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riens de l'antiquité, soit par les inscriptions où des noms gaulois se montrent réunis à des noms latins et grecs.

Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, les développements de la plupart des questions étudiées par M. Morin se distinguent moins par leur nouveauté que par l'esprit de judicieuse critique qu'il y a montré. Il s'est fait, d'ailleurs, lui-même un devoir de le reconnaître, en citant les opinions de ses devanciers, particulièrement celles de M. Halleguen. Il ne se flatte sans doute pas d'avoir clos la discussion sur ces nombreuses et obscures questions des origines historiques de la Bretagne. On voit, en effet, parmi les défenseurs de quelques-unes des opinions combattaes par M. Morin, des antagonistes non moins ardents, non moins convaincus et non moins exercés aux difficultés de la critique historique. La Commission des antiquités, en accordant à M. Morin la première des mentions du concours, De pense pas non plus avoir mis fin au débat, quoiqu'elle se plaise à constater que son livre dénote un homme instruit, familier avec les textes, et qui a su donner un grand degré de vraisemblance à la thèse qu'il a soutenue avec une sage critique.

DEUXIÈME MENTION HONORABLE. Ce n'est plus à une dissertation méthodiquement composée sur un sujet très-limité que votre Commission a décerné la seconde mention; c'est à un ensemble considérable de travaux très-variés, mais sans autre lien entre eux que de se rapporter, en général, à une même contrée. M. Bladé, qui paraît avoir recueilli depuis de longues années tous les renseignements et documents propres à éclairer l'histoire de la Gascogne, a entrepris cette tâche sur la plus grande échelle, et rien de ce qui peut y toucher de près ou de loin ne lui est étranger. Il a envoyé au concours trois volumes manuscrits, dont un in-folio de six cent neuf pages, et deux dissertations imprimées. Le volume in-folio, intitulé: Mémoires et dissertations pour servir à l'histoire civile et ecclésiastique de la Gascogne, comprend seize mémoires partagés en deux grandes sections, et dont le simple énoncé suffira pour donner une idée de la variété et de l'étendue de ces recherches et aussi de leur défaut de mesure. Dans la première partie, l'auteur examine et traite successivement les sujets suivants :

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Ancienneté de l'homme dans le sud-ouest de la France. Ethnologie de la Gascogne; idiomes et émigrations. Monuments dits celtiques de la Gascogne. Principaux changements survenus dans la géographie historique de la Gascogne depuis les temps historiques. Histoire des Vandales et des Alains jusqu'à leur invasion en Gaule. Histoire des Wisigoths jusqu'à l'époque d'Alaric 1er. Sources chrétiennes et musulmanes relatives à l'histoire du nord de l'Espagne pendant l'occupation sarrasine. Histoire des Normands avant le IXe siècle, et leurs incursions en Gascogne.

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A ces sujets de recherches déjà très-variés, M. Bladé a ajouté un examen et un catalogue des manuscrits du British Museum, relatifs à l'histoire de la Gascogne; une étude analytique des manuscrits de l'abbé Daignan du Sendat; des Mémoires sur les comtés de Rodez, de Fezensac et d'autres grands fiefs avant l'avénement de la maison d'Armagnac.

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Dans la seconde partie, consacrée à l'étude de l'histoire ecclésiastique de la Gascogne, M. Bladé traite des sujets suivants : Discussion entre les évêques de Bourges et de Bordeaux pour la primatie d'Aquitaine; Titre de primat de la Novempopulanie porté par les archevêques d'Auch; contestations soulevées à ce sujet.

On peut dire de l'ensemble de ces recherches qu'elles ont été faites

en conscience, puisées à de bonnes sources, et très-propres à donner une idée favorable de l'esprit investigateur de M. Bladé; mais on peut aussi ajouter que ce sont des recueils de notes, des éléments de travail que l'auteur se proposait de mettre plus complétement en œuvre, et dont il n'a point encore tiré tout le parti qu'il s'en promettait pour des écrits originaux et plus personnels. C'est ainsi que ses recherches assez étendues sur les temps anté-historiques de la Gascogne offrent le résumé exact des découvertes faites pendant ces dernières années dans le midi de la France sur les plus anciens vestiges de l'homme; mais elles ne font rien connaître de plus que ce que les géologues et les paléontologistes compétents ont déjà signalé. Ses tableaux des différents fonds de manuscrits du British Museum et d'autres bibliothèques d'Angleterre dans lesquelles se trouvent des documents sur l'histoire de la Gascogne ont été extraits des catalogues de ces manuscrits connus de tous ceux qui ont eu à faire des recherches dans ces sources précieuses de documents historiques. Les manuscrits de l'abbé Daignan, conservés la bibliothèque d'Auch, ont déjà été utilisés par Dom Brugelles, par M. l'abbé Monlezun, par M. l'abbé Caneto et par d'autres écrivains modernes de la Guienne. L'analyse complète que M. Bladé en donne peut cependant être utile, ainsi que les mémoires consacrés aux généalogies des grandes familles de Gascogne. L'exposé des débats sur la primatie d'Aquitaine présente incomplétement des faits déjà très-connus de l'histoire ecclésiastique.

