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Fut qu'aucun d'eux ne put venir à chef1

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tir de la 3° édition, comme vieux malheur, fâcheuse aventure; mauvais chef, mauvaise issue:

Iamais ne rit (l'Envie) si elle ne rencontre
Deuant ses yeulx meschef ou malencontre.

(MAROT, livre II de la Métamorphose d'Ovide, tome III, p. 241.)

Ce iour premier fut la cause et le chef
Et de la mort et de tout le meschef.

(DU BELLAY, livre iv de l'Énéide, tome I, p. 348.)

Ainsi par moy n'auienne tel meschef.

(BAÏF, le Second livre des Poèmes, tome II, p. 81.)

le ne sçay quel malheur, quel desastre, ou meschef
Faict
que ie la souhaitte à baiser de rechef.

(REMY BELLEAU, la Bergerie, tome I, p. 232.)
Que vous et lui le Ciel punisse

Et vous fasse choir sur le chef

Bientôt quelque horrible méchef.

(SCARRON, le Virgile travesti, livre n.)

1. Locution vieillie à bout, au-dessus (tome IV, p. 317 et note 2), à chef de son dessein, à son couronnement, à son heureux succès : « ne put l'achever. Voyez la note précédente; et comparez les Cent Nouvelles nouvelles, p. 17, 20, 183, 259, 262 : « venir au dessus et à chef d'une entreprise », p. 364: « Par ce moien nostre gendre vint à chef de sa iousterie »; l'Ancien Theatre françois, tomes III, p. 107, VII, p. 363, du Bellay, tome I, p. 449, Remy Belleau, tome II, p. 71, Olivier de Magny, tome I, p. 9: << mettre à fin et chef, mener à chef une affaire »; Jodelle, tome I, P. 208:

Les siens pourront à chef mettre une aultre Carthage; Tahureau, fol. 90 ro : « conduire son entreprise à chef » ; Voiture, tome II, p. 264: «Les hautes aventures qu'ils (les anciens chevaliers) ont mises à chef.... »; et Froissart, livre I, chapitre 1, § 18: << au chef (au bout) de deux iours »; Montaigne, tomes III, p. 14, et p. 389 « au chef de chasque iournée », IV, p. 110, et I, p. 361: « Si les choses se rendent à nostre mercy, pourquoy n'en cheuirons nous (n'en viendrons-nous à chef, n'en jouirons-nous)? » Même emploi de ce verbe chez Marot (tome II, p. 124):

Il luy a faict, pour de cela cheuir,

Mille vacarmes;

De son dessein, ni rendre à la donzelle
Ce qu'elle avoit à leurs femmes prêté1:
Par conséquent c'est fait, j'ai tout conté.

chez Malherbe (tome III, p. 115): « Je crois qu'il vous contentera, et que vous en chevirez comme vous voudrez »; et chez Molière, Don Juan (acte IV, scène I) : « Plus que jamais, Monsieur (notre petit chien mord), et nous ne saurions en chevir. »

1. « Il resolut de le tuer, et luy reprendre ce qu'il luy vouloit prester.» (BRANTÔME, tome VI, p. 199.) « Il fut tué, et eut ce qu'il auoit presté à Monsieur l'Admiral. » (Ibidem, tome IV, p. 310.) « Il (le prince de Condé) fut pris prisonnier, non sans grand danger de a mort, si M. de Guyze luy eust voulu rendre ce qu'il luy auoit voulu prester à la coniuration d'Amboise. » (Ibidem, p. 349.)

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Un long fragment de ce conte parut à Leyde, chez Jean Sambix, en 1669, dans les Contes et Nouvelles en vers de M. de la Fontaine (petit in-12). L'éditeur fit suivre ce fragment de cette note : « Je ne vous aurois pas donné cette nouvelle imparfaite comme elle est, si je n'avois su de bonne part que son illustre auteur n'est pas dans le dessein de l'achever. Mais, en quelque état qu'elle soit, vous devez toujours m'en être obligé, puisque son Prologue est tenu par les plus éclairés pour un chef-d'œuvre. » La Fontaine, pour remédier au tort qu'on lui faisait, inséra lui-même ce fragment dans la réimpression parisienne des deux premières parties de ses Contes (Paris, 1669, in-12), et il donna un démenti au libraire hollandais dans cet avis placé à la fin de sa nouvelle inachevée : <«< Sans l'impression de Hollande j'aurois attendu que cet ouvrage fût achevé avant que de le donner au public, les fragments de ce que je fais n'étant pas d'une telle conséquence que je doive croire qu'on s'en soucie. En cela et en autre chose (l'éditeur de Leyde dans sa Préface fait un grand éloge du poète) cette impression de Hollande me fait plus d'honneur que je n'en mérite. J'aurois souhaité seulement que celui qui s'en est donné le soin n'eût pas ajouté qu'il sait de très bonne part que je laisserai cette nouvelle sans l'achever. C'est ce que je ne me souviens pas d'avoir jamais dit, et qui est tellement contre mon intention que la première chose à quoi j'ai dessein de travailler, c'est cette Coupe enchantée. »

En effet il fit paraître sa nouvelle entière, à la place qu'elle occupe ici, dans la troisième partie publiée en 1671; nous donnons au bas des pages les variantes tirées du fragment de 1669.

