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dances rationnelles qui exposent la métaphysique à méconnaître la nature spirituelle de l'homme et la personnalité divine. Mais fait curieux et trop ignoré! Trois cents ans auparavant, lors de cette première renaissance de la philosophie ancienne qui s'opéra, dès le moyen-âge, sous l'influence des livres d'Aristote et des Arabes, introduits en Occident, Alexandre avait eu sa part d'impulsion et de direction dans le mouvement considérable imprimé aux écoles. Ses commentaires avaient eu des lecteurs; ses doctrines, quelque contraires qu'elles fussent au christianisme, avaient formé des disciples; et, si, née à peine, cette école de matérialisme avait été dispersée par les rigueurs du pouvoir ecclésiastique, c'est qu'elle avait devancé les temps et qu'elle ne pouvait être, en un siècle de foi, qu'un sujet de scandale et de persécution. Cependant, malgré les anathèmes et les bûchers, il est probable qu'elle ne fut pas étouffée entièrement et que ses débris allèrent rejoindre la secte plus dangereuse encore des Averroïstes, contre laquelle Albert et saint Thomas d'Aquin ont soutenu, au nom du christianisme et de la philosophie, de si vives controverses. »

Sont présentés à l'Académie par le Secrétaire perpétuel les ouvrages suivants:

1o Un exemplaire du tirage à part de la 3o partie des Prolégomėnes d'Ibn Khaldoun, extrait du tome XXI (1o partie) des Notices et extraits des mss. (1 vol. in-4o). A ce volume est jointe la feuille 1°, reproduite avec les corrections, du tirage à part de la 1re partie des Prolégomènes, pour être substituée à l'ancienne qui est fautive.

2o Au nom de M. ROSSIGNOL, sa dissertation intitulée: « Explication et restitution d'une inscription en vers grecs consacrée au dieu Mithras et gravée dans le porche de l'église de Labège (Haute-Garonne). Renseignements nouveaux et tout-à-fait inattendus que fournit cette inscription sur Mithras et son culte (Paris, 1868, 40 pp. in-8°). « M. Rossignol fait connaître que son travail a pour base une copie de l'inscription due à son confrère, M. Dulaurier, et un estampage que, par son entremise, a bien voulu lui fournir M. Dusan, directeur de la Revue archéologique du midi de la France, avec des renseignements sur l'état de la pierre encastrée au-dedans du porche. L'auteur de la restitution conjecturale de ce texte disposé d'une manière bizarre et en outre mutilé, s'est livré, pour l'expliquer, à des recherches savantes tant sur le

culte du dieu Mithras qui y est célébré, que sur ses rapports avec les doctrines orphiques à l'époque où ce culte avait fait avec elles une étroite alliance. M. Rossignol, d'ailleurs, essaye de remonter à son origine bactrienne, qu'il trouve clairement indiquée dans un passage des Dionysiaques de Nonnus. Il s'est aidé en outre des travaux plus ou moins récents publiés soit sur les mystères de Mithras, soit sur les documents originaux de la religion de Zoroastre qui en est la racine. »

3o Note sur la question de savoir si Trajan, lors de son avénement à l'Empire, était gouverneur de la Germanie inférieure ou de la Germanie supérieure, par M. Roulez, membre de l'Acacémie royale de Belgique, correspondant de l'Académie. (Extr. du Bulletin de l'Académie royale de Belgique.)

4° Unedirte Münzen aus der Sammlung S. E. des K. K. Internuntius, zu Konstantinopel Herrn Freiherrn von Prokesch-Osten, par le Bon B. v. Koehne (br. in-8°).

5o Early sassanian inscriptions, seals and coins, by Edw. Thomas, Esq. (London, 1868, in-8°).

6o Revue des questions historiques : 3o année, 10o livr.

70 La ville d'Eané en Macédoine et son sanctuaire de Pluton, par M. Léon Heuzey. (Extr. de la Revue archéologique.)

8° Revue numismatique: 1868, no 4.

9o Histoire de la littérature grecque, par M. Emile Burnouf, directeur de l'Ecole française d'Athènes (1869, 2 vol. in-8o), avec une lettre d'envoi.

10° M. le PRÉSIDENT fait hommage, au nom de M. DE ROSSI, associé étranger, à Rome, du n° 4 (6° année) du Bulletin de l'archéologie chrétienne. Ce numéro se compose presque exclusivement d'une dissertation historique d'un haut intérêt intitulée « Il culto idolatrico in Roma nel 394. Notizie raccolte da un inedito carme scoperto in Parigi. » On sait que la découverte de ce poëme qui jette un jour nouveau sur la grande crise religieuse survenue à Rome et dans l'empire romain en l'an 394 est due à M. Delisle, membre de l'Académie. Elle a déjà donné lieu, comme le rappelle M. DE ROSSI, à un article étendu de M. Morel dans la Revue archéologique de juin et juillet, article dont il déclare avoir beaucoup profité pour son propre travail.

M. DE WAILLY lit, en communication, la Préface d'une nouvelle édition de Joinville que la Société de l'histoire de France l'a chargé de publier.

Séance du vendredi 16.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance officielle.

Par un message en date du 13 courant, M. le Ministre de l'Instruction publique, en son nom et au nom de M. le Ministre des Affaires étrangères, présente et appuie une demande du R. P. Rignon, à l'effet d'obtenir pour la bibliothèque du Commissariat général relevé à Paris par les Pères de la Terre Sainte un exemplaire des Assises de Jérusalem et du Recueil des historiens des croisades publiés par l'Académie. - Renvoi de la lettre de M. le Ministre à la Commission des travaux littéraires.