Les deux autres volumes manuscrits de M. Bladé offrent plus d'originalité; ce ne sont plus des compilations, mais des traités; l'un a pour titre Etudes historiques sur l'ancien droit de la Gascogne. Ces études paraissent très-consciencieuses; la nomenclature des coutumes anciennes de la Gascogne est un travail nouveau; mais les notes sur les jurisconsultes gascons sont trop succinctes et ne remontent pas assez haut pour offrir un véritable intérêt. Les extraits de coutumes et d'arrêts en présenteraient davantage, si l'auteur eût suivi le même ordre dans son exposé du vieux droit gascon, du droit féodal et du droit coutumier. Quoi qu'il en soit, ce volume est peut-être le meilleur de ceux que M. Bladé a soumis à l'examen de la Commission. On peut aussi donner des éloges à son recueil des Coutumes des Landes. Quoique encore incomplet, en partie imprimé, en partie manuscrit, ce recueil de documents, les uns en gascon, les autres en latin, quelques-uns en français, ne peut manquer d'être consulté avec fruit lorsqu'il sera achevé. En résumé, ces trois ouvrages dénotent un grand amour des recherches historiques, et il est à souhaiter que l'auteur ait autant de zèle à mettre en œuvre ces notes et ces matériaux nombreux, fruit de persévérantes études, qu'il en a montré à les recueillir.

Des deux dissertations imprimées que M. Bladé a pareillement adressées pour le concours, l'une est relative à quelques Contes populaires et Proverbes recueillis en Armagnac, sorte de littérature rustique qui tend à disparaître chaque jour, et dont il serait intéressant de former une collection générale pour chaque province, et, quand cela est possible, dans chaque dialecte de l'ancienne France.

L'autre dissertation concerne certains chants héroïques des Basques, que des philologues aussi distingués que Guillaume de Humboldt et Fauriel ont regardés comme authentiques et comme pouvant remonter, les uns aux premiers temps de l'ère chrétienne, les autres jusqu'à l'époque de la conquête romaine, mais que M. Bladé considère, avec la plus grande v raisemblance, comme de fabrique moderne. Les preuves qu'il en donne contre de si puissantes autorités ne sont peut-être pas aussi complé

tement exposées qu'on pourrait le souhaiter; mais déjà M. Bladé, comme l'Académie l'a vu dans un précédent concours, celui de 1862, a eu la bonne fortune de démontrer la fausseté d'autres documents présentés aussi comme authentiques, les chartes de Pierre de Lobanner, découvertes, disait-on, à Mont-de-Marsan. On doit savoir gré à M. Bladé de ses efforts pour débarrasser l'histoire des contrées méridionales de la France de documents controuvés qui n'y sont pas rares et qui, fabriqués à différentes époques dans des intérêts divers, peuvent si facilement égarer les recherches historiques; on doit aussi lui tenir compte de ses efforts persévérants à consulter les sources les plus certaines de l'histoire. C'est à ce double titre que votre Commission a jugé les différents travaux de M. Bladé dignes d'une mention honorable.

TROISIÈME MENTION HONORABLE. M. Alexandre Bruel, archiviste paléographe, attaché au catalogue des manuscrits de la Bibliothèque impériale, a soumis au concours deux travaux, l'un imprimé, l'autre manuscrit, sur un des cartulaires ecclésiastiques de France les plus remarquables par l'antiquité des documents qu'il renferme et par les lumières qu'il peut répandre sur la topographie ancienne de l'Auvergne, une de nos provinces qui manquent le plus de ces utiles renseignements. Le cartulaire du Chapitre de Saint-Julien de Brioude (Liber de honoribus Sancto Juliano collatis) est un recueil diplomatique de la plus haute importance, puisqu'il contient plus de trois cent cinquante chartes du IX, du Xe et du commencement du XIe siècle. Une édition en a été publiée en 1863, sous les auspices de l'Académie de Clermont, par M. H. Doniol; et, comme cette Académie s'était surtout proposé de faire entrer dans le domaine public des études historiques la seule copie dont elle eût connaissance, l'édition dont elle a fait les frais devait inévitablement laisser à désirer. D'une part, des nombreuses copies qui en existent à la Bibliothèque impériale et aux Archives de l'Empire, une seule avait été consultée, et, d'autre part, l'éditeur n'avait pas essayé de fixer la chronologie des chartes qui sont, pour la plupart, dépourvues de dates. C'est cej double vide que M. Bruel s'est proposé de combler.