Cette coupe enchantée (il nappo incantato), la coupe dénonciatrice de l'Arioste et de la Fontaine, n'est, sous une autre forme, que le lotus rouge des contes de l'Inde, le lotus qui change de couleur et se flétrit lorsque l'un des deux époux trahit ses serments (voyez

dans l'Essai sur les fables indiennes de Loiseleur Deslongchamps, Paris, 1838, 3, p. 107, note 1, l'analyse d'un conte du Vrihat-Kathá); c'est le bouquet du conte persan, qui reste frais tant que la femme reste sage (Touti-Nameh, traduction de C. J. L. Iken, Stuttgart, 1822, p. 32); l'eau amère, mêlée de cendre, l'eau de jalousie, du livre des Nombres (chapitre v, versets 18-27), qui faisait «crever le ventre >> des femmes adultères; la coupe présentée à Haroun-al-Raschid par Aboulcasem au début des Mille et un Jours, qui demeure toujours pleine lorsque celui qui y boit a la conscience pure, coupe que nous retrouvons dans le roman de Huon de Bordeaux; ou la source qui se trouble, le lait qui rougit, le vin qui écume, la plante qui se dessèche, la bague qui se brise, le couteau qui se rouille, le portrait dont les couleurs pâlissent, la ceinture qui ne se noue plus, etc., etc., de tant de récits et de légendes populaires; c'est le corn ou cornet à boire des romans de Tristan et de Perceval, ou du Lai du Corn de Robert Biket, poète anglo-normand (treizième siècle), ce cornet que les dames ne peuvent approcher de leurs lèvres si elles ont été infidèles, ou les maris s'ils ont été trompés, sans qu'aussitôt le vin ne s'élance hors du vase; c'est la corne d'ivoire, ornée de cent sonnettes ou grelots, qui fait entendre une musique délicieuse lorsqu'on la touche seulement du doigt, à condition que le chevalier ou la dame aient été constants, sinon le talisman reste muet (de la Rue, Essais historiques sur les Bardes, les Jongleurs et les Trouvères, Caen, 1834, tome III, p. 217; et Histoire littéraire de la France, tome XIX, p. 712-716); c'est le cor suspendu dans le palais enchanté d'Apollidon, qui rend des sons harmonieux à l'approche des cœurs aimants, farouches à celle des cœurs perfides (Amadis de Gaule, livre IV, chapitre xxx); la rose du roman de Perceforest; l'anneau constellé de Flore et Blanchefleur, dont la pierre doit se ternir si Blanchefleur court quelque péril; le court mantel ou le mantel mautaillé (Montaiglon, tome III, p. 1-34), qui a la propriété de donner une mesure exacte de la vertu des femmes à une des fêtes solennelles des chevaliers de la Table ronde toutes les dames de la cour d'Artus essayent ce manteau enchanté l'une après l'autre, mais n'ont pas à se louer, même la belle reine Genèvre, d'avoir subi cette dangereuse épreuve. A une seule, entre deux cents, il va tout à fait bien, à « une gente pucelle », et la fée Morgane, qui l'a envoyé, lui en fait cadeau. C'est le soc de charrue rougi au feu, sur lequel marchent sans se brûler

les épouses innocentes 1, le fer ardent qu'elles tiennent dans leurs mains, ou la cuve d'eau bouillante où elles plongent impunément leur bras nu2, ou la rivière où on les jette sans qu'elles se noient; la chemise blanche du LXIX chapitre des Gesta Romanorum; l'oiseau qui meurt si sa maîtresse trahit la foi conjugale, dans l'emblème XLVII d'Alciat, tradition longtemps répandue en Portugal, où l'on appelait cet oiseau camao; le miroir magique de la nouvelle xxi de Bandello; l'arbre enchanté, aux pommes transparentes, qui deviennent noires lorsqu'une femme adultère passe sous ses branches, et laissent tomber sur la coupable des taches ineffaçables (voyez Legrand d'Aussy, tome I, p. 126, 150, 151; de la Rue, tome I, p. 13, tome III, p. 216; l'Histoire littéraire de la France, tome XXIII, p. 169–170; le docteur Graesse, Allgemeine literär Geschichte, 1842, tome II, p. 185; et le recueil publié, en 1838, par lady Charlotte Guest: the Mabinoghion, tome II, où il est fait mention de toutes sortes de talismans); la poupée en cire blanche du conte de Sénecé: Filer le parfait amour, qui jaunit si la femme est tentée, qui noircit si elle succombe : ce conte a été imité par Alfred de Musset dans la Quenouille de Barberine; c'est « la robe de dissension » dans l'opéra-comique, en deux actes, de Piron, qui porte ce titre (ou le Faux Prodige), et où Arlequin persuade à son rival qu'une vilaine robe noire que lui a prêtée un alguazil est a du plus beau couleur de feu du monde et enrichie d'une broderie merveilleuse », mais que ce rouge et cette broderie ne paraissent qu'aux yeux des maris dont les femmes sont irréprochables ou des frères dont les sœurs sont sages.

Rappelons aussi le beau hanap, aux effets merveilleux, quoique non magiques, dont parle Brantôme dans ses Dames galantes (p. 45-50), cette coupe « si bien historiée », et « où estoient taillées bien gentiment et subtilement au burin plusieurs figures de l'Aretin, de l'homme et de la femme », etc. La vue de cette coupe, ajoute-t-il, « faisoit de terribles effects, tant y estoient penetrantes ces images, visions et perspectiues », et plusieurs femmes qui y burent « s'en desbaucherent ». Elle « auoit quasi quelque simpa

1. Telle fut, d'après la légende, l'épreuve que subit l'impératrice Cunégonde, la femme de saint Henri.

2. Comme la reine Thietberge, bru de l'empereur Lothaire I", petit-fils de Charlemagne, accusée d'avoir commis un inceste avec son frère, le duc Hubert.

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