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d'apporter un témoignage au récit de Moïse. En énonçant les autres questions abordées et résolues par l'auteur, nous signalerons assez l'importance de ce traité, plein de variété et d'intérêt dans sa brièveté philosophique. La civilisation, le progrès, la perfectibilité, les choses que l'on entend, et celles qu'il faut entendre par ces termes nouveaux ou d'un usage nouveau, y sont discutées contradictoirement avec ce que le rationalisme présente à cet égard de mieux ajusté et de plus scientifique. L'auteur n'est pas novice en ces discussions. Avant d'écrire le précis substantiel qu'il nous donne, il avait fait de longues et scrupuleuses études. A l'abondance et à la variété de son érudition, à l'aisance lumineuse de son langage, on voit combien il s'est rendu familière cette matière naturellement obscure et que le pédantisme antichrétien a toujours eu soin d'envelopper de voiles épais. La discussion des systèmes

étant terminée, il donne une théorie complète de la connaissance humaine, qui démontre l'accord de la raison avec la foi; une analyse psychologique qui renverse les théories rationalistes (Descartes, Bacon, l'éclectisme), et prouve que la conscience de l'homme, mise en acte par l'éducation, est le vestibule de l'Église de Jésus-Christ; enfin, il jette sur l'histoire un rapide coup d'œil, d'où ressort, comme dernière démonstration, la vérité des dogmes catholiques.

Nous sommes heureux de pouvoir, dès nos débuts, publier un livre qui remplit si complètement notre dessein. C'est toujours dans ce sentiment de foi et avec cet esprit attentif aux enseignements de l'Église que nous cherche

rons,

et que nous trouverons la vérité. In lu

mine tuo videbimus lumen. (Ps.)

LOUIS VEUILLOT.

1er juin 1850.

nouvelle, à laquelle on a donné les noms de science du développement de l'humanité, théorie du progrès, palingénésie sociale, science de l'histoire, dénominations qui rentrent toutes dans celle de philosophie de l'histoire.

On entend par ces mots que l'histoire a des principes fixes et immuables; d'où il suit qu'elle est essentiellement scientifique. Ces principes, dit-on, sont les lois selon lesquelles l'humanité se développe. Pour connaître ces lois, on ne s'est pas, contenté d'interroger les faits par lesquels la nature humaine se' manifeste dans la conscience individuelle et dans l'histoire; on les a cherchées aussi dans les rapports que l'homme soutient avec la création en général, et en particulier avec la planète qu'il habite. Il en est résulté différents systèmes s'accordant tous en ceci, qu'il est possible de construire une sorte d'astronomie historique, moyennant laquelle il devient facile de tracer la marche de l'humanité, de son point de départ jusqu'à son but ; d'expliquer très exactement ses âges écoulés ; de calculer très rigoureusement ses âges à venir.

Cette science, on le voit, serait plus haute et plus compréhensive que la science politique, telle qu'elle a été fondée par les philosophes grecs, et formulée depuis la Renaissance, par les modernes, de Machiavel à Montesquieu. Les études de

ces publicistes ne sortent point en effet du cercle des formes diverses selon lesquelles s'organisent les peuples pour vivre en société. Ils énumè-rent ces formes, montrent comment elles naissent et comment elles se succèdent, disent les différences qui les distinguent, en apprécient la valeur relative, mais ils ne les considèrent point dans leur liaison avec le développement de l'humanité, ni par conséquent comme des moyens appropriés aux états successifs, qui expriment et mesurent « ses progrès. » L'unité humaine n'entre en aucune manière dans leurs spéculations; à leurs yeux les peuples sont des individualités proprement dites, n'ayant entre elles d'autres relations que celles où leur existence particulière est directement intéressée.

La philosophie de l'histoire, au contraire, part de cette idée que tout est lié dans l'univers, et, empruntant la rigueur du langage mathématique, elle dit que le globe terrestre est fonction du monde solaire; l'humanité, fonction du globe; chaque peuple, fonction de l'humanité. Dans une pareille théorie, les constitutions sociales n'ont rien d'absolu en soi ; elles doivent être une sorte « d'instrument logique » calculé pour chacun des buts transitoires dont l'accomplissement prépare celui d'un but final. Ces changements ont lieu par des trans

formations pacifiques ou par des révolutions. Si les pouvoirs établis sont intelligents et dévoués, le progrès s'opère par la voie des transformations pacifiques; sinon, les révolutions sont inévitables. Jusqu'ici ce dernier mode a été le plus fréquent, parce que la science de l'histoire n'existait pas.

Les divers systèmes historiques se ramènent à ces termes généraux. On a commencé par nier le catholicisme; on a prétendu ensuite pouvoir opposer à ses dogmes, sur la nature humaine et sur :a destinée, des explications scientifiques. Après avoir nié les traditions bibliques, on a fini par les admettre sous le bénéfice d'interprétations qui les dénaturent plus ou moins, quoiqu'il y en ait beaucoup dans le nombre qui visent à la plus pure orthodoxie; celles-là sont les plus dangereuses. On a vu dans nos livres saints, comme dans ceux des naturalistes, des matériaux propres à vérifier des hypothèses sur l'origine et sur toute la suite des choses, et le catholicisme lui-même est ainsi devenu, chez ceux qui lui ont fait la meilleure part, un symbole secondaire dominé par une formule scientifique également propre, assurent-ils, à le démontrer, à le corriger et à le compléter.

Nous nous proposons de faire voir, non-sculement qu'il n'existe pas une science historique au sens que nous venons de fixer, mais encore qu'il

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