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Janina, dit M. le RAPPORTEUR, est bien fait, bien composé; il est intéressant et instructif. L'auteur n'est pas encore un archéologue, ni un philologue, mais il a de très-bonnes qualités de voyageur: il a une curiosité intelligente, il sait trouver, il sait voir, il sait expliquer et décrire ce qu'il a trouvé, ce qu'il a vu. Son crayon lui vient très-utilement en aide, et l'album joint au mémoire témoigne d'une certaine habileté de main et d'un désir consciencieux d'exactitude.

» Il a passé trois mois sur les lieux qu'il décrit, il y a dépensé 1,000 écus de subvention en fouilles et achats. Ses fouilles ont été fructueuses, comme l'attestent les inscriptions, les médailles et les terres-cuites qui sont les pièces justificatives de sa mission. Ses investigations, ses fouilles se sont surtout exercées sur les points où il a été plus particulièrement retenu par les souvenirs historiques et les monuments, à Dodone, à Nicopolis, à Cassopé, à Actium. Là même il croit avoir retrouvé la base du trophée qu'éleva le vainqueur d'Antoine et de Cléopâtre; mais ce piédestal, d'après le dessin de l'album, pourrait bien n'être qu'un tombeau brisé.

» On sait qu'il a été recueilli bien peu d'inscriptions en Epire, et, pour cela même, celles que M. Champoiseau nous donne sont plus précieuses. Cependant plusieurs de ces inscriptions ont déjà été publiées et se lisent, soit dans le Corpus de BоECкH, soit dans le Voyage de LE BAS. Que si, comme nous l'espérons, le consul de Janina complète en Epire ses explorations, nous lui conseillerons de rechercher avec le plus grand soin les monuments épigraphiques, de ne pas se contenter de copier les inscriptions, mais aussi d'en prendre des estampages, comme étant la meilleure garantie d'exactitude et d'autorité.

>> Nous lui conseillerons, en outre, de ne pas trop s'occuper de Dodone, estimant qu'il y a peu de chances d'en retrouver l'emplacement et de recueillir des renseignements utiles et nouveaux sur ce vieux sanctuaire des Pélasges (1).

>> Nous lui conseillerons aussi, pour la rédaction définitive de son mémoire, de ne pas atténuer l'héroïque et poétique dévouement des femmes souliotes. Ce fait, qui remonte à plus de 60 ans (1803), a été attesté par tous les contemporains, par Pérévos, l'historien de Souli, qui vivait vers cette époque, par POUQUEVILLE, notre consul à Janina, qui a connu des héros de cette guerre, prélude de la grande guerre de l'indépendance, par FAURIEL en 1824 (2). Aujourd'hui, a-t-on bien les moyens historiques de réfuter un fait si bien attesté? Tout au plus, la ronde funèbre, qui n'a que la garantie d'un poète, lord Byron, peut-elle être regardée comme une légende; mais le fait lui-même subsiste et doit être maintenu et respecté.

» Sous ces réserves, nous recommandons à M. Champoiseau de laisser à leur place des monuments tels que la thymélé du théâtre de Nicopolis et le prétendu trophée d'Actium, de se contenter de les décrire et de les dessiner, mais de soustraire à la barbarie, à la destruction, les monuments historiques, les objets d'art, les stèles épigraphiques, pour en enrichir nos musées; en l'invitant à recueillir et à acquérir le plus de médailles et de terres-cuites qu'il pourra, nous lui rappelons que le

(1) Il existe, parmi beaucoup d'autres travaux sur ce sujet un mémoire de M. Arabantinos publié à Janina en 1862.

(2) Chants populaires de la Grèce moderne, t 1, p. 280.

musée Campana est le plus riche de tous en terres-cuites et qu'il importe de lui assurer encore mieux cette prééminence.

» Qu'il porte, du reste, son attention principale, ainsi que ses ressources sur le site de Cassopé, probablement l'ancienne ville royale de l'Epire, sur Nicopolis qui est le vrai trophée de la victoire d'Octave, et qu'il complète son voyage en voyant mieux ce qu'il a déjà si bien vu, en même temps qu'il agrandira le cercle de ses explorations.

» La Commission estime, à l'unanimité, qu'une seconde mission, avec une allocation nouvelle, peut être confiée à M. Champoiseau, au grand bénéfice de la science et de l'archéologie; que sa position consulaire, la connaissance qu'il a du pays, son goût éclairé, son instruction acquise sur les lieux le désignent au choix du gouvernement.

