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Dieu-trin. Ils se servent d'une espèce de chapelet, sur lequel ils prononcent ces paroles, om, ha, hum. Lorsqu'on leur en demande l'explication, ils répondent que om signifie intelligence, ou bras, c'est-à-dire puissance; que ha est la parole; que hum est le cœur ou l'amour, et que ces trois mots signifient Dieu '. »

Les missionnaires anglois à Otaïti ont trouvé quelques traces de l Irinité parmi les dogmes religieux des habitants de cette île.

Nous croyons d'ailleurs entrevoir dans la nature même une sorte de preuve physique de la Trinité. Elle est l'archétype de l'univers, ou, si l'on veut, sa divine charpente. Ne seroit-il pas possible que la forme extérieure et matérielle participât de l'arche intérieure et spirituelle qui la soutient, de même que Platon 2 représentoit les choses corporelles comme l'ombre des pensées de Dieu? Le nombre de TROIS semble être dans la nature le terme par excellence. Le TROIS n'est point engendré, et engendre toutes les autres fractions, ce qui le faisoit appeler le nombre sans mère par Pythagore3.

On peut découvrir quelque tradition obscure de la Trinité jusque dans les fables du polythéisme.

Les Grâces l'avoient prise pour leur terme; elle existoit au Tartare, pour la vie et la mort de l'homme, et pour la vengeance céleste; enfin, trois dieux frères composoient, en se réunissant, la puissance entière de l'univers.

Les philosophes divisoient l'homme moral en trois parts, et les Pères de l'Église ont cru retrouver l'image de la Trinité spirituelle dans l'âme de l'homme.

« Si nous imposons silence à nos sens, dit Bossuet, et que nous nous renfermions pour un peu de temps au fond de notre âme, c'est-à-dire dans cette partie où la vérité se fait entendre, nous y verrons quelque image de la Trinité que nous adorons. La pensée, que nous sentons naître comme le germe de notre esprit, comme le fils de notre intelligence, nous donne quelque idée du Fils de Dieu conçu éternellement dans l'intelligence du Père céleste. C'est pourquoi ce fils de Dieu prend le nom de Verbe, afin que nous entendions qu'il naît dans le sein du

2. In Rep.

1. Lettres édifiantes, t. XII, p. 437. 3. HIER., Comm. in Pyth. Le 3, simple par lui-même, est le seul nombre qui se compose de simples, et qui fournit un nombre simple en se décomposant : vous ne pouvez composer un autre nombre complexe sans le 3, excepté le 2. Les générations du 3 sont magnifiques, et tiennent à cette puissante unité qui est le premier anneau de la chaîne des nombres, et qui remplit l'univers. Les anciens faisoient un fort grand usage des nombres pris métaphysiquement; et il ne faut pas se håter de prononcer que Pythagore, Platon et les prêtres égyptiens, dont ils tiroient cette science, fussent des fous ou des imbéciles.

père, non comme naissent les corps, mais comme naît dans notre âme cette parole intérieure que nous y sentons, quand nous contemplons la vérité.

« Mais la fécondité de notre esprit ne se termine pas à cette parole intérieure, à cette pensée intellectuelle, à cette image de la vérité qui se forme en nous. Nous aimons et cette parole intérieure, et l'esprit où elle naît; et en l'aimant nous sentons en nous quelque chose qui ne nous est pas moins précieux que notre esprit et notre pensée, qui est le fruit de l'un et de l'autre, qui les unit, qui s'unit à eux, et ne fait avec eux qu'une même vie.

« Ainsi, autant qu'il se peut trouver de rapport entre Dieu et l'homme, ainsi, dis-je, se produit en Dieu l'amour éternel, qui sort du Père qui pense, et du Fils qui est sa pensée, pour faire avec lui et sa pensée une même nature, également heureuse et parfaite '. »

Voilà un assez beau commentaire, à propos d'un seul mot de la Genèse: Faisons l'homme.

