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M. De La Fons Melicocq, pour fonder un prix de 1,800 fr. à décerner tous les trois ans à l'auteur du meilleur ouvrage sur l'Histoire et les Antiquités de la Picardie et de l'Ile-de-France, Paris excepté.

Ce prix sera décerné, pour la première fois, en 1874, au travail qui répondra le mieux aux intentions du fondateur. L'Académie choisira, entre les ouvrages manuscrits et les ouvrages imprimés en 1869 ou 1870, qui lui auront été envoyés en vue de ce concours.

Depuis notre dernière séance publique, un savant bibliophile, non moins zělé pour les études auxquelles il avait consacré sa vie, l'auteur du Manuel du libraire et de l'amateur de livres, M. Brunet, décédé à Paris, le 14 novembre 1867, a légué, lui . aussi, à l'Académie, une rente de 1,000 fr. pour fonder un prix de 3,000 fr. à décérner tous les trois ans « à l'ouvrage de bi» bliographie savante que l'Académie, qui en choisira le sujet, » jugera le plus digne de cette récompense. » Ce sont les termes mêmes de son testament.

L'Académie a accepté avec reconnaissance le legs de M. Brunet, comme celui de M. De La Fons Melicocq, et, se proposant d'appliquer successivement ce nouveau prix aux diverses branches de l'érudition, elle a décidé qu'il sera décerné pour la première fois, en 1874,

«< Au meilleur ouvrage de bibliographie savante, relatif à » la littérature ou à l'archéologie classique, soit grecque, soit >> latine. »

Seront admis à ce concours les ouvrages manuscrits et les ouvrages imprimés de 1868 à 1870.

Enfin, Messieurs, je dois encore, avant de parler des travaux de l'Ecole française d'Athènes, rappeler que le prix fondé par M. Louis Fould, pour la meilleure Histoire des arts du dessin chez les différents peuples de l'antiquité jusqu'au siècle de Périclès, pourra, aux termes de la fondation, être décerné en 1869.

Les espérances que mon prédécesseur exprimait, l'année dernière, sur le redoublement d'activité qu'une nouvelle direction de l'Ecole française d'Athènes semblait devoir imprimer aux travaux des membres de cette école, ne se sont pas encore réa

lisées. Aucun mémoire ne nous a été envoyé cette année. Celui dont le rapporteur de votre commission vous a rendu un compte si favorable vous était déjà parvenu l'an dernier, trop tard pour que la commission pût en faire un rapport détaillé avant notre séance publique, assez tôt cependant pour que le président pût en dire quelques mots dans cette séance.

Ce Mémoire, dont l'auteur est M. Albert Dumont, à qui l'Académie vient de décerner le prix du concours sur les stèles représentant le Repas funèbre, est un des plus considérables et des mieux faits qui soient sortis de l'Ecole française d'Athènes. I] traite des inscriptions qui se lisent sur les anses des amphores de Rhodes, de Thasos, de Cnide et de quelques autres villes, inscriptions dont M. Dumont a formé un recueil, qui se compose de plus de 4000 numéros.

Ce recueil est précédé d'une introduction assez étendue, dans laquelle on trouve d'intéressants détails sur les formes particulières aux fabriques des villes d'où proviennent ces amphores, sur la nature de la terre qui y a été employée, sur les principaux gisements où on les découvre. M. Dumont y expose ensuite le système de classification qu'il a suivi; il donne une bibliographie très-complète des travaux des savants qui se sont occupés avant lui de cette classe de monuments, et enfin, il développe sommairement un plan de commentaire, dans lequel il indique les différents résultats que peut fournir l'étude des inscriptions des amphores, résultats qui sont beaucoup plus considérables qu'on ne pourrait s'y attendre au premier abord. Il serait désirable que ce travail savant et consciencieux ne tardât pas à être livré au public. Il constituera, en effet, lorsqu'il sera accompagné des commentaires projetés par l'auteur, un véritable accroissement de nos connaissances en archéologie et en histoire.

L'Académie espère que les collègues et les successeurs de M. Dumont suivront l'exemple qu'il leur donne, par une activité, une ardeur au travail qu'elle ne peut assez louer. Elle aidera et encouragera leurs efforts, comme elle a aidé et encouragé les siens; elle applaudira à leurs succès, comme elle applaudit aux

siens et à ceux d'un certain nombre de ses devanciers, qui se sont déjà fait un nom dans la science.

