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qu'il est facile de reconnaître, à leurs dimensions d'abord, au texte épigraphique qu'elles conservent ensuite, sont dans un rapport étroit avec ces ex-voto comme les banquets de Sérapis et d'Eseulape avec les banquets funèbres; mais les deux ordres de représentations n'en restent pas moins très-distincts.

» Le héros thrace est surtout un dieu rustique. On le trouve toujours dans les villages; je n'ai pas vu un seul de ces ex-voto qui provint d'une ville. Ce dieu des pagani me paraît pouvoir fournir le sujet d'une intéressante étude. Il a été adoré dans toute la vallée de l'Hèbre; il se rencontre jusqu'aux Portes-Trajanes, et les monuments qu'on lui a élevés, s'ils étaient grossiers, étaient du moins très-nombreux. Au S. de Tatar-Bazarjick, à 2 heures et demie de l'ancienne Bessapara, sur un des derniers contreforts du Rhodope, on m'a signalé un emplacement où des ex-voto à ce dieu ont été découverts en grande quantité. C'est le seul sanctuaire du héros dont on puisse retrouver la place.

>> Ce héros est encore adoré de nos jours. Il est devenu saint Georges. J'ai vu de petites bougies devant un marbre antique qui représentait ce cavalier païen à l'église arménienne de Philippopolis. Je pourrais citer d'autres exemples tout à fait identiques. La ressemblance du saint Georges typique de la peinture byzantine et du cavalier vénéré par les anciens Thraces est en effet frappante.

>> Un sujet que je n'ai remarqué nulle part, dans nos collections de monuments figurés, est le suivant : Une femme, une déesse, le sein nu, allaitant un enfant et à demi couchée sur un lit. Ce marbre que je rapporte ne mesure pas un décimètre carré.

>> Les banquets funèbres jusqu'ici connus sont assez nombreux, quoique, en général, les archéologues soient portés à les croire plus fréquents qu'ils ne sont. Le catalogue de Welcker n'en publie pas beaucoup plus de cent, et, si Stéphani dépasse ce chiffre, c'est qu'il regarde comme des monuments sépulcraux les ex-voto à Sérapis. J'attache donc de l'importance aux dix-huit banquets funèbres que j'ai pu décrire dans la première partie de mon voyage. Sans entrer dans aucun détail sur cette classe de monuments, vous savez qu'elle ne se rencontre pas dans toutes les par

ties du monde antique. Je crois, par exemple, qu'on ne la trouve ni en Béotie, ni dans le Péloponnèse, si ce n'est tout à fait par exception, et qu'elle est très-rare dans les Cyclades du nord. Il est donc important de bien savoir dans quels pays elle a été adoptée. Nous ne connaissions que deux ou trois banquets funèbres thraces.

>> J'ai vu quelques bronzes de la belle époque; mais les plus fréquents ont un cachet barbaré qui en fait la principale valeur. Malheureusement aucun ne porte d'inscription.

» Inscriptions. Les inscriptions ne sont pas nombreuses; mais pour un premier voyage, elles promettent une assez riche moisson. Je suis au 60° numéro des textes que j'ai vus et copiés moi-mêmé. On m'a communiqué la copie de beaucoup d'autres; mais ici, en pays bulgare et ture, les marbres sont vite martelés : les Bulgares se font un pieux devoir de faire disparaître tout ce qui prouve qu'ils n'ont pas toujours occupé le pays. Les haines de race sont très-vives.

» Je n'ai vu de textes remontant au IVe siècle avant JésusChrist qu'à l'extrémité de la Thrace, à Tatar-Bazarjick. Il y a plusieurs inscriptions de l'époque macédonienne gravées avec le plus grand soin. J'ai été un peu surpris de rencontrer les Grecs aux environs de la Porte-Trajane dès le temps de Philippe. Dès cette époque cependant ils avaient là un temple d'Apollon, des jeux de gymnastique et une administration faite à l'image de celle des communautés helléniques de la Propontide.

>> Les autres textes grecs, ceux-là contemporains de l'époque romaine, nous font connaître le nom de différentes magistratures, surtout de magistratures rurales (le bourg ou xóμŋ ý révient souvent), les sociétés ou hétairies thraces, parmi lesquelles je remarquerai particulièrement un collégé éphébique à Philippopolis, et dans la même ville une confrérie de chasseurs, enfin les détails du culte et quelques noms de divinités locales.

» Le commentaire de ces inscriptions serà d'une grande difficulté et je devrai peut-être l'abandonner en partie à un savant qui connaîtra les principaux idiomes européens. Les noms propres, qui

sont nombreux, s'y présentent souvent avec des caractères qui ne me paraissent pas grecs et dont je doute qu'un helléniste puisse rendre compte.

>> Comme conclusion générale, on peut admettre les deux propositions suivantes :

» 1° Dès le IIe siècle après notre ère, la civilisation avait pénétré dans un grand nombre de villes situées en dehors de la voie romaine jusque dans les premières vallées de l'Hémus et du Rhodope. On trouve partout des inscriptions et le plus souvent dans des régions reculées où nous ne savions pas qu'il eût existé autrefois des populations relativement cultivées sans doute (et les preuves abondent) cette culture était très-primitive; mais le seul fait de son existence est important.

2o La civilisation en Thrace était toute grecque.

