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quent de blancheur. Ils ne seraient d'ailleurs pas propres à tous les usages auxquels nous employons les nôtres. Si, pour l'impression, ils possèdent au plus haut degré la qualité absorbante, ils ne sont pas aptes à supporter le contact de la plume métallique, qui pénétrerait à travers les fibres enchevêtrées dont ils sont formés, quand elle glisse facilement sur la surface glacée de nos papiers, toujours suffisamment recouverts d'une matière incrustante. Les Japonais et les Chinois écrivent, on le sait, avec un pinceau; l'etat fibreux des surfaces ne présente donc pour eux aucun inconvénient. L'Exposition universelle avait amené à Paris deux botanistes japonais, MM. Tancka et Yekoussima, auxquels sont dues les quelques indications qui suivent elles s'écartent fort peu de ce que de la Lande a publié, dès le siècle dernier, sur cette matière.

Les écorces qui servent à la fabrication du papier japonais sont de plusieurs sortes: l'une appartient au Daphné papyrifère appelé an Japon Mitson-Mata (à trois branches); c'est ce qu'en botanique nous appelons trichotome. L'autre appartient au mûrier à papier, Brontsonetia papyrifera, désigné au Japon sous le nom de Kamino ki (arbre à papier). Enfin, un troisième arbrisseau, qui croît à l'état sauvage, mais qui est l'objet, comme les deux autres, d'une culture suivie, concourt pour une part importante à cette fabrication, c'est le Gampi. L'écorce du Gampi fournit un papier plus fin que toutes les autres espèces. Celle du Mitson-mata donne un papier moins fin que le précédent, mais plus fin que celle du Kami-no-ki, qu'on réserve surtout à la confection des papiers qui doivent présenter une grande résistance. On a pu voir dans le palais du Champ de Mars quelques paquets de ces écorces brunes et noirâtres, à l'état de parfaite dessiccation et telles qu'elles avaient été séparées de l'arbrisseau qui les avait portées.

Disons d'abord que les arbrisseaux ci-dessus indiqués sont repiqués dans un terrain exposé au midi, et soumis à une culture raisonnée, analogue à celle de l'osier destiné dans les pays vignobles à la confection des tonneaux. Ces plantations ne sont en plein rapport qu'à la troisième année; mais elles fournissent dès lors tous les ans une abondante récolte. Les branches étant coupées, on les réunit en bottes, dont on égalise les gros bouts, et, sans leur donner le temps de se dessécher, on soumet cette extrémité à l'action. de l'eau bouillante, jusqu'à ce que l'écorce commence à se séparer du bois. On opère alors facilement la séparation des écorces, qui, desséchées avec soin au soleil, peuvent être indéfiniment conservées dans un lieu sec, jusqu'au moment où elles seront utilisées pour la fabrication. Quand on veut transformer ces écorces en papier; on commence par les ratisser avec un couteau pour en enlever les par

ties noires; puis on les plonge dans une eau courante, qui les prive de leurs matières extractives et les blanchit. Après un séjour plus ou moins long dans l'eau, on les coupe par petits fragments et on les broie dans un mortier. La poudre qui résulte de ce broyage, délayée dans l'eau, constitue la pâte à papier. Pour la coller, on renferme dans un sac des racines d'hibiscus (malvacée), ou d'amaryllis, ou d'hydraméa, et on laisse le sac séjourner quelque temps dans la pâte. L'albumine végétale fournie suffit pour l'encollage exigé. Le papier se fait ensuite à la cuve, à l'aide d'une forme construite avec des lames de bambou très fines et très rapprochées. Seulement, l'ouvrier n'imprime qu'un seul mouvement à sa forme, d'avant en arrière; il oblige ainsi les fibres à se placer dans le sens longitudinal. Le papier acquiert par ce moyen, dans le sens de la fibre, une résistance considérable. La dessiccation de la feuille s'effectue ensuite sur des planches polies.

En Chine, le mode de fabrication diffère un peu de celui que nous venons d'indiquer. C'est, comme au Japon, l'écorce d'une espèce de mûrier qui constitue la matière première; et c'est encore par la macération dans l'eau que le blanchiment de la fibre s'opère. Mais on facilite la désagrégation par l'immersion dans un lait de chaux. Un lavage à l'eau claire et la dessiccation au soleil complètent cette première partie de la préparation. Le broyage des écorces, préalablement soumises à l'action de l'eau bouillante, et la mise en forme de la pâte, s'effectuent à peu près de la même manière qu'au Japon. Néanmoins, et bien que, comme les Japonais, les Chinois se servent pour écrire d'un pinceau, le collage chez ces derniers paraît se faire d'une façon plus complète. On y emploie quelquefois un mélange de colle de poisson et d'alun; d'autres fois aussi, on y opère une espèce de satinage en étendant, à l'aide d'un pinceau, sur la surface du papier, un mélange sirupeux de tale et d'alun. Le frottement avec un tampon rend la feuille lisse et douce au toucher. Ce glaçage au talc donne au papier l'apparence argentée.

