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tion, fixer la date de sa première apparition chez les Musulmans, tracer le tableau des modifications successives qu'il a subies.

L'Académie ayant choisi la 1re question, M. EGGER, au nom de la même Commission, présente les trois questions proposées, pour le prix ordinaire, dans l'ordre suivant :

1re Question: ETUDE SUR LES DIALECTES DE LA LANGUE D'OG AU

MOYEN-AGE.

N. B. Les concurrents s'attacheront à déterminer les caractères de ces dialectes d'après tous les documents existants et surtout d'après les textes diplomatiques dont l'âge et le pays sont exactement connus.

:

2e Question Faire connaître d'après les anciens documents et l'étude des noms de lieux, le domaine et la circonscription du dialecte armoricain du IX au XVIIe siècle et comparer l'étendue de cette région à celle de la partie de la Bretagne où le bas-breton est encore usité.

3 Question: Etude critique et historique sur les écrits du patriarche Photius.

.

N. B. L'Académie désire que les concurrents comprennent dans cette étude non-seulement tous les ouvrages publiés sous le nom du célèbre patriarche de Constantinople, mais encore, autant qu'il sera possible, ceux qui sont restés inédits et dont l'indication se trouve soit dans les anciens catalogues des bibliothèques de l'Occident soit dans les relations des voyageurs.

L'Académie, consultée, choisit la 4re question.

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M. LE PRÉSIDENT fait hommage, au nom de M. le général Faidherbe, des photographies des 23 inscriptions libyques dont le général a entretenu l'Académie dans sa dernière séance. Ces photographies seront renvoyées à la Commission des inscriptions sémitiques et des remerciments adressés à M. le général Faidherbe.

Sont offerts à l'Académie les ouvrages suivants :

1° Recherches sur la monnaie romaine depuis son origine jusqu'à la mort d'Auguste, par le baron D'Ailly: t. 1, 2° partic (Lyon, 1868, in-4o). 2° La chaire française au moyen-âge, spécialement au XIIIe siècle d'après

les manuscrits contemporains, par M. A. Lecoy de la Marche, ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres (Paris, 1868, 1 vol. in-8°).

3° Mémoires de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres, etc. de Lyon Classe des lettres: t. XIII.

4 Ueber die sogenannte LEUKOTHEA in der Glyptothek S. Maj. König Ludwigs I, par le Dr Heinr. Brunn (Munich, 1867, in-4°).

5o Notice sur les découvertes archéologiques faites récemment au Pirée, avec le texte de deux inscriptions grecques, par M. Ch. Wescher (Paris, 1868, in-8°. Extr. de la Revue archéologique).

6o La légende d'Etichon, duc d'Alsace, par M. Ordinaire de Lacolonge (Bordeaux, 1868, br. in-8°).

7° Le cabinet historique : juin 1868.

8° Annales de philosophie chrétienne: juin 1868.

M. RENAN présente les trois dernières livraisons (9, 10, 14) du Dictionnaire chaldéen de M. le rabbin J. Lévy, de Breslau (Leipzig, 1868). «Depuis Buxtorf, dit M. RENAN, la langue chaldéenne n'avait pas été l'objet d'un travail aussi considérable. Le dictionnaire de M. Lévy embrasse tous les mots des Targums et une partie des mots des écrits rabbiniques composés en chaldéen. Tel qu'il est, l'ouvrage est un service rendu aux études sémitiques. Il est maintenant complet en un volume. >>

M. DE WAILLY achève la lecture de son Mémoire sur la langue de Joinville.

Cette lecture donne lieu à quelques observations de MM. REGNIER, LABOULAYE, EGGER.

M. EGGER lit, au nom de M. Zündel, la suite de son mémoire intitulé « Un meurtrier de César en Suisse. »

MOIS D'AOUT.

Séance du vendredi 7.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

M. le PRÉSIDENT donne lecture d'une lettre de S. Exc. M. le Ministre de l'instruction publique au Président de l'Institut. M. le Ministre annonce qu'il présidera la distribution des prix du

concours général lundi prochain à la Sorbonne et que des places seront réservées pour M. le Président et pour les autres membres qui voudront l'accompagner.

M. Fréd. Godefroy écrit à M. le Secrétaire perpétuel pour lui apprendre que S. Exc. M. le Ministre de la Maison de l'Empereur, par ordre de Sa Majesté, a mis à sa disposition 4,000 fr. sur les fonds de la liste civile pour la continuation de son Dictionnaire de l'ancienne langue française, et qu'une allocation semblable pourra lui être faite l'an prochain, selon le degré d'avancement de ses travaux. Son œuvre se trouve désormais assurée. Il remercie l'Académie pour la part qu'elle a eue à ce résultat.

M. le PRÉSIDENT annonce que, la séance publique des cinq académies devant avoir lieu vendredi 14, la séance ordinaire de l'Académie sera avancée au mercredi 12.

M. EGGER donne lecture, au nom de M. Hignard, professeur à la Faculté des lettres de Lyon, d'un mémoire intitulé « Etudes mythologiques. Le mythe d'Io. » Ce mémoire est précédé d'une note où l'auteur constate que la dissertation de M. Rich. Engelmann, De Ione commentatio archæologica (Berol., 1868, in-8°), lui est parvenue deux mois après qu'il avait déposé son mémoire entre les mains du Président de l'Académie ; que d'ailleurs l'objet des deux écrits est tout à fait différent, M. Engelmann s'étant surtout proposé de rechercher et de décrire les monuments de l'antiquité figurée qui sont relatifs à la fable d'Io, et M. Hignard, d'étudier les origines et la formation de cette fable, ce qu'il fait par une étude comparative des témoignages en prose ou en vers que l'antiquité nous a transmis et par la discussion des principales opinions de la critique sur cette célèbre légende.

