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généraux enfin rappellent tout-à-fait le type chypriote de nos jours. Ces têtes, qui faisaient partie de statues de grandeur naturelle, sont bien conservées; quelques-unes sont ornées de lauriers ou de casques, ou de sortes de coiffures rondes avec ornements en forme de perles.

Enfin, il a été trouvé sur la même colline d'Ambelirgi par M. Ceccaldi, à une profondeur d'environ un mètre, une statue de femme, en pierre calcaire, de grandeur naturelle (1m 64), d'une magnifique conservation. Le type est grec, la physionomie est belle et austère; la main gauche tient un oiseau; au côté gauche, pendent des attributs qui semblent être un disque ou un miroir et une équerre.

Tels étaient les résultats obtenus par les fouilles de Chypre quand, au mois de janvier dernier, les ouvriers employés par le consul de France découvrirent une autre veine. A mi-côte d'une hauteur près de Dali, ils trouvèrent des tombeaux grossiers, creusés dans le sens horizontal et contenant les objets suivants de grandes écuelles en terre blanchâtre, ayant la forme d'une moitié de noix de coco, des plats très-communs, des vases en terre cuite et autres ustensiles de ménage, paraissant avoir été à l'usage de pauvres gens.

En continuant les fouilles pendant les mois suivants dans la plaine de Dali, on découvrit nombre d'autres sépultures contenant des objets de plus en plus variés, dont voici l'énumération succincte :

Des vases de moyenne grandeur (10 à 15 centimètres), représentant des animaux bizarres, des bœufs avec des ramures de cerf ou d'élan, des oiseaux en forme de bateau, des gourdes terminées par des têtes de lièvre ou de chauve-souris, etc., etc... Une vingtaine au moins de ces objets ont été recueillis intacts.

- De grandes jarres atteignant dans leurs dimensions jusqu'à 65 et 70 centimètres, de couleur jaunâtre ou rougeâtre avec des raies rouges et noires et des cercles concentriques, d'autrès fois avec des hachures diagonales ou rectangulaires sur leur pourtour; beaucoup d'intactes.

- Des vases de toute forme, coupes, aiguières, flacons, lacry

matoires, etc., dont quelques-uns sont ornés de fleurs, d'autres, mais rarement, de représentations d'animaux et dont certains, d'une poterie rouge extrêmement fine, ont les formes les plus élégantes ;

Des bardaques ou sortes de vases à panse ronde, à col et à goulot sortant de la panse. Le col est une tête de femme coiffée de grandes tresses coloriées en noir retombant des deux côtés de la figure: le type paraît phénicien.

- Deux maisons carrées, à jour intérieurement, de 35 centimètres environ sur 30; l'une a des fenêtres et une grande porte dont l'entablement est supporté par deux colonnes terminées par la fleur de lotus; la seconde n'a que des fenêtres; - à ces ouvertures sont fixées des figures à mi-corps au type phénicien, assez grossières.

- De petits chariots, des guerriers, des chevaux avec un harnachement complet, des chevaux à roulettes, qui paraissent être des jouets d'enfant.

- Des verreries: coupes, plats, gobelets, pots, lacrymatoires, etc.

- Des lampes dont quelques-unes fort primitives et grossières, dont d'autres, de fabrication romaine, portent, avec divers dessins d'hommes et d'animaux, quelquefois le nom du fabricant (FAVSTI, par exemple, sur plusieurs).

- Des bronzes généralement très-oxydés, parmi lesquels des fers de lance, des poignards, des javelines, des bracelets, des miroirs, des marmites, des anses terminées par la fleur de lotus.

-Des bijoux en or boucles d'oreilles, bagues élégamment montées; quelques cachets bizarres en pierre ou composition verdâtre, des cylindres avec des figures hiéroglyphiques, un petit vase couvert d'hieroglyphes.

Une spatule d'argent avec inscription de treize lettres, publiée dans le numéro de juin de la Revue asiatique.

Enfin, quatre à cinq vases ou amphores de forme mince et allongée, mesurant 10 à 15 centimètres de diamètre sur 40 à 50 de longueur, terminés en pointe et portant soit une, soit

deux et trois lignes d'inscriptions à l'encre noire, les lignes n'ayant guère plus de quatre lettres (un de ces vases a été présenté à l'Académie dans la présente séance : les caractères ont paru être phéniciens).

Tel est l'ensemble des découvertes faites dans ces tombeaux. Voici maintenant quelques circonstances particulières des fouilles.

Les tombeaux ont été découverts tantôt à mi-côte de petites hauteurs ou tumuli assez nombreux dans le territoire de Dali, tantôt dans la plaine même; les mêmes tombeaux et les mêmes objets ont été trouvés à Larnaca, sur un terrain uni, dans des jardins et des cours de maisons particulières; mais ces objets sont moins variés et, jusqu'ici, moins fins que ceux de Dali. Il est à croire que l'on trouverait des sépultures semblables sur toute la surface de l'île, car M. Ceccaldi en a découvert dans différents endroits, à Goschi, à Mospiloti, à Taouti.