Il n'est pas douteux que si nos fabricants voulaient préparer un papier semblable à celui du Japon, rien ne leur serait plus facile. Il leur suffirait, pour atteindre ce but, de n'employer que des plantes textiles, de les blanchir par le rouissage et le lavage à l'eau claire; de proscrire l'emploi des agents chimiques décolorants, et d'opérer la mise en forme à bras. On obtiendrait ainsi un papier très propre au tirage de la gravure en taille-douce et à quelques autres usages spéciaux, mais impropre aux emplois auxquels les nations européennes ont consacré le papier. Dans des essais faits il y a déjà longtemps, les fabriques d'Echarcon et de Grenoble sont parvenues

à imiter très fidèlement le papier de Chine, en traitant en vert de la filasse de chanvre ou de lin, sans pourrissage ni blanchiment. La présence de l'acide pectique ou des pectates dispense du collage, et communique à la feuille une transparence dont l'intensité est en raison inverse des lavages que la pâte a subis.

Il y a, selon nous, une conclusion à tirer de tout ce qui précède, c'est qu'en Europe nous sacrifions un peu la qualité du papier à sa blancheur. Si, pour atteindre l'éclat de l'hermine, il faut perdre quelque peu de la solidité de la fibre végétale, il nous semble plus raisonnable d'être moins exigeants dans un sens, pour l'être davantage dans un autre. Les papiers timbrés n'ont jamais la blancheur d'un simple papier écolier; ont-ils pour cela moins de qualité? Attachons-nous donc avant tout à la solidité, et que l'extrême blan cheur ne soit que le complément d'une bonne fabrication. L'utile avant l'agréable: c'est par ce conseil que nous voulons clore cette étude.

CHARLES MARTIN.

UNE

ODE D'ANACREON

COMÉDIE EN UN ACTE, EN VERS

PERSONNAGES:

ANACREON.

DÉMIADE, jeune Grec.

PHANOR, esclave d'Anacréon.

LASTHÉNIE.

LA SCÈNE EST A ATHÈNES, DANS LA MAISON D'ANACREON

SCÈNE Ire

Ἐμοὶ κύπελλον, ὦ παῖ,
Μελιχρὸν οἶνον ἡδὺν
Εγκεράσας, φέρησον.

ANACREON (Ode XXXVIII).

Le théâtre représente un jardin, arbres, fleurs diverses,
roses, lis, myrtes; une table et des bancs; plusieurs
sorties; maison au fond, à gauche; bosquets.

ANACREON seul, assis devant une table chargée d'amphores et de coupes

Comme ce jour est beau, comme la brise est pure!
Quel merveilleux concert règne dans la nature !
Quelle douce harmonie et quel accord parfait !
Heureux, trois fois heureux l'homme sage qui sait,

Arrachant son esprit aux soucis de la terre
Et sa frêle existence au souffle délétère

Des passions, jouir, en adorant les dieux,
Du spectacle imposant qu'ils offrent à nos yeux ;
Fuir de l'ambition l'ivresse décevante,

Et goûter les bienfaits que leur main nous présente !
Un verre de Chio, limpide et transparent,
Un ami généreux, dont le cœur nous comprend,
Une femme au front pur, au rayonnant sourire,
Et qui sache chanter aux accords d'une lyre,
Des paroles d'amour, des vers mélodieux :
Voilà ce qu'un mortel doit demander aux dieux !

SCÈNE II

ANACREON, PHANOR, puis LASTHÉNIE

ANACREON, apercevant l'esclave

Qu'est-ce?

PHANOR

Seigneur, la jeune esclave Lesbienne,

Est prête à se montrer devant vous...

ANACREON

Qu'elle vienne!

(A Lasthénie, qui entre.)

Approchez, mon enfant, le front couvert de fleurs,

Je veux que vous soyez... Eh quoi! toujours en pleurs?
D'où vous vient ce chagrin que rien ne peut distraire?
Parlez, car à tout prix je veux vous y soustraire.
Le chagrin, sous mon toit, est un hôte inconnu ;
Le plaisir, en tout temps, fut le seul bienvenu.
La tristesse sied mal à l'éclat de vos charmes.

LASTHENIE

N'est-ce donc point assez, pour excuser mes larmes,
Que l'état où le sort m'a ré luite en ces lieux?
Et puis-je, sans bassesse, avoir un front joyeux ?

ANACREON

Mais encore?

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