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détruite. Dans les nouvelles affleureuses continues, au contraire, la pâte ne traverse qu'une fois l'appareil et le temps du trajet est de quelques secondes. La fibre est attaquée brusquement en une seule fois; il y a donc chance pour qu'elle soit insuffisamment divisée, ou brisée par un choc trop prompt et pour ainsi dire trop brutal. Tous les papetiers expérimentés savent qu'un raffinage trop rapidement opéré nuit à la qualité du papier; tandis que, s'il est conduit avec une prudente lenteur, la pâte est plus grasse et donne un produit plus souple et plus nerveux. Ces résultats de l'expérience ne présagent rien de favorable aux affleureuses du nouveau système.

Le collage du papier à la machine s'obtient en ajoutant à la pâte une dissolution d'un savon résineux à base de soude dans de l'eau contenant 4 0/0 de fécule; plus une dissolution d'alun en proportion suffisante pour neutraliser la soude. 100 kil. de papier exigent 4 à 6 kil. de résine et autant d'alun. Lorsque, dans la fabrication des papiers colorés, l'a lun peut altérer la teinte désirée, on lui substitue le sulfate de zinc, en ne prenant que le tiers de ce qu'il aurait fallu d'alun. On est dans l'usage, comme dans le blanchissage du linge et pour masquer la teinte toujours jaunâtre du papier, d'ajouter à la pâte une faible quantité d'outremer et de rose de Carthame (le bleu seul donne un reflet verdâtre). Les fabricants anglais rendent au contraire la teinte jaune plus saillante et plus franche, par l'addition d'une très faible quantité d'un sel de fer. C'est pour l'œil un résultat identique; la teinte jaune suffisamment accusée est assez agréable et préférée par bien des gens.

Le collage au savon résineux est loin de donner au papier la même fermeté que le collage à la gélatine, anciennement employé par les fabricants à la cuve; voilà pourquoi les papetiers anglais, qui font entrer en si grandes proportions le coton dans leurs produits, opèrent le collage à la gélatine, et produisent néanmoins des papiers d'une fermeté remarquable. Nous reviendrons sur ce sujet en parlant des cylindres sécheurs de la machine qui avait été exposée dans l'annexe belge.

A sa sortie des piles raffineuses, la pâte s'écoule par des conduits spéciaux dans les cuves d'alimentation de la machine continue, pour subir enfin cette transformation merveilleuse qui frappe d'étonnement tous ceux qui, pour la première fois, assistent à cette métamorphose.

(La 2e partie prochainement.)

CHARLES MARTIN.

LE

PÈRE ET LE FILS

QUATRIÈME PARTIE'

I

Monsieur Frédéric Bar, à Francfort

Janvier 189...

Enfin ! une lettre de vous, Frédéric ! quelle bonne fortune !... Oh! je suis heureuse depuis ce matin !... Je l'ai eue à mon réveil, jugez de ma joie! Voilà une journée bien commencée !... Il faut que je vous l'avoue je désespérais déjà de ma bonne étoile. Vingt grands jours que je vous avais écrit, et pas de nouvelles ! Je sais bien, les affaires, les courses, les fâcheux, et ceci, et cela, une longue liste d'excuses, toutes mieux ou plus mal inventées les unes que les autres! J'avais le cœur gros de chagrin. Personne, heureusement, ne se doutait de mon équipée. Ce n'est pas que la déception me fit éprouver du dépit. Oh! non, je vous jure, Frédéric, j'étais plus at

Voir la Revue Contemporaine des 15, 31 décembre 1867 et 15 janvier 1868.

tristée que confuse. Il me semblait que vous étiez coupable d'une noire trahison envers notre vieille amitié. Je crois, ma foi bien, que j'en ai pleuré dans mon coin: voilà qui est bête, n'est-ce pas, pour une fille d'esprit, comme vous prétendez, monsieur, me faire accroire que je suis. Dieu soit loué! j'ai votre lettre, tout est oublié : je vous pardonne, et tout de suite que je vous transmette mes remercîments, puis, s'il vous plaît, mes impressions à la lecture de vos bonnes pages.

Que vous dirai-je, Frédéric? la joie de vous lire n'a pu entièrement étouffer l'émotion douloureuse qui m'a saisie au cœur en surprenant sous la délicate expression de vos sentiments d'amitié les indices d'une mélancolie que vous essayez en vain de me cacher. Hélas! je ne le vois que trop bien, et, s'il faut vous l'avouer, je le redoutais même avant d'acquérir cette certitude : le ciel d'Allemagne n'est pas clément à votre exil! Vous avez beau travailler de la plume, vous répandre tout le long de votre lettre en pages charmantes sur la beauté du pays que vous habitez, la facilité et la distinction des relations, la variété des agréments qu'il vous offre, je découvre, au fond de cette description des attraits de votre séjour à Francfort, les élans contenus d'une amertume et d'un découragement invincibles.

Pauvre cher Frédéric, vous portez religieusement, semble-t-il, e deuil d'un bonheur mort depuis longtemps: tout me le dit, et vos regrets du temps jadis exprimés avec une exquise mesure, et le ton général de tristesse qui règne à votre insu dans votre lettre. D'ailleurs, pouvez-vous bien me donner le change? Je sais maintenant, à n'en pas douter, que le présent se montre à vos yeux douloureux et morose: votre brusque départ de Paris n'est-il pas un aveu indirect de l'état de trouble et d'ennui où vous êtes? Si quelque lien intime avait pu vous retenir près de nous qui eût changé en plaisir un intolérable servage, ne vous fussiez-vous pas efforcé de ne le point rompre, et au contraire de le nouer à vous plus étroitement?

