Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

française; qu'après l'annulation de ce contrat, à la suite du renversement de Miramon, l'exécution en a été réclamée par le représentant de la France, et à la demande des principaux commerçants français et étrangers établis à Mexico; et qu'enfin le gouvernement de Juarez lui-même en a reconnu, en principe, la validité. Il en résulte encore que conformément aux instructions du gouvernement français, ses divers agents au Mexique n'ont cessé d'intervenir soit auprès de l'administration de Juarez, soit auprès de Maximilien pour que ce contrat, reconnu comme avantageux pour le commerce, fût l'objet d'un arrangement équitable; que cet arrangement, soumis aux délibérations des agents français, puis du Conseil d'Etat, a été définitivement arrêté et sanctionné par le gouvernement de Maximilien, et qu'il a même été exécuté en partie. Qui donc pourra penser qu'une opération dont les détails sont maintenant connus, et dans laquelle sont intervenus depuis son origine les agents les plus élevés des deux gouvernements, ait été une œuvre de fraude et de spoliation? Comment ne pas reconnaître, avec tout esprit impartial, que cette affaire a servi uniquement de prétexte à des calomnies et à des accusations exploitées par l'esprit de parti? Aujourd'hui donc, nous faisons appel à la conscience publique, et il nous suffit de répondre à toutes les calomnies répandues sur la maison J.-B. Jecker et C, par des chiffres et des faits qui résultent de documents authentiques et irrécusables.

J.-B. JECKER.

EXPOSITION

UNIVERSELLE ET INTERNATIONALE

DE 1867

INDUSTRIES DIVERSES

I. ORFÉVRERIE, JOAILLERIE.

Les peuples avancés en civilisation ressemblent beaucoup, par. certains côtés, aux peuples encore en enfance. Ils aiment ce qui brille, le clinquant les séduit, l'infinie variété les attire, les détails minutieux les captivent. Mais la civilisation, enrichie du savoir des siècles, y ajoute le fini du travail et la préciosité des combinaisons. Elle pousse les choses à l'extrême, et, perdant de vue les ensembles, il arrive un moment où la main qui exécute, plus habile que le cerveau qui conçoit, est seule appelée au service de l'art. Le style disparaît; il ne reste plus qu'un merveilleux labeur d'artisan. Nous n'en sommes pas encore à ce point de décadence, mais il faut bien avouer que nous nous en rapprochons à grands pas. Voyez notre architecture: c'est en elle surtout que se caractérise le défaut principal de l'art contemporain. Nos architectes ne savent plus faire n monument, mais ils sont les plus ingénieux ornementistes qu'on

ait jamais vus. Ils habillent des murailles et les couvrent de broderies; mais, derrière, ont ne sent point vivre la pensée ni palpiter le sentiment. Curieux imitateurs du passé, ils accumulent les trésors de tous les temps et de tous les peuples, les mélangent et les combinent, en tirent quelquefois des effets heureux, leur prêtent même des aspects nouveaux; mais tout cela manque de l'élément principal, l'inspiration, et trop souvent la recherche excessive, la richesse des matériaux, la splendeur même du travail, ne réussissent pas à masquer l'incohérence ni à donner un sens au monument. La ligne ne s'impose pas au regard, l'unité fait défaut à la pensée : l'œuvre brille, mais elle est muette. Notre nouvel Opéra est le type de cette architecture superficielle: dans sa robe de paillon, il est l'expression la plus exacte de notre époque. S'il n'a pas eu d'autre visée, l'artiste qui l'a construit peut se réjouir; il a atteint pleinement son but : le pius petit édifice dans les plus grandes proportions possi

bles.

Dire que le mobilier d'une nation et d'un temps n'est que la reproduction diminuée de leur architecture, c'est répéter une banalité. Cependant, il faut bien le rappeler, lorsqu'on s'occupe de déterminer le caractère des objets d'art destinés à orner à l'intérieur la demeure de l'homme. Ils subissent l'influence immédiate et prédominante de l'architecture, à ce point que quelques-uns ne sont que des reproductions à peu près exactes de monuments connus. Nous constatons le fait sans prétendre le justifier. Cette influence s'est même répandue jusqu'aux objets qui, par leur destination, paraissent le moins faits pour la subir. L'orfèvrerie a de tout temps beaucoup obéi à cette loi; de nos jours elle a été jusqu'à s'en faire l'esclave. On a pu voir à l'Exposition du Champ de Mars jusqu'où cette déviation du goût pouvait aller. On nous a montré des surtouts de table, chefs-d'œuvre d'architecture navale, dont plus d'un architecte aurait fait une fontaine monumentale; on a bâti des candélabres, construit des assiettes montées, édifié des corbeilles de fleurs et élevé des girandoles comme on élevait naguère des colonnes rostrales. Au milieu de toutes ces maçonneries d'or et d'argent, nous n'avons trouvé à reposer nos regards que sur des pièces dorées de la maison Christofle, destinées à compléter un service de table pour l'Empereur. Dans ces pièces, qui étaient toutes d'une exécution irréprochable, nous aimions à rencontrer une ornementation élégante et employée avec discernement. Divers autres objets, avivés d'émaux cloisonnés, du même artiste, étaient dignes d'attirer aussi les regards des connaisseurs.

