rer, avec une humble confiance, que cette union fi intime commencée par fa grace fur la terre, fera par cette même grace confommée dans le ciel; et qu'au dernier jour, nous aurons part à l'accompliffement de cette promeffe fi consolante qu'il a faite à fes Apôtres: Je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin que là où je ferai, vous y Loyez auffi. a)

PRIERE.

Attente des nations, b) Seigneur Jéfus, venez: que votre divine préfence nous eft néceffaire! Nous avons befoin de confeil, de fecours, de protection. Si nous voulons difcerner entre le bien et le mal, nous fommes exposés à être trompés, et faciles à féduire. Si nous effayons de faire le bien, nous manquons de courage: et notre foibleffe nous rend ftériles en bonnes œuvres. Si nous nous efforçons de réfifter au mal, nous ne faifons que trop la trifte expérience de notre fragilité: nous fommes vaincus, et nous fuccombons. Venez donc remédier à notre aveuglement, aider notre foibleffe, protéger notre fragilité. Si vous êtes en nous, qui pourra désormais nous féduire? Vous êtes un confeiller fidèle: vous ne pouvez jamais ni tromper, ni être trompé; fi vous êtes avec nous, que ne

a) Joan. XIV. 3. b) Gen. XLIX. 10.

pourrons nous pas dès lors en celui qui nous fortifiera? vous portez un fecours efficace, vos forces ne l'épuifent point, et vous ne connoiffez point la laffitude: fi vous êtes pour nous, qui fera contre nous ? Vous êtes un protecteur puiffant, qui mettrez bientôt fous nos pieds l'ennemi de notre falut, et briferez tous les piéges qu'il nous tend pour nous perdre. Venez donc, o Splendeur de la gloire de Dieu, a) o Sageffe de Dieu, o Force de Dieu: b) chan gez nos ténébres en lumière; préservez nous des dangers qui nous menacent; fou lagez nous dans les difficultés que nous éprouvons; affermiffez notre courage, dans les combats qui nous font livrés; afin qu'après nous avoir tenus comme par la main, et conduits felon votre volonté dans cette carriere paffagère que nous avons à parcourir ici bas, vous nous receviez un jour dans la cité permanente, dont vous êtes le fondateur et l'archi tecte. c)

a) Hebr. I. 3.

b) 1 Cor. I. 24.

c) Pf. LXXII. v. 24. Hebr. XI. 10.

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S. Bernard. de advent. Dom. Serm. I. IIL

IV. V. VII.

ARTICLE

II.

LA FETE DE LA CONCEPTION DE LA TRÉS

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SAINTE VIERGE.

Réflexions.

I.

Les premieres faveurs du ciel furent ,,pour la très Sainte Vierge. Dieu lui réferva un privilége véritablement digne d'un fils qui l'aimoit infiniment: et qui ,, étant infiniment fage, infiniment bon, infiniment puiffant, devoit fe choisir une mere, et la former à fon gré. Il voulut ,, que la rédemption lui fut appliquée, par manière de remede préfervatif: afin que ,, le péché, qui comme un venin mortel ,,couloit fur tous les hommes de génération en génération, ne pût parvenir jusqu'à elle. Elle fut rachetée d'une maniè re fi excellente, que le torrent de l'ini», quité originelle, qui rouloit fes flots avec ,, impétuofité, et qui couvroit de fes ondes empoisonnées toutes les autres filles ,,d'Adam, venant à celle-ci pour desho,,norer fa conception, n'ofa paffer outre, ,, et f'arrêta comme le Jourdain, et pour les mêmes raifons que le Jourdain, au ,, temps de Jofué. Ce fleuve interrompit fon cours, comme par refpect, à la vue de l'arche d'alliance: et le péché originel,

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,, à la vue du vrai tabernacle de l'alliance éternelle, dont il fembloit redouter la préfence. C'est ainfi que le Seigneur, en ,, éloignant de fa glorieufe mere toute forte de fouillure et de fervitude, lui don,,na les avantages des deux états de la na,,ture humaine; car elle eut l'innocence ,, que le premier Adam avoit perdue, et ,, elle participa à la rédemption du fecond Adam d'une manière excellente... Cet,, te divine mere fut donc rachetée, com,,me il convenoit à fon fils, pour qui feul elle étoit créée, et dont elle étoit la bien aimée. C'eft à dire qu'elle fut préservée, ,,non feulement de la damnation, mais ,, encore de tout danger de la damnation; ,, ayant reçu, avec la grace et la perfection de la grace, l'affurance de ne jamais la perdre." a)

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Marie préfervée du péché originel, a encore reçu le privilege spécial d'éviter durant tout le cours de fa vie toute faute même vénielle: b) et élevée par la grace bien audeffus de la loi fous laquelle elle avoit pris naiffance, elle a voué à Dieu la virginité qu'elle a toujours confervée fans tache: Vierge, ayant d'être mere: Vierge,

a) S. François de Sales: Traité de l'amour de Dieu L. 2. c. 6. Conc. Trid. Seff. V. Decret: de Peccato Originali.

b) Conc. Trid, Seff. VI. Can. XXIII.

étant mere: toujours Vierge, après avoir été mere.

II.

Telles font les bénédictions dont un fils plein d'amour f'eft plu à prévenir celle qu'il avoit choifie pour fa mere; la regardant,, Comme le jardin de délices qui de,, voit porter le fruit de vie, il f'eft hâté ,,d'y faire fleurir toutes fortes de perfec

tions: afin que parée de l'or de la charité, ,, et embellie par la variété admirable des ,, vertus, elle pût f'affeoir à fa droite, com,, me la Reine a).... C'eft bien à jufte titre

qu'on la compare à une belle aurore, qui ,, depuis qu'elle a commencé à poindre, ,, augmente continuellement en clarté, jus,, qu'au grand jour." b)

Ainfi Marie eft le chef d'oeuvre de la grace: le Fils unique de Dieu, qui vouloit prendre dans fon fein un corps formé de fa propre fubftance, f'eft plu à lui prodiguer toute la plénitude de la grace. Comme il n'y a aucune créature qui égale Marie en dignité: il n'y en a aucune qui l'égale en fainteté; ni les prophêtes, ni les apôtres, ni les martyrs, ni les patriarches, ni les anges, ni les thrônes, ni les dominations, ni les féraphins: non, parmi toutes les chofes créées, visibles ou invifibles, on n'a

a) Pf. XLIV, v. 10. b) S. François de Sales, ibid.