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duire sa part à ces minces détails. Elle en a une beaucoup plus grande. A elle, sans doute, doit revenir l'honneur d'expliquer la partie capitale de cette fable, le mythe d'Argus et d'Hermès. Ce mythe appartient aussi, nous l'avons vu, à l'école symbolique..... Ces deux doctrines, dans ce qu'elles ont de vrai, s'entr'aident et se complètent au lieu de s'exclure. Elles ne sauraient non plus rejeter entièrement l'école historique, l'évhémérisme, sans se mettre dans l'impossibilité d'expliquer les détails locaux qui fixent sur un sol déterminé une notable partie des fables, de celles au moins qui forment comme les couches secondaires de la mythologie. L'analyse du mythe d'Io nous a montré aussi que les fables de plusieurs peuples pouvaient se souder pour n'en former plus qu'une et que la science a le droit de rechercher par voie de comparaison ces influences étrangères. Par là se trouve établi ce qui était le second objet de notre travail, que toutes les écoles mythologiques peuvent avoir leur part, une part légitime, dans l'explication des mythes, de quelques-uns au moins; que tous les systèmes sont vrais si on les ramène à leurs justes limites, qu'ils ne deviennent faux qu'en voulant être seuls vrais. Dans la science des religions, comme dans

une sorte d'illusion qui le trompe sur sa propre pensée. Les mythes les plus bizarrés n'étaient à l'origine que l'énonciation de faits très-simples, le lever du soleil, l'orage, le retour du beau temps, la nuit qui succède au jour, le printemps qui remplace l'hiver, les plantes qui sortent de terre avec leurs feuilles et leurs fleurs. Mais le langage humain est chose essentiellement mobile et variable, il change sans cesse. Les mots perdaient leur sens et disparaissaient de l'usage habituel; alors on les prenait pour des noms propres ; le fait qu'ils exprimaient à l'origine devenait une action personnelle, et la métaphore qui est l'essence des langues primitives se confondait avec la réalité. Ce qui n'avait été d'abord qu'un mot de l'idiome commun passait à l'état de divinité, et cette divinité avait bientôt sca histoire, ses aventures merveilleuses, créées comme elle de phrases ou de locutions dont le sens originel n'était plus compris. Ainsi, pour résumer par les expressions à peu près textuelles de M. Max Müller lui-même, «< la mythologie n'est ni une histoire, ni une religion, ni une morale, ce n'est qu'un dialecte, une forme antique du langage que toutes choses ont revêtu. »

toutes les autres, l'esprit d'exclusion est une source certaine d'erreur. L'éclectisme ne saurait aller jusqu'à concilier ce qui est vraiment contradictoire; mais il montre, et c'est là son mérite, que souvent la contradiction n'est qu'apparente et qu'elle cesse du moment où les vérités qui semblaient s'exclure sont réduites à leurs véritables termes. Nous serions heureux si les recherches qui précèdent suffisaient à démontrer qu'il a un rôle dans la science des mythes, et, en éclairant un point spécial, à mettre surtout en pleine lumière (ce qui est plus important) une question de méthode applicable à tous les problèmes de la mythologie. »

.A la suite de cette lecture, et comme à l'appui des rapprochements qu'on peut faire entre divers traits de la légende d'Io et plusieurs mots égyptiens, M. BRUNET DE PRESLE remarque que le mot áp, employé pour désigner un instrument crochu, une faucille, et aussi une épée recourbée, a été retrouvé par M. Chabas dans un texte hiéroglyphique, sous une forme qui le rend lettre par lettre. Le mot égyptien a passé dans l'hébreu, dans le grec: ápnat, ravisseur, vient évidemment d'άρлn, et notre mot rapacité, qui dérive de äpлáž, a ainsi une origine égyptienne.

