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Metz, ou des représentants de ces différents partis, que M. Duhamel a publiés et brièvement mis en œuvre. Il a laissé surtout les textes originaux offrir un faisceau de preuves plus instructives que les plus longues dissertations. Si ces documents ne faisaient pas connaître un événement aussi intéressant pour l'histoire d'une de nos grandes provinces que la réunion à la Lorraine, puis plus tard à la France, d'une ville importante, comme l'était dès lors Epinal, s'ils n'avaient pas été choisis avec discernement et commentés avec une connaissance parfaite des événements et des aeteurs, la publication de M. Duhamel n'aurait peutêtre pas semblé à votre Commission assez considérable pour mériter une des rares mentions honorables dont elle dispose et qu'elle n'a pas accordées à des ouvrages d'une bien plus grande étendue. Mais, parmi les qualités qu'elle apprécie surtout dans les écrits soumis à son examen, le choix des documents et une critique sévère des témoignages tiennent les premiers rangs; ce sont les qualités qu'elle a constatées et qu'elle récompense dans le travail de M. Duhamel.

SIXIÈME MENTION HONORABLE. Rozoy-sur-Serre est un bourg jadis fortifié du département de l'Aisne et de l'ancienne Thiérache, mentionné dès le IXe siècle et peut-être même dès le VI, et qui compte à peine dix-huit cents habitants. Le territoire environnant, dont M. G.-A. Martin a joint la description à celle de Rozoy, ne forme ni une seule région naturelle, ni une seule division administrative. Il comprend des portions de plusieurs petits pays des anciennes provinces de Picardie, de Champagne, de Lorraine, très-souvent cités dans les textes du moyen âge; le groupement des faits nombreux rassemblés par l'auteur de l'Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et ses environs est donc tout à fait artificiel. M. Martin le reconnaît et il ne donne d'autre motif du plan qu'il a suivi que l'étude plus approfondie à laquelle il a pu se livrer sur le pays environnant sa ville natale. « C'est surtout, dit-il, pour les ha»bitants de ce pays qu'il a composé son livre, » et il réclame leur indulgence « comme parent, comme ami et à titre de bon voisinage ». Cette réserve modeste est assurément fort estimable, mais l'auteur a su rassembler un assez grand nombre de documents instructifs, puisés judicieusement et patiemment à de bonnes sources, il a su exposer avec méthode et clarté un assez grand nombre de faits historiques intéressants, pour que son ouvrage puisse être lu avec profit hors du territoire qu'il embrasse.

Toutefois, pour donner de si longs développements à des récits concernant quelques localités assez obscures (l'ouvrage ne comprend pas moins de 1,551 pages en trois volumes in-8°) il a fallu y faire entrer le récit d'uo grand nombre d'événements et de considérations empruntés à l'histoire générale, et au milieu desquels les faits locaux sont un peu trop confondus. Cet inconvénient, que les auteurs des histoires locales ont tant de peine à éviter, est ici d'autant plus évident, que si, pour les détails, M. Martin s'est fait une rigoureuse obligation de recourir aux meilleures sources originales, il ne pouvait, pour les généralités historiques, consulter que des auteurs de seconde main dont le nom offre toute garantie, mais dont les écrits sortent du cadre que les historiens locaux doivent se tracer. Quoique les citations des textes semblent souvent empruntées aux collections les plus connues de manuscrits sur la Picardie, il en est cependant quelques-unes qui sont dues à des recherches plus personnelles de l'auteur dans des histoires locales inédites, ou dans des recueils de pièces originales. M. Martin a embrassé toutes les périodes historiques depuis les temps gaulois jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Il n'a négligé la

description d'aucun des monuments qu'il a rencontrés sur son chemin ; mais c'est surtout le récit des événements politiques et ecclésiastiques, le tableau des mœurs des différentes classes qu'il s'est particulièrement appliqué à retracer.

Le premier volume de cet ouvrage avait été présenté au concours de 1864, concours très-riche et très-varié; il fut alors recommandé comme très-digne d'estime aux commissaires futurs. Le second volume et le supplément qui contient des documents originaux, la plupart inédits, mais trop modernes pour peser d'un grands poids dans l'appréciation de l'ouvrage, présentent les mêmes qualités et les mêmes inégalités qui avaient été remarquées dans le premier; ils sont une nouvelle preuve des recherches consciencieuses et de l'impartialité des jugements de l'auteur. C'est ce double mérite que la Commission a remarqué et récompensé en accordant à M. Martin une des mentions honorables du

concours.

Après les ouvrages auxquels ont été attribuées les mentions honorables nous voudrions pouvoir vous faire connaître avec quelques développements de nombreux travaux dont la Commission a reconnu l'utilité, les mérites divers, et qu'elle a regretté de ne pouvoir récompenser.

Tels sont les consciencieux dépouillements d'Archives qu'ont adressés à l'Académie M. Tessier, pour la ville de Toulon, et M. Merlet, pour l'hospice de Châteaudun.