Nous ne nous dissimulons pas que l'architecture ne doive souvent venir en aide à l'orfévrerie. Le moyen âge construisait des

châsses et de grands reliquaires qui rappelaient beaucoup les formes générales du temple chrétien ou de l'habitation de l'homme; c'était logique; châsse ou reliquaire, il s'agit d'une demeure, la dernière, mais d'une demeure glorieuse, une demeure sanctifiée, couronnée de l'auréole, et l'on voyait sur les rampants des toits se dessiner les trèfles sacrés, les crosses emblématiques, se dresser aux angles les pinacles symboliques, et les statues se ranger à l'entour sous leurs arcades trilobées. L'orfévrerie religieuse a fait fort heureusement renaître chez nous le goût de ces vieilles choses, qui toutes ont un sens voilé et une signification poétique. Rappelons pourtant que les Anglais nous avaient précédés dans cette voie, et l'on pouvait voir encore à l'Exposition quelques bons modèles dont nous pourrions nous inspirer utilement. Ceux de nos bronziers et de nos orfèvres qui s'occupent particulièrement de l'ameublement ecclésiastique, ont fait pourtant de grands progrès depuis quinze ans. On rencontrait au Champ de Mars des ouvrages considérables, exposés par l'industrie parisienne : des autels, des pupitres, des candélabres, des chandeliers, des vases sacrés enfin, imités du XIIIe siècle, et d'une exécution satisfaisante, ornés d'émaux cloisonnés, de niellures, de filigranes. Nous admettons fort bien ces imitations, elles nous paraissent parfaitement motivées par la destination des objets; mais ici encore il faut que les orfèvres redoutent le clinquant, auquel le goût parisien les porte trop à incliner. Les produits analogues qui nous étaient venus de Lyon avaient plus de solidité, plus de sévérité dans le style; ils étaient en général composés et exécutés avec plus d'ampleur, et nous n'hésitons pas à mettre M. Armand Caillat au premier rang dans cette branche de fabrication. Parmi les nombreux objets qu'il avait exposés, il n'y en avait pas un de médiocre et plusieurs sont de véritables chefs-d'œuvre. Là se rencontre un goût éclairé en même temps qu'un sentiment très élevé de l'art.

Sans être étranger à l'art religieux, M. Froment-Meurice, qui tient à Paris le premier rang parmi les orfèvres, sacrifie surtout au profane, et il embrasse dans ses travaux, en même temps que l'orfévrerie d'art, la bijouterie et la joaillerie, où il est maître. Aucun de ceux qui, de nos jours, se sont occupés de ces questions, n'a oublié cet artiste excellent, cet homme d'esprit et de tact, âme ardente et délicate, qui a contribué si fort à faire renaître chez nous le travail des métaux précieux et l'a relevé de l'état d'abaissement tout commercial où il était tombé. Cet artiste éminent, ravi sitôt à l'art qu'il avait renouvelé et aux amitiés dont il était entouré, a laissé heureusement un héritier de toutes ses qualités et de tous ses talents. La dernière Exposition a montré que si le nivellement des fortunes, l'abaissement du goût, les découvertes récentes de la

science en abrégeant les procédés de dorure et d'argenture, ont porté une cruelle atteinte à l'orfévrerie véritable, ils n'ont pu pourtant la détruire là où elle avait des racines profondes. Avec un petit nombre d'autres, la maison de M. Froment-Meurice, tout en demeurant fidèle aux traditions paternelles, s'est maintenue et s'est développée. Quelques grandes fortunes se sont constituées, les riches étrangers sont venus, les princes se sont souvenus, les villes riches se sont substituées aux grands seigneurs, et le bel art de Cellini a repris un essor triomphant. La ville de Paris surtout, la plus riche et la plus prodigue des villes, n'a pas cru pouvoir moins faire que d'appeler les orfèvres et les joailliers à partager ses largesses avec les terrassiers et les maçons. Si elle faisait frapper médaille à chaque inauguration de boulevard, elle faisait en même temps ciseler l'or et l'argent, sertir les pierres précieuses pour orner la table de ses banquets et les cheminées de ses salons. Les habitants payent de lourds impôts, mais on les leur rend en larges rues et en surtouts argentés par le procédé Ruolz. Hâtons-nous d'ajouter que ces dépenses de table et d'ornements lui coûtent moins cher que le plus petit et le plus inutile carrefour. La Ville a généralement été mieux inspirée dans ses menues dépenses, et mieux servie par les artistes que dans l'architecture de ses maisons et de ses monuments. Lorsqu'elle a voulu placer sur la cheminée du salon de l'Empereur, de ce salon dont M. Ingres a peint le plafond, un ouvrage d'art considérable, digne d'accompagner l'un des plus beaux morceaux de la peinture contemporaine, elle s'est adressée au premier des orfèvres, de même qu'elle avait fait appel au plus grand des peintres. Cet ouvrage, dont l'argent doré forme les assises et la charpente, constitue le travail d'orfévrerie le plus considérable qui ait jamais été fait. C'est un édifice tout entier. Il mesure 170 de longueur sur 105 de hauteur. Un socle en argent doré, couvert d'ornements en relief et de guirlandes d'or, porte au centre un piédouche en jaspe sanguin au-dessus duquel est placé un buste de l'Empereur en aigue-marine de 19 centimètres de hauteur. Derrière le buste se dresse une sorte de bouclier ovale et concave en jaspe rouge, formant autour d'un médaillon central une série de rayons ornés de perles et d'étoiles de topaze. A l'entour règne un rinceau en vermeil dont les rosaces sont enrichies d'améthistes. A chaque extrémité du socle, deux femmes appuyées sur des enfants et assises sur des consoles, personnifient la paix et la guerre. Les nus de ces figures sont faits en cristal de roche fumé et leurs draperies en argent.

-

C'est donc un édifice entier avec son pavillon central et ses deux ailes. L'ensemble est harmonieux, ne manque pas de noblesse et produit un grand effet, bien que les couleurs en soient douces et

« ZurückWeiter »