Dans son mémoire imprimé (in-8° de 64 pages), il rend compte des observations et des rapprochements qui lui ont permis de dater, au moins très-approximativement, presque toutes les chartes du cartulaire. Sur 344 chartes comprises depuis le milieu du VIIIe siècle jusqu'à la fin du XIe, il est parvenu à en dater 289. Il a obtenu ce difficile résultat pour les unes, en mettant en rapport les années de l'incarnation avec le style chronologique actuel; pour d'autres, en fixant par synchronismes les dates de la signature des personnes qui les ont octroyées, avec l'époque d'existence de celles qui y sont mentionnées, rois, ducs, évêques, etc. Pour d'autres enfin, auxquelles manquaient complétement tous signes chronologiques ou données synchroniques, elles n'ont pu être datées approximativement qu'en ayant égard aux indices historiques de diverses natures, tels que les formules employées, les dates de certains événements remarquables, les généalogies, les indices géographiques. C'était, comme on le voit, un travail délicat qui demandait beaucoup d'attention, de sagacité, de critique, et dans lequel on reconnaît les excellentes traditions de notre Ecole des chartes. Les solutions proposées par M. Bruel paraissent justes, et désormais, quand on consultera le cartulaire de Brioude, il sera indispensable d'avoir sous les yeux ce tableau chronologique.

Dans son second mémoire (manuscrit de 117 pages in-4°), M. Bruel a présenté l'examen comparatif des nombreuses copies du cartulaire de

Brioude, qui sont parvenues jusqu'à nous. Il en existe jusqu'à neuf reproduisant le texte de deux manuscrits anciens qui existaient au XVII° siècle et dont le sort actuel est inconnu. Sept de ces copies reproduisent l'un de ces manuscrits, et deux seulement correspondent à l'autre. C'est sur une de ces deux dernières copies conservée à la Bibliothèque impériale que l'édition de Clermont a été publiée: malheureusement, cette copie incomplète ne présentait pas le texte le plus pur et le plus ancien. M. Bruel a pu aussi constater l'existence des quatrevingts chartes qui manquent à l'édition imprimée, et, par la collation la plus rigoureuse, améliorer et compléter le texte d'un assez grand nombre de celles qui sont déjà publiées, la plupart de l'époque carlovingienne. Son travail se recommande par l'exactitude et l'importance des résultats, quoiqu'on pût désirer un peu plus de clarté dans l'exposition. Il pourrait servir d'introduction à une nouvelle édition de ce précieux cartulaire, ou du moins former un utile supplément à l'édition que l'Académie de Clermont a eu la bonne pensée de livrer à l'étude et à l'attention des érudits que ces sortes de recherches historiques et géographiques intéressent. La mention honorable accordée à M. Bruel récompense donc un travail long, difficile et très-consciencieusement accompli, dont ceux-là seulement sentiront la valeur qui ont besoin de recourir à ces sources historiques.

QUATRIÈME MENTION HONORABLE. L'Histoire du Droit français pendant le moyen âge a été et est encore le sujet des recherches les plus approfondies d'érudits éminents qui ont mis au jour un grand nombre de documents variés et instructifs, avec des commentaires qui en rehaussent la valeur. L'Académie des Inscriptions et l'Académie des Sciences mo rales et politiques comptaient et comptent encore dans leur sein plusieurs des savants jurisconsultes ou historiens qui ont éclairé par leurs travaux cette branche d'études si riche en enseignements sur les origines et les vicissitudes des législations, sur la condition et les relations sociales des différentes classes, sur les mœurs publiques et privées. Ces recherches méritent toujours d'inspirer le plus vif intérêt aux amis des études historiques, car la source est loin d'en être épuisée. C'est à ce titre que l'ouvrage publié par M. Bascle de Lagrèze, conseiller à la cour impériale de Pau, sur l'Histoire du Droit dans les Pyrénées (comté de Bigorre), a dû fixer très-sérieusement l'attention de votre Commission et lui a paru digne d'une des mentions honorables du concours.

