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envoya à Achille (κόρυθα βριαρήν... ἐπὶ δὲ χρύσειον λόφον ἧκε. Ib. v. 611). L'inscription qui accompagne la figure la désigne comme représentant Neoptolème (EOP TOV E Mos), fils d'Achille.

>> Cette représentation a beaucoup d'analogie avec celle de la table Iliaque (dans la raie T), où Achille est également occupé à chausser sa guêtre; mais il y est tourné en sens contraire, et il a le casque sous son pied relevé. Devant lui est Thétis, accompagnée d'une autre Néréïde, à moins que ce ne soit la Grâce, femme de Vulcain (Χάρις λιπαροκρήδεμνος, τὴν ὤπυιε περικλυτὸς Augryunes. Ib.. v. 382-3), à laquelle Thétis adressa tout d'abord sa prière. Derrière Achille est un jeune homme, que Millin prend pour Automédon.

» Mais le monument qui approche encore davantage du nôtre est le vase publié par Micali dans ses Monumenti (Tav. 88, N. 1 et 2), et reproduit par Overbeck (Die Bildwerke zum Thebischen und Troischen Heldenkreis, Nro. 82. Taf. xvIII, Nro. 4). L'action et la position d'Achille y sont identiques, mais son casque y est placé comme dans la table Iliaque. Achille y porte en outre son épée, dont on voit le bout derrière lui, et le baudrier passé sur son épaule droite. Thétis occupe la même position que sur notre patère, mais elle tient dans sa main droite deux lances penchées, avec les fers en bas, et dans la gauche le bouclier, qui lui couvre une partie de la poitrine. Derrière Achille se tient un Myrmidon armé, dont les pieds, couverts de guêtres, sont, ainsi que son corps, de profil, et tournés à droite, tandis que sa tête est tournée en sens opposé. Son bouclier rond, dont le centre porte en enseigne la représentation de la partie antérieure d'un chien ou d'un loup et qu'il tient dans sa main droite, lui couvre la poitrine et tout le visage. Dans sa gauche il porte aussi deux lances comme Thétis. Sa position gênée et peu naturelle le désigne, d'après Overbeck, comme prêt à partir pour le combat. Une autre interprétation m'en semble plus plausible à la vue de l'armure divine, il est, comme tous les Myrmidons, saisi d'une sainte terreur, il en détourne la tête, et n'ose y attacher le regard.

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>> Notre monument me semble mériter la première place parmi tous ceux qui représentent le même sujet, non-seulement par les dimensions des figures, mais aussi parce que l'artiste, faisant abstraction de l'unité de lieu et de temps, a tenu à réunir toute la famille d'Achille autour de l'événement miraculeux, qui lui était un gage assuré de la faveur des dieux. La présence de Néoptolème dans le groupe pourrait faire supposer que le personnage mâle, qui accompagne Achille sur la table Iliaque, n'est autre que son fils.

>> Enfin, il me resterait à faire observer que l'accord parfait de ces représentations avec les moindres détails de la description d'Homère, semble indiquer que ces peintures si archaïques ne sont pas antérieures aux temps où les poésies homériques ont reçu la forme sous laquelle elles nous ont été transmises. >>

M. Deville, correspondant de l'Académie, donne lecture d'un mémoire où il discute au long, en l'approuvant par divers motifs, l'attribution de Genabum à Orléans.

Séance du vendredi 9.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance.

M. Engelhardt, consul général de France à Belgrade, écrit au Secrétaire perpétuel, en date du 27 septembre, pour le prier de soumettre à l'Académie deux nouvelles inscriptions ajoutées à celles qu'il a adressées par la lettre du mois dernier. Elles se rapportent à deux soldats de la légion VII Claudienne.

M. le PRÉSIDENT lit les deux inscriptions, avec quelques remarques préalables, qu'il est prié de compléter en même temps qu'il fera son rapport sur l'envoi précédent de M. Engelhardt.

M. le maire d'Epernay, député de la Marne, par une lettre du 6 octobre, d'après le renvoi devant l'Académie d'une demande adressée à M. le Ministre de l'instruction publique, sollicite la concession du tome xv et des deux premières livraisons du tome xvi du Gallia christiana, plus celle du tome xxII des Historiens de la France et du tome xxiv de l'Histoire littéraire. Renvoi à l'examen de la Commission des travaux littéraires, sauf pour le tome xv du Gallia christiana, dont la concession, comme celle du tome xiv, regarde exclusivement le Ministère de l'instruction publique.

M. JOURDAIN termine la seconde lecture de son Mémoire sur les sources philosophiques des hérésies d'Amaury de Chartres et de David de Dinan.

ANALYSE.