Tertullien, dans son Apologétique, s'exprime ainsi sur le grand mystère de notre religion :

«< Dieu a créé le monde par sa parole, sa raison et sa puissance. Vog philosophes mêmes conviennent que logos, le verbe et la raison, est le créateur de l'univers. Les chrétiens ajoutent seulement que la propre substance du verbe et de la raison, cette substance par laquelle Dieu a tout produit, est esprit; que cette parole, ou le verbe, a dû être prononcé par Dieu; que Dieu, l'ayant prononcé, l'a engendré; que conséquemment il est Fils de Dieu, et Dieu, à cause de l'unité de substance. Si le soleil prolonge un rayon, sa substance n'est pas séparée, mais étendue. Ainsi le verbe est esprit d'un esprit, et Dieu de Dieu, comme une lumière allumée d'une autre lumière. Ainsi ce qui procède de Dieu est Dieu, et les deux avec leur esprit ne font qu'un, différant en propriété, non en nombre; en ordre, non en nature : le Fils est sorti de son principe sans le quitter. Or, ce rayon de Dieu est descendu dans le sein d'une vierge; il s'est revêtu de chair; il s'est fait homme uni à Dieu. Cette chair, soutenue de l'esprit, se nourrit, croît, parle, enseigne, opère: c'est le Christ. »>

Cette démonstration de la Trinité peut être comprise par les esprits les plus simples. Il se faut souvenir que Tertullien parloit à des hommes qui persécutoient Jésus-Christ, et qui n'auroient pas mieux aimé que de trouver moyen d'attaquer la doctrine, et même la personne de ses défenseurs. Nous ne pousserons pas plus loin ces preuves,

1, Boss., Hist. univ., sec. part., p. 167 et 168, t. II, édit. stér.

et nous les abandonnons à ceux qui ont étudié la secte italique et la haute theologie chrétienne.

Quant aux images qui soumettent à la foiblesse de nos sens le plus grand des mystères, nous avons peine à concevoir ce que le redoutable triangle de feu imprimé dans la nue peut avoir de ridicule en poésie. Le Père, sous la figure d'un vieillard, ancêtre majestueux des temps, ou représenté comme une effusion de lumière, seroit-il donc une peinture si inférieure à celles de la mythologie? N'est-ce pas une chose merveilleuse de voir l'Esprit saint, l'esprit sublime de Jéhovah, porté par l'emblème de la douceur, de l'amour et de l'innocence? Dieu se sent-il travaillé du besoin de semer sa parole, l'Esprit n'est plus cette Colombe qui couvroit les hommes de ses ailes de paix, c'est un verbe visible, c'est une langue de feu qui parle tous les dialectes de la terre, et dont l'éloquence élève ou renverse des empires.

Pour peindre le Fils divin, il nous suffira d'emprunter les paroles de celui qui le contempla dans sa gloire. « Il étoit assis sur un trône, dit l'Apôtre; son visage brilloit comme le soleil dans sa force, et ses pieds comme de l'airain fondu dans la fournaise; ses yeux étoient deux flammes. Un glaive à deux tranchants sortoit de sa bouche; dans la main droite il tenoit sept étoiles; dans la gauche, un livre scellé de sept sceaux. Un fleuve de lumière étoit devant ses lèvres. Les sept esprits de Dieu brilloient devant lui comme sept lampes; et de son marchepied sortoient des voix, des foudres et des éclairs'.

CHAPITRE IV.

DE LA REDEMPTION.

De même que la Trinité renferme les secrets de l'ordre métaphysique, la Rédemption contient les merveilles de l'homme et l'histoire de ses fins et de son cœur. Avec quel étonnement, si l'on s'arrêtoit un peu dans de si hautes méditations, ne verroit-on pas s'avancer ces deux mystères qui cachent dans leurs ombres les premières intentions de Dieu et le système de l'univers! La Trinité confond notre petitesse, accable nos sens de sa gloire, et nous nous retirons anéantis devant elle. Mais la touchante Rédemption, en remplissant nos yeux de larmes, les empêche d'être trop éblouis, et nous permet du moins de les fixer un moment sur la croix.

1. Apoc., cap. I et iv.

On voit d'abord sortir de ce mystère la doctrine du péché originel, qui explique l'homme. Sans l'admission de cette vérité, connue par tradition de tous les peuples, une nuit impénétrable nous couvre. Comment sans la tache primitive rendre compte du penchant vicieux de notre nature, combattu par une voix qui nous annonce que nous fumes formés pour la vertu? Comment l'aptitude de l'homme à la douleur, comment ses sueurs qui fécondent un sillon terrible, comment les larmes, les chagrins, les malheurs du juste, comment les triomphes et les succès impunis du méchant, comment, dis-je, sans une chute première, tout cela pourroit-il s'expliquer? C'est pour avoir méconnu cette dégénération que les philosophes de l'antiquité tombèrent en d'étranges erreurs et qu'ils inventèrent le dogme de la réminiscence. Pour nous convaincre de la fatale vérité d'où naît le mystère qui nous rachète, nous n'avons pas besoin d'autres preuves que la malédiction prononcée contre Ève, malédiction qui s'accomplit chaque jour sous nos yeux. Que de choses dans ces brisements d'entrailles! et pourtant dans ce bonheur de la maternité quelles mystérieuses annonces de l'homme et de sa double destinée, prédite à la fois par la douleur et par la joie de la femme qui l'enfante! On ne peut se méprendre sur les voies du Très-Haut, en retrouvant les deux grandes fins de l'homme dans le travail de sa mère, et il faut reconnoître un Dieu jusque dans une malédiction.