M. MAURY fait observer que la äρ est aussi une arme assyrienne, dont on a retrouvé la figure parfaitement déterminée sur les monuments assyriens. Que cette arme ait été commune aux deux peuples, cela n'a rien d'étonnant, puisqu'ils furent souvent en guerre l'un contre l'autre et que les peuples s'empruntent volontiers les armes dont ils se combattent. Les Egyptiens ont donc pu l'emprunter à l'Asie et le nom passer dans leur langue comme la chose elle-même dans leurs usages. Ce qui fait croire à M. MAURY que cette arme a dû être inventée plutôt en Asie qu'en Egypte, c'est que le nom ne s'en retrouve pas seulement dans le mythe d'Io, mais aussi dans les mythes de Persée, de Bellerophon, de Kronos. C'est donc une ancienne arme grecque, et, comme les Grecs sont venus d'Asie, comme les peuples dans leurs migrations emportent avant toute autre chose leurs armes, il est à croire que c'est à l'Asie qu'il faut en attribuer l'origine.

Sont offerts à l'Académie les ouvrages dont les titres suivent:

1° Degli scritti di Marco Polo e dell' uccello RVC da lui menzionato: memoria 2a del Prof. Cav. G. Gius. Bianconi (Bologna, 1868, in 4o).

2o Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIo au XVIe siècle, par M. Viollet le Duc, architecte du gouvernement, etc., t. VIII et IX (Paris, 1866-68, 2 vol. in-8°).

3o Saggio storico di letteratura poetica dal secolo di Pericle fino al nostro, pel March. Gius. Pulce, vol. I et II (Nap., 1867-68).

4o Revue numismatique: 1868, no 3 (mai-juin).

5o M. WALLON offre à l'Académie, au nom de M. L. Leger, un ouvrage, qui, malgré les réticences du titre, est une thèse récemment soutenue devant la Faculté des lettres de Paris: Cyrille et Méthode; étude historique sur la conversion des Slaves au christianisme. L'auteur, fort versé dans les langues slaves, commence par une introduction qui est un tableau sommaire, mais pourtant fort étudié, des origines des peuples slaves, de leur établissement dans l'Europe orientale et de leur distribution en groupes distincts. Il continue par la vie de saint Cyrille et de saint Méthode, d'après les témoignages du temps et les légendes nationales, et finit en résumant les travaux qui ont été publiés sur l'histoire de la liturgie slave et sur les deux formes d'écriture rapportées, l'une, à saint Cyrille, et l'autre faussement à saint Jérôme.

6° M. le PRÉSIDENT offre, au nom de M. DE ROSSI, le dernier numéro du Bulletin d'archéologie chrétienne. Dans la 4re partie de ce numéro M. DE Rossi explique un certain nombre d'objets chrétiens trouvés dans les fouilles qui sont exécutées à Porto par le prince Torlonia. On sait que le prince a mis au jour en ce lieu tout un palais dont les salles ont reçu jadis les Empereurs et où l'on a retrouvé des statues encore en place. La suite des fouilles a conduit à un quartier dont les maisons ont été conservées jusqu'au premier étage. Là on a recueilli des vases d'argent, des vases de verre, de terre, avec ciselures et bas-reliefs portant des traces de christianisme. C'est ce que M. DE ROSSI explique dans son Bulletin. - A la fin du même numéro M. DE ROSSI dit où en sont les fouilles du bois sacré des frères Arvales à la Vigna Ceccarelli. M. le PRÉSIDENT en a déjà parlé l'an dernier. On y a découvert de nouveaux fragments des actes des frères Arvales en assez grand nombre pour donner lieu à une nouvelle publication générale. C'est ce dont s'occupe M. Henzen. A la surface du sol antique on a trouvé un cimetière chrétien. Plusieurs tombes sont couvertes de pierres qui avaient été les plaques de revêtement du temple de la déesse Dia, sur lesquelles les frères Arvales consignaient

