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NOTES

SUR

CLAUDE DE TRELLON

(Suite)

Les fuyards et les blessés, dont Trellon, se réfugièrent à la Roche-Chalais, où le lendemain, on leur apporta la nouvelle de la mort de Joyeuse et d'Aubijoux. « Imagi< nez-vous quel contentement ces nouvelles apportèrent « à Padre Miracle; il se vouloit enterrer luy-même ; il « voulait faire un tombeau de ses larmes, maugréant <«< contre la guerre, les armes, l'heure et le jour où il « naquit. Enfin, la raison le domina un peu, et de peur << qu'en faisant plus long séjour en ce lieu le chemin « pour aller à Angoulême (1) ne luy fut fermé, s'ache<< mina vers Aubeterre. Depuis, d'ennuy et aussi de << regret, il a esté plus de cent fois en humeur de se rendre aux capuchins ».

En réalité après ce coup inattendu qui le privait de son

(1) C'est sans doute la lecture de ce passage mal interprété par Goujet, qui lui a fait assigner cette ville comme lieu de naissance de Trellon. Trellon s'en va à Angoulême tout simplement parce qu'après le désastre de Coutras Lavardin y rallia les débris de l'armée.

une affaire où toute la bonne foi est de leur côté et toute l'injustice du côté de leur partie adverse. Je me flatte, Monsieur, en particulier de cette espérance, et c'est la très humble prière que je vous fais. Je vous supplie aussi de croire que personne n'est plus sensible à ce qui vous touche et à la distinction que le roi fait de votre mérite, que moi, qui suis avec respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant servi

eur.

A Dijon, le 7 avril 1685.

(A suivre)

CH. URBAIN

NOTES

SUR

CLAUDE DE TRELLON

(Suite)

Les fuyards et les blessés, dont Trellon, se réfugièrent à la Roche-Chalais, où le lendemain, on leur apporta la nouvelle de la mort de Joyeuse et d'Aubijoux. «< Imagi<< nez-vous quel contentement ces nouvelles apportèrent « à Padre Miracle; il se vouloit enterrer luy-même ; il << voulait faire un tombeau de ses larmes, maugréant <«< contre la guerre, les armes, l'heure et le jour oü il « naquit. Enfin, la raison le domina un peu, et de peur « qu'en faisant plus long séjour en ce lieu le chemin « pour aller à Angoulême (1) ne luy fut fermé, s'ache<< mina vers Aubeterre. Depuis, d'ennuy et aussi de <«< regret, il a esté plus de cent fois en humeur de se « rendre aux capuchins ».

En réalité après ce coup inattendu qui le privait de son

(1) C'est sans doute la lecture de ce passage mal interprété par Goujet, qui lui a fait assigner cette ville comme lieu de naissance de Trellon. Trellon s'en va à Angoulême tout simplement parce qu'après le désastre de Coutras Lavardin y rallia les débris de l'armée.

appui, Trellon s'était rapidement retourné. Il célébra d'abord en des vers véritablement émus la mort de ses protecteurs, puis se souvenant que Joyeuse mort, le duc d'Epernon demeurait seul dans la faveur royale, il se rappella à son souvenir :

<< Monsieur, Coutras m'a mis en si piteux estat,

« Qu'aux pieds de vos bontés il faut que je me jette : « J'ay perdu mon support au plus fort du combat,

<< Tant plus je pansse à luy, tant plus je le regrette.
« Que maudit soit l'autheur d'un si triste débat,
<< Ma langue en ce discours ne veut estre muette,
« Je me voy de secours délaissé tout à plat,
« Et n'ay pour tout mon bien que le nom de poëte.
<< Ah! que ne suis je mort, ou bien que ne vis tu,
« Pauvre Jacques d'Amboise, ores que ta vertu
«Se rend malgré l'envie à jamais mémorable.

<< Monsieur, prenez pitié du désolé Trellon,
<< Il est desjà nuds pieds et n'a pas un teston,

« Un grand duc comme vous doit être secourable ».

Trellon pourtant, ne s'engagea pas dans l'armée du duc d'Epernon, qui au moment du désastre de Coutras, occupait la Provence. Tous deux d'ailleurs étaient peu faits pour s'entendre. Le duc d'Epernon, Gascon rusé et ambitieux, tenait à ménager Henry IV, en qui sa perspicacité lui faisait reconnaître le seul successeur possible de Henry III; aussi la Ligue lui en voulait-elle terriblement, et dans ses pamphlets l'accusait-elle d'être le démon du roi.

Mais l'armée de Joyeuse détruite, et celle de d'Epernon écartée, Trellon n'avait pas à choisir s'il voulait reprendre du service.

Il ne restait en effet en France comme armée organisée, que celle de la Ligue, divisée en trois corps

Mayenne et de Nemours. C'est pour ce dernier que Trellon se décida.

Il faudrait des volumes pour raconter en détail toutes les aventures dont ce prince mal équilibré compliqua sa brève existence. Peu soucieux des bienfaits du roi et de son hérédité libérale il était par sa mère petit-fils de Renée de Ferrare, la bonne protectrice de Marot —, il se jeta à fond dans la Ligue dès 1585, à peine âgé de vingtdeux ans. Il y était d'ailleurs fortement sollicité par son étroite parenté avec les Guise, qui eux-mêmes comptaient beaucoup sur lui, espérant attirer dans le parti son cousin le prince de Savoie.

Après la mort de Henry III, alors que Guise et Mayenne hésitaient devant la résolution à prendre, le duc de Nemours assuma délibérément la grave responsabilité que comportait le gouvernement de Paris assiégé par Henry IV. Lui et la duchesse de Montpensier étaient l'âme de la résistance. Enfin, lorsque la capitulation fut décidée, il refusa de reconnaître Henry IV et s'enfuit dans son gouvernement de Lyonnais pour organiser la défense, avec la secrète pensée de s'y tailler une principauté indépendante en s'appuyant sur la Savoie.

Trellon, plus ligueur que jamais depuis la mort de d'Aubijoux, avait donc trouvé là un maître selon son

cœur.

En quelle qualité le suivit-il à Paris? On peut hésiter à croire que ce fut comme simple soldat. Pourtant, les récits détaillés des batailles d'Arques et Ivry ou Trellon assista, ne font pas mention de lui, même parmi les simples capitaines. Il faudrait donc l'admettre parmi les

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