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de M. Bazin, que, dans la langue usuelle, un seul et même signe, ti, ajouté à un caractère chinois, en fait soit un adjectif soit un génitif: le même auteur cite des exemples de ce signe ti se combinant avec le signe so (qui est un véritable conjonctif), ou même le remplaçant, dans des phrases où ti sert à unir à leur sujet des mots qui, répondant à des verbes ou à des participes, constituent de véritables attributs; de sorte que ti réunit la triple fonction de conjonctif, de signe de l'adjectif, et de particule du génitif.

En tibétain, l'adjectif, qui peut suivre ou précéder son substantif, est au génitif quand il le précède, et reste sans changement quand il le suit; cette langue ne présente donc qu'un nouvel exemple de l'assimilation de l'adjectif au génitif; mais le birman, qui a de l'analogie avec le tibétain, et s'en distingue surtout par une plus grande abondance de ces particules destinées à exprimer des rapports logiques ou grammaticaux, présente une particularité assez remarquable: l'adjectif y peut, comme en tibétain, suivre ou précéder le substantif; quand il le suit, il y a simple juxtaposition des racines: lû kaung « vir bonus » ; quand il le précède, on intercale entre les deux termes l'une des particules çı, çau: kaung çı (ou çau) lû « bonus qui (?) vir. » Ces particules, qui répondent à l'i-izafet persan, au ti chinois, au génitif tibétain, ne sont point le génitif birman (lequel est ). Que sont ces particules çi et ÇAU? La première, qui a des emplois fort divers, ne se laisse pas définir aisément; l'une de ses fonctions est d'être un démonstratif, ce qui pourrait favoriser l'opinion de Bopp, relativement à l'i-izafet. Cependant il est évident que ça doit être l'équivalent de ÇAU; or la valeur de çAU, sans être d'une détermination facile, se laisse mieux apprécier que celle de çi. Judson, dans son dictionnaire, l'appelle un affixe connectif presque équivalent à « qui» (who, which, that): c'est donc une sorte d'adjectif conjonctif (le conjonctif proprement dit n'existe pas en birman). Il sert à unir le sujet à l'attribut verbal dans des phrases où nous ne pouvons le rendre que par l'adjectif conjonctif, par exemple :

Kho ÇAU çu « personne qui vole, »> « celui qui vole» «voleur.»> rapiens qui is.

Rauk ÇAU çambau « le navire qui est arrivé. »

adveniens quæ navis

«<le navire arrivé. >>>

Il est difficile d'y voir autre chose qu'un conjonctif, d'une nature spéciale et d'une application restreinte.

Pour traiter ce sujet avec l'étendue convenable, il faudrait sans doute embrasser un plus grand nombre de langues: cependant, quelque restreint que soit le cercle de cette étude, après avoir comparé les diverses manières d'exprimer le rapport du substantif, soit avec le génitif, soit avec l'adjectif, dans des idiomes si différents d'origine et de nature, il semble permis de conclure: que le génitif et l'adjectif sont traités l'un comme l'autre ; et que, en l'absence des désinences des cas, ou même avec ces désinences, le rapport du substantif avec le génitif ou l'adjectif est marquéd'abord par la position, laquelle n'est pas partout et toujours la même, puisque nous voyons l'adjectif et le génitif tantôt précéder, tantôt suivre le substantif, mais qui, dans chaque langue, est observée rigoureusement, selon le génie de l'idiome, d'après des règles précises, et ensuite, surtout en ce qui concerne l'adjectif, par l'emploi d'une particule, qui est quelquefois celle du génitif luimême, mais qui quelquefois en diffère, et qui d'ailleurs, distincte du génitif ou identique avec lui, paraît toujours avoir, soit dans sa forme actuelle, soit dans son état passé, et par le seul fait du rôle qu'elle joue, un rapport très-marqué et une étroite analogie avec l'adjectif conjonctif.

