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chaient au pied. Le surface de la coupure a été polie; elle est légèrement convexe et porte l'inscription suivante en caractères qui peuvent être de la fin du premier siècle, mais qui sont plutôt du deuxième siècle de l'ère chrétienne :

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>> Ce monument est évidemment un ex-voto, comme on en a trouvé dans plusieurs localités antiques, et comme on en consacre encore journellement dans les églises catholiques, pour consacrer le souvenir d'une guérison, due à l'intervention de la Divinité ou à l'intercession d'un saint. Lucilia avait été guérie d'un mal au pied, et a voulu marquer sa reconnaissance par cette offrande.

» Mais ce qu'il importe surtout de signaler, c'est le lieu où la trouvaille a été faite. Le terrain où s'élève l'église Sainte-Anne n'est séparé que par une rue du grand réservoir appelé improprement piscine probatique, mais dont le vrai nom est piscine de Bethesda ou plutôt de Bethzatha. Il y avait là cinq portiques, où se réunissaient les malades, les aveugles, les boiteux, les paralytiques, attendant le mouvement qui se faisait dans l'eau à certains moments, et que la croyance locale attribuait à la descente d'un ange; le malade qui se jetait alors le premier dans l'eau était guéri (saint Jean, V, 2-4). Presque tous les auteurs qui ont écrit sur la topographie de Jérusalem sont d'accord pour identifier la piscine de Bethesda avec le réservoir, maintenant à moitié comblé, qui se trouve en dehors de l'angle nordest de l'enceinte du temple; l'ex-voto de Lucilia, trouvé à quelques pas de là, vient confirmer cette opinion. M. Ganneau fait remarquer que le mot Bethesda est écrit Bethzatha dans le Codex sinaïticus; d'autres manuscrits portent Beλε0α, Belzatha,

Betzeta; ces leçons, rapprochées du nom de Bezetha, que Josèphe donne à la colline septentrionale de Jérusalem, dont la pente vient aboutir précisément à la piscine, montrent clairement qu'elle avait emprunté son nom à la colline voisine. Elle était encore pleine d'eau à l'époque de la visite du pèlerin de Bordeaux (333 ap. J.-C.), qui dit que l'eau en est trouble et rougeâtre.

>> C'est peut-être le même réservoir qui est désigné sous le nom de boop Aouxikavov dans la vie de saint Sabas (cap. 67), écrite au sixième siècle. S'il en était ainsi, on pourrait supposer que Lucilia était une personne considérable, et qu'elle avait restauré ou décoré les portiques du réservoir, ruinés pendant le siége de Jérusalem. Il n'est pas impossible qu'elle ait été la fille de ce Lucilius Bassus, qui gouverna la Palestine après la prise de la ville, et l'omission du nom de la divinité à laquelle l'offrande était consacrée indique une époque voisine de la défaite des Juifs, alors que les souvenirs de leur dieu impersonnel étaient encore vivants. Plus tard, après l'établissement de la colonie romaine, le monument aurait été dédié à Esculape ou à Hygie.

>> En somme, l'ex-voto découvert par M. Ganneau présente un véritable intérêt pour l'archéologie de la ville sainte, et nous espérons que les travaux de Sainte-Anne enrichiront d'autres monuments l'épigraphie si pauvre de Jérusalem. »

M. RENAN communique à l'Académie une inscription punique dont M. Schliemann offre l'estampage à l'Académie. Cette inscription a été trouvée à Carthage : elle est semblable, sauf les noms propres, à toutes celles qui ont été découvertes par M. Davis et d'autres, et qui, comme on sait, offrent la plus grande identité. L'auteur de l'offrande est un certain Baalkart, fils de Baaliathon, 'fils de Hmlut (?). — Dépôt de l'inscription dans le cabinet de la Commission des inscriptions sémitiques.

L'Académie se forme en comité secret pour entendre la fin du rapport de M. DESNOYERS, au nom de la Commission des Antiquités de la France, sur les ouvrages envoyés au concours de l'année 1868.

Ce rapport est adopté par l'Académie. Il est ainsi conçu :

MESSIEURS,

Si l'Académie n'était animée que du désir, tant de fois et depuis si longtemps manifesté, d'encourager les études historiques par la distribution des récompenses dont elle dispose pour ses concours des Antiquités nationales, si, à côté du devoir agréable de reconnaître les mérites divers des concurrents, elle n'avait aussi à se préoccuper du devoir non moins essentiel d'indiquer les meilleures voies à suivre dans les recherches qu'elle encourage, elle trouverait à bon droit que le nombre de ces récompenses, médailles, et mentions honorables, est toujours inférieur à celui des concurrents dignes d'obtenir ces témoignages ambitionnés d'estime et d'approbation.