Mon prédécesseur, après vous avoir exposé, l'an dernier, les résultats des travaux de nos commissions de prix, se félicitait, dans des termes dont je voudrais pouvoir retrouver pour moimême aujourd'hui l'affectueuse et délicate cordialité, d'avoir vu s'accomplir la cinquantaine académique d'un de nos plus éminents confrères. Cette cinquantaine a été pour l'Académie une occasion, qu'elle a saisie avec un empressemement unanime, de donner à notre confrère un témoignage de ses sentiments pour lui. Une médaille a été frappée pour en perpétuer le souvenir, et deux exemplaires de cette médaille ont été offerts à M. Naudet, dans la séance du 8 mai dernier. J'étais alors retenu, par d'autres devoirs, loin de Paris et de la France, et c'est M. le vice-président qui a dû être, en cette circonstance, l'organe de l'Académie. Il s'est acquitté de cette tâche beaucoup mieux que je n'aurais pu le faire. Je n'en ai pas moins regretté de ne pouvoir prendre part, si ce n'est par mes vœux et mes sentiments, à une fête académique qui laissera de profonds souvenirs chez tous ceux qui y ont assisté. Je suis heureux de saisir la première occasion qui se présente pour moi, d'offrir, comme président de l'Académie, à notre cher et vénéré doyen, avec toutes mes félicitations, l'expression de mon respectueux et bien sincère attachement.

Ce discours est suivi de la proclamation de la liste des élèves de l'Ecole impériale des Chartes nommés archivistes-paléographes, par arrêté du 1er février 1868. Ces élèves sont :

MM. Cauwès (Paul-Louis); Dubois (Arthème-Gaston); Bonnardot (François); Tholin (Eustache-Georges); Vetault (Alphonse - Anatole); Duchemin (Victor-Tranquille); Rendu (Armand-Marie); Legrand (EtienneVictor-Théodore); Beaucorps (Maxime-Georges-Marie); Chauffier (Louis-Marie).

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL donne lecture d'nne Notice historique sur la vie et les travaux de M. le duc d'Albert de Luynes.

MESSIEURS,

Au commencement du XVIIe siècle, parmi les troubles qui suivirent une régence orageuse, s'inaugurait, dans l'histoire de notre pays, un nom auquel le XIX devait donner, sinon sa plus haute, du moins sa plus pure illustration ce fut celle de la science, unie à la pratique de toutes les vertus morales et civiles. Par là le duc de Luynes se rattache à la lignée de ces hommes rares qui comprirent, même avant 1789, que désormais le grand seigneur ne pouvait plus être qu'un grand citoyen. De bonne heure, dans la mesure de son caractère et de ses goûts, il conforma ses mœurs à cette pensée, fruit de la réflexion et de l'étude chez un esprit droit et indépendant. Il trouvait, dans sa famille, à suivre ou à éviter, des exemples divers, entre lesquels son choix fut fait dès ses jeunes années. De sages directions, mais plus encore les événements, y aidèrent, par les leçons qu'ils n'ont épargnées à aucun de nos contemporains.

Sa vie fut une vie de labeur, au milieu de toutes les séductions de l'âge et de la fortune; de progrès accomplis par lui-même ou encouragés chez les autres, dans les voies les plus diverses de l'esprit; de dévouement à son pays, lorsqu'il lui fit appel, au jour du danger, et à l'humanité toujours. Rien n'a manqué à cette noble existence, pas même le sceau du malheur, épreuve des grandes âmes, dignement ressentie, dignement supportée dans ses plus poignantes amertumes, presque jusqu'à la dernière heure.

Honoré-Théodoric-Paul-Joseph d'Albert, duc de Luynes et de Chevreuse, né à Paris, le 15 décembre 1802, descendait, à la huitième génération, du favori et du premier ministre de Louis XIII, le trop célèbre connétable de Luynes, qui parut d'abord vouloir racheter les circonstances de son élévation soudaine et sa prodigieuse fortune, en ramenant le gouvernement de la France à la politique de Henri IV, et qui finit sa vie en préludant, mais sans constance, à celle du cardinal de Richelieu. Avec son fils, celui qu'on appela le bon duc, qui fut l'hôte, l'ami, le collaborateur des solitaires de Port-Royal, et qui traduisit en français les Méditations de Descartes, les travaux de l'esprit devinrent la tradition dominante de la famille, tradition continuée d'abord par le duc de Chevreuse, disciple de Fénelon, si bien nommé un ministre d'État sans portefeuille, puis par son petit-fils, le troisième duc de Luynes, écrivain infatigable, qui laissa dix-sept volumes de Mémoires sur la cour de Louis XV, récemment publiés, grâce à son descendant; enfin par ce d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes, mort en 4779, qui cultiva avec distinction les sciences physiques et naturelles, et en seconda les progrès.