;

Telles sont encore les histoires des Abbayes de Royaumont, par M. l'abbé Duclos; de Saint-Amand en Pevele, par M. de Courmarceuil de Saint-Sathur, près Sancerre, par M. Gemähling. Nous avons aussi remarqué plusieurs histoires de villes et de villages: de Salon, par M. Louis Gimon (2 vol. in-fol. mss.); de Marcoussis, par M. Malte-Brun; de Chilly-Mazarin, par M. Patrice Salin; de Chouilly, par M. l'abbé Barré; l'Histoire du commerce de Saint-Quentin et de ses industries, par M. Charles Picard; l'Histoire généalogique de la maison et de la baronnie de Tournebu, par M. Fierville; les Mémoires de M. Devals aîné, archiviste de Montauban, intitulés : Etudes historiques et archéologiques sur le département de Tarn-et-Garonne; le Guide du voyageur à Poitiers, par M. de Chergé. Plus d'un de ces livres eût été digne de récompense si le récit des événements récents n'y eût tenu une trop grande place, et si pour quelques autres, que nous ne mentionnons pas tous, des digressions étrangères au sujet principal et quelquefois même étrangères au but du concours, ou bien une transcription négligée des textes cités, n'en eussent trop changé le caractère d'érudition historique.

Un seul ouvrage concernant l'histoire littéraire du moyen âge, celui publié par M. Beauvois à Copenhague, sous le titre d'Histoire légendaire des Francs et des Burgondes aux IIIe et 1Ve siècles, a aussi fixé l'attention de la Commission par l'étendue et la profondeur des recherches; mais un excès d'imagination a souvent entraîné l'auteur à des conséquences inadmissibles,

Plusieurs des candidats que nous avons dû laisser de côté dans ce concours pourront se représenter avec plus de chances de succès, quand les publications qu'ils ont entreprises seront plus avancées. De ce nombre sont M. L. Sandret, auteur d'un sommaire et d'une analyse du Gallia Christiana, publiés sous le titre de l'Ancienne Eglise de France, et M. A. Franklin dont l'ouvrage sur les Anciennes Bibliothèques de Paris (tome Ier) fait partie de la magnifique collection publiée par l'Administration municipale.

L'édition que M. Lecoy de la Marche a donnée des OEuvres complétes

de Suger a aussi mérité d'être distinguée; il est regrettable que l'auteur n'ait pu y joindre une notice plus détaillée, dans laquelle il eût montré la saine érudition que l'Académie a récompensée, l'an dernier, dans son Mémoire sur les prédicateurs du XIIIe siècle. La Société de l'histoire de France a rendu un nouveau service aux études historiques en mettant au jour cet ouvrage, et votre Commission eût été heureuse de iui témoigner, au nom de l'Académie, le cas qu'elle fait de ses importantes publications, comme cela a déjà eu lieu pour plusieurs autres ouvrages de sa collection.

Le nombre des concurrents que la Commission a cru devoir citer en dehors des récompenses officielles, en leur donnant quelques paroles d'encouragement, est, comme vous le voyez, Messieurs, assez considérable. Cependant, ceux dont elle n'a point fait mention sont encore plus nombreux. Le concours des Antiquités nationales, pour l'année 1868, n'est inférieur, au fond, à la plupart des concours précédents ni par le nombre, ni par la variété des ouvrages présentés. La Commission se féliciterait de pouvoir ajouter qu'il ne l'est pas non plus par le mérite et l'originalité des travaux. L'exposé qui précède a pu faire apprécier une partie des causes de cette infériorité plus réelle. Il en est une autre dont il faut tenir compte. Pendant les premières années et longtemps encore après qu'il eut été constitué, ce concours était presque le seul offert aux travaux sur l'archéologie et l'histoire nationales, et la plupart des ouvrages remarquables, publiés depuis cinquante ans sur les sujets variés qu'il embrasse, ont été honorés des suffrages de l'Académie. Peu à peu des Sociétés locales, des congrès, des recueils scientifiques se sont fondés et ont offert aux études historiques et archéologiques une publicité plus étendue, des organes et des encouragements nouveaux. On ne saurait trop louer ces efforts du patriotisme provincial, que très-justement le Ministère de l'Instruction publique s'est plu à encourager, et qui sont venus en aide à un patriotisme plus général, pour ainsi dire.

De ces foyers divers sont émanées des lumières dont la concentration eût jeté peut-être plus d'éclat, mais dont la diffusion offre un progrès sensible qui doit réjouir les amis des recherches historiques. Si la participation de l'Académie y est moins immédiate et moins évidente, elle n'en est pas moins réelle, et l'on ne peut oublier quelle a été son influence pour diriger l'érudition dans ses différentes voies. Il est cependant quelquesuns de ses conseils qui semblent plus difficilement atteindre leur but; car, reproduits fréquemment dans les précédents rapports, ils ne sont pas toujours parvenus jusqu'aux concurrents nouveaux.