L'auteur était préparé par ses nombreux travaux, précédemment publiés sur l'histoire civile, politique et religieuse de la Bigorre et du Béarn, à bien connaître l'histoire de la législation et des coutumes féodales dans ces mêmes contrées. Par ses fonctions dans la magistrature, il était aussi préparé à comparer entre eux et avec la législation actuelle les monuments et les vestiges des anciennes coutumes et des anciennes lois, qui ont régi pendant les siècles passés cette portion très-limitée de la France méridionale.

Quoique le territoire du comté de Bigorre ait peu d'étendue, la législation de ce coin de terre pouvait être l'objet d'études intéressantes. Protégée par les escarpements de ses montagnes contre l'invasion des coutumes et des réformations étrangères, la Bigorre a longtemps conservé des traditions qui se sont ailleurs plus tôt altérées; par sa situation entre l'Espagne et la France, elle a pu cependant participer, à certains égards, aux usages de l'un et l'autre pays, de même que son langage a conservé jusqu'à nos jours des vestiges des dialectes usités des deux côtés des Pyrénées.

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Le plan de l'ouvrage de M. de Lagrèze est simple et clair. Il étudie successivement l'organisation politique et judiciaire; les lois civiles, les lois de procédure civile et criminelle; les lois pénales; les lois féodales. Un appendice, qui n'est pas la partie la moins importante de l'ouvrage, reproduit dix documents inédits concernant les coutumes et priviléges des différentes portions territoriales de la Bigorre et plusieurs de ces Fors, dont les populations étaient si jalouses et qui offrent le tableau le plus fidèle des mœurs et des institutions du pays. Les Fors de la Bigorre, qui sont encore inédits et dont l'origine paraît remonter au commencement du XIIe siècle, mais non sous leur forme actuelle, ont surtout servi de base aux études de M. de Lagrèze; il les a comparés aux autres législations locales des Pyrénées, particuliè'rement aux Fors du Béarn, plus connus, déjà publiés et commentés.

Dans chacune des divisions de son ouvrage, M. de Lagrèze expose, avec les développements que comportait un sujet aussi varié, mais généralement avec précision, les faits et les opinions qui en interprètent le caractère et les origines. On y rencontre des détails intéressants et souvent nouveaux sur une foule de circonstances de la vie privée, sur l'état des personnes, sur les droits de la famille, sur l'état des propriétés, sur les usages populaires et les coutumes locales, variant d'une vallée et d'une communauté rurale à l'autre, sur l'administration paternelle de la justice qui a longtemps participé de la simplicité des mœurs, et dont les formules symboliques rappellent souvent une antique origine.

L'ensemble du sujet embrassé par M. de Lagrèze était si vaste et en plusieurs points si compliqué qu'il n'est pas étonnant d'y rencontrer certaines assertions qui peuvent faire naître des doutes, comme n'étant point suffisamment prouvées, quelques inexactitudes faciles à rectifier, et même plusieurs passages à supprimer, surtout dans le chapitre des Droits féodaux. Sauf ces réserves, l'Histoire du droit dans les Pyrénées, qui avait déjà obtenu la faveur d'être publiée à l'Imprimerie impériale, a paru, à votre Commission des antiquités, digne d'obtenir une des mentions honorables du concours.

CINQUIÈME MENTION HONORable. Cette mention a été accordée à un ancien élève de l'Ecole des Chartes, M. Duhamel, aujourd'hui archiviste du département des Vosges, pour son mémoire sur les Négociations de Charles VII et de Louis XI avec les évéques de Metz pour la châtellenie d'Epinal. C'est surtout par la mise en lumière de nombreux documents originaux disséminés dans les Archives et les Bibliothèques de Paris et de la Lorraine, que cet ouvrage se recommande.

Les documents, publiés par M. Duhamel, et en très-grande partie inédits, sont au nombre de quatre-vingt-huit; ils s'étendent de 4444 à 1466, et n'occupent pas moins de cent soixante pages sur deux cent cinquante-deux dont l'ouvrage se compose. Les événements auxquels ils se rapportent étaient bien connus, mais avaient été incomplétement exposés par la plupart des historiens de la Lorraine, même par Dom Calmet. On suit avec intérêt, dans la dissertation de M. Duhamel, et surtout dans les pièces authentiques qui en forment les preuves, la lutte ardente d'une population de marchands, de gens de métier, de bourgeois, contre les adversaires les plus puissants, contre les évêques de Metz,l'Empereur d'Allemagne, la Cour de Rome, les rois de France, pour la défense de ses anciens priviléges et pour conserver ou obtenir les mêmes franchises dont jouissaient les villes libres de l'Alsace. Ce sont principalement les documents des dernières années de cette longue lutte, émanés de Charles VII, de Louis XI, de Jean, roi de Sicile et duc de Lorraine, des évêques de

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