Mais je m'aperçois qu'il est grand temps de finir ma lettre ; je deviens indiscrète, et vous pourriez mal juger de moi. N'allez pas croire que je sollicite vos confidences, mon ami: ma seule ambition, en touchant légèrement du bout de la plume à ces graves questions, est de vous témoigner une fois de plus ma sympathie profonde; cette sympathie vous appartient sans partage et vous suit jusque dans ce lointain exil où vous font défaut et l'affection pénétrante de la famille et les prévenances cordiales de l'amitié. Je désire pardessus toute chose de vous montrer que je m'unis à vous de cœur dans les épreuves que vous traversez sans les connaître je m'associe à vos angoisses; peut-être vous paraîtront-elles moins cruelles

si vous savez qu'une solidarité volontaire m'en fait prendre ma part, et moi-même, à cette pensée que mes lettres apportent quelque allégement à vos chagrins, je me réjouirai d'avoir imposé silence à des scrupules rigoureux pour donner à mon meilleur et plus cher ami une preuve indéniable de mon attachement.

Toujours votre

MALVINA.

Mademoiselle Malvina Ricot, à Paris.

Ma toute belle,

Mantes, février 182..

Je suis arrivée à Mantes hier soir à quatre heures. Sans désemparer, j'ai couru chez le notaire et nous avons causé ensemble de l'affaire de la succession qui m'amène ici. C'est de quarante-deux mille francs qu'il s'agit: j'ai noté le chiffre. Ce brave homme de Coquemain, l'oncle de ton père, vivait à la gueuse, entassant liards sur liards dans un vieux bas, et achetant des lopins de terre à mesure qu'il faisait somme ronde. La mort l'a étranglé tout net un beau matin, et te voilà son héritière. Ce n'est pas plus malin que ça, ma chérie. La somme est maigre; mais on ne sait pas ce qui peut arriver, et nous aurons toujours là de quoi nous mettre un morceau de pain sous la dent.

Maître Gonesse, le tabellion, comme on dit au théâtre, demande ta procuration pour le palpement des espèces. Je suis d'avis de vendre la terre et de réaliser. Qu'en penses-tu, mon bijou?

Je tombe de fatigue : je ne t'en conte pas plus long aujourd'hui ; demain, tout une épître.

Adieu, ma princesse : je t'embrasse un million de fois sur tes grands beaux yeux.

BLANDINE SARNAÏL

Mademoiselle Blandine Sarnaïl à Mantes

Paris, février 182..

Depuis ton départ, ma chère Blandine, je crois bien qu'il s'est passé ici un fait d'une extrême importance.

Tu n'ignores pas avec quel aplomb superbe Berthe défie les investigations de notre curiosité. Impassible, impénétrable, elle n'a

pas démenti un seul instant le rôle qu'elle joue depuis le départ de Frédéric je n'aurais jamais cru, avant de l'avoir vu de mes propres yeux, qu'elle persévérât si logiquement dans la voie de dissimulation où elle s'est engagée avec une hardiesse que sa nature molle ne semblait pas devoir comporter. Affectant une gaîté un peu nerveuse toutefois, et une aisance d'allures qui trahit pourtant par plus d'un côté l'effort de volonté qu'elle s'impose, elle a voulu nous prendre au piége de son hypocrisie et détourner nos soupçons. Notre conduite prudente a jusqu'ici endormi sa méfiance m'en voilà convaincue, malgré tes allégations contraires; Berthe s'imagine nous avoir trompées par le calme qu'elle affecte en notre présence. La preuve, dis-tu? la voici.

:

Monsieur Bar, tu le sais, ne quitte pas plus Berthe que son ombre, durant les intermèdes de flânerie que lui laissent les affaires courantes de la maison : moi-même ai soin de ne la perdre point de vue lorsque les exigences de ses travaux quotidiens appellent le colonel à son bureau. Ainsi soumise aux sévérités d'un contrôle incessant, Berthe a rarement les moyens de disposer de quelques minutes de liberté. Cette contrainte l'exaspère sans doute et prépare dans l'ombre l'explosion d'une de ces imprudences décisives que nous devons désirer de lui voir commettre.

Or, avant-hier, M. Bar descendu aux bureaux, j'observais Berthe attentivement sans qu'elle se doutât de ma surveillance. En dépit de son courage viril, notre chère baronne paraissait prête à succomber sous le poids des préoccupations. Evidemment Berthe passait en ce moment par une de ces crises qui abattent les plus vaillants esprits. En l'abandonnant au courant de ces inspirations débilitantes, elle ne devait pas tarder, je le répète, à compromettre le fruit de plusieurs mois de dissimulation. Sûre de la justesse de mon appréciation, je feignis d'avoir à fouiller dans nos papiers de famille au sujet de ton voyage à Mantes

«Seras-tu longtemps à revenir? me demanda Berthe.

Oui, répondis-je d'un air contrarié; j'ai pas mal de besogne avec ces vieilles paperasses à dépouiller. »

Là-dessus, je montai dans ma chambre, où je m'enfermai une heure environ. Lorsque je redescendis, je ne trouvai plus Berthe au salon Henriette m'apprit qu'elle avait décampé cinq minutes après moi et s'était en hâte dirigée vers son appartement. J'attendis la transfuge non sans impatience, en apparence m'employant de toute mon attention à ma tapisserie, en réalité m'ingéniant à deviner la nature de l'occupation qui la retenait chez elle si longtemps. Enfin Berthe parut et trahit un vif étonnement à me trouver devant elle. Par un mouvement prompt, elle dissimula dans les plis de sa

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