« L'histoire philosophique du moyen-âge, dit M. JOURDAIN, offre peu d'événements plus curieux que l'apparition inattendue des doctrines qui, sous les noms d'Amaury de Chartres et de David de Dinan, surprirent et émurent les écoles chrétiennes dans les premières années du XIII siècle. Ce n'était pas la première fois que la paix des consciences et le repos de l'Église étaient troublés par des hérésies contraires au dogme catholique. A dater de la fin du XI° siècle, on avait vu se succéder de hardis novateurs, tels que Bérenger de Tours, Roscelin, Abélard, qui avaient fait courir de singuliers périls à l'orthodoxie par la témérité de leurs méthodes et de leurs systèmes. Mais quelque malsonnantes que fussent les assertions hasardées par eux, leurs erreurs n'allaient pas jusqu'au renversement de la foi, et consistaient moins à nier le dogmè qu'à l'interpréter d'une manière inexacte. Humbles et soumis même lorsqu'ils se montraient le plus rebelles, ils vénéraient ce qu'ils paraissaient ébranler, et adhéraient du fond du cœur aux vérités qu'on les accusait de méconnaître. Nul ne saurait en dire autant d'Amaury de Chartres et de David de Dinan. L'abus de la philosophie les avait égarés au point de les précipiter dans l'impiété. Les maximes que tous les témoignages sont d'accord pour attribuer à David sont une attaque audacieuse et di

recte contre les bases du christianisme, et non-seulement du christianisme, mais de toute religion; c'est le panthéisme et le matérialisme avec le cortège de leurs conséquences ordinaires.

« L'agitation profonde causée dans les écoles par l'entreprise d'Amaury et surtout par celle de David, la procédure dirigée contre eux et contre leurs disciples par l'autorité ecclésiastique, la sentence qui proscrivit leurs personnes comme leurs écrits, tous ces faits consignés dans les chroniques contemporaines sont généralement connus, et d'ailleurs le tableau véridique et émouvant que notre savant confrère M. Hauréau en traçait naguère devant l'Académie nous ôterait toute pensée d'y revenir. Mais il reste à éclaircir un point difficile et demeuré très-obscur; c'est l'origine première, c'est la génération de ces doctrines, objet de scandale pour la catholicité. A quelles sources furent-elles puisées, et sous l'influence de quelles lectures ont-elles pris racine dans l'esprit de quelques maîtres que leur éducation dans les monastères avait imbus de maximes tout opposées ? »

Après avoir résumé en ces termes la question qu'il se propose dè traiter, M. JOURDAIN examine d'abord la doctrine d'Amaury et en rapprochant les propositions attribuées à ce maître de certains passages du célèbre traité de Jean Scot Erigène De divisione naturæ, il démontre que ces propositions sont textuellement empruntées au moine irlandais de la cour de Charles le Chauve. L'enseignement d'Amaury n'a donc rien offert d'original. « Tout son rôle dans l'école de Paris, dit M. JOURDAIN, a consisté à tirer de l'oubli l'ouvrage de Jean Scot si peu répandu au moyen-âge et à l'introduire dans les écoles publiques. Le cercle des études tendait alors à s'étendre. Grâce au zèle des interprètes, beaucoup de livres inconnus aux âges précédents commençaient à circuler dans les Universités. Ce que d'autres faisaient pour Aristote et les Arabes, Amaury le fit pour Scot Erigène. Il ajouta de sa propre autorité le moine irlandais à la liste des auteurs en petit nombre qui, depuis le règne de Charlemagne, avaient le privilége de servir de texte aux leçons des maîtres les plus renommés. Il porta dans la chaire le traité De divisione naturæ, et il le commenta, selon l'usage du temps, en s'écartant peu du texte et en se bornant à une glose pu

rement littérale. Il est résulté de là que les propositions qui lui sont reprochées se retrouvent textuellement dans Jean Scot, et que les anathèmes qui l'ont frappé personnellement atteignent du même coup le maître plus ancien qu'il avait choisi pour guide. »

La doctrine de David de Dinan a des origines plus obscures comme elle a aussi un tout autre caractère que celle d'Amaury. Après en avoir exposé les points principaux d'après Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin, M. JOURDAIN s'efforce d'établir que David de Dinan a sans doute connu le livre de Jean Scot, et qu'il a pu y faire quelques emprunts, mais qu'il est allé bien audelà; qu'il s'est écarté de Scot en beaucoup de points, et que par conséquent il a eu sous les yeux d'autres ouvrages, il a consulté d'autres guides qui l'ont égaré. Est-ce donc Aristote qui doit être jugé responsable des erreurs enseignées par David? Quelques chroniqueurs le prétendent ; mais la lecture des ouvrages d'Aristote ne confirme pas leur témoignage. Une indication plus digne de foi est donnée par Albert le Grand. Contemporain de David de Dinan, Albert était mieux placé que personne pour apprécier la véritable origine de ses maximes. Or, il nous apprend en plusieurs passages que David les avait empruntées au péripatéticien Alexandre dans lequel il est facile de reconnaître Alexandre d'Aphrodisiade. Et en effet ce dernier est célèbre dans l'histoire de la philosophie pour avoir poussé l'école péripatéticienne dans les voies du matérialisme. Il enseigne ouvertement que l'entendement a la même essence que la matière, qu'il se réduit, comme la matière elle-même, à la simple capacité de recevoir toute espèce de formes; que l'âme dépend des organes, et qu'elle périt tout entière avec eux. Les opinions d'Alexandre d'Aphrodisiade, répandues à Paris dès le commencement du XIIIe siècle, indignaient Guillaume d'Auvergne et Albert qui les ont énergiquement combattues. Comme elles offrent des traits frappants de ressemblance avec les erreurs reprochées à David de Dinan, il n'est pas nécessaire de chercher autre part la source philosophique à laquelle ce dernier a puisé sa doctrine. << Lors de la renaissance des lettres, dit M. JOURDAIN en terminant, Alexandre d'Aphrodisiade inspira Nicolas de Cusa, Pomponat et l'école de Padoue; il fut le représentant et le promoteur des ten

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