» La Commission estime, en outre, que son mémoire, tel qu'il est et sauf les quelques modifications indiquées, mérite d'être inséré dans les Archives des missions, où il sera lu avec l'intérêt qui s'attache à des études sérieuses sur une contrée si pleine d'antiques et glorieux souvenirs. >>

Fait en Commission, au chef-lieu de l'Institut, le 28 février 1868.

Ont signé à la minute: MM. BRUNET DE PRESLE, EGGER, MILLER, WADDINGTON, RENIER, Président de l'Académie, GUIGNIAUT, Secrétaireperpétuel et DEHEQUE, rapporteur.

Ce Rapport est adopté par l'Académie et sera adressé à M. le Ministre avec les documents sur lesquels a porté l'examen de la Commission.

Sont présentés à l'Académie les ouvrages suivants :

1° Au nom de M. P. Decharme, ancien membre de l'Ecole française d'Athènes, Notice sur les ruines de l'Hieron des Muses dans l'Hélicon (Extr. des Archives des Missions), br. in-8°. Cet opuscule a été l'objet d'un jugement très-favorable de la Commission de l'Ecole en 1866.

2° Note sur quelques inscriptions de Mareb, de Kharibá et d'Aden, par M. Lenormant (Extr. du Bulletin de l'Académie pour 1867, br. in-8°). 3o Le Sûtra en 42 articles, textes chinois, tibétain et mongol, autographiés par Léon Feer, d'après l'exemplaire polyglotte rapporté par l'abbé Huc (Paris, 1868, in-8°).

4o Journal asiatique, numéro de septembre-octobre 1867.

M. DE WAILLY présente, en ces termes, l'ouvrage de M. De Mas Latrie déposé par lui sur le bureau :

« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, au nom de l'auteur, M. De Mas Latrie, l'ouvrage intitulé: Traités de paix et de commerce et documents divers concernant les relations des Chrétiens avec les Arabes de l'Afrique septentrionale au moyen-âge, etc. Cet ouvrage se compose de deux parties distinctes, une Introduction très-étendue où l'auteur expose l'histoire des

relations de l'Europe chrétienne avec les populations du Nord de l'Afrique et des recueils des textes qui sont la source principale de cette histoire spéciale. Dans le cours de son récit chronologique, M. De Mas Latrie s'est arrêté plus longuement à trois époques différentes, le XIII, le XIVe et le xve siècle, pour examiner à fond des questions très-importantes qui se rattachent intimement à son sujet. C'est ainsi qu'au XIIIe siècle il a montré quels étaient les principes généraux des traités en ce qui concerne la protection accordée aux personnes et aux biens des Chrétiens. Au xive siècle, il a abordé la question des douanes arabes, dont il fait connaître le personnel et les procédés administratifs. A cette occasion, il a présenté un tableau très-curieux des marchandises qui faisaient l'objet des échanges entre les Chrétiens et les Arabes d'Afrique. Au xv° siècle, enfin, il s'attache à traiter la question délicate de la rédaction et de la traduction des traités. L'Académie a entendu cette portion très-intéressante du travail de M. De Mas Latrie. Elle se rappelle comment il a entrepris de défendre les textes latins de ces documents contre les critiques du savant éditeur des textes arabes. Cette controverse n'est probablement pas épuisée, mais, quelque opinion que l'on adopte pour ou contre l'authenticité absolue des rédactions latines, on ne peut s'empêcher d'en reconnaître la valeur historique. Il faut donc féliciter M. De Mas Latrie d'avoir publié ce recueil important et d'en avoir accru la valeur par une savante introduction où il a mis en pleine lumière un des aspects les plus curieux de l'histoire du commerce au moyenâge. »

M. EGGER après avoir préalablement rappelé à l'Académie une inscription jadis découverte au Pirée et publiée sous le n° 364 des Antiquités helléniques de Rhangabé, rapproche de ce texte une inscription retrouvée l'an dernier sous l'eau près du même endroit, et publiée dans la Palingenesia par M. Koumanoudis. Cette dernière se compose de trois mots seulement, mais elle a un véritable intérêt pour la topographie antique du principal port d'Athènes, puisqu'elle marque, en caractères du siècle de Périclès, la limite d'un mouillage pour les bateaux de transport. M. EGGER appelle l'attention de ses confrères sur les difficultés d'interprétation que ce texte présente et que peuvent seules éclaircir les personnes qui ont vu les lieux dont il s'agit.