L'époque où vint au jour le jeune duc, qui devait emprunter quelque trait aux meilleurs de ses ancêtres, était aussi peu favorable à l'éducation des enfants de l'ancienne noblesse, qu'elle le fut trop souvent à la dignité des grandes familles. La sienne n'avait point émigré; son grand-père, le duc de Luynes d'alors, qui s'était associé aux premières espérances de la Révolution, prenait place parmi les sénateurs de l'Empire; sa propre mère la duchesse de Chevreuse, devenue dame d'honneur de l'impératrice José

phine, était, par son esprit et par sa grâce, l'un des ornements de la nouvelle cour; et cependant, pour avoir résisté avec une juste fierté à cette volonté altière qui courbait toutes les têtes, elle se vit condamnée à traîner d'exil en exil le reste de sa vie, terminée en 1843, quand son fils n'avait encore que onze ans. Ni l'aïeul ni le père n'était d'humeur à diriger l'éducation de deux jeunes enfants, désormais à demi orphelins. Il fut heureux que se trouvât là, pour remplacer leur mère, une femme distinguée entre toutes, une Montmorency, que son petit-fils aimait à nommer sa bonne grand'mère », et sur laquelle, en ses derniers jours, il a tracé quelques pages mémorables, qui le font connaître autant qu'elle-même. Cette femme, d'une âme virile, d'une raison élevée, qui, après la Terreur, dont elle avait failli être victime, écrivait, imprimait de ses mains à Dampierre des opuscules philosophiques et politiques, et, pour ses pupilles, des récits de morale pratique, traduits de l'anglais, tels que le chef-d'œuvre de Daniel de Foë, semble s'être occupée la première d'étudier le caractère du jeune duc. Il avoue lui-même que ce caractère eut besoin d'une discipline sévère pour en amortir et en régler les penchants. Il est permis de croire, toutefois, que l'influence de sa noble aïeule y contribua plus encore que les leçons du précepteur instruit, mais morose, qui lui fut donné. Des impressions diverses de son enfance et de la lutte précoce qu'il eut à soutenir contre ces instincts d'une nature fougueuse, qu'on n'eût guère soupçonnés plus tard, résulta ce fond de timidité qui prit souvent l'aspect de la réserve, ou même de la froideur, mais qui n'ôta jamais rien ni à l'énergie de ses décisions, ni aux élans sympathiques de son cœur, et fit place peu à peu à cette gravité douce, charme habituel de

son commerce.

L'aîné de sa race, il paraissait destiné à la profession des armes, et, sitôt qu'il fut en âge, sous la Restauration, il entra dans la compagnie des gardes du corps de Luxembourg, qui lui était indiquée par ses alliances de famille. Là il pouvait, en peu de temps, avec la faveur du roi, se promettre une brillante carrière, si ses goûts ne l'eussent emporté ailleurs. Il y trouva du moins ce besoin d'ordre et de régularité ponctuelle, qui passa dans ses habitudes et qu'il garda toute sa vie. Marié, dès sa vingtième année, à la fille du marquis de Dauvet, il était veuf deux ans après, avec un fils unique au berceau, et, pour comble de malheur, il perdit, la même année, son frère puîné, Pol de Chevreuse, son « saint frère», comme il le disait, qui rappelait, par sa douce piété le premier duc de ce titre, l'ami de Fénelon.

Atteint de ces coups répétés, dans la première fleur de son âge, isolé dans sa propre maison, le duc de Luynes, loin de se jeter dans les distractions extérieures, se replia tout entier sur lui-même par un effort de volonté. Il vit, avec la justesse de son esprit, que l'étude seule, l'étude de tous les jours et de tous les instants, pouvait être une diversion efficace à ses chagrins, un frein à ce qui restait d'irritable dans son caractère, et un rempart contre les séductions qui l'entouraient. Ce fut ainsi que, renonçant à toute autre vocation, il entreprit de compléter son instruction littéraire et scientifique qui n'avait été qu'ébauchée; qu'il acheva de former sa raison par la méditation des préceptes des sages de tous les temps, son goût par la lecture assidue des auteurs classiques et par la contemplation des monuments de l'antiquité. Il y joignit bientôt la connaissance des langues modernes de l'Europe, en attendant que, plus tard, s'ouvrît à sa curiosité le trésor de quelques-uns des vieux idiomes de l'Orient.

Au lieu des exercices du corps, plus ou moins violents, qui semblaient pour lui un héritage de famille, et même comme un besoin de sa consti

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