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exhumée antérieurement, elle ait passé par les mains de quelqu'un de ces hommes d'église collectionneurs qui, depuis les Gaucher, les Ladone, les Thomas, jusqu'aux Chapey et Trouflaut (ce dernier mort en 1820) ont, pendant deux siècles, recueilli des antiquités à Autun et, qu'en dernier lieu, elle ait échoué au musée Jovet entièrement autunois, où nous l'avons recueillie.

Il ne serait pas surprenant que la fabrication des tables. de jeu ait eu cours à Autun même dans l'antiquité. Des matériaux communs dans le pays semblaient appeler cette industrie qui ne produisait pas exclusivement sans doute des tables aussi luxueuses que celle dont nous avons parlé, mais, avec des matières de moindre prix, pouvait satisfaire toutes les bourses. Le boghead, exploité sur une grande échelle à Autun sous les Romains, et utilisé par eux de mille manières, fournissait abondamment, et avec de simples rognures susceptibles de polissage, les flèches noires. Le calcaire de Saint-Romain, près Beaune, dont ils ont épuisé la carrière par la prodigalité avec laquelle ils l'ont employé, et dont on retrouve fréquemment dans nos fouilles de petites languettes finement découpées, leur plaçait pour ainsi dire sous la main les flèches rouges.

Un de nos confrères, M. Henri Graillot, a bien voulu mettre à notre disposition une flèche en schiste bitumineux, trouvée à la gare d'Autun, de même forme que celles de marbre, large comme elles de 002 à la base et terminée en pointe, sur les deux côtés de laquelle se voient les nombreuses tailles de l'outil qui l'ont rendue aiguë.

Ces débris ont été soigneusement abrités pour les rapprocher dans le cas où des pièces analogues apporteraient plus tard de nouvelles confirmations.

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ACCUSÉS DE SAÔNE-ET-LOIRE

AUX

TRIBUNAUX RÉVOLUTIONNAIRES (FIN)

CINQUIÈME PARTIE

(SUITE)

XXVI

TRIBUNAL CRIMINEL DES BOUCHES-DU-RHONE

TINET

5 décembre 1793.

Georges TINET, né en 1774, à Marcigny (arrondissement de Charolles), y demeurant, perruquier, lieutenant au 7° bataillon des Bouches-du-Rhône. 2

Le tribunal criminel des Bouches-du-Rhône, séant à Marseille, avait donné des gages sérieux à la Révolution. Du 28 avril 1793 au 17 janvier 1794, il avait rendu 528 jugements et prononcé 162 condamnations à mort. Le président Auguste Maillet et l'accusateur public Joseph Giraud déplurent cependant aux conventionnels Fréron et Barras, qui les accusèrent de complicité dans une émeute et les renvoyèrent devant le tribunal révolutionnaire de Paris. Les têtes que ces deux magistrats avaient fait tomber plaidaient pour eux, et, le 5 ventôse (23 février 1794), «

1. Voir Mémoires de la Société Éduenne, tome XXVI, page 279, tome XXVII, p. 85, et tome XXVIII, p. 191.

2. Arch. nat., BB3, carton 9.

milieu des acclamations publiques, » un jugement les renvoya indemnes. Ils reprirent leurs fonctions le 21 germinal (10 avril), et, en quinze audiences, le tribunal criminel, devenu par une extension de pouvoirs tribunal révolutionnaire, prononça cinquante-huit condamnations à mort. Il ne pouvait mieux justifier l'acquittement dont ses chefs avaient bénéficié.

Pendant la première période de son exercice, il avait eu à juger une singulière affaire, dans laquelle se trouvait impliqué un nommé Georges Tinet, originaire de Saône-et-Loire.

Au mois de septembre 1793, un certain Antoine Sette, cordonnier de son état, lieutenant au 2° bataillon de l'Hérault de service à l'armée d'Italie, se trouvait à l'hôpital de Toulon, pendant que cette ville était au pouvoir de l'ennemi. Il s'en échappa, se présenta au général Carteaux, qui commandait alors les troupes d'investissement, et celui-ci, après l'avoir retenu dans le régiment de Bourgogne, lui donna un congé pour qu'il allât rejoindre son bataillon à Nice. Arrivé là, Sette commit une série d'actes qui témoigneraient d'une incroyable audace, si l'on ne tenait compte de l'indiscipline et de l'anarchie qui régnaient alors. Il se fabriqua des pouvoirs, qu'il revêtit de fausses signatures, celle du général du Merbion, commandant l'armée d'Italie, celles d'un commissaire des guerres qui n'existait pas, de deux représentants du peuple également imaginaires, enfin des officiers municipaux de Nice. A l'aide de ces pièces, il leva une compagnie franche et forma un corps de canonniers, qui devait se rendre à Saint-Remy (Bouches-du-Rhône) et passer de là aux Pyrénées. Il avait pour auxiliaires dans cette entreprise Georges Tinet et cinq autres militaires sortis de la troupe de ligne, Belmont, Vieaud, Bouteiller, Dupied et Bunard. Son projet paraît avoir été d'organiser un noyau de soldats qui auraient servi la contre-révolution. Au moins, c'est le thème qui fut développé plus tard par l'accusation.

Sette, qui s'était improvisé capitaine, exerça ses prétendus pouvoirs depuis Nice jusqu'à Saint-Maximin (Var), c'est-à-dire sur un parcours de plus de cent soixante kilomètres. Parti le 11 octobre, il embaucha en route cinquantehuit volontaires servant dans les bataillons de divers départements. Au moyen de nouveaux faux, de reçus d'étapes où les signatures des officiers municipaux de Cannes, de Fréjus, de Brignolles, étaient contrefaites, il fit délivrer à sa troupe des logements et des subsistances. Tout alla bien pendant quelques jours; mais à Aix les choses se gâtèrent. Un commissaire des guerres, « le citoyen Buonaparte1», voulut passer la compagnie en revue. Vainement Sette essaya-t-il de s'y soustraire; la revue eut lieu, et « il en résulta que la fausseté de ses pouvoirs et son intrigue diabolique furent mises au grand jour. » Sette, Tinet et autres furent arrêtés et livrés à une commission militaire, qui se constitua, le 29 octobre, à Ollioules, sur l'ordre du même << citoyen Buonaparte ». Le lendemain, cette commission se jugeant incompétente, renvoya tous les inculpés devant le tribunal criminel des Bouches-du-Rhône.

Il fut statué sur l'affaire, le 15 frimaire an II (5 décembre 1793) 2. L'accusateur public rappela les faits et insista sur le caractère délictueux de cet attroupement, formé « lorsque les malveillants du département du Gard n'étaient pas encore dissipés, lorsque le camp de Jalès faisait mine de ressusciter, lorsque les environs de Salon et de Saint-Remy n'étaient pas totalement convertis sur leur système fédéraliste. >>

Sette, organisateur de l'entreprise, Tinet et Bunard, qu'il avait enrôlés les premiers et initiés à ses projets, Belmont, Dupied, Bouteiller et Vieaud, auteurs ou complices

1. Il s'agit de Joseph Bonaparte, qui, après le siège de Toulon, avait obtenu cet emploi à titre provisoire, grâce à l'appui des représentants Salicetti, Gasparin et Robespierre jeune.

2. Président Maillet; juges: Maurin, Rouédy, Brégy, Bompart; accusateur public: Giraud.

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