouvrages, très rares, même en Italie, une histoire de Palerme en 3 vol. in-fol., imprimée dans cette ville en 1649-51, et celle de Carcamo, << la Carthage sicilienne », en 3 vol. in-4, dont les deux premiers volumes ont été publiés du vivant de l'auteur, en 1650 et 1661, et le troisième après sa mort, en 1708. Ces deux ouvrages ont été rédigés sur des documents originaux et en grande partie inédits. L'histoire de Palerme (Palermo antico, sacro et nobile) a été insérée dans le

Samuel Ireland (xvme siècle), d'abord simple ouvrier tisserand à Londres, se prit de passion pour les livres et les estampes rares, et finit par en faire le commerce avec succès. Il s'occupa aussi de gravure en couleur, et publia, de 1789 à 1800, plusieurs volumes illustrés par lui, qui furent bien reçus du public: un voyage pittoresque dans les Pays-Bas et une partie de la Flandre; des excursions dans les vallées de la Tamise, de la Medway, de la Severn et de l'Avon; un volume illustré sur Hogarth, un autre sur les cours de justice de Londres et de Wesminster. Le texte de ces livres est insignifiant, mais ils sont imprimés avec soin, et les illustrations ne manquent pas d'intérêt. Cet homme, intéressant par ses aptitudes artistiques, eut une triste fin. Son fils, auquel il avait fait donner l'éducation littéraire qui lui avait manqué à lui-même, s'avisa de vouloir faire passer quelques morceaux de sa façon pour des productions inédites de Shakespeare, récemment exhumées. Son père avait cru de bonne foi à l'authenticité de cette découverte. Il fut accusé d'avoir été le complice et non la dupe de son fils, et en mourut de chagrin (1800).

Michel Van Isselt, prêtre et écrivain catholique, est auteur de deux ouvrages latins sur les événements des Pays-Bas, de 1566 à 1585, et de 1586 à 1594, naturellement dans un sens hostile aux protestants. Un autre livre de lui, intéressant et peu commun, est l'histoire du fameux Truchsess, archevêque apostat de Cologne. (Historiæ belli Coloniensis libri IV), dont il existe deux éditions publiées du vivant de l'auteur, publiées l'une et l'autre à Cologne et en 1586. C'est une de ces deux-là qu'il faut prendre, de préférence à une troisième de 1620, pourtant fort augmentée, mais dont l'éditeur a retranché la préface, qui est très curieuse.

Jacopone de Todi, le grand poète franciscain du treizième siècle, était à peine connu en France, avant la belle Etude que lui a consacrée Ozanam. Ce fut un des plus éminents précurseurs du Dante. L'édition princeps de ses poésies italiennes est celle de Florence, 1480, in-4o; la seconde est de 1490. Il faut citer aussi celle de Venise, 1514, in-8°, intitulée Laude de lo contemplativo et estatico B. F. Jacopone. Elle contient, outre les Cantici, les hymnes latines du même, en prose mesurée et rimée, et entre autres le célèbre Stabat mater dolorosa, qui n'est pas ce qu'il a fait de pire. Le Stabat, longtemps attribué au pape Innocent III, a été restitué à Jacopone par Wading, l'annaliste des Franciscains. On trouve aussi dans ce volume une hymne pour Noël, Stabat mater speciosa, sorte d'imitation parodiée du Stabat de la passion. L'édition la plus complète des poésies italiennes de Jacopone est celle de Venise, 1617, in-4°. Elle est augmentée de plus de 200 Cantici jusque-là inédits.

Le P. Louis Jacob de Saint-Charles, de l'Ordre du Carmel (1608-70), l'un des plus laborieux bibliographes de son siècle, fut bibliothécaire du cardinal de Retz, et ensuite du président de Harlay. Son meilleur ouvrage est sa Bibliotheca pontificia en deux livres; Lyon, 1643, in-4°. On recherche aussi son Traité des plus belles bibliothèques du monde (Paris, 1644, in-8°), qui contient des choses curieuses, bien qu'il ait eu le tort d'y faire figurer des collections médiocres. Il a aussi rédigé, sous le nom de Bibliographia Parisina, en plusieurs cahiers in-4°, le catalogue des livres imprimés à Paris de 1643 à 1653. Il y ajouta, sous le nom de Bibliotheca gallica universalis, la liste des livres publiés, pendant la même période, dans le reste de la France. Du reste, ce carme n'était pas d'une érudition transcendante; il se bornait à transcrire tout au

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