Diverses observations sont échangées à ce sujet entre l'auteur du mémoire et plusieurs membres de l'Académie, notamment M. REGNIER.

Séance du vendredi 21.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance officielle.

Par une dépêche, en date du 18 février, M. le Ministre de l'instruction publique adresse ampliation d'un décret, rendu sur sa proposition, le 15 du même mois, par lequel l'élection que l'Académie a faite de M. LE COMTE DE VOGUE pour remplir la place d'académicien libre, vacante par suite du décès de M. LE DUC DE LUYNES, est approuvée. Lecture faite du décret, M. LE COMTE DE VOGUE est introduit et présenté à l'Académie par M. le Secrétaire perpétuel. M. LE PRÉSIDENT invite le nouveau membre à prendre place parmi ses confrères.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL lit ensuite une lettre écrite en latin sous la date de Leipzig, 6 janvier 1868, par laquelle M. FR. RITSCHL remercie l'Académie de l'honneur qu'elle lui a fait en le nommant l'un de ses associés étrangers, honneur qu'il apprécie à sa haute valeur et qui lui inspire une profonde reconnaissance. Tous ses efforts tendront désormais à le prouver par quelque œuvre digne de l'Académie.

M. Moët de la Forte-Maison écrit de Rennes, en date du 19 courant, pour réparer l'erreur qu'il a commise en adressant à l'Académie française le livre intitulé « Les Francs, leur origine et leur histoire dans la Pannonie, la Mésie, la Thrace, etc., etc., la Germanie et la Gaule, depuis les temps les plus reculés jusqu'à la fin du règne de Clotaire, dernier fils de Clovis, etc. (Rennes, 1867, 2 vol. in-8°) », et qui était destiné au concours fondé par le baron Gobert pour l'ouvrage le plus savant et le plus profond sur l'histoire de France. M. Moët de la Forte-Maison prie l'Académie des Inscriptions, que regarde spécialement ce concours, de vouloir bien y admettre ce livre composé par lui. Il a écrit à M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie française pour lui faire connaître et son erreur et son désir d'obtenir le retrait et le transfert de l'ouvrage, dont les trois exemplaires déjà envoyés se trouvent joints à sa lettre; sitôt qu'il aura reçu la réponse qu'il sollicite, il en adressera trois autres pour se mettre en règle avec l'Académie des Inscriptions. Le Secrétaire perpétuel est chargé de consulter, sur cette affaire, son collègue de l'Académie française et d'en rendre compte à la séance prochaine.,

L'Académie passe à la présentation des livres. Sont offerts à titre d'hommages :

1o Le discours d'ouverture du cours de langue et littérature du moyenâge au Collège de France, prononcé par M. PAULIN PARIS, le 2 décembre dernier (1868, br. in-8°).

2o La leçon d'ouverture du cours professé à la Sorbonne (annexe de la rue Gerson), par M. Gaston Paris, en 1868, sur la grammaire historique de la langue française (br. in-8°).

3o Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, t. IX, 1865-67, in-8°.

4o M. PAULIN PARIS fait hommage, au nom de la Commission chargée de publier la collection de documents devant former une Histoire générale de Paris, l'ouvrage intitulé « Paris et ses historiens aux XIVe et XVe siècles, documents et écrits originaux recueillis et commentés par MM. Leroux de Lincy et Tisserand (Paris, Imprimerie impériale, 1 vol. gr. in-4°, 4867).

M. D'AVEZAC fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, d'un volume intitulé: Mémoire géographique sur la mer des Indes, par M. Jules Codine, ancien bibliothécaire de l'île Bourbon, qu'une ophthalmie dangereuse a ramené en Europe et qui a voulu consacrer les loisirs d'une retraite prématurée à l'histoire géographique de la colonie qu'il a cessé d'habiter, en comprenant dans cette étude les îles voisines, Madagascar, Maurice et Rodrigue, avec la mer qui les encadre c'est un travail estimable sur un sujet encore enveloppé de nombreuses incertitudes et que M. D'AVEZAC prend la liberté de recommander au bon accueil de l'Académie.