Après tout, nous voyons chaque jour le fils puni pour le père, et le contre-coup du crime d'un méchant aller frapper un descendant vertueux : ce qui ne prouve que trop la doctrine du péché originel. Mais un Dieu de bonté et d'indulgence, sachant que nous périssons par cette chute, est venu nous sauver. Ne le demandons point à notre esprit, mais à notre cœur, nous tous foibles et coupables, comment un Dieu peut mourir. Si ce parfait modèle du bon fils, cet exemple des amis fidèles; si cette retraite au mont des Oliviers, ce calice amer, cette sueur de sang, cette douceur d'âme, cette sublimité d'esprit, cette croix, ce voile déchiré, ce rocher fendu, ces ténèbres de la nature; si ce Dieu, enfin, expirant pour les hommes, ne peut ni ravir notre cœur ni enflammer nos pensées, il est à craindre qu'on ne trouve jamais dans nos ouvrages, comme dans ceux du poëte, « des miracles éclatants», speciosa miracula.

«Des images ne sont pas des raisons, dira-t-on peut-être : nous sommes dans un siècle de lumière, qui n'admet rien sans preuves. »

Que nous soyons dans un siècle de lumière, c'est ce dont quelques personnes ont douté; mais nous ne serons point étonné, si l'on nous fait l'objection précédente. Quand on a voulu argumenter sérieuse

ment contre le christianisme, les Origène, les Clarke, les Bossuet, ont répondu. Pressé par ces redoutables adversaires, on cherchoit à leur échapper, en reprochant au christianisme ces mêmes disputes métaphysiques dans lesquelles on voudroit nous entraîner. On disoit, comme Arius, Celse et Porphyre, que notre religion est un tissu de subtilités qui n'offrent rien à l'imagination ni au cœur, et qui n'ont pour sectaires que des fous et des imbéciles'. Se présente-t-il quelqu'un qui, répondant à ces derniers reproches, cherche à démontrer que le culte évangélique est celui du poëte, de l'âme tendre, on ne manquera pas de s'écrier: Eh! qu'est-ce que tout cela prouve, sinon que vous savez plus ou moins bien faire un tableau? Ainsi, voulez-vous peindre et toucher, on vous demande des axiomes et des corollaires. Prétendez-vous raisonner, il ne faut plus que des sentiments et des images. Il est difficile de joindre des ennemis aussi légers, et qui ne sont jamais au poste où ils vous défient. Nous hasarderons quelques mots sur la Rédemption, pour montrer que la théorie du christianisme n'est pas aussi absurde qu'on affecte de le penser.

Une tradition universelle nous apprend que l'homme a été créé dans un état plus parfait que celui où il existe à présent, et qu'il y a eu une chute. Cette tradition se fortifie de l'opinion des philosophes de tous temps et de tous pays, qui n'ont jamais pu se rendre compte de l'homme moral sans supposer un état primitif de perfection d'où la nature humaine est ensuite déchue par sa faute2.

Si l'homme a été créé, il a été créé pour une fin quelconque : or, étant créé parfait, la fin à laquelle il étoit appelé ne pouvoit être que parfaite.

Mais la cause finale de l'homme a-t-elle été altérée par sa chute? Non, puisque l'homme n'a pas été créé de nouveau; non, puisque la race humaine n'a pas été anéantie, pour faire place à une autre

race.

Ainsi l'homme, devenu mortel et imparfait par sa désobéissance, est resté toutefois avec ses fins immortelles et parfaites. Comment parviendra-t-il à ses fins dans son état actuel d'imperfection? Il ne le peut plus par sa propre énergie, par la même raison qu'un homme malade ne peut s'élever à la hauteur des pensées à laquelle un homme sain peut atteindre. Il y a donc disproportion entre la force et le poids

4. ORIG., C. Cel., 1. m, p. 144. Arius appelle les chrétiens & devλzí. ARR. ANTONIN, ap. TERTUL. at. scap., cap. iv, lib. in Joh. Malala Chronic. Porphyre donne a la religion l'épithète de Вápé¤pov hump”. PORPн. ap. Eus., Hist. eccl., vi, c. IN. Vid. PLAT., ARIST,, SÉN., les SS. PP., Pascal, Grot., Arn., etc.

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