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eurs actes. Dans les ruines du cimetière, on a découvert les restes d'une chapelle qu'une inscription gravée sur un fragment du chambranle de la porte fait remonter au pape Damase, c'est-à-dire au temps de Constantin. Plus loin on rencontre une catacombe chrétienne encore vierge, qui paraît avoir eu son entrée dans la carrière de pouzzolane située sur le versant opposé de la colline. Les galeries en sont comblées de terre provenant d'excavations postérieures, comme il arrive dans les catacombes, lorsqu'une galerie étant pleine on en ouvre une autre. Malheureusement elle paraît n'avoir servi de sépulture qu'aux populations de la campagne voisine, c'est-à-dire à des familles assez pauvres. On n'y trouve aucune inscription gravée, à peine quelques signes marqués au trait. Quelques fragments de tables des Arvales se retrouvent encore sur le sol, mais disséminés et sans qu'ils paraissent avoir servi de matériaux dans la catacombe, ainsi qu'il arriva plus tard dans le cimetière dont il a été parlé. On peut en conclure que la catacombe est antérieure à la suppression du culte païen, antérieure à la construction de la chapelle du pape Damase, comme elle paraît comprendre tout le sous-sol de l'ancien territoire sacré; on peut y voir aussi un cimetière clandestin, car on ne saurait admettre que les magistrats de l'Empire eussent autorisé une profanation de cette espèce; et cela est conforme à ce qui a été avancé déjà, qu'au temps de la persécution il arrivait aux Chrétiens d'ensevelir secrètement leurs morts dans des carrières.

70 M. EGGER présente à l'Académie, de la part de M. Ch. Chappuis, professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Besançon, les Fragments des ouvrages de M. Terentius Varron, intitulés LOGISTORICI, HEBDOMADES VEL DE IMAGINIBUS, DE FORMA PHILOSOPHIE, recueillis et mis en ordre, accompagnés d'introductions et de notes (Paris, Hachette, 1868, 112 pp. in-8°). « C'est la première partie d'un travail qui s'étend à tous les ouvrages perdus de Varron, et dont une première rédaction fut, en 1859, honorée d'une récompense dans le concours pour le prix Bordin. M. Chappuis a revu sévèrement et complété ses premières recherches, et, grâce à un opportun encouragement de M. le Ministre de l'Instruction publique, il a pu en commencer la publication. On souhaitera, dit M. EGGER, que la suite ne s'en fasse pas attendre une publication de ce genre ne peut que faire honneur à la philologie française. >>

8° Comme président actuel de l'Association pour l'encouragement des études grecques en France, association fondée en 1867 et surtout par l'initiative de quelques membres de l'Académie, M. EGGER croit devoir offrir aussi un exemplaire de son Annuaire pour 1868, avec un supplément

publié il y a quelques jours, et qui contient un mémoire délibéré en séance de l'Association Sur la réforme des études grecques dans les établissements universitaires. A cette occasion, M. EGGER signale en quelques mots les progrès de l'Association et les nombreux témoignages de sympathie qu'elle recueille chaque jour, non-seulement en France, mais à l'étranger et surtout dans les pays de langue grecque en Orient. Au Supplément de l'Annuaire de 1868 est joint un exemplaire du n° 34 de la Revue des cours littéraires qui contient une leçon de M. EGGER sur les études grecques en France au XVIIe et au XVIIIe siècle: c'est comme une pièce justificative à l'appui de quelques observations historiques consignées dans le Mémoire que vient de publier l'Association.

L'Académie se forme en comité secret.

Séance du mercredi 12.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

A propos de la correspondance, M. le SECRÉTAIRE rappelle à l'Académie que, dans le Comité secret de la dernière séance, il lui a lu une lettre de M. Engelhardt, consul de France à Belgrade, au sujet de quelques-uns des monuments achetés par M. Desjardins de M. More, colon français établi à Iglitza, et offerts par lui à l'Académie. Sur ces 17 monuments, M. Engelhardt en signale quatre qui ont été découverts par lui-même et qu'il faut ranger parmi ceux dont il a personnellement fait hommage à l'Académie. Il revendique les droits de sa découverte et l'honneur d'avoir offert en pur don à la Compagnie le produit de fouilles exécutées à ses propres frais. M. le SECRÉTAIRE ajoute que M. Desjardins, invité à donner les explications sur ce fait, s'est empressé de reconnaître les services éminents que M. Engelhardt a rendus par ses fouilles à la science archéologique. C'est à lui que l'on doit la connaissance de Troesmis et les trésors épigraphiques renfermés dans ses ruines, et l'on ne peut que rendre hommage aux sentiments de patriotisme et de désintéressement qui l'ont amené à

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