C'est ainsi qu'on ne saurait trop engager les auteurs à ne point donner à des questions dont l'importance ne comporte pas de vastes développements une étendue disproportionnée et à ne point les obscurcir par des détails étrangers au sujet traité; à ne pas rechercher les vues générales et systématiques, alors que le point de départ ne les comporte pas; à ne point gâter par un style figuré et prétentieux des mémoires dont la simplicité et la clarté doubleraient le mérite; à ne point préférer à des sujets de recherches nettement circonscrites, dont les éléments se trouvent dans les archives locales ou dans l'étude attentive du pays, des questions de haute portée en apparence, mais d'une utilité moins réelle pour la science.

Que les auteurs se méfient aussi des à peu près, causes de tant d'erreurs dans les études historiques, comme dans les études scientifiques. Qu'ils aient soin de citer avec exactitude et précision les sources où ils puisent, les témoignages dont ils s'appuient, et qu'ils se gardent de con

fondre avec les autorités premières, vraiment originales, les travaux de seconde main.

Un danger, que l'Académie a signalé déjà bien des fois dans les précédents rapports de la Commission, est celui des étymologies. Quelque spécieuses qu'elles paraissent, elles sont fréquemment une cause d'erreurs ; elles déparent des travaux souvent très-estimables à d'autres titres.

Quant au choix des sujets à traiter, l'Académie a toujours laissé aux concurrents la liberté la plus complète; elle a seulement indiqué une limite de temps, en n'admettant qu'avec une très-grande réserve les recherches historiques qui embrasseraient une époque plus récente que le commencement du XVIe siècle.

Il serait surabondant de multiplier des conseils qui rentrent dans les règles les plus simples et les plus générales de la critique historique, et dont l'Académie a eu souvent le bonheur de reconnaître et de récompenser l'application.

La séance étant redevenue publique, M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL présente les ouvrages suivants, offerts à l'Académie :

4° Sur la formation et le développement de l'écriture (en allemand), par H. Brugsch, avec une planche lithographique (Berlin, 1868, br. in-8°). -Extrait du recueil publié par MM. Virchow et de Holtzendorff.

2o L'exaltation de la fleur, bas-relief grec de style archaïque, trouvé à Pharsale, par M. Léon Heuzey (in-4°, avec une planche. Extr. du Journal des savants), « interprétation aussi fine que savante du précieux monument dont il s'agit. »

3o Les Aventures de Télémaque, de Fénelon, trad. en vers italiens par le prof. Antonio Pandullo di Tropea (1 vol. in-4°, avec le portrait de Fénelon. Naples, typogr. militaire, 1868). Hommage fait par l'entremise de M. GARCIN DE TASSY.

4° Revue archéologique : novembre 1868.

:

5o Est adressé, pour le concours des Antiquités de la France, l'ouvrage suivant Les hautes montagnes du Doubs entre Morteau, le Russey, Belvoir et Orchamps-Vennes, depuis les temps celtiques (avec une carte géographique et 1 planches. 4 vol. in-8°, Paris, 1868), par l'abbé Narbey, qui a joint à son envoi une lettre dont il est donné lecture. Renvoi à la Commission du concours de 1869.

Séance publique annuelle du vendredi 20.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER.

Discours d'ouverture par LE PRÉSIDENT.

MESSIEURS,

L'Académie avait proposé en 1866, pour sujet du prix ordinaire à décerner en 1868, la question suivante :

<< De la lutte entre la philosophie et la théologie des Arabes >> au temps de Gazzali, et de l'influence que cette lutte a exercée » sur l'une et sur l'autre. »

Un seul Mémoire a été envoyé; c'est un travail savant, que l'Académie aurait volontiers récompensé, si l'auteur, orientaliste très-versé dans la philosophie des Arabes, ne s'était trop exclusivement attaché à l'analyse des ouvrages de Gazzali, nom qui n'avait été inséré dans le programme que pour indiquer une époque et un terme. L'Académie avait surtout en vue, en proposant cette question, l'histoire de la lutte des écoles philosophiques et des écoles théologiques des Arabes, lutte qui se termina par la défaite de la philosophie. Elle a regretté de ne pouvoir couronner un écrit qui, malgré ses rares mérites, ne répond qu'en partie à l'objet qu'elle s'était proposé. Elle remet la question au concours, espérant que l'auteur de ce mémoire voudra reprendre et compléter ce travail, et, pour plus de clarté, elle modifie ainsi les termes de cette question:

« Faire l'histoire de la lutte entre les écoles philosophiques et » les écoles théologiques sous les Abbassides; montrer cette >> lutte commençant dès les premiers temps de l'islamisme avec » les Moazélites, se continuant entre les Ascharites et les philo» sophes, et se terminant par la victoire complète de la théo» logie musulmane. Exposer les méthodes dont se servaient les > deux écoles et la manière dont les théologiens empruntèrent » les procédés de leurs adversaires. Montrer l'influence que le » soufisme a exercée à plusieurs reprises sur ces luttes; mettre

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