Est-il rien, en effet, qui mérite plus de sympathie que le zèle, le dévouement et parfois la passion avec lesquels, sur tous les points de la France, des esprits éclairés et désintéressés enlèvent courageusement aux obligations de la vie sociale, aux distractions de la vie du monde, aux loisirs et aux douceurs de la vie de famille, de longues heures de travail consacrées à l'étude des temps passés? Origines et filiations des peuples, modifications successives des lois, des coutumes, des institutions, interprétation de textes obscurs, analyse de documents mal interprétés ou négligés, monuments dont la description ou la restitution peuvent jeter du jour sur les arts, les mœurs, la vie privée ou publique de nos ancêtres, histoire d'une province, d'une ville, d'une église, d'un monastère ou d'un château, rien ne paraît ni trop au-dessus ni trop au-dessous de l'activité et du dévouement de tous ces pionniers de la science. Ecclésiastiques, magistrats, professeurs, archivistes, ingénieurs, fonctionnaires de tout ordre, savants de profession, amateurs zélés, chacun apporte son tribut à ces recherches souvent d'autant plus attrayantes qu'elles recèlent plus d'incertitudes et d'obscurités.

Cependant, l'Académie qui, depuis cinquante ans que le concours des Antiquités nationales est fondé, s'est plu à rendre justice à tant d'efforts persévérants quoique inégalement poursuivis, a décidé, il y a peu d'années, qu'elle restreindrait le nombre des récompenses à décerner : son but unique était d'en rehausser la valeur. Votre Commission, organe de l'Académie, semble avoir été plus rigoureuse encore cette année, puisqu'elle n'a décerné que deux des médailles dont elle pouvait disposer; ses intentions toutefois ne sont autres que celles de l'Académie elle-même, qui veut maintenir le concours à la hauteur de la science.

PREMIERE MÉDAILLE. Dans son rapport sur le dernier concours des Antiquités de la France, la Commission avait exprimé, par l'organe de l'un de ses membres les plus compétents, une sorte de regret que les tendances des concurrents fussent, dans ces dernières années, beaucoup plus littéraires qu'archéologiques, et qu'il se manifestât une disproportion de plus en plus marquée entre le nombre des auteurs qui s'adonnent à l'étude des monuments écrits et ceux qui se consacrent à l'étude des antiquités proprement dites, c'est-à-dire des monuments matériels de notre art national.

Nous n'avons point un semblable regret à exprimer cette année. En effet, quoique le nombre des travaux d'érudition et des écrits principalement historiques l'emporte encore très-notablement sur celui des

travaux archéologiques, l'ouvrage auquel la Commission a décerné, en votre nom, la première médaille, est consacré à l'histoire et à la description de monuments figurés. L'importance de cet ouvrage est telle, par les vastes proportions du sujet, par la méthode lumineuse qui á présidé à la disposition des matériaux, par les connaissances approfondies dont l'auteur a fait preuve, que la Commission a regardé unanimement comme une bonne fortune d'avoir à proposer à l'Académie l'attribution de la première récompense du concours à M. Jules Labarte, pour son Histoire des Arts industriels au moyen-âge et à l'époque de la Renaissance (4 volumes in-8° et 2 atlas in-4°).

Par une circonstance rare et dont, sans une sorte d'indiscrétion, on ne pourrait signaler d'autres exemples dans le sein même de cette Académie, l'étude descriptive et artistique des monuments figurés est heureusement combinée, dans l'ouvrage de M. J. Labarte, avec l'appréciation des textes contemporains qui en éclairent les origines, les vicissitudes, les transformations, les transmigrations. Si, pour quelques questions de détail qui seront indiquées plus loin, la Commission n'a point partagé toutes les opinions de M. J. Labarte, elle n'en a pas moins constaté l'esprit de sage critique qui a présidé à l'exécution d'une œuvre aussi vaste et aussi compliquée.

M. J. Labarte n'en est pas à son coup d'essai; il y a plus de vingt ans, en 1847, co-propriétaire d'un cabinet des plus renommés de Paris, celui de M. Debruge-Duménil, il publiait une description des objets d'art contenus dans cette collection qui fut bientôt après dispersée, en accompagnant ce premier travail de considérations historiques où l'on trouve déjà le germe du grand ouvrage que l'Académie récompense aujourd'hui. En 1856, M. J. Labarte mit au jour des Recherches sur la peinture en émail dans l'antiquité et le moyen âge, ouvrage déjà considérable et qui obtint une des médailles du concours de 1857. Plus tard, en 1864, il exposait, dans un autre ouvrage non moins consciencieusement rédigé, le Palais impérial de Constantinople au Xe siècle, les principaux résultats de ses études sur les monuments byzantins auxquels il attribue une si grande influence sur les origines des arts en Occident.