ANALYSE.

<< La fable d'Io est la combinaison de plusieurs fables d'origine très-diverse. Elles viennent de plusieurs point géographiques et procèdent aussi de plusieurs opérations distinctes de l'esprit humain.

» En premier lieu, un mythe antique, peut-être aryen. C'est la

seule partie de cette fable que l'auteur de l'Iliade paraisse connaître. Le géant aux cent yeux, dont le nom semble désigner l'éclat du ciel, surveille dans les prairies du firmament la génisse errante. Hermès, le crépuscule, vient tuer le gardien et lui ravir sa captive en les faisant disparaître tous deux.

» En second lieu, une fable argienne. Une jeune fille de la race des rois a disparu. Son nom, dans la langue sacrée du pays, signifie la lune. Elle devient, par là même, la grande rivale d'Héra, la grande déesse lunaire, et par suite, l'amante de Zeus. De là encore sa métamorphose en vache et ses courses désordonnées.

» L'élément égyptien est triple. C'est d'abord ce mot d'lo qui est le nom de la lune en Argolide comme aux bords du Nil, et qui, avec le nom d'Apis, avec l'histoire de Danaüs, trahit des rapports très-anciens entre les deux pays. Puis, lorsque lo est devenue déesse lunaire, on la reconnaît dans Isis et on les identifie. De là, les récits qui la montrent abordant en Egypte. Cette partie de la fable est déjà connue d'Eschyle, bien qu'Hérodote n'en fasse pas mention. Enfin, la maternité virginale d'Io a passé aussi des légendes égyptiennes dans la tragédie d'Eschyle. Le nom d'Epaphus (1) en est-il la cause ou la conséquence? Il est difficile de le démêler. La solution de ce problème se trouvera probablement par une connaissance plus complète du mythe égyptien d'Apis et des divers noms par lesquels ce dieu était désigné.

» La part de la Phénicie est beaucoup moindre. L'identification d'Io et d'Astarté appartient sans doute à des temps postérieurs : on n'en trouve pas trace avant Apollodore. Elle s'est faite vraisemblablement par l'intermédiaire d'Isis. La filiation d'Agénor remonte beaucoup plus haut; mais c'est un détail secondaire. Ce qui revient en propre aux Phéniciens dans la formation de cette fable, c'est d'avoir mis ces divers éléments en contact les uns avec les autres et d'en avoir préparé la fusion.

» Quelques détails peu importants sont dus probablement à la poésie par exemple, l'intervention des Curètes dans l'histoire

(1) L'enfant du toucher. On se rappelle le vers d'Eschyle (Prom., 847), << Il (Zeus) posera sur toi sa main amie, ce toucher suffira. »

d'Io-Astarté, véritable superfétation, imaginée sans doute par quelque poëte maladroit, et dont la critique ne doit point tenir compte. Enfin, nous en avons noté plusieurs autres qui sont nés de la langue, et où les mots ont créé l'idée. Sans compter le faucon d'Apollodore, évidemment couvé dans l'œuf d'un contre-sens (4), les rapports d'Io avec le Bosphore et la mer Ionienne sont des associations d'idées produites par la ressemblance des noms. Si l'on admet le récit des sages de la Perse et de la Phénicie, il faut admettre aussi que le nom de la jeune argienne est la vraie cause de sa transformation en divinité lunaire.

>> Mais il serait injuste envers l'école étymologique (2) de ré

(1) « Contrairement à la tradition commune (Ovide, Valérius Flaccus, etc.), Hermès, dans Apollodore, ne tue pas Argus avec le glaive recourbé, l'harpe de Cronos, de Zeus et de Persée. Il le tue d'un coup de pierre, mais avec cette circonstance que l'arrivée d'Hermès a été annoncée au géant par un faucon, hiérax, dont quelques éditeurs d'Apollodore ont fait un nom propre (ce qui, pour le noter en passant, a conduit Quinault, dans son opéra d'Isis, à faire d'Hiérax l'amant dédaigné d'Io). Ce détail montre quelle influence la langue exerce sur les mythes. Le mot harpe, que Valérius Flaccus emprunte sans doute à quelque poëte grec, signifie à la fois une arme et un oiseau de proie, comme en latin falx et falco, en français faucon et faucille, rapport qui vient évidemment de la forme recourbée qu'affecte le bec des oiseaux carnassiers. Ainsi le faucon d'Apollodore n'est, manifestement, qu'une interprétation erronée de la faucille des anciens mythologues. Les deux sens du mot sont l'unique origine de cette variante. Un récit oral mal compris ou une phrase mal lue ont fait imaginer ce qu'ils ne disaient pas. Voilà un de ces détails mythiques, dont la langue, avec ses variations et ses obscurités, est la seule source possible. >>

(2) << Inaugurée en Allemagne par les rédacteurs du Journal de mythologie comparée, précisée et formulée par l'illustre Max Müller, la doctrine étymologique est propagée en France par un groupe de disciples ardents et convaincus qui l'auront bientôt rendue presque populaire. Elle enseigne que les mythes, loin d'avoir été imaginés pour voiler quoi que ce soit, n'ont pas même été créés par l'homme ou du moins par la volonté humaine; qu'ils se sont formés tous seuls, spontanément, sans que personne y prît garde, par l'effet du langage, dont l'homme ne peut se servir sans ANNÉE 1868. 17

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