L'Académie se forme en comité secret.

La séance étant redevenue publique, l'Académie, sur la proposition de M. le Secrétaire perpétuel, décide :

1° Que la séance publique ajournée est provisoirement fixée au vendredi 20 novembre;

2o Que dans la séance prochaine, il sera procédé au choix d'un lecteur pour cette séance;

3o Que la Commission des Antiquités de la France et celle de l'Ecole d'Athènes seront convoquées le plus tôt possible, ainsi que celle de numismatique, pour entendre les rapports qui devront être lus en leur nom devant l'Académie;

4° Que la Commission des Antiquités de la France et une Commission spéciale, à nommer dans la prochaine séance, seront chargées de rédiger les programmes des deux concours nouveaux fondés par MM. de Mélicocq et Brunet.

Le tout à la diligence du Secrétaire perpétuel.

M. T. Colonna Ceccaldi, consul de France à Larnaca, dans l'île de Chypre, fait à l'Académie une communication verbale au sujet de fouilles récemment exécutées sur divers points de l'île dans les années 1866-1868.

Les résultats les plus importants de ces fouilles ont été obtenus à Larnaca, ville située sur la côte est de l'île, qui est considérée comme occupant l'emplacement de l'ancienne Citium, et à Dali, village de l'intérieur, voisin de l'ancien sanctuaire d'Idalium, consacré à Vénus.

A Larnaca, sur un monticule au S.-E. de la ville, dominant les Salines, qui furent peut-être l'ancien port de Citium, on a trouvé sur la déclivité occidentale de la hauteur, souvent à fleur de terre, ou à de petites profondeurs, une grande quantité de débris de figurines en terre cuite. Presque pas une n'est intacte, généralement les têtes sont brisées au ras du col, le nez endommagé, les jambes et les bras rompus ou mutilés. Les fragments indiquent que les représentations variaient des dimensions de grandeur naturelle aux plus petites. Il n'y a pas moins de variété dans l'espèce des objets trouvés: certains sont le produit de l'art le plus grossier et le plus primitif; ils sont faits à coups de pouce, tandis que des têtes travaillées avec la plus exquise finesse, des fragments, des jambes, des bras et des draperies traitées avec une rare élégance indiquent au contraire un art arrivé à la perfection et une civilisation des plus avancées.

Des

Parmi ces terres-cuites, il y a à signaler les représentations suivantes : des femmes à oreilles de chat, le corps en forme de fourreau, tenant dans leurs bras un enfant ou soutenant leurs seins dans leurs mains; elles sont assez informes, sans être grossières, et on en a trouvé un certain nombre d'intactes. déesses assises ayant, comme bras de siége, deux femmes tenant des boîtes à parfums; - toujours brisées. Des têtes séparées, d'un beau type grec, dont les unes portent la couronne haute, souvent avec de grands sphinx ailés sur le pourtour, dont les autres portent d'autres ornements ou sont simplement coiffées de leurs cheveux arrangés de la manière la plus variée et la plus élégante; quelques-unes sont enfin voilées, comme les femmes de l'Orient de nos jours.

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Il est à remarquer que les figurines brisées sont celles dont le col était mince, bien détaché du reste du corps, tandis que les

quelques objets que l'on rencontre entiers représentent des personnages au col enfoncé dans les épaules, sans saillies dans les membres et n'offrant pas par conséquent ces points faibles qui permettent de casser si facilement une statuette. Cette observation pourrait confirmer l'idée d'une destruction volontaire, faite en quelque sorte objet par objet, peut-être lors de l'établissement du christianisme dans l'île.

De la grande diversité de style des objets dont il vient d'être parlé et de ce fait qu'il a été trouvé, conjointement avec les terrescuites, des statuettes (en petit nombre) en pierre calcaire, de style phénicien ou égyptien, on peut inférer que ces objets étaient des ex-voto rassemblés dans les temples depuis des siècles.

Un second genre de découvertes a été fait à Larnaca, dans des tombeaux; mais, comme elles sont identiques à d'autres qui ont eu lieu à Dali, il en sera parlé à l'occasion de ces dernières.

Les fouilles faites à Dali peuvent être rangées dans deux catégories: celle des statues, statuettes ou fragments en pierre calcaire et celle des poteries, verreries, bronzes trouvés dans les tombeaux.

Les premières ont eu lieu sur une colline située au S.-E. de Dali et nommée Ambelirgi, nom dérivé de celui d'ampelos (vigne); il y a en effet des vignobles aux alentours. Elles ont amené la découverte d'un certain nombre de statuettes en pierre calcaire, quelquefois coloriées en rouge en certaines de leurs parties, dont les dimensions varient de 15 centimètres à 4 mètre et qui représentent généralement des femmes tenant sur la poitrine une fleur de lotus, ou un disque. Un certain nombre de ces figures sont complétement intactes. Leur type participe de l'assyrien et de l'égyptien, mais il y a moins de roideur dans les attitudes; les lignes des vêtements, les traits du visage sont plus arrondis, plus moelleux. Doit-on voir là une sorte d'art chypriote, résultat de l'influence du milieu indigène sur les arts des peuples conquérants? Ce qui est certain, c'est qu'en même temps que ces représentations en pierre calcaire on a trouvé des têtes en terre cuite de grandeur naturelle, coloriées, au nez allongé et un peu arrondi par le bout, aux lèvres bien accentuées, dont les traits

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