L'auteur s'était donc préparé de longue main à l'œuvre difficile et considérable qu'il a soumise au jugement de l'Académie. Il suffit de jeter un coup d'œil, même superficiel, sur ce splendide ouvrage pour comprendre non-seulement les frais énormes qu'il a dû coûter, mais surtout, ce qui est plus méritoire aux yeux de l'Académie et au point de vue de la science, les recherches infinies, les études souvent très-ardues par lesquelles M. J. Labarte a dû préluder à un travail aussi considérable. L'ouvrage ne comprend pas moins de 2,500 pages, plus une table trèsbien faite et très-utile de plus de 109 pages. Les atlas se composent de 150 planches accompagnées d'un texte explicatif, et offrent, avec les vignettes disséminées dans le texte, la reproduction d'environ 350 monuments, la plupart inédits et tous habilement choisis pour servir de preuves à l'appui des faits et des doctrines exposés par l'auteur. Cette collection de dessins, presque tous lithographiés ou chromo-lithographiés sous les yeux de M. J. Labarte, peut tenir un des premiers rangs parmi les recueils de ce genre, tant l'exécution en a été scrupuleusement dirigée; elle forme une des plus magnifiques réunions de dessins d'objets d'art caractérisant les principales périodes du moyen-âge. Elle diminuerait le regret plusieurs fois exprimé que le catalogue descriptif des monuments qui ont figuré à la grande Exposition de 1867, dans la partie consacrée à l'Histoire du travail, qui a si vivement et si justement fixé l'attention

publique, n'eût pas été accompagné d'une reproduction des plus imporlants de ces monuments, si l'ouvrage de M. J. Labarte lui-même n'était, par son prix très-élevé, difficilement accessible à la plupart des artistes et des antiquaires.

Mais, si les Albums de M. J. Labarte offrent un vif intérêt aux artistes, les commentaires dont ils sont accompagnés doivent avoir aux yeux des savants et de l'Académie une bien plus grande importance, lorsqu'on tient compte des ressources infinies que la critique peut trouver dans l'étude des monuments de l'art appliqué à l'industrie pour reconstituer l'histoire si intéressante de la vie intime des différents peuples de l'Europe, depuis la décadence romaine jusqu'à la Renaissance.

L'ouvrage de M. J. Labarte se compose de quatorze traités dans lesquels est retracée l'histoire distincte d'autant de divisions des différents arts qui ont fleuri en Europe depuis l'époque de Constantin jusqu'à la fin du XVIe siècle; ces quatorze traités se rangent dans deux divisions principales les arts industriels relevant de la sculpture, et les arts relevant de la peinture. Dans le premier groupe, l'on passe successivement en revue la Sculpture en ivoire, en bois, en cire, en stuc, en métal (la ciselure), ou en pierres dures (la glyptique et l'art du lapidaire); l'Orfévrerie sous toutes ses formes, la joaillerie, la bijouterie, la serrurerie artistique. Le second groupe comprend l'Ornementation des manuscrits, la Peinture sur verre, l'Emaillerie, la Mosaïque, la Peinture en matières textiles (broderies et tapisseries), la Damasquinerie, l'Art céramique, la Verrerie, l'Ornementation des armes, celle de l'Horlogerie et enfin le Mobilier civil et le Mobilier ecclésiastique.

Tous ces sujets fournissent à l'auteur, après une introduction générale sur l'ensemble de chacun d'eux, le sujet de nombreux chapitres dans lesquels sont examinés, d'après les textes écrits mis en rapport avec les monuments figurés, les sources les plus anciennes, byzantines pour la plupart, selon M. J. Labarte, des arts d'Occident, les modifications qu'ils ont subies dans les différentes contrées et principalement en France, les monuments qui en sont connus et ceux qui existent encore dans les principales collections d'Europe.

On conçoit combien de difficultés M. J. Labarte a eu à surmonter pour trouver, en présence d'une si grande variété de sujets qui se touchent par tant de points de contact, une méthode de classification et de description qui fût entièrement à l'abri des doubles emplois et même parfois de quelque confusion apparente. Le titre même de l'ouvrage, Histoire des arts industriels, ne prête-t-il pas à une sorte de vague sur les limites à fixer entre les arts auxquels on peut donner ce nom, les beaux-arts, les arts somptuaires, certains arts qui ne sont pas précisément des industries, et les industries dans lesquelles l'art n'a joué qu'un rôle très-secondaire? On pourrait aussi remarquer quelque disproportion entre les différentes parties de l'ouvrage. Si, à bon droit, les plus grands développements sont donnés à la sculpture en ivoire, à l'orfévrerie, à l'ornementation des manuscrits et surtout à l'émaillérie, on regrette que plusieurs autres branches de l'archéologie artistique semblent avoir été plus négligées. Il est vrai que, pour certains sujets, la peinture sur verre, par exemple, c'est avec intention que l'auteur a été beaucoup plus concis que pour d'autres moins bien étudiés avant lui. Il se souvenait des importants travaux auxquels cette portion des arts du moyen âge avait donné lieu de la part de savants très-connus et très-autorisés.

Les liens intimes qui rattachent la plupart de ces recherches les unes aux autres, tantôt par la nature des objets, tantôt par l'art qui les met en

ANNÉE 1868.

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