M. Charles Robert, correspondant de l'Académie, commence la lecture, en communication, d'un mémoire sur les légions d'Auguste.

M. Daux continue sa communication topographique et archéologique sur Utique et ses environs.

M. TEXIER, à l'occasion d'une digression de M. Daux sur les changements survenus dans le cours du Bagradas et la configuration des côtes de cette partie de l'Afrique, indique divers rapprochements avec des phénomènes analogues dans d'autres parages de la Méditerranée qu'il a constatés par ses propres observations.

MOIS DE MARS.

Séance du vendredi 6.

PRÉSIDENCE DE M. REGNIER, VICE-PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il n'y a pas de correspondance.

L'ordre du jour appelle la 2o lecture du mémoire de M. LE BLANT intitulé: Recherches sur la cohorte mentionnée par les Evangélistes dans la passion de J.-C.

Le commencement de cette 2e lecture donne lieu à une importante discussion.

M. NAUDET fait remarquer que l'Evangile de saint Jean, base de l'argumentation de l'auteur du mémoire, est une œuvre de doctrine et de prédication, plutôt qu'une histoire minutieusement exacte. Les choses n'ont pas pu se passer comme le raconte l'Evangéliste qui a confondu, pour les soldats de Pilate, deux moments historiques dans la passion du Christ, savoir : l'arrestation et l'exécution. Une cohorte avec son tribun n'a pu être mise à la disposition de Judas, car il était contraire à toutes les idées reçues, à tout principe, que des soldats romains fussent aux ordres des Juifs, non plus que du grand-prêtre ; ils n'ont pu conduire Jésus devant lui, et, s'ils participent aux actes postérieurs, à l'exécution même, c'est seulement lorsque Pilate, en sa qualité de gouverneur ou de procurateur de Judée, est intervenu. Du reste, le récit de saint Jean est rectifié par ceux de saint Matthieu,

de saint Marc et de saint Luc, où l'on voit clairement que les Juifs seuls, mis en mouvement par leurs prêtres, jouèrent un rôle avant la comparution de Jésus devant Pilate. Les trois synoptiques sont parfaitement d'accord pour distinguer les circonstances différentes et les interventions diverses et successives des acteurs de la Passion. D'abord, c'est une foule, oxos, de serviteurs des prêtres, armés d'épées et de bâtons, qui arrête Jésus-Christ. Ensuite, ce sont les prêtres, avec leurs gens, qui l'amènent au tribunal de Pilate. Enfin, ce sont les soldats qui conduisent la victime au supplice. Et il y a identité des termes dans les quatre récits pour désigner les exécuteurs, στρατιῶται, ἑκατόνταρχος, κεντυ piwv, xıλiapxos. Comment l'ensemble de ces dénominations peut-il laisser le moindre doute sur leur sens véritable et permettre de substituer des appariteurs aux soldats?

M. LE BLANT répond qu'il est difficile d'abandonner ici l'autorité de saint Jean, qui est, sur les points essentiels, d'accord avec les synoptiques. En ce qui touche la troupe qui introduit le Christ devant Pilate et l'accable d'outrages, on peut douter que ce soient des soldats romains et que cette cohorte soit une cohorte militaire. On peut douter aussi que des soldats romains aient été employés pour supplicier le Christ, alors que tous les textes nous montrent les exécutions civiles, après jugement, opérées par les mains des apparitores.

M. NAUDET Soutient, par divers arguments, que les soldats romains, les soldats de Pilate ont pu seuls être chargés de l'exécution de Jésus.

M. RENAN représente qu'à cette époque l'état de la Judée était tout-à-fait exceptionnel et qu'il n'en faut pas juger par les temps ordinaires. L'intervention de la force romaine est constatée par tous les Evangélistes. Pilate se sentait très-faible à ce moment contre les Juifs qui en appelaient à César; il était en butte à d'autres menaces, il a cédé à des considérations purement politiques.

M. WADDINGTON pense que l'on raisonne ici quelque peu à côté de la question. Les textes sont grecs et l'on argumente des termes de la Vulgate qui leur est postérieure. Il faudrait déterminer le vrai sens, dans les textes, de la σñɛîρɑ et du xıλíɑpxos, son com

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