Voici comment les choses se sont généralement présentées sur ces divers points. On creuse le sol et l'on arrive assez promptement à une ouverture demi-circulaire, quelquefois fermée par une pierre plate, d'autres fois obstruée seulement par de la terre. Après avoir déblayé l'entrée, on se trouve dans une sorte de grotte sépulcrale, dont la voûte s'est parfois éboulée en divers endroits, probablement par l'action des eaux qui filtrent dans le sol alors les poteries sont brisées; dans d'autres grottes où le terrain est d'une nature rocailleuse et résistante, la voûte ne s'est point affaissée et les objets sont trouvés intacts. Ces sépultures renferment assez rarement des sarcophages en pierre commune sans inscriptions et toujours vides jusqu'ici ; des ossements se rencontrent très-fréquemment dans ces chambres sépulcrales.

D'après une autre remarque, les lampes de fabrication romaine paraissent jusqu'à présent ne se trouver qu'avec des verreries et jamais avec les jarres et les poteries qui affectent un caractère phénicien. Avec celles-là, au contraire, on trouve de ces lampes grossières sans dessins, dont le bec semble avoir été façonné par la simple pression du pouce et de l'index.

ANNÉE 1868.

20

M. BRUNET DE PRESLE rend compte de fouilles récentes auxquelles il a assisté dans un cimetière gallo-romain à MontignyLencoup (Seine-et-Marne). Il met sous les yeux de l'Académie divers objets tels que colliers, bracelets et anneaux de bronze, ainsi qu'un glaive de fer avec son fourreau de même métal, premiers produits de ces fouilles qui se continuent.

« La commune de Montigny-Lencoup (canton de Donnemarie, arrondissement de Provins) était jadis presque entièrement couverte de bois. Au centre, s'élevait un château féodal qui fut reconstruit dans le siècle dernier par M. De Trudaine, intendant des bâtiments du Roi. Après la mort du dernier propriétaire, duc de Stakpoole, le château a été démoli et une partie des bois a été morcelée et défrichée. Le lieu où les sépultures dont je m'occupe ont été découvertes est à quelques centaines de mètres de la route de Donnemarie à Montereau, sur une pente crayeuse que domine un bois de sapins. Sur les anciens terriers les climats voisins portent les noms des chenaux, des fourches patibulaires et de la pierre qui branle, à cause d'un ancien dolmen détruit, m'at-on dit, il y a peu d'années, par les carriers.

>> Les fourches patibulaires, dont un champ a conservé la dénomination, marquaient la justice placée aux confins du fief de Montigny et des terres de l'abbaye de Preuilly, fondée au XIIe siècle, et dont on voit plus bas l'église en ruines, mais encore grandiose, au milieu d'anciens étangs. Plus loin on aperçoit la vallée de la Seine, la tour de Vimpelles et l'emplacement du fort d'Heurtebise, où l'on a souvent trouvé des haches celtiques et d'anciennes sépultures.

» C'est sur ce point d'un aspect assez pittoresque qu'un propriétaire, voulant mettre en culture ce sol ingrat, a rencontré sous sa pioche quelques pierres, puis au-dessous des ossements, des colliers et des anneaux de bronze. M. Delettre, ancien maire de Donnemarie, auteur d'une histoire de ce canton (Le Montois), a rendu compte dans le journal de Provins de ces premières découvertes et appelé l'attention de notre société archéologique de Seine-et-Marne, dont M. Maury est président.

>> Etant propriétaire dans le voisinage, je me suis empressé de

répondre à cet appel et j'ai fait continuer pour mon compte, du consentement du propriétaire, sur les indications de M. Delettre et avec le concours du géomètre du pays, les excavations commencées. Mardi dernier, nous avons trouvé trois nouvelles tombes peu distantes des premières, mais dans des directions diverses. Elles étaient creusées dans la craie à deux fers de bêche de profondeur et recouvertes en partie de quelques pierres brutes de petite dimension. Dans une de ces tombes le squelette, sauf le crâne, était bien conservé; une épée de fer de la forme habituelle des épées romaines était placée le long de la cuisse droite. Cette épée, en y comprenant la soie, a 60 centimètres. Le fourreau, trèsoxydé, s'est brisé en partie. Il y avait aussi une fibule de fer, mais aucun objet de bronze. Aux pieds de ce guerrier, mais en sens inverse, étaient les ossements d'un jeune homme, comme l'indiquent le crâne plus mince et la mâchoire, dont la seconde dentition n'était pas achevée. Nous n'avons trouvé près de lui aucun objet de métal. A peu de distance nous avons encore recueilli un collier orné d'une sorte de trèfle à jour et une paire de bracelets brisés. Ce collier, dont j'ai fait l'acquisition ainsi que des autres, n'était pas fermé. La ductilité du métal permettait et permet encore jusqu'à un certain point de l'ouvrir. Un autre collier affecte la forme de torsade, un troisième se termine par un double renflement, un quatrième, dont il me manque une portion, est plus mince, de forme aplatie et orné de stries assez élégantes; son diamètre est d'environ 17 centimètres. Je crois qu'il était fermé, et je suppose qu'il pouvait être fixé comme ornement au col de la tunique. Il y a encore deux petits anneaux de 4 centimètres de diamètre, fermés, et dont je ne devine pas la destination.

» Si je suis entré dans ces détails sur des objets qui n'offrent rien de bien nouveau, c'est pour mettre les personnes qui s'intéressent à ce genre de recherches à même de m'adresser quelques questions sur la disposition de ces sépultures que j'ai vu ouvrir. C'est surtout pour obtenir des directions pour la continuation de ces fouilles, car l'aspect des lieux, le nom des climats, le voisinage d'une pierre branlante et les souvenirs des habitants qui

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