Le même membre présente, au nom de la famille de M. JOMARD, deux feuilles destinées à compléter l'Atlas des monuments de la géographie, à la publication duquel M. JOMARD a consacré les vingt dernières années de sa vie. L'une de ces feuilles offre le dessin d'un globe céleste arabe du Xe siècle de l'hégire qu'il semble convenable de désigner sous le titre de Globe Andréossy, du nom du possesseur européen qui l'avait rapporté d'Orient, et de la part duquel il fut présenté, il y a cinquantetrois ans, par BARBIE Du Bocage, à la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut, où il fut, quelques mois après, l'objet d'un Rapport spécial du BARON DE SACY. - L'autre feuille contient, avec une courte préface, due à M. JOMARD lui-même, une table des planches comprises dans tout l'atlas, rangées dans l'ordre méthodique dont l'exposé

a été développé devant l'Académie dans une communication du mois d'août dernier. Une série d'étiquettes disposées sur un feuillet séparé doit servir à fixer à chaque planche de l'atlas le numéro définitif de classement qui doit lui demeurer affecté.

M. D'AVEZAC vient en outre offrir à l'Académie une publication qui lui paraît avoir un titre tout particulier à l'attention de la Compagnie. Elle a publié elle-même en 1842, au tome XX de l'Histoire littéraire, une notice, que personne n'a oubliée, sur le célèbre Roger Bacon; mais dans cette notice DAUNOU n'a pas même rappelé un nom qu'il n'avait cependant point négligé, en 1824, d'écrire dans son Discours sur l'état des lettres au XIIIe siècle, qui remplit le XVIe volume. Ce nom est celui de Pierre de Maricourt ou Pierre le Pèlerin, à qui Roger Bacon donne le titre de Maître, dont il nous révèle la nationalité picarde, et qu'il signale comme l'un des deux seuls parfaits mathématiciens de son temps: ce Maître Pierre, qui avait écrit avec une supériorité remarquable sur l'aimant et la boussole, sur les miroirs ardents, sur le calendrier, n'a point d'article dans l'Histoire littéraire, et c'est un oubli auquel M. D'AVEZAC SC serait efforcé de suppléer en donnant une édition nouvelle, préparée principalement d'après un manuscrit de Leyde, plus complet que tous les autres, du Traité de l'aimant, adressé du camp de siége de Lucera, le 8 août 1269, au chevalier picard Syger de Foucaucourt. Mais voici des documents publiés à Rome qui rempliront plus prochainement, et beaucoup mieux sans doute, la lacune signalée. Le P. Timothée Bertelli, barnabite, a préparé de son côté une édition du même traité et il a préludé à sa publication par une notice étendue sur le savant français du XIIIe siècle auteur dudit ouvrage : or, cette notice, ou au moins une première partie du travail du P. Bertelli, vient d'inaugurer un recueil nouvellement fondé à Rome, par un généreux promoteur des études relatives aux sciences et à leur histoire; il s'agit du Bullettino di bibliografia di storia delle scienze mathematiche e fisiche, pubblicato da Baldassare Boncompagni.

Le premier numéro de ce recueil de 32 pp. gr. in-4o a été présenté à l'Académie des sciences dans sa séance de lundi dernier par le savant M. CHASLES; mais, d'accord avec lui, M. D'AVEZAC présente aujourd'hui ce même cahier à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, à raison de l'intérêt particulier qu'il a pour elle au point de vue de l'histoire littéraire.

De plus, M. D'AVEZAC fait pareillement hommage à l'Académie, au nom de M. Boncompagni, d'un mémoire du professeur Wenckebach, de Leyde, paru en hollandais à Rotterdam, en 1835, dans le recueil de

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