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partenant au cabinet géographique de la Bibliothèque impériale, est dessiné sous divers aspects dans l'atlas des Monuments de la Géographie, de Jomard. Il est anonyme et sans date, et l'objet du mémoire est d'en déterminer l'époque et le lieu d'origine.

Après une revue chronologique rapide des anciens globes célestes connus par l'histoire, depuis les sphères prétendues des titanides Atlas et Prométhée, du centaure Chiron et de l'argonaute Musée, et celles moins chimériques d'Anaximandre de Milet et de Cléostrate de Ténédos, jusqu'à celle d'Eudoxe de Cnide, décrite par Aratus de Soles, que commenta Hipparqué, et que traduisirent tour à tour Cicéron, Germanicus et Festus Aviénus; après un mot des observations d'Aristylle et de Timocharis, acceptées et renouvelées par Hipparque, dont le génie sut conclure de leurs différences le phénomène de la précession des équinoxes, l'auteur du mémoire arrive au catalogue d'étoiles groupées par constellations, compris dans l'Almageste de Ptolémée, travail fictif où l'astronome alexandrin s'est borné à copier le catalogue d'Hipparque, en déguisant son plagiat par une maladroite correction additive constante aux longitudes célestes, que l'on peut heureusement restituer telles que les avait observées Hipparque, en faisant réagir en sens contraire la correction défectueuse.

Traducteurs de Ptolémée, les Arabes offrent à leur tour une série de catalogues d'étoiles, ou de sphères célestes, chronologiquement étagés El-Ferghâny, El-Bettêny, El-Sçoufy, l'anonyme persan copié par George Chrysococcas, reproduisirent le catalogue grec, successivement modernisé au moyen de corrections additives constantes. En prenant pour point de départ de leurs propres observations les longitudes insuffisantes de leur modèle, les astronomes arabes déduisirent des différences observées, par une compensation naturelle du déficit de l'évaluation ptoléméenne, un taux de précession annuelle en excès sur la précession vraie; et lors qu'au lieu d'observations réelles pour la construction de nouveaux globes célestes (ou des catalogues d'étoiles qui en sont les résumés numériques), ils appliquèrent au prototype alexandrin la correction additive calculée avec ce taux excessif multiplié par le nombre des années d'intervalle, il se produisit des

erreurs de plus en plus considérables, chacun des globes ou des catalogues nouveaux offrant dès lors une signification chronologique réelle tout autre que l'application intentionnelle qui en était faite. Plusieurs exemples sont donnés de ce procédé et de ses résultats, spécialement en ce qui concerne divers globes célestes arabes conservés dans certaines collections publiques, à Rome, à Dresde et à Londres, bien connus par les descriptions d'Assemani, de Beigel et Schier, et de Dorn, et sur lesquels on relève des dates plus ou moins expresses, différentes de celles qui conviennent à l'état du ciel effectivement représenté. Ce sont des indices de ce que l'on doit s'attendre à trouver sur le globe de bronze précédemment en la possession du docteur Joseph Schiépati, de Milan, et acquis en 1836 par notre Bibliothèque impériale.

Ce globe a été décrit avec détail dans un travail considérable sur les Instruments astronomiques des Arabes, admis par l'Académie elle-même dans son recueil de mémoires présentés par divers savants (série I, tome 1). Les conclusions du descripteur, en ce qui concerne ce monument, sont qu'à défaut de légende explicite on ne peut asseoir un jugement décisif sur l'époque et le lieu où il a été construit; mais que cependant « on peut croire qu'il a » été fait en Egypte vers le XIIIe siècle ». M. d'Avezac croit possible d'arriver avec quelque assurance à des résultats plus précis, et notablement différents, tant pour le lieu que pour la date.

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Sur le premier point, l'écriture arabe employée avec ses valeurs numérales et ses points diacritiques ne peut laisser aucun doute sur l'origine occidentale, et nullement égyptienne, de cet instrument, puisque c'est l'alphabet maghrébin avec ses particularités caractéristiques de ponctuation et d'applications arithmétiques dont il y est exclusivement fait usage.

Quant à la date, elle ne peut se déduire que d'un calcul effectif de précession, dont les éléments aient été soigneusement recueillis en nombre suffisant. Après avoir parcouru, parallèlement avec les données de l'Almageste, la triple série des constellations boréales, zodiacales et australes figurées sur le globe Schiépati, en notant à mesure, de la part du précédent descripteur, certains déchiffrements de nomenclature et certaines identifications d'asté

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rismes susceptibles de doutes fondés, l'auteur du mémoire résume par constellation, dans un tableau sommaire, la moyenne des différences en longitude relevées pour 334 étoiles zodiacales poinçonnées sur le globe arabe, comparativement aux données numériques correspondantes de l'Almageste, ces moyennes partielles se résolvant en une moyenne générale de 14° 4' de précession totale. L'intervalle étant ainsi déterminé entre les longitudes de Ptolémée et celles du globe Schiépati, il ne s'agit plus que d'en faire successivement emploi dans le calcul, au double point de vue des faits astronomiques réels et des théories conventionnelles des astronomes arabes. Dans le premier cas, les longitudes de Ptolémée, faussées par une correction insuffisante de 2o 4', étant ramenées par l'annulation de cette correction à l'époque d'Hipparque, c'est-à-dire à l'an 128 avant notre ère, il en résulte une différence angulaire totale de 16° 44', représentant, au taux légitime de 50'' de précession annuelle, soit 1° par 72 ans, un intervalle chronologique de 1205 années, aboutissant à l'an 1077 de notre ère. Dans le second cas, la différence angulaire demeurant de 14° 4' à l'égard d'un état du ciel faussement attribué à l'an 138 de notre ère, époque de Ptolémée, il en résulte, au taux excessif de précession en usage parmi les Arabes, de 1° par 66 ans, un intervalle chronologique de 928 ans, venant aboutir à l'an 1066 de notre ère. En d'autres termes, ce globe, intentionnellement fait pour l'an 1066, date présumée de son exécution, s'applique en réalité à un état du ciel qui ne s'est vérifié que l'an 1077 : il appartient donc, en toute hypothèse, à la seconde moitié du XIe siècle.