» Je n'ai copié que six inscriptions latines, dont cinq bilingues. Des tombes de soldats romains portent la traduction grecque de l'épitaphe au-dessous du texte latin. Une borne milliaire (la seule que j'aie retrouvée) est tout entière écrite en langue grecque.

>> De ces six inscriptions latines, l'une est intéressante par la barbarie de la langue (c'est une épitaphe assez étendue); la seconde, tout à fait monumentale, conserve le souvenir de la construction des murs de Philippopolis; la troisième est consacrée à un prétorien mort en Thrace. Les trois dernières sont également funèbres.

» Je n'ai vu encore que quatre textes nous faisant connaître le nom de gouverneurs impériaux de la Thrace. Vous remarquerez que je n'ai pas visité les villes de la côte, Panidon exceptée. Les textes que j'ai trouvés dans cette bourgade me paraissent d'un bon augure. Je noterai seulement un monument et une inscription qui ont pour vous un intérêt particulier : c'est un marbre métrologique portant cinq cavités demi-sphériques, dont trois, dans un état de conservation parfaite. L'inscription conserve le nom et le titre de l'agoranome, avec cette particularité, qu'on voit à la suite le caducée représenté en creux et tout à fait identique à celui qui est si fréquent sur les amphores de Rhodes et de Cnide.

» Je n'ai copié qu'une inscription chrétienne du IVe siècle, mais

très-intéressante, parce qu'elle est assez étendue et parce qu'elle prouve qu'à peu d'années de distance une femme païenne et une femme chrétienne, de la même famille, ont été placées dans le même tombeau. Ce texte est en langue grecque et provient d'un village des environs de Philippopolis.

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chapiteaux

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» Monuments. -Je dois signaler: 1° les restes des murs de Philippopolis et surtout plusieurs parties importantes d'une acropole pélasgique sur un rocher à pic qui s'appelle encore dans le pays le mont qu'on gravit avec des cordes; - 2° fragments des temples de Philippopolis architraves colonnes fragments très-nombreux qui permettent de retrouver le style des édifices; 3° restes d'une enceinte romaine à Hissar; 4o tombeau souterrain à Panidon. C'est une grotte où l'on entre en rampant sur les mains. A l'intérieur, on trouve une chambre carrée taillée dans le rocher. A droite, à gauche et en face de l'entrée sont trois fours. Au-dessus du four placé au fond de la chambre, est sculptée une architrave décorée de bucrânes d'un style trèsferme, et de motifs barbares. Une inscription presque illisible, mais qui paraît, par les lettres que j'ai reconnues, remonter à une haute antiquité, est gravée au-dessous de l'architrave. Je ne connais en Grèce aucun monument de ce genre, je ne puis mieux le comparer qu'aux hypogées de la Palestine. -5° L'enceinte où a été trouvée la table de pierre portant une inscription consacrée à un dieu, dont le nom a dernièrement donné lieu à une discussion importante dans l'Académie DEO MHAYZEI. Le plan de ce sanctuaire, construit de grosses masses de granit, avec entailles en queue d'aronde, paraîtra peut-être curieux. Vous savez que ces ruines se trouvent à Aklani, petit village près de Philippopolis.

» Les principaux monuments étaient situés sur la voie romaine : or cette voie est devenue dès le XVe siècle la grande route des Turcs en Europe. Ils se sont hâtés d'y bâtir des édifices qui attestent leur activité, leur puissance, leur intelligence. De Rodosto à Tatar-Bazarjick j'ai vu partout des khans et des ponts magnifiques, de belles fontaines, des médressés, des mosquées. Dans la seule ville d'Andrinople on compte plus de 300 mosquées. Dans aucune ville, semble-t-il, on n'a taillé plus de pierres. Tout cela, il

est vrai, est en ruine aujourd'hui; mais il est facile de comprendre que la puissance ottomane, aux premiers jours de son activité, a dû faire disparaître pour ses splendides constructions tous les restes des édifices antiques.

>> Dans une prochaine lettre je compléterai ces quelques détails qui vous donnent tout au moins une idée générale de l'intérêt qu'a pour moi le voyage de Thrace, en vous parlant de la topographie de cette province, des antiquités byzantines et surtout des tumulus qui sont ici très-nombreux et me paraissent un sujet d'étude d'une haute valeur.....>>

Séance du vendredi 11.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER,

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il n'y a pas de correspondance officielle.

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M. MILLER lit des remarques sur un passage inédit d'Appien découvert par lui dans son dernier voyage scientifique. Ce passage donne lieu à diverses observations échangées entre l'auteur de la communication et MM. RENAN, LABOULAYE, EGGER.

A cette occasion, l'Académie apprend avec intérêt que M. Blondel, membre de l'Ecole française d'Athènes, qui avait fini son temps, a obtenu une prolongation de séjour de trois mois, pour achever la copie du manuscrit de l'apologiste grec du IIIe siècle, Macarias Magnès, qu'il est chargé de publier. M. le Ministre de l'Instruction publique a décidé que la publication en serait faite à Paris, sous les yeux et avec les conseils d'hommes compétents, selon le vœu exprimé au nom de la Compagnie.

Sont présentés à l'Académie les ouvrages suivants :

4° Pour le concours du prix Gobert, Les finances françaises sous la Reștauration (1814-1830), faisant suite aux Finances sous l'ancienne Monarchie, la République, le Consulat et l'Empire (1180-1814), par M. le baron de Nervo, receveur général (1865-68, 4 vol. in-8°). - 6 exemplaires avec une lettre d'envoi.

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