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En jetant les yeux sur l'état politique et intellectuel de l'Occident musulman à cette époque, et en tenant compte de l'inhabileté artistique du dessinateur qui a tracé les figures du globe Schiépati, on est amené à penser que c'est en Afrique, et en particulier chez les Almoravides, au temps de leur passage de la vie du désert à des mœurs policées, qu'a probablement été exécuté ce monument astronomique, le plus ancien de ceux connus jusqu'à ce jour parmi ceux qui ornent les principales collections archéologiques de l'Europe.

Sont présentés les ouvrages suivants :

4o Essai sur la minéralogie arabe par M. Clément-Mullet, membre des sociétés asiatique, géologique, etc. (Paris, Impr. Imp., 1868, 4 vol. in-8°. Extrait du Journal asiatique.)

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2o Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, t. XII, 3 cahier, 1867, in-8°.

3o L'Investigateur. Journal de l'Institut historique de France: juillet -et août 1868.

4o Au nom de M. WADDINGTON, les livraisons 59 à 62 du Voyage archéologique en Grèce et en Asie-Mineure, publié sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique par Ph. Le Bas et W. H. Waddington, avec la coopération d'Eug. Landron, architecte (Paris, 1868, grand in-4o): livraisons contenant en très-grande partie les additions du nouvel éditeur pour les Inscriptions de l'Asie-Mineure, de la Syrie proprement dite, de la Phénicie, de la Cœlé-Syrie, de la Palestine, du royaume Nabatéen, de la Batanée, et les planches 9-11, 54-57 et 64 des Monuments figurés.

5o De la part de M. PAULIN PARIS, Les Romans de la Table ronde mis en nouveau langage et accompagnés de recherches sur l'origine et le caractère de ces grandes compositions: t. I. et II (1868, in-12) renfermant l'Introduction Joseph d'Arimathie Le saint Graal

et Artus.

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Merlin

M. DE WITTE Communique à l'Académie l'extrait d'une lettre de M. W. Helbig, secrétaire de l'Institut archéologique de Rome.« On a découvert récemment au Bosphore Cimmérien le tombeau d'une prêtresse de Cérès avec sa double toilette, toilette de gala et petite toilette, toutes les deux richement fournies de parures de toute espèce. A la grande toilette appartient un calathus, en or massif, avec un combat d'Arimaspes et de Griffons, en relief repoussé et ciselé; les deux robes étaient couvertes de plaques d'or avec des représentations relatives aux mystères éleusiniens. >>

M. Léon Heuzey communique à l'Académie le dessin d'une sculpture romaine découverte à Bayeux. C'est une figure d'enfant, d'un style lourd, mais d'un relief accentué, qui décorait un cha

piteau de pilastre, provenant d'un arc-de-triomphe ou d'une porte monumentale, dont différents débris ont été retrouvés, dès l'année 1850, près du portail méridional de la cathédrale. M. Heuzey pense que cette sculpture, qui n'a pas encore été signalée à l'attention des savants, est une représentation très-rare du dieu Mên, de ce bizarre dieu de l'Asie-Mineure, qui figurait la lune sous la forme d'un être mâle. Tout d'abord on ne croirait avoir devant les yeux que l'un de ces petits génies sans caractère déterminé, qui servent souvent de motif de décoration dans l'architecture romaine. Mais, en y regardant de près, M. Heuzey a reconnu que le front de l'enfant était surmonté d'un croissant, dont la marque en creux est encore tracée assez profondément dans la pierre ; l'attribut le plus caractéristique est surtout un second croissant, plus grand et plus ouvert que le premier, et sculpté derrière le cou du petit génie, dont il encadre la tête de ses deux pointes recourbées. Il n'y a donc pas de doute à avoir sur ce symbole : c'est l'emblème constant et distinctif de Mên.

Sur l'édifice élevé par les Bajocasses le dieu s'est dépouillé seulement de son costume oriental, du bonnet phrygien, de la tunique à manches et des anaxyrides persiques. Réduit aux proportions d'un simple génie sidéral, il a accepté la nudité des dieux grecs et romains. Mais d'autres symboles viennent compléter la représentation. La main gauche, relevée à la hauteur du visage, tient un attribut de forme conique dans lequel il est impossible de ne pas reconnaître la pomme de pin, dont les médailles de la Carie et de la Pamphylie font aussi un emblème particulier au dieu Mên. On remarquera que ce fruit n'est pas porté dans une position verticale, comme le sont ordinairement les attributs des figures grecques et romaines. La main, recourbée horizontalement, le pouce en bas, tourne en dehors la pointe de la pomme de pin, qu'elle semble diriger vers un but extérieur. C'est là un geste religieux d'un usage très-antique sur les bas-reliefs de Ninive la pomme de pin est toujours tenue exactement de cette manière par certaines divinités assyriennes. Ce geste hiératique, conservé si fidèlement, à l'époque impériale, sur un monument de la Gaule, achève de prouver l'origine asiatique du